Disclaimer: Rien à moi, tout à JKR.

Genre: Univers alternatif. Dans cette histoire, Harry Potter et les Weasley sont des musiciens, Severus Rogue est membre de l'église anglicane. L'action se déroule au 18ème siècle (dans les années 1770).

Rating: M. Ce rating se justifiera plus loin.

NDA: Bonjour à tous! Voici donc la suite de "Passion coupable". Vous étiez nombreux à paraître intéressés (un grand merci à tous les reviewers), alors, je vous ai pris au mot (et puis j'avoue que je n'avais pas trop besoin qu'on me pousse, j'en mourais d'envie). J'espère que vous ne serez pas trop déçus.

Je précise que cette histoire est un slash (non, vous ne rêvez pas !). J'invite donc ceux qui n'aiment pas ça à quitter cette page.

Ce premier chapitre est là pour replacer l'action dans son contexte. Ceux qui ont lu "Passion coupable" risquent de s'impatienter. Ne m'en voulez pas si je radote, hum...

Les réponses aux reviews des non-inscrits pour le dernier chapitre de "Passion coupable" se trouvent en bas de page, comme d'habitude.

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CHAPITRE UN

-Vous avez passé une bonne journée, mon révérend?

-Excellente, grogna Severus en accrochant sa cape et son chapeau au porte-manteau. Et vous, Mary?

-Moi aussi, je vous remercie... Vous arrivez bien tard, ce soir. Le dîner est déjà prêt.

-Très bien. Je mangerai avec plaisir.

-Vous pouvez passer à table... A propos, êtes-vous au courant des dernières nouvelles, mon révérend?

-Que se passe-t-il encore?, soupira le pasteur en se dirigeant vers la salle à manger. Je suis fatigué, Mary... ne m'assommez pas avec tous les ragots du voisinage.

-Oh, je ne veux pas vous importuner, se récria la servante, légèrement mortifiée...Mais je pensais que cela pourrait vous intéresser...Cela concerne votre ami Remus Lupin et... le jeune Harry Potter.

Severus tressaillit. Il jeta un coup d'oeil rapide en direction de la vieille femme. Rêvait-il, ou Mary le regardait-elle un peu trop fixement? Il dissimula son émotion derrière une expression renfrognée.

-Oui....eh bien ...? Je vous écoute.

La servante prit un air triomphant.

-Il paraît qu'ils sont arrivés tous deux par la voiture de poste, il y a une heure environ... C'est Willy qui me l'a annoncé. J'ai pensé que vous seriez heureux de l'apprendre.

-Merci, Mary..., bougonna le pasteur en se laissant tomber sur sa chaise. C'est une bonne nouvelle.

Satisfaite, Mary trottina jusqu'à la cuisine et revint chargée d'une soupière qu'elle posa sur la table, avant de s'éloigner respectueusement de quelques pas. Severus se servit une louche et plongea sa cuiller dans son assiette.

Sa main tremblait imperceptiblement.

La vieille bonne restait debout près de lui. Attendait-elle qu'il lui parlât? Il eût préféré la voir quitter la pièce, mais il n'osa rien dire, craignant de l'alerter.

Il se mit à boire distraitement sa soupe, tandis que la vieille femme se lançait dans le récit détaillé de son programme de l'après-midi. A vrai dire, rien de bien palpitant. Elle avait retrouvé d'autres vieilles femmes du village, en compagnie desquelles elle avait courageusement reprisé des montagnes de vêtements usagés destinés aux nécessiteux.

De son côté, Severus laissait ses pensées dériver vers un sujet qui n'avait pas grand chose de commun avec les oeuvres charitables de ses paroissiennes.

...Harry Potter était donc rentré de son séjour à Londres...

Il y avait six semaines environ que le jeune musicien avait quitté Wardour, accompagné de son professeur de violon.

Durant leur absence, l'hiver s'était installé, froid, sombre et neigeux...

Comme chaque année, la période de Noël avait trouvé le pasteur intensément occupé, et le garçon lui était presque totalement sorti de l'esprit. Presque... car la nuit, dans la solitude de son lit, il autorisait son esprit à vagabonder librement, et l'image de l'adolescent aux yeux verts venait à nouveau le hanter...

Il n'essayait plus de la repousser, comme il l'avait fait autrefois, du temps où le garçon avait commencé à se transformer et où il avait senti que sa présence le troublait à l'excès.

Dans un éclair, il se souvint de ce jour d'été -déjà lointain- où son élève de quatorze ans, assis en chemise légère à ses côtés sur le banc de l'orgue, avait levé vers lui ses yeux extraordinaires. Les yeux de Lily Evans, sa mère... Le garçon attendait modestement les commentaires de son professeur à propos du morceau qu'il venait d'exécuter impeccablement. Or, un instant plus tôt, Severus s'était surpris, pendant que le garçon jouait, à observer autre chose que ses longs doigts souples s'activant sur le clavier. Son regard avait parcouru le corps fin et musclé, bien proportionné, qui s'était étrangement développé depuis quelques mois. Il s'était ensuite attardé sur le profil parfait, avant de glisser sur les cheveux noirs, épais et aussi désordonnés que l'avaient été ceux de son père en son temps...

Le pasteur avait dû se rendre à l'évidence. Ce jour qu'il avait cru banal était tout sauf ordinaire. En effet, Severus avait découvert son élève sous un nouvel éclairage, qui le faisait paraître différent, comme métamorphosé.

