DESTINS CROISES
Partie 1 : Severus Rogue
Chapitre 1 : Dérapages d'une élève modèle
- Et c'est ainsi que vous avez "oublié" de faire vos devoirs ? Mais c'est passionnant miss Granger ! Un sourire moqueur étend mes lèvres fines : Notre miss parfaite commencerait-elle à faiblir ?
- Je suis bien heureux que cette petite aventure vous ai au moins appris quelque chose: vous êtes totalement stupide, et ne valez pas mieux que quiconque ici.
Granger a gardé un visage impassible durant toute ma tirade, je dois bien le reconnaître ; et si elle n'était pas une méprisable Gryffondor, elle vaudrait peut-être quelque chose. Mais je maîtrise trop bien cette discipline moi-même pour ne pas la reconnaître sur le visage de quelqu'un d'autre. Je sens que je vais m'amuser si elle le prend comme ça. Je ne permettrai certainement pas qu'un élève pris en faute ne tremble pas devant moi.
- En revanche, moi, je «n'oublierai» certainement pas d'enlever 50 points à Gryffondor, soyez en sûre.
- Mais professeur...
C'est tellement facile que c'en est presque frustrant. Point faible: c'est une Gryffondor. Vous m'entendez soupirer d'exaspération là ? Paradoxalement, c'est avec un ton très sec que je la coupe:
- Granger !
Mais cette petite furie ne prend même pas en compte cet avertissement. Vraiment stupide.
- Je vous assure que je me rattraperai, je...
- Je me fiche du pourquoi du comment Granger, alors cessez votre insolence. Mais puisque vous souhaitez vous rattraper, je ne saurais refuser... Retenue, ce soir 20h00, dans mon bureau.
Un regard moqueur de la part des Serpentard ponctue ma déclaration. Lentement, je me penche vers elle, afin qu'elle soit la seule à entendre ce qui va suivre:
- Un conseil... N'oubliez pas.
Elle tente de ne rien montrer, mais c'est peine perdue: elle frissonne. Personne ne peut me battre à ce jeu-là. Weasley lui chuchote quelque chose que je n'entends pas, mais je les fais taire d'un regard glacé.
- 20 points de moins pour Gryffondor. Et maintenant, miss Granger, taisez-vous ou je serai forcé de faire des choses désagréables. Me suis-je bien fait comprendre?
Vu son regard haineux, je crois bien que oui.
Pendant les vacances d'été, elle a été capturé par le Seigneur des Ténèbres. Deux mois en sa compagnie... Vacances charmantes, non? En plus, étant une amie de St Potter, elle était considérée comme un morceau de choix... Je ne sais pas exactement ce qu'ils lui ont fait (elle était sous la responsabilité de Lucius), mais depuis, elle est devenue une parfaite occlumens. Je ne saurais pas dire à quelle point, ça ne se voit pas au premier abord, mais elle a changé. Enfin, de toute manière je n'en ai rien à faire.
- Bien. La potion d'aujourd'hui étant extrêmement aisée à réaliser, si qui que ce soit d'entre vous... (Je fais une petite pause dramatique en appuyant bien mon regard sur Mr catastrophe, j'ai nommé Londubat) fait une erreur, je prendrais cela comme une insulte personnelle. L'élève en question (re-pause sur l'abruti de service) sera collé chaque jour de la semaine avec Mr Rusard.
Mes cours sont vraiment du grand art. Dommage que ces cloportes boutonneux ne puissent les apprécier à leur juste valeur. D'un geste sec du poignet, ma baguette révèle la composition de la potion. Dans un silence religieux, ces larves se mettent au travail.
Parfois, je suis vraiment satisfait de les terrifier à ce point là... Au moins ils se taisent. Je met de fines lunettes de correction, puis entreprend de corriger les copies de la classe précédente, tout en gardant un oeil sur la classe. Ces gosses ont toujours été intenables.
15 minutes avant la fin du cours, et après quelques dizaines de points enlevés aux Gryffondor, j'interromps les élèves en leurs demandant de ranger le matériel et d'apporter sur mon bureau les échantillons de potions réussies. Je n'ai jamais pu comprendre comment les gens peuvent être aussi lent pour réaliser des choses si simples.
- Et bien... qui nous fera l'honneur de tester sa potion aujourd'hui? Granger ! Je doute qu'une potion de subtilité ai le moindre effet sur vous: vous n'en possédez aucune. Néanmoins, vous nous ferez le plaisir de boire le contenu de votre fiole.