Et quand leurs regards s'étaient rencontrés, il avait réalisé avec stupeur que Harry Potter n'était plus un enfant... et qu'il était incroyablement beau.

Beau, et dangereusement séduisant.

Bien qu'il le connût depuis six ans au moins, Severus n'avait jamais remarqué à quel point le garçon ressemblait à sa mère. Et brusquement, cette ressemblance l'avait frappé comme un coup de poing en pleine figure...

Or, Severus avait passionnément aimé Lily, autrefois...

Il avait aussi détesté et jalousé James Potter, son collègue musicien qui avait su si aisément conquérir le coeur de celle qu'il chérissait depuis des années. Et s'il l'avait autant haï, c'était parce qu'il ne pouvait que constater avec désespoir combien le jeune homme était charmant, et qu'il comprenait parfaitement pourquoi Lily succombait à ses irrésistibles attraits.

Lily était belle et naïve, James à la fois fascinant et odieux...

Tous deux formaient un couple parfaitement assorti, désirable, et Severus ne pouvait que les admirer en pleurant de rage et de dépit... Dépit qui l'avait conduit à quitter le monde musical pour choisir une voie radicalement différente: la carrière ecclésiastique.

Et voilà que quelques années après, en considérant Harry, Severus voyait soudain, comme dans un rêve, la résurgence de la douce beauté de sa mère, doublée du charme ravageur de son père... Le pasteur avait noté depuis belle lurette les incroyables dons musicaux du garçon, hérités de ses parents. Il devait à présent reconnaître que Lily et James lui avaient également légué une grâce physique particulière et singulièrement troublante.

Le garçon était beaucoup trop attirant pour son bien, comme pour celui de ceux qu'il côtoyait. Et ses parents n'étaient plus là pour le mettre en garde et le protéger...

Ce jour là, une alarme s'était mise à sonner aux oreilles de l'homme d'église.

La tentation était forte d'accaparer plus encore l'affection du garçon, et de chercher à l'attirer à lui. Severus ne s'y était pas laissé prendre. Une peur panique de ne pas savoir maîtriser ses pulsions l'en avait empêché.

Il avait aussitôt pris les mesures nécessaires pour mettre de la distance entre le garçon et lui. Du jour au lendemain, il s'était montré froid, hautain, désagréable... Il avait brutalement annoncé à son élève qu'il cessait de lui donner des cours d'orgue. L'incrédulité, puis l'incompréhension qu'il avait lues dans les yeux verts lui avaient fendu le coeur, mais il avait tenu bon.

Bientôt, la déception de l'adolescent s'était muée en rancune, puis en haine franche. Atteint dans sa fierté, Harry l'avait pris en grippe, et lui avait largement fait payer ce comportement injuste, si bien que pour le pasteur, il était devenu presque facile de rudoyer et traiter avec mépris ce garçon qui, pourtant, ne méritait aucune des remarques cinglantes qu'il lui adressait chaque fois qu'il le croisait...

Les années étaient passées. Il était devenu notoire dans la petite ville de Wardour que le pasteur n'appréciait guère Harry Potter, et que ce dernier le lui rendait bien. Severus en était arrivé à oublier les qualités du jeune musicien, et même si son charme physique ne pouvait que s'imposer à son regard, il faisait tout pour ne pas le voir, niant l'évidence.

Et puis il y avait eu ces évènements récents qui avaient remis en cause tout le bel édifice que Severus s'était appliqué à construire pour les protéger, lui et le garçon.

Si le pasteur s'était interdit de trop approcher l'adolescent, d'autres ne s'embarrassaient visiblement pas des mêmes scrupules. Après la comtesse Malefoy, lord Voldemort avait jeté son dévolu sur le garçon... profitant de sa situation momentanée de hors-la-loi pour le séquestrer dans son domaine et abuser de lui. Ce que Severus avait confusément redouté s'était hélas produit...

Savoir son ancien élève en danger de mort, livré aux appétits malsains d'un aristocrate rusé et pervers, l'avait mis hors de lui. Ses belles résolutions avaient volé en éclats. Il s'était précipité au secours de Potter. Et s'il avait agi ainsi, c'était sans rien espérer en retour.

Il lui fallait sauver le fils de Lily et James, à n'importe quel prix.

Et il avait réussi. A force d'acharnement, il avait libéré l'adolescent des griffes de Lord Voldemort.

Malheureusement, il était arrivé trop tard pour empêcher l'aristocrate d'étendre sur Harry son influence néfaste. Mais il était parvenu à éviter le pire. Gravement blessé, autant physiquement que moralement, le garçon avait survécu, et Voldemort croupissait actuellement au fond d'une prison londonienne.

Severus espérait, sans trop y croire, que l'homme y finirait ses jours.

Habile et retors, l'aristocrate avait trouvé le moyen d'enchaîner sa victime par des liens certes invisibles, mais redoutablement puissants. Harry avait eu du mal à se remettre de la séparation. Démuni, Severus avait observé son désarroi, la manière dont il se battait contre ses propres démons. De même, le garçon en avait sans doute voulu au pasteur de l'avoir arraché aux bras du Lord, même s'il avait essayé de dissimuler ses sentiments. Ce n'est qu'au bout de quelques jours, après avoir appris de la bouche de Severus que le Lord était de surcroît le meurtrier de ses parents, qu'il avait fini par se rendre à la raison et accepter la situation.

Enfin, Severus lui avait remis la partition de son quatuor perdu. A cet instant, Severus avait lu une vraie gratitude dans son regard, et il avait senti que les barrières entre eux s'écroulaient. L'affection, la complicité tacite d'autrefois avaient repris leurs droits.

Pour se reconstruire après ses expériences désastreuses, le garçon avait besoin d'aide et de soutien moral. Severus était prêt à les lui apporter.

Un peu trop prêt, en réalité...

Le vicaire ne pouvait se voiler la face. Il éprouvait pour le jeune homme autre chose que de la compassion ou une affection innocente.

Avait-il commis une grave erreur en se rapprochant de Harry comme il l'avait fait? Pourtant, il ne regrettait pas d'être parti le sauver, et de l'avoir ramené vivant à Wardour. Et objectivement, on ne pouvait lui reprocher aucun de ses actes. Pas un instant il n'avait dévié du strict accomplissement de sa mission.

Là où il avait fauté, c'était en laissant complaisamment se réanimer son attirance pour le garçon, attirance qu'il s'était si bien appliqué à étouffer les années précédentes.

N'était-il pas un homme d'église? Depuis la mort de Lily et James, il n'avait jamais vraiment aimé ni désiré personne. Aussi n'avait-il pas éprouvé l'envie de se trouver une épouse, comme l'y autorisait pourtant la religion anglicane.

Il n'était pas trop tard pour qu'il envisage un mariage, il était encore jeune, vigoureux...

Mais dans le cas présent, l'objet de ses pensées n'était -hélas- pas une jeune femme vertueuse qu'il eût pu élever dignement au rang de compagne de sa vie.

Potter était un garçon de dix-sept ans. Et ressentir à son égard quelque chose qui ressemblait à du désir était absolument immoral et répréhensible, de quelque point de vue que l'on se place.

Où pouvait le conduire une telle attirance?

A une impasse.

A une vile déchéance.

A l'opprobre.

A une condamnation irrévocable de la part de sa hiérarchie comme de la société .

...Ou à des abîmes de volupté...

Severus frissonna et se redressa brusquement sur sa chaise, faisant sursauter Mary. Cette dernière lui reservit une assiette de soupe. Les pommettes enflammées, le pasteur la vida machinalement.

Harry allait-il passer le voir? Aurait-il avancé dans l'écriture de son quatuor?

Mon Dieu, Severus devait se ressaisir, et ne pas souhaiter la venue du bel adolescent. Certes, il ne le jetterait pas dehors dans le cas où il se présenterait, mais il ne devait pas rechercher sa présence. Où avait-il eu la tête, lorsque six semaines plus tôt, il avait amèrement regretté de ne pas être celui qui l'accompagnerait à Londres? A l'évidence, Satan avait alors pris possession de son âme.

Non, il n'essayerait pas de revoir Harry. Quelqu'un d'autre pouvait se charger de lui redonner confiance et espoir dans l'avenir...

Severus devait se montrer fort, et admettre qu'il n'était absolument pas indispensable. Le garçon se passerait très bien de lui désormais.

Il suffisait de le chasser de son esprit. Quoi de plus simple? Il éviterait même de prendre de ses nouvelles.

Quand la vieille femme lui enleva son assiette pour la remplir de gruau, il soupira. Il n'aimait pas le gruau. Il fut tenté de protester, mais il se tut. En effet, il méritait une punition, pour avoir à l'instant même gravement pêché en pensée.

Ne venait-il pas d'espérer secrètement voir Harry Potter apparaître à la porte, le chapeau sous le bras, les yeux brillants, les cheveux en bataille et ses partitions roulées dans la main...?

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-Alors, Harry, cette comparution?

Le garçon sourit à ses amis qui faisaient cercle autour de lui.

-Ca s'est bien passé. L'affaire est classée.

-Formidaaaable!, s'exclama Fred. Ca n'a pas été trop pénible?

-Non. Le procureur était plutôt bienveillant, et il connaissait parfaitement le dossier. Le jour de l'audience, j'ai raconté mon histoire devant les juges, tout simplement...

-Honnêtement, Harry... tu as tout raconté?

-Enfin... disons que je n'ai pas eu à entrer dans les détails...

- Ha ha ha!! Les détails! C'est bien ce que je pensais..., rit George en donnant une tape sur l'épaule de Harry. Ca veut dire qu'ils n'ont pas cherché à savoir ce que tu fabriquais avec la comtesse au moment où...

-George!, coupa Ginny d'un ton courroucé. Tu es stupide! Continue, Harry!

-Eh bien... Ils ont écouté tranquillement mon témoignage, puis ils se sont retirés pour délibérer.

-Ca a duré longtemps?

-Non, pas trop, heureusement. Pendant l'attente, j'étais franchement nerveux. Une demie-heure plus tard, ils sont revenus et m'ont déclaré innocent.

-Quel bonheur!, se réjouit Hermione.

-Tu dois être vraiment soulagé..., fit remarquer Fred. C'est la mère Parkinson qui va être furieuse!

-Oh... je ne sais même pas si elle est au courant.

-Elle se faisait une fête d'assister à ta pendaison. Imagine sa déception!