Le visage de Granger, resté jusqu'à présent stoïque, marque un profond mépris. Elle ne rira pas bien longtemps... Le goût et l'odeur de cette potion sont... Comment dire ? Vomitifs ? Oui, vomitif me paraît un terme tout à fait approprié...
- La potion fera effet dans une heure. Vous écrirez deux rouleaux sur les caractéristiques de ses, les effets et les différentes variantes que l'on peut trouver, miss Granger étant bien évidemment à votre disposition pour toutes questions éventuelles. Vous pouvez partir.
Les 7ème années se dépêchent de ranger leurs affaires afin de quitter au plus vite mes cachots. Même Londubat... Je me demande comment il peut croire s'en sortir aussi facilement. Naïf.
- Non ! Pas vous Mr Londubat... Votre potion est bien orange n'est ce pas ? Et de quelle couleur devrait elle être à votre avis ?
Il jette un coup d'oeil aux échantillons posés sur mon bureau, et prend peu à peu une repoussante teinte verdâtre.
- Violette, laisse-t-il échapper dans un souffle.
- Ce sera tout merci... Je parlerai à Mr Rusard de votre cas. Maintenant débarrassez le plancher avant que je ne doive m'occuper de l'ingrate tâche de vous amener à l'infirmerie pour évanouissement.
Alors que je vais pour fermer la porte du cachot, j'aperçois Granger et ses amis rougir de colère, et Malefoy partir d'un air satisfait. Je vous ai déjà dit que je l'aime ce petit ?
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A la fin de mes cours (une classe de 2ème année Poufsouffle/Serdaigle totalement stupide, et une de 1 ère année encore plus désespérante), je suis retourné m'enfermer dans mes appartements. Au fil du temps, j'ai de plus en plus de mal à supporter le "contact humain" (dixit Albus), alors je préfère le limiter au strict minimum. Je ne vais même plus manger dans la grande salle, le regard inquiet d'Albus et de Minerva me donnant la nausée.
Alors je me fais apporter mes repas ici, et reste plongé dans mes bouquins de potions avancés lorsque je ne tente pas de reprendre contact avec tous les liens qui me rattachaient à Voldemort lors de la 1ère guerre.
Je me lève, parcours ma bibliothèque personnelle des yeux, et récupère d'un accio un livre poussiéreux du dernier étage. C'est Lucius qui me l'avait offert, il y a un peu plus de 10 ans. "Les potions mythiques de magie noire" J'ai encore du mal à évoquer son nom sans avoir envie de le tuer une seconde fois. C'est lui qui m'a introduit auprès de Voldemort.
Il a toujours eu le chic de rester l'ombre, enchaînant manigances et trahisons, et jamais personne n'a pu se vanter de coincer Lucius Malefoy. Sa vie n'était qu'un énorme mensonge envers Narcissa, Draco... Et moi. Et cette pourriture est morte. Ce n'est même pas moi qui l'ai tué! Je ne sais pas d'ailleurs comment cette gamine a pu s'en sortir. Officiellement, elle a réussi à tuer Lucius, à s'échapper et à rentrer à Poudlard par ses propres moyens... Je n'y crois pas. On n'échappe pas à Lucius comme ça...
Un sourire satisfait apparaît alors sur mes lèvres, en repensant à ce qui va suivre dans la soirée. La cause de ta perte mon cher Lucius!
Granger, apportée sur un plateau. Et par ses propres soins en plus!
Cette petite est trop intelligente, c'est la première fois qu'elle baisse sa garde face à moi. Ne pas faire ses devoirs... Je n'aurai jamais cru que cela lui arriverait un jour. Habituellement, j'ai beau essayer de l'ignorer lorsqu'elle se déboîte la clavicule pour attirer mon attention, sa patience n'a pas de limite. La seule chose qui la fait réagir, c'est lorsque j'enlève des points à sa maison, mais elle ne m'en laisse que rarement l'occasion.
A contrecœur, je referme son livre en un claquement sec: je n'ai plus suffisament de temps pour étudier le projet auquel je me consacre ces derniers temps, et il est maintenant 19 heure 50. Même mort, Lucius me pourris encore la vie et je n'arrive pas à enlever son visage hautain de ma tête... Me laissera-il jamais en paix?