-Sait-elle que c'est la comtesse qui a tué son époux?, demanda Hermione, les sourcils froncés.

-Bien entendu!, gloussa George. Le vicomte Drago Malefoy n'a pas cessé de le crier sur les toits, depuis qu'il est rentré à Wardour.

-C'est horrible!, compatit la jeune claveciniste. Si la comtesse revient ici, elle va se faire massacrer!

-C'est sans doute la raison pour laquelle elle se terre à Londres..., remarqua Ginny avec froideur. D'ailleurs, je me demande pourquoi elle n'a pas été condamnée à une lourde peine. Après tout, c'est bien elle, la coupable!

-Il s'agissait d'un cas de légitime défense, trancha Harry d'un ton sans réplique.

-Mouais..., grogna Ginny, peu convaincue. Elle a surtout la chance d'être riche et bien née...

-A propos, Harry, dit Ron, tu as revu la comtesse, à Londres?

Le jeune violoniste hésita un instant avant de répondre sèchement:

-Par la force des choses.

-Alors?, questionna George. Comment va-t-elle, cette chère Narcissa?

-Bien, dit Harry, le visage inexpressif.

-C'est tout?

Le jeune Potter haussa les épaules. Il avait un peu rougi.

-Ben oui, que veux-tu que je te dise...

Fred haussa les sourcils d'un air entendu.

-Laissez le tranquille!, intervint Ginny, mécontente. De toute façon, on s'en moque, de cette mijaurée. Mais dis, Harry, c'est vrai que tu vas t'installer à Londres pour longtemps?

-Oui, c'est vrai, répondit Harry, subitement très animé. Le vieux Dumbledore me propose de travailler avec lui. Il a besoin d'un violoniste dans son orchestre et pour son école. Et mes compositions l'intéressent, à ce qu'il m'a dit...

-Ca, Harry, c'est une vraie chance pour toi!, s'extasia Hermione en joignant les deux mains de ravissement.

Ginny fit la moue. Elle semblait nettement moins enthousiaste.

-Je lui ai parlé de vous, reprit Harry. Il se peut qu'il vous fasse venir, peut-être pas de manière permanente au début, mais pour participer à certains concerts.

-Ce serait trop bien, murmura Ron, rêveur. Changer d'air....voir la capitale...

-D'après Bill et Charlie, c'est un sacré bonhomme, ce Dumbledore, non?, relança Fred.

-Tu n'as pas idée!, dit Harry, les yeux brillants. Malgré son grand âge, il dirige merveilleusement. Et ses compositions! Géniales, révolutionnaires... Il connaît Joseph Haydn, il a rencontré les Mozart, père et fils, en Italie...

-Raconte comment ça s'est passé, questionna Hermione, curieuse... Tu lui as joué du violon, et du coup, il t'a embauché ?

Harry sourit.

-Remus n'arrêtait pas d'insister pour que j'auditionne devant Dumbledore. Je connaissais sa renommée, alors au début, j'étais mort de trac. Heureusement, j'avais eu le temps de me remettre au violon, durant la petite semaine passée à Londres depuis notre arrivée. Finalement, l'occasion s'est présentée, et...

-Tu lui en as mis plein la vue, je parie..., lança Fred.

-Bon, disons que je ne me suis pas trop mal débrouillé... En fait, Dumbledore n'a rien de terrifiant, au contraire. Il m'a tout de suite mis à l'aise, en s'installant au clavecin pour m'accompagner. Il m'a fait travailler plusieurs heures sans se lasser. A la fin, j'étais épuisé, alors que lui était en pleine forme.

-J'aimerais tellement le rencontrer, soupira Hermione.

-C'est un musicien extraordinaire, tu sais! Il aurait beaucoup à t'apporter. Bien qu'il ne soit pas violoniste, je suis sorti transformé de cette séance de travail avec lui.

-N'en dis pas trop, s'il te plaît, gémit la jeune fille... Tu me donnes encore plus envie...

-Et tu logeais où, pendant tout ce temps?, s'enquit Ron.

-A Poudlard. C'est le nom de l'Académie de musique dont Dumbledore est le directeur. Elle comporte une aile réservée aux visiteurs et aux enseignants. C'est là que j'ai habité, avec Remus.

-Parfait, Harry, je suis ravi pour toi, conclut George d'un air satisfait. Mais attention! Il va falloir que tu te débrouilles pour nous faire embaucher, nous aussi, et vite!

-Ne t'inquiète pas, j'ai commencé à préparer le terrain. Comme je le disais tout à l'heure, Dumbledore est prêt à engager des muciciens pour ses concerts, et il aura certainement besoin d'un renfort d'étudiants-enseignants.

-Magnifique. Quand repars-tu, Harry? Je t'accompagne!

-Tu racontes n'importe quoi, George, coupa Ginny. Si vous partez tous, qui va faire tourner l'école, ici?

-Tu as raison, soeurette, on ne peut pas abandonner papa et l'école comme ça. Mais il y a une relève toute prête. Regarde, des gars comme John, Christopher, Edgar... ils sont en âge maintenant, et ils ont tous les compétences requises pour nous remplacer…

-Mouais…je n'en suis pas persuadée…, grommela la jeune fille. Tu vas un peu vite en besogne, tu ne crois pas? Christopher est plutôt moyen, et Edgar manque de sérieux.

-Ne sois pas rabat-joie, Ginny, dit Fred en posant une main sur l'épaule de sa soeur. Tu pourras peut-être venir à Londres, toi aussi. Il doit y avoir moyen d'étudier le chant, là-bas, n'est-ce-pas, Harry?

-Je ne sais pas..., hésita le garçon. Je suppose que oui…

-Il ne s'est même pas renseigné!, jeta Ginny avec rancoeur. Et puis, comment voulez-vous que papa me paye des études, alors qu'il a déjà du mal à joindre les deux bouts quand nous vivons tous à la maison?

-Je crois qu'il est l'heure d'aller dîner…, intervint prudemment Hermione. Ne faisons pas attendre votre mère. Vous parlerez plus calmement quand vous aurez le ventre plein.

Elle prit le bras de Ginny sous le sien et sortit du salon, l'entraînant dans son sillage.

Harry les suivait du regard avec mélancolie. Il comprenait la tristesse de Ginny, mais il ne voulait pas lui donner l'illusion qu'elle avait encore une chance avec lui. Il devait bien avouer qu'elle ne lui avait pas manqué une seule minute durant le mois qu'il venait de passer à Londres.

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-Tiens, Harry... tu vas où ? Je t'accompagne?

-Non merci, Ron... Je vais à la cure, voir le révérend.

Le rouquin ouvrit de grands yeux.

-Hein? Tu vas voir Rogue? Pour quoi faire?

-J'ai un truc à lui remettre, de la part de Remus, mentit Harry.

-Oh, la barbe...! Remarque, depuis que Rogue a organisé l'expédition à Bristol, et que je l'ai vu tenir une épée, mon opinion sur lui a changé. C'est un type bien, y a rien à dire là dessus. Mais entre nous, ses sermons sont toujours aussi assommants...

En voyant son ami rouler des yeux d'un air comique, Harry se mit à rire. Il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer, luttant contre le sommeil pendant l'office, assis sur un banc bien dur entre une Molly et une Ginny engoncées dans leurs tenues du dimanche...

-Bon, j'y vais, Ron, lança-t-il gaiement. A tout à l'heure!

-Salut, vieux! Bon courage!

Harry s'esquiva par la porte du jardin.

Il était cinq heures, et il n'avait pas prévenu Rogue de son passage. Le pasteur était certainement au courant du retour de Remus et Harry à Wardour depuis la veille, et il devait s'attendre à voir surgir son ancien élève au presbytère d'un moment à l'autre ...

Malheureusement, Harry n'avait guère progressé dans l'écriture de son quatuor, faute de temps. Il pouvait quand même se féliciter d'avoir retravaillé le Menuet et corrigé les erreurs. De plus, il avait ébauché la structure et les thèmes principaux du dernier mouvement. Il y avait là matière à intéresser le pasteur...du moins l'espérait-il.

De plus, le garçon devinait confusément que l'homme serait de toute façon content de le voir, et il ne s'inquiétait pas trop quant à l'avancement de son travail.

A cette pensée, un agréable frisson lui parcourut le dos. Il devait admettre qu'il était impatient de revoir cet homme sombre, qu'il avait pourtant cru détester durant de longues années.

Le coeur battant d'anticipation, il souleva le heurtoir et frappa trois coups contre la porte massive du presbytère.

Des petits pas précipités ne tardèrent pas à se faire entendre. La porte s'ouvrit sur Mary, la vieille bonne du pasteur. Elle ne parut guère surprise, et lui adressa un grand sourire de sa bouche édentée.

-Mr Potter? Vous êtes venu voir le révérend? A cette heure, il doit être en train de finir sa tournée des malades, il ne va pas tarder. Voulez-vous l'attendre ici?

Le garçon entra et retira chapeau et manteau, puis il se fit conduire au salon. Il s'assit sur une chaise et sortit ses manuscrits de sa veste. Le voyant occupé, Mary s'excusa et le laissa seul.

Les portées dansaient devant ses yeux, il ne parvenait pas à fixer son attention sur sa lecture.

Malgré lui, le garçon songeait aux six semaines qu'il venait de passer dans la capitale. Le pasteur allait certainement l'interroger à ce sujet.

Depuis sa rencontre avec Dumbledore, une nouvelle vie avait commencé pour Harry. Des portes s'étaient ouvertes. Autour du vieil homme gravitaient des musiciens formidables, et le garçon sentait que dans cet environnement stimulant, il allait enfin trouver l'occasion de se réaliser pleinement sur le plan musical.

En revanche, ses trois rencontres avec Narcissa avaient été plutôt pénibles. Avec tout son savoir-faire de séductrice, la jeune femme lui avait clairement fait comprendre qu'elle n'était pas contre l'idée de reprendre leur liaison là où ils l'avaient laissée avant l'intervention malencontreuse du défunt Parkinson. Harry s'était senti choqué par cette attitude frivole et désinvolte. Lui qui avait eu d'abord l'intention de remercier la comtesse pour les courageuses démarches qu'elle avait entreprises afin de l'innocenter, il s'était montré froid et distant avec elle, désamorçant fermement ses tentatives de reconquête.

Elle semblait avoir oublié que leur liaison interdite avait failli conduire son jeune amant à la mort... et que les conséquences de cette aventure l'avaient marqué à tout jamais.

Cependant, elle n'avait pas paru lui tenir rigueur de sa réserve, et ils s'étaient quittés plutôt bons amis.