Il est hors de question que Granger voit ce livre. Tout comme il est hors de question que j'arrive déstabilisé pour sa détention. Je ferme les yeux, respire de plus en plus lentement, le vide envahissant petit à petit mon esprit. J'ai effectué ce petit rituel un nombre incalculable de fois dans ma vie. C'est ma forme de transe. Elle me permet d'être un occlumens parfait: peut-être même que je surpasse Dumbledore et Voldemort. Disons que c'est ma spécialité.
Je ne vois plus le temps passer, et mon esprit se détend dans ce calme. Je ne pense plus aux mangemort, à mon tatouage brûlant, à tous ces gens douteux que je suis allé voir ces dernières semaines. Je ne pense plus tout court. Trois coup secs frappés à ma porte me sortent de mon bien-être, j'ouvre les yeux et attrape quelques copies pour paraître occupé, puis je jette un glacial "entrez" dont j'ai le secret.
C'est à ce moment là que je comprend que quelque chose ne va pas. Normalement, les coups frappés à la porte auraient dus être beaucoup plus légers.
Normalement, je peux sentir le stress de l'élève qui n'a aucune idée de l'attitude appropriée face à ma froide indifférence (cela leur laisse tout le temps nécessaire pour imaginer les pires choses qu'ils sont sur le point de subir...)
Mais non seulement Granger a le culot de me supprimer une remarque acide en arrivant pile à l'heure, mais en plus je ne sens aucun signe de sa nervosité. Intrigué (c'est bien la première fois que ça m'arrive), je lève la tête largement avant ce que j'avais prévu, pour confirmer ou infirmer cette hypothèse totalement irréaliste.
Pas de pupilles dilatées, mais deux grands yeux plongés dans les miens. Pas de sueurs froides. Aucun tremblements, même légers. Mais aurais-je sous-estimé miss je-sais-tout ?
- Vous vous croyez à une surprise party miss Granger ? Vous avez l'air encore plus stupide que d'habitude avec vos yeux de merlans fris. Vous êtes ici pour une détention, dois-je vous le rappeler?
Son visage ne laisse rien passer. Les Gryffondor ne sont vraiment plus ce qu'ils
étaient. Qu'est-ce que Lucius a bien pu lui faire?
- Je vous rassure professeur, l'ambiance de votre bureau est bien trop... Sobre pour que je me crois autre part que dans des cachots.
Un instant, j'ai cru qu'elle allait dire "glauque" à la place de "sobre"... M'enfin, c'est pas trop mal, elle a du répondant. Je reprend d'un ton mielleux qui ne présage rien de bon:
- Bien, nous allons donc pouvoir commencer... Enfin, Vous allez pouvoir commencer. Suivez moi.
J'ai hésité un temps à la faire nettoyer mon bureau de fond en comble à la brosse à dents. Mais finalement j'ai opté pour quelque chose de plus utile... Je préfère réserver ce genre de tache au jeune Potter.
Je me retourne et l'emmène dans la pièce jouxtant mon bureau.. Je rallume le feu dans la cheminé d'un coup de baguette, éclairant ainsi la petite salle. Elle est plutôt sombre, mais c'est ici que je prépare toutes mes potions.
- Vous ne touchez pas ce que vous ne connaissez pas, à chaque fois que vous prenez un objet, vous le reposerez ensuite à la même place, et dans le même état. Voici des pokikks. Épluchez-les, sans magie sinon elles perdent toutes leurs propriétés comme vous devez sûrement le savoir, et séparez leurs enveloppes des racines et du reste de la plante. Vous devriez en avoir pour deux heures environ.
Bon, c'est vrai, deux heures, c'est un peu court. Il y en a quand même une bonne centaine... Mais ça la motivera à se dépêcher comme ça. Et puis, si elle n'a pas fini à temps, je me verrais malheureusement obligé de lui enlever des points... Quel dommage ! De toute façon, c'est pas parce qu'elle ne lavera pas par terre qu'elle passera un bon moment. On ne passe jamais un bon moment en ma compagnie.
L'esprit serein, je me met à préparer une potion de pimentine pour renflouer les armoires de cette Pomfresh, et je me désintéresse totalement d'elle. La potion en elle-même n'est pas difficile, mais il faut être très attentif au dosage si vous ne voulez pas enssuquer l'élève malade pour quinze jours... Pas que ça me dérangerai personnellement, vu le ramassis de crétins à qui elle servira.