Quant à Remus, qui l'avait accompagné à chaque fois Harley-street chez la comtesse, il avait lié amitié, voire plus, avec Andromeda, la cousine de Narcissa, et surtout, avec sa fille Nymphadora, une charmante jeune femme au comportement original et quelque peu excentrique...

Harry était heureux pour son professeur de violon. Cet homme plutôt discret et timide semblait avoir enfin trouvé l'âme-soeur...

Entièrement absorbé par sa vie londonienne, Harry n'avait pensé que rarement à l'expérience vécue avec lord Voldemort. Toutefois, certaines nuits, il restait éveillé de longues heures, et les souvenirs de son séjour à Manderley l'assaillaient et le tourmentaient. Parfois, il faisait d'horribles cauchemars dans lesquels le peintre Mulciber le torturait sans relâche en se moquant de lui. D'autres fois, le Lord était l'acteur principal de rêves à forte teneur érotique, et le garçon se réveillait dans un état ne laissant place à aucune équivoque, ce qui le rendait terriblement honteux.

Sa vie trépidante ne l'empêchait pas de songer souvent à Rogue. L'homme était un mystère vivant, et Harry avait une curieuse envie de le percer à jour.

Par Remus, il savait qu'autrefois, le pasteur avait apprécié sa mère et abhorré son père... Le garçon désirait confusément en apprendre plus à ce sujet.

Ce jour où l'homme lui avait rendu la partition de son quatuor, juste avant son départ pour Londres, Harry avait eu l'impression de le redécouvrir. Bizarrement, il l'avait senti très proche. Il avait aimé parler avec lui. Rogue le comprenait, Harry en était certain.

Le révérend était une des rares personnes à savoir précisément ce que Harry avait vécu avec lord Voldemort. Il avait parlé à l'aristocrate, dans la grotte, et observé son comportement. De plus, il avait vu le tableau du saint Sébastien... Pour le garçon, cette pensée eût pu être atrocement gênante. Inexplicablement, elle lui semblait au contraire réconfortante.

Il chassa vivement de son esprit le souvenir embarrassant de sa propre réaction physique, au moment où son corps avait touché celui de son ancien professeur, sur le banc de l'orgue...

A présent, il aspirait à retrouver le pasteur, pour... Pourquoi, au fait?

Harry haussa les épaules, agacé. Il n'y avait rien d'anormal à cela. Il avait envie d'échanger avec lui... à propos de musique, entre autre...

Etrangement nerveux, Harry posa sa partition sur un guéridon et se leva, se rapprochant de la bibliothèque vitrée qui occupait un des murs du salon. Il sortit ses lunettes de sa poche et les chaussa sur son nez avant de passer les titres en revue. Théologie, philosophie, musique... Des ouvrages bien austères qui convenaient parfaitement à un homme d'église. Le garçon eut un vague sourire. Cette bibliothèque n'avait pas grand chose à voir avec celle du Lord, à Manderley...

Il entendit alors un bruit de voix venant du couloir. Le révérend avait dû rentrer de sa tournée des malades, et n'allait pas tarder à le rejoindre... Une soudaine timidité gagna le garçon. Au lieu de revenir vers le milieu de la pièce, il fit comme si de rien n'était et, retirant rapidement ses bésicles, il garda les yeux fixés sur la bibliothèque...

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-Mon révérend, vous avez de la visite.

Le coeur de Severus sauta dans sa poitrine.

-Qui donc, Mary?, dit-il pourtant d'un ton las, en se dévêtant.

-Le jeune Potter est là et vous attend au salon, sourit la vieille femme. Il est arrivé il y a une demie-heure environ. Il a fait preuve de beaucoup de patience.

Mon Dieu... Harry, dans son salon... Il ne pouvait certes pas le mettre aussitôt à la porte. La politesse exigeait qu'il s'entretienne un moment avec lui. Severus aurait-il le courage d'abréger cette entrevue? Il le fallait, absolument.

-Merci, Mary. Je...je vais le voir tout de suite.

-Dois-je préparer du thé?

-Heu...Non! Je pense qu'il ne voudra pas rester.

La vieille femme parut offusquée, mais Severus n'en tint pas compte et se dirigea d'un pas ferme vers la porte du salon qu'il ouvrit sans frapper.

Le garçon lui tournait le dos, debout devant la bibliothèque. Il pivota vivement pour lui faire face.

Bien que Severus s'y fût préparé, il ne put s'empêcher de vaciller sous le choc. Harry Potter était plus séduisant que jamais, avec son col à moitié ouvert et ses mèches en désordre.

Le pasteur détourna un instant le regard, cherchant désespérément un point auquel se raccrocher, mais il dut se rendre à la raison. Eviter obstinément de croiser le regard de son visiteur eût semblé étrange et incorrect. Il fut bien obligé de poser à nouveau les yeux sur lui.

Il s'arrêta à deux mètres du garçon.

-Potter..., dit-il doucement, la gorge sèche.

-Mon révérend..., murmura le garçon en inclinant légèrement le buste. J'espère que je ne vous dérange pas.

Severus vit que le garçon s'était empourpré. Ses yeux brillaient, et il semblait guetter la réaction du pasteur avec une sorte de timidité inquiète. Mon Dieu...Où était passé l'adolescent insolent et provocateur qu'il avait connu avant ses terribles mésaventures... ?

-Non... Vous êtes le bienvenu... Heu...je suis heureux de vous voir en bonne forme, bredouilla maladroitement le vicaire, mais... je n'ai pas beaucoup de temps.

Il était vraiment pitoyable. Le garçon parut embarrassé.

-Oh...je peux revenir plus tard, s'empressa-t-il de dire, plongeant toujours ses grands yeux lumineux dans ceux de Severus...Ou un autre jour, si vous préférez ...Je suis à Wardour pour une semaine, avant de repartir à Londres...

Reste ici toute la nuit... Reste la vie entière, ne repars pas, ne me quitte pas...

-Nous avons quinze minutes, Harry, dit Severus d'un ton civil et dépassionné, en montrant la chaise au garçon. Comment allez-vous?

-Oh...je vais bien, merci.

Le garçon s'assit, repoussant ses cheveux rebelles en arrière, et Severus prit place en face de lui, le dos droit, le maintien strict.

-J'ai eu ce matin la visite de Remus Lupin, dit-il posément. Il m'a appris que votre audience à Londres s'était conclue favorablement.

-Oui..., souffla Harry.

-C'est parfait. Une bonne chose de faite, donc. Et... côté musique?

Le garçon frotta ses cuisses de ses paumes dans un geste nerveux.

-J'ai fait la connaissance d'Albus Dumbledore, lança-t-il en fixant Severus.

-Oui, Lupin m'en a parlé. C'est un musicien hors pair. Vous avez beaucoup de chance.

A présent, le garçon souriait largement.

-Je vais travailler avec lui.

-J'en suis ravi pour vous. On ne pouvait espérer mieux. A part ça, avez-vous trouvé le temps de composer?

Le sourire de Harry faiblit. Il hésita, puis attrapa des feuillets roulés sur le guéridon.

-C'est...mon quatuor...vous savez... celui qui...

-Vous l'avez achevé?, coupa Severus.

-...Heu...non, pas encore. Mais j'ai repris le Menuet, et tracé les grandes lignes du quatrième mouvement. Ce sera un Presto.

-Faites-moi voir ça!, ordonna Severus en tendant la main.

Le pasteur parcourut des yeux les portées. Il sentait le regard du garçon posé sur lui, avide de connaître son avis. Il se contraignit à lire attentivement. Au bout de quelques minutes, il releva la tête.

-Cela me paraît intéressant, mais je ne peux évaluer correctement votre travail de cette manière. Si vous me laissez ce manuscrit, j'aurai le temps, demain matin, de l'étudier plus à fond, et je vous dirai ce que j'en pense...

Tu es en train de t'arranger pour revoir le garçon avant son départ. Où sont donc passées tes vertueuses intentions de le tenir à distance...?

-Oh...bien sûr!, sourit l'adolescent, faisant bondir le coeur de son vis-à-vis. Avec plaisir. Quand voulez-vous que je vienne les chercher?

-Disons... pourquoi pas demain, vers quatre heures, à l'église? L'orgue nous sera sans doute utile pour... mettre en lumière certains passages complexes.

Et tu pourras sentir la chaleur de son corps appuyé contre le tien...

Le garçon acquiesça, et fit mine de se lever. Severus l'arrêta d'un geste de la main.

-Nous avons encore cinq minutes, Harry. Parlez-moi de vos projets.

Le garçon hésita un instant.

-Eh bien... Le professeur Dumbledore me propose de jouer dans son orchestre permanent, comme premier violon.

-Vous allez vous épanouir sous sa baguette. C'est un excellent chef, de l'avis de tous ceux qui l'ont côtoyé.

-Vous même, vous le connaissez?

-Je l'ai rencontré autrefois, lorsque j'étais étudiant. Il m'a laissé une forte impression.

-Il a programmé le Concerto en la de Bach, pour le mois prochain. Il aimerait que je tienne la partie de soliste.

Il sera heureux, à Londres...Il n'aura plus besoin de toi... et c'est tant mieux, n'est-ce pas?

-Voilà qui est intéressant!, dit Severus, se forçant à paraître satisfait. Cela prouve que votre jeu lui a plu!

-Il m'a convaincu que je ne devais plus attendre, que j'étais prêt, et que si je ne jouais pas dès maintenant en soliste, je ne me lancerais jamais.

-Parfait. Tout va bien pour vous, Harry. Je suis... agréablement surpris.

Qu'est-ce que tu racontes encore...

-Surpris?, s'étonna Harry.

Maintenant, débrouille-toi pour te sortir de ce mauvais pas...

-Non que je ne vous aie pas cru capable de bien faire, mais lorsque nous nous sommes quittés, il y a quelques semaines, je trouvais votre état... préoccuppant. Je peux vous l'avouer, maintenant qu'il n'y a plus lieu de s'inquiéter pour vous.

Tu t'enfonces!

Harry parut troublé. Son regard s'assombrit.

-Vous pensiez que... que je ne m'en remettrais pas?, souffla-t-il à voix basse, et une lueur passa dans ses yeux, derrière les cils noirs.

-Je craignais que vous soyez plus gravement atteint par...ce que vous aviez vécu à Bristol. De plus, vous étiez physiquement blessé. Mais n'en parlons plus. Vous êtes reparti sur un bon pied, je suis rassuré.