- Professeur?
Je grogne pour qu'elle sache que j'ai entendu. Elle peut pas éplucher et se taire non ?
- Comment êtes vous devenu occlumens ?
Je lui lance un regard froid, et lui répond sèchement que ce ne sont pas ses affaires.
- Excusez-moi d'avoir été aussi indiscrète. Mais c'est parce que moi-même je commence à connaître un peu cette discipline, et j'aurai aimé vous poser quelques questions...
Je sens la demande implicite. Après tout pourquoi pas ?
- Je vous écoute.
- Voila, je... Je ne parviens pas à maintenir l'état d'occlumentie totale plus de quelques minutes, et très peu de livres parlent de ce pouvoir. Du moins à Poudlard.
- Évidemment. Même les plus grands occlumens ne peuvent tenir plus d'une heure et demi. Un sorcier moyen tient environ une demi-heure.
- Vous n'avez pas l'air d'être surpris du fait que je sois occlumens.
-Que savez-vous exactement de l'occlumentie ?
Elle me fixe quelques secondes, probablement surprise par ma politesse. Qu'elle se rassure, ça ne va pas durer.
- C'est à base d'une magie ancienne, qui a donné naissance à la magie noire. Cela sert à protéger son esprit de toutes intrusions extérieures. Son inverse est la légilimencie.
- C'est exact. Mais très incomplet. La légilimentie voyez-vous, nécessite une grande maîtrise, et est extrêmement difficile à acquérir. Non seulement vous pouvez vous introduire dans l'esprit de quelqu'un, mais avec de l'entraînement, vous pouvez le faire sans que la personne elle-même ne le remarque.
Je la vois pâlir. Des choses à cacher Granger ? Je fais une pause de quelques secondes, histoire de lui faire un peu peur, et puis je reprends :
- C'est évidemment totalement interdit, et le seul qui l'utilise encore aujourd'hui, c'est le Seigneur Sombre. En revanche, une fois occlumens vous atténuez instinctivement le flot d'émotions qui sort continuellement de votre esprit. Les légilimens d'un certain niveau, dont je fais parti, peuvent sentir ça. On devient occlumens avec de la pratique. Ou bien après un choc psychologique particulièrement violent.
Elle ne se sens pas bien, je le sais. Elle pensait son petit secret bien enfoui. Je suis sur que même Potter et compagnie ne savent pas ce qui lui est arrivé pendant la guerre. Mais elle a voulu savoir, alors elle saura.
- Le genre de chocs qui vous projette hors de votre corps. Même les moldus ont ce genre de réactions. Votre conscience ne peut plus supporter ce que votre corps subit, alors elle s'échappe. Il est courant de revivre les scène en questions plus tard, en cauchemars.
Je me détourne et reprends la préparation de ma potion, comme si de rien était. Je me souviens. Moi aussi je suis devenu occlumens de cette façon. Mais moi, personne n'était là pour m'expliquer ce qu'il se passait. Je suis occlumens depuis l'age de sept ans.
Quelques minutes passent, des volutes rouges s'élevant à présent de mon chaudron, quand elle brise une nouvelle fois le silence.
- Alors vous, comment faîtes-vous pour rester en occlumentie toute la journée? Depuis que je suis rentrée dans ce bureau, vous gardez des barrières plus qu'infranchissables. Ca fait largement plus d'une heure et demi.
Comment sait-elle ça ? Me serais-je trompé? Non, c'est impossible, elle ne peut pas être legilimens... Je le saurais. Comme pour répondre à mes pensés, elle dit :
- La potion que vous m'avez faite boire en cours. Je l'ai... euh... Faite un peu trop forte et depuis ce midi, je ressens tous ce que ressentent les gens que j'approche. Et près de vous, je ne ressens rien.
Ma curiosité satisfaite, je décide que j'ai été largement assez gentil pour ce soir.
- Incapable de réaliser une potion correctement, n'est-ce pas ? Ca ne m'étonne pas. Vous faites perdre 20 points à Gryffondor pour votre manque de rigueur. Maintenant, épluchez et taisez-vous.
Son visage se ferme, mais l'effet désiré est bel et bien là : elle se tait. Satisfait, je donne la dernière touche à ma potion, pour qu'elle ai le goût le plus infâme possible. Que voulez-vous, je n'ai peut-être pas le droit de les empoisonner, mais je peux toujours rendre ça très désagréable...
Elle a fini d'éplucher les Pokkiks en un peu moins de deux heures et demi. Et parfaitement en plus de ça. D'un côté, c'est dommage qu'elle ne soit pas à Serpentard.
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A six heures tapantes, j'émerge de mon sommeil. Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour me sentir aussi éveillé que si je n'avais pas dormi. Les habitudes de guerre ne se perdent pas comme ça... Aujourd'hui, j'ai un programme plutôt chargé: Je n'ai pas cours le matin, mais je dois me rendre allée des embrumes pour faire deux ou trois achats. Retourner voir de vieilles connaissances...
Et des connaissances allée des embrumes, j'en ai beaucoup. Je prend mon habituelle douche quasi-froide, enfile une robe noire et simple mais néanmoins chère et termine ma tenue par une longue cape qui cachera mon identité. Je veux passer pour quelqu'un de riche et de puissant. Dans ce monde, tout n'est qu'apparence ; s'ils croient que je suis un bon client qui paie, leurs langues se délieront vite.
Par habitude, je tend ma main vers une petite fiole contenant une potion transparente et inodore. C'est une des variantes de la potion que j'ai fait faire aux 7ème année il y a quelques jours, version magie noire. Elle est beaucoup plus puissante, et a l'effet exactement inverse: elle réduit tellement ma sensibilité émotionnelle que je finis par ne presque plus rien ressentir. Seule ma raison reste maître de moi. Un contrôle permanent.
Elle s'applique sur les cheveux et les rend gras, limite crasseux ; c'est d'ailleurs son seul inconvénient. C'est une des première potion que j'ai apprise à faire, enfant. J'ai de nombreuses fois voulu arrêter de la prendre : les moqueries de ces fichus maraudeurs me suivaient partout où j'allais. Mais ça me provoquait des crises d'angoisses incontrôlable que je n'aurai subies pour rien au monde.
Ensuite, j'ai du continuer de la prendre pendant la guerre, au cas où un mangemort soit legilimens. Voldemort pouvait bien sur passer à travers, mais ma propre occlumencie l'empêchait d'aller plus loin. Après que Potter junior l'ai mis hors service, j'aurais du m'arrêter. J'ai bien essayé. Mais c'est tellement plus facile... Et puis aujourd'hui, j'en ai plus rien à foutre d'avoir les cheveux gras. Albus est au courant, et prend d'ailleurs un malin plaisir à me harceler à ce sujet dès qu'il en a l'occasion: il parait que c'est mauvais pour moi. Qu'il s'occupe un peu de ses chaudrons, je gère parfaitement les miens, merci bien.
Aujourd'hui, la potion que je veux réaliser nécessite l'absence totale de magie. Donc pas de potion. J'appréhende un peu, mais ça devrait aller. Pourquoi je m'énerverais? J'inspire une bonne fois, et sors de la salle de bain avec des cheveux pas gras du tout. J'y suis vraiment pas habitué d'ailleurs, j'ai l'impression qu'ils sont tous tombés durant la nuit... Je récupère quelques gallions, et sors d'une démarche rapide.
Je jette un regard dans le couloir. Personne. Je longe le couloir dans l'ombre, et emprunte un chemin qui a été construit exprès pour moi lors de le première guerre, dans le plus grand secret. Je l'ai remis en service depuis l'an dernier. Je rentre dans un cachot inutilisé depuis des années, recouvert de poussière et glauque à souhait... Aucune chance que quelqu'un vienne ici pour le plaisir.
Au fond de la pièce, je déplace le chaudron poussiéreux de la cheminée et appuie sur un petit renfoncement savamment camouflé. Je me faufile en faisant le moins de bruit possible dans l'entrée qui vient d'apparaître, et qui m'emmène dans les sous-sol de Barjow et Beurk, après quelques minutes de marche. Il n'est bien entendu pas au courant qu'il me prête gracieusement ses sous-sols.
Pendant la première guerre, il était officiellement neutre... Officieusement, il se la fermait quoi qu'il voyait. Voldemort arrangeait bien ses petites magouilles. Ensuite, il a évité Azkaban en collaborant avec les aurors, et il arrive encore aujourd'hui qu'il leur donne quelques tuyaux. Le monde marche comme ça allée des embrumes. Je profite des sous-sol pour traverser une bonne partie de l'allée, et ressort enfin à l'air libre dans une petite ruelle sombre et adjacente, où personne ne peut me voir.
Que le spectacle commence! Je rabat le capuchon sur mon visage, et retourne d'une démarche assuré chez ce vieux Barjow, par la grande porte cette fois-ci. Il a l'air particulièrement content de me voir. S'il croit que je suis son nouveau pigeon, il ne sait pas encore à qui il a affaire. Il le saura bien assez tôt le pauvre.
- Je voudrais des Grappas adultes d'au moins 3 mois, de la corne de licorne en poudre fine, des poils de troll des montagnes macérés dans du vitriol, deux douzaines d'yeux de scarabée-rhinocéros et des pétales séchés de roses grimpantes.
D'une voix mielleuse que j'exècre, il me propose:
- Je vois que monsieur s'intéresse de près à l'art des potions... Peut-être pourrais-je vous proposer des écailles de Magyar de Sibérie? Vous savez probablement que c'est une des races les plus dangereuses et qu'il est rare de trouver de si beaux produits...
Même si c'est vrai que les écailles pourraient m'intéresser, je n'ai pas du tout intêret à accepter ce genre d'offre. Sinon, c'est lui qui mène le jeu et je risquerai de beaucoup y perdre. Un "non" sec et définitif lui suffit pour disparaître dans l'arrière-boutique en fronçant les sourcils.
J'examine quelques secondes ce qu'il me propose et l'apostrophe encore plus sèchement tout en appuyant sur mon pseudo-accent aristocratique. Du grand art.
- Les grappas sont bien trop petites et les feuilles ont des parasites. Je n'ai rien à faire d'une plante malade. Quant à la poudre, elle n'est pas assez fine et me semble mélangée à de vulgaires cailloux. Je prend le reste, bien que ce soit loin d'être des produits de premier choix.
Les sourcils descendent encore d'un cran. Je crois qu'il commence à comprendre.
- Attendez quelques minutes, je crois que j'ai deux ou trois petites choses qui pourraient vous satisfaire. Retour dans l'arrière-boutique. Bien! Cette fois-ci ça à l'air mieux. J'estimerai le tout dans les 350 gallions.
- De la marchandise de premier choix. Je vous le fait à 700 gallions, et vous offre en prime cette...
- Hors de question, je ne suis pas là pour débarrasser vos placard. Ce que j'ai demandé et seulement cela, je ne me répéterai pas. Je prend beaucoup de chose, vous allez donc me faire un prix d'amis... 200 ?
Il manque s'étouffer à cette annonce.
- Mais... Vous n'êtes pas conscient du coût de toutes ces choses...
- Vous saviez que les écailles de magyar de Sibérie sont interdites à la vente? C'est une espèce protégée...
- Bon, d'accord, mon prix était peut-être un peu fort, je consens à descendre jusqu'à 600.
Écoutez-moi ça ! Monsieur consent! Oh, mais il va encore consentir, croyez-moi...
- J'ai croisé Kingsley il a quelques temps, et il m'a pourtant affirmé que vous étiez plus coopératif habituellement. (NA: Kingsley Shacklebolt est auror, et fait parti de l'Ordre)
- 500, mais seulement parce que vous êtes l'ami d'un de mes ami.
Je le regarde sans rien dire. Un ange passe.
- 450
- Vous savez, tous ces ingrédients ne sont pas pour moi... Je ne voudrai pas gaspiller l'argent d'Albus tout de même...
Il pâlit. La mention de ce nom fait toujours des miracles avec lui: il a été chargé pendant un moment par Nott d'engager un homme qui suivrait notre cher directeur partout. On est vite remontés jusqu'à lui, et je crois que le vieux fou lui a fait la peur de sa vie ce jour-là.
- 380, c'est mon dernier prix.
- Je vous avais demandé un prix d'amis... Ca fait encore un peu cher.
- Mais ensuite, je vends à perte moi!
Le blanc cireux de sa peau est passé au verdâtre à présent.
- Très bien, alors on va s'arranger autrement. Je prend le tout pour 280 gallions. En échange de ma générosité, vous me renseignez sur l'ordre du Phoenix. Tout ce que vous savez pourra être utile à d'autres... Personne.
Cette fois-ci, je peux lire la résignation sur son visage. Il a vite compris l'allusion à Voldemort. Peu de personnes sont au courant pour l'Ordre: les informateurs, comme lui, et les proches du Seigneur sombre. Il m'emballe le tout dans des sacs absolument déguoûtants, et récite d'une voix monocorde:
- L'ordre du Phoenix à été créé lors de la première guerre par Albus Dumbledore, que vous semblez connaître, et est composé de 37 membres dont on ne connaît pas l'identité. Ce ne sont que des suppositions, mais l'Ordre s'est sûrement à nouveau réuni depuis le retour de Vous-Savez-Qui.
- C'est peu.
- Son nom vient du fait que Dumbledore est un animagus phoenix non déclaré. Ca vous va maintenant?
Ca alors! je n'étais même pas au courant! Quand j'y réfléchi, ça explique pas mal d'événements inexplicables de la première guerre, comme des guérisons improbables par exemple... Ca explique Fumsec aussi. Décidément, Albus est un homme plein de surprises. J'aquièce, satisfait bien qu'il ne m'ai pas tout dit, j'en suis sur. Ca suffira pour aujourd'hui. Je m'empare de mes récents achats après l'avoir payé et m'en vais sur un "Ravi d'avoir fait affaire avec vous." Et c'est vrai en plus: ce fut un réel plaisir de l'entuber en beauté. Lui, ne me répond pas. Bien, encore deux ou trois boutiques comme ça, et je rentre.
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Appartements de Severus Rogue, 15 heures
Plus j'y repense, plus je suis furieux. Mais comment est-ce possible d'avoir des élèves aussi stupides? Je n'en revient pas. Non, sérieusement, comment Albus a-t-il pu insister pour qu'un tel... J'avais trouvé le terme parfait ce matin, quel était-il déjà ? - Ah oui, un tel ramassis de raclures de l'humanité indigne d'appartenir au monde magique et même au monde tout court, assiste à mon prestigieux cours de potion de dernière année?
Décidément, je ne comprend pas. "Acceptez tous les élèves qui souhaitent participez à votre cours professeur. Je sais que vous tenez beaucoup à votre sélection, mais nous nous devons cette année au moins les laisser poursuivre leurs rêves sans entrave." Ca a failli me faire rire sur le moment. Mais j'ai eu beau protester, insister, rien n'y a fait. Je dois bien l'admettre: la gentillesse d'Albus (qui tend vers la bonne poire d'après moi.) n'a d'égal que sa stupidité et son entêtement.
Bref, le fait est là, cet idiot de Londubat est entré sans frappé, et m'a vu avec mon livre de magie noire et quelques ingrédients plus qu'interdit. Comment vais-je pouvoir expliquer ça maintenant? Je lui aurais bien lancé un petit sortilège d'oubliette, mais Albus l'aurait su.
Mes mains tremblent tellement, que je ne peut pas continuer la potion dans un tel état. Surtout cette potion.
Penser à autre chose, vite. Mes potions? Pas assez puissant. Potter ? Potter, humilié, haineux, ses deux yeux verts remplis de colères... Ouh là non, surtout pas les yeux de Potter ! Potter senior ? Oui, c'est ça, lui au moins n'a pas ces détestables yeux verts.
Après avoir pensé les pires choses de feu mon pire ennemi, je réussi tant bien que mal à me calmer et je décide de reprendre enfin la confection de ma subtile préparation.
Décidément, je suis vraiment en boule ce soir. Ma potion ne supporterait pas la moindre petite quantité de magie flottant dans l'air, et j'ai du me passer de l'occlumentie. Toutes ces émotions, ça vous pourrit la vie. Et la méthode traditionnelle pour se calmer est beaucoup, beaucoup trop longue à mon goût.
Avec des gestes sûrs et posés, je finis de préparer le dernier ingrédients afin de commencer la potion. Une des plus difficile de mon existence. Une sueur froide dans le dos, contrastant totalement avec l'excitation grandissante que je ressens face à ce nouveau défi réputé impossible.
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Il est 21 heure 20, et cela fait exactement 5 heures, 58 minutes et 32 secondes que j'ai commencé à mélanger les divers ingrédients. Sans compter le temps de préparation. Et je viens juste de finir la première partie. Et de la réussir.
Je n'en reviens pas.
D'accord, je n'ai pas pour habitude de rater mes potions, mais celle-ci était sensée être impossible. Rien que réussir à reconstituer la formule complète m'a pris des années, alors la réalisation...
Il n'y a pas à dire, je suis un pur génie. Malgré tout, ma fierté est teintée d'une pointe d'amertume: lors de la guerre, elle aurait pu être très utile, mais aujourd'hui... Aujourd'hui elle va servir à une des lubies d'Albus que je ne suis pas sur de vouloir connaître.
J'ai toujours été plutôt bon en sortilèges et enchantements, mais c'est en potions que j'excellais. Spécialement celle de magie noire. Comment ai-je pu espérer un jour, il y a bien longtemps maintenant, devenir un homme respecté et admiré grâce à mes dons?
Mais cela fait longtemps que mes rêves m'ont abandonnés. Même mes ennemis n'ont pas daigné rester en vie pour que je puisse me défouler un peu sur eux!
Fichu occlumencie ! Il faudrait vraiment que j'arrête de penser à des choses aussi négative dès que je n'ai plus cette protection. Mais c'est trop tard. Un coin de mon cerveau remarque froidement que mes pensés s'enchaînent sans me laisser le moindre espoir de me calmer.
Espoir. Encore un mot adulé par tous et pourtant totalement insidieux et mensonger. Je revois ma mère à moitié folle que j'aimais, autrefois. Vient le tour de mon cher paternel, empoisonneur à ces heures de loisirs. Entre deux coups, il m'a beaucoup appris. Il laisse finalement la place à ces adorables maraudeurs qui ont faillis me tuer un jour. Ils auraient mieux fait de le faire. A Voldemort qui a fait de moi un esclave, et à Lucius qui m'a descendu encore plus bas dans ma propre estime.
toc toc toc
Et à partir du moment où j'avais enfin réussi à m'en sortir, ces fichus yeux verts me suivaient encore du regard. Une unique larme coule le long de mon visage de marbre quand je réalise ce qu'à été ma vie. Je crois que je me dégoûte encore plus que je déteste ces foutus Gryffondor.
Je me retourne machinalement en entendant la porte grincer. La maintenant célèbre miss-je-sais-tout me regarde d'un air ébahit. Je tiens le livre de Lucius à la main, et comble de l'horreur, je n'ai aucune de mes barrières occlumens habituelles. Et je pleure.
Il ne me faut qu'une seconde pour comprendre la situation, mais cette unique seconde me suffit amplement pour ressentir une profonde humiliation et une colère sourde de plus en plus puissante.
- Sortez
J'ai prononcé ce mot d'une telle façon, qu'il aurait glacé de terreur n'importe qui. Pourtant, elle ne se décide toujours pas à partir. Mais bordel, qu'elle s'en aille!
- Non
Son ton franc et dénué de la moindre hésitation décuple ma colère. Une idée fixe s'ancre dans mon esprit. Je veux qu'elle parte. Je veux être seul!
- Sortez !
Cette-fois-ce, c'est un hurlement qui sort de ma bouche,sans que j'arrive à le réprimer.
- Je ne m'en irais pas professeur, riposte-t-elle d'un ton encore plus calme. Il en est hors de question.
Au bord de l'hystérie, je martèle convulsivement la table, pour éviter de porter mes coups sur Granger. De violents spasmes me font trembler, et je sens un goût de bile envahir ma gorge. Sans la potion, je ressens tout et je suis incapable de le supporter.
- Arrêtez ça tout de suite Granger ! Vous serez collée chaque soir de la semaine, et 500 points seront enlevés à votre maison si vous racontez quoi que ce soit de ce que vous avez vu ce soir. Sortez avant que tout ceci se finisse mal, je ne le répéterai plus.
- Je ne vous laisserai pas seul dans cet état professeur.
Son accès de gentillesse toute dégoulinante de crème gryffondorienne me rend comme fou. Je me lève brutalement en projetant la table à quelques mètres, incapable de me contrôler.
- Allez-y, si ça peut vous aider. Frappez-moi, me dit elle d'un ton désinvolte.
Dans un état de demi-conscience, je m'effondre sur le sol glacé en sanglotant convulsivement. Tout ce que je retiens en moi depuis des années force la porte de mon esprit maintenant que je n'ai plus de barrières occlumens définitives. Je sens deux bras me soulever, et je m'y accroche désespérément, sans savoir vraiment ce que je fais.
Tous mes souvenirs se brouillent et je finis par tomber dans un sommeil sans fond.
oooOoOooo fin du chapitre 1 oooOoOooo