Il y eut un silence. Harry gardait les paupières baissées. Il ne semblait plus penser à quitter les lieux, et Severus n'avait aucune envie de le chasser.

-Et vous, mon révérend..., dit soudain le garçon en relevant lentement les yeux. Avez-vous l'occasion de venir à Londres, de temps en temps?

Le fou...L' inconscient... Sait-il seulement à quoi il s'expose, en te regardant de cette façon ...?

-Cela peut se produire..., dit Severus d'un ton hésitant, serrant ses paumes l'une contre l'autre. J'ai un ami qui est évêque à Londres, il m'arrive de lui rendre visite.

-Et... l'idée de vivre et travailler là-bas, plutôt qu'ici, ne vous a jamais tenté?

Et il continue... A croire qu'il veut ta perte, et la sienne...

-Pourquoi voudrais-je vivre à Londres, Harry?

Le garçon parut gêné.

-Eh bien... vous êtes aussi un musicien, dit-il doucement. Dans notre domaine artistique, il y a beaucoup plus de possibilités à Londres que dans cette petite ville.

Non, ne souris pas... tu ne dois pas te réjouir qu'il veuille te faire venir auprès de lui...

-Mon métier de musicien passe après celui de pasteur, répliqua Severus avec froideur. Je vous rappelle que je suis ici en charge d'une paroisse.

Le garçon parut déstabilisé, puis se reprit rapidement.

-Il y a de nombreuses âmes à secourir, dans la capitale..., dit-il avec un sourire en coin.

Il se moque de toi, le bougre...

-Mais vous préférez sans doute la tranquillité de la campagne..., continua Harry en baissant les yeux d'un air résigné.

Comédien...!

-Apprenez qu'un pasteur accomplit sa mission là où l'envoie son évêque, Harry. Ce n'est pas moi qui choisis mon lieu d'affectation. Je me dois de rester à la disposition de mes supérieurs.

Qui, de nous deux, est le meilleur acteur...?

-Oh... bien sûr, je comprends. Alors, peut-être pourrez-vous venir rendre visite à votre ami, bientôt?

-Peut-être.

-Ca serait bien! Je vous montrerai mon quatuor. D'ici là, je l'aurai achevé, à coup sûr. Je pourrai même vous le faire entendre. Nous avons déjà formé un quatuor, avec des camarades que j'ai rencontrés là-bas.

Voilà, à présent, tu es jaloux... Bien sûr, qu'il fréquente à Londres de jeunes et beaux musiciens... Il ne va pas t'attendre comme une âme en peine, toi, le vieux, avec ton air bougon, ton nez crochu et tes cheveux gras...

-Vous n'avez pas perdu votre temps, décidément, dit Severus, se contraignant à sourire. Je vous prends au mot. Je viendrai volontiers vous écouter, là bas, si l'occasion se présente. Hum... A présent, pardonnez-moi si ...

Harry avait compris. Il se leva, et fit quelques pas vers la porte.

-Demain, à l'église, vers quatre heures?

-J'y serai sans faute.

Le garçon sortit, passa dans l'entrée et s'habilla. Severus le regardait faire, silencieux. Il lui ouvrit la porte et le laissa franchir le seuil.

-A demain!

Les yeux du garçon disparaissaient dans l'ombre de son chapeau. L'air glacé envahit le couloir.

-Bonne soirée, Harry...

Le pasteur referma la porte. Il resta un instant figé, une main à plat sur le bois, puis se secoua. Revenant sur ses pas, il s'enferma dans le bureau, et s'assit à la table.

Soudain épuisé par toute la tension accumulée pour se contrôler devant son visiteur, il soupira profondément et appuya son menton dans sa main.

Comme tu es faible... Le moindre de ses regards te fait trembler... Quand il parle, tu ne peux détacher les yeux de sa bouche, de ses lèvres... C'est indécent...

Tiens, tu t'apprêtes à prendre ta plume ? Ne me dis pas que tu vas écrire une lettre à ton ami londonien... Vraiment, tu es sur le point de répondre favorablement à l' invitation qu'il t'avait lancée, dans sa dernière missive? Quelle curieuse coïncidence...

Severus fit une grimace amère, puis se redressa et ouvrit un de ses tiroirs. Il en tira une feuille, se saisit de sa plume et la trempa dans l'encrier, le front plissé par la concentration...

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Ceux qui connaissent "Tout sauf un lâche" ont peut-être eu une impression de "déjà vu" à la lecture de ce chapitre. Mais bon, je vous promets que les choses vont suivre un cours différent par la suite...

Voilà, j'attends vos avis avec impatience, comme toujours! Bisous à tous, à bientôt!!

Kyara: Tu fais parfaitement l'inventaire de tous les sujets que je dois encore traiter dans cette deuxième partie, ah la la, ça me donne le tournis... Tu as entièrement raison, il y a matière à écrire un nouveau roman-fleuve... Pfff... On reverra tous les personnages que tu mentionnes (Mulciber, Drago, etc...). En tout cas, merci de m'encourager à m'y mettre, ça me fait très plaisir. J'adore écrire cette histoire (on s'en doutait, n'est ce pas ^^), mais j'ai besoin qu'on me booste malgré tout!!

Alia: Merci pour ces encouragements! Je suis contente que tu aies apprécié cette histoire. Tu aimerais que quelqu'un donne une bonne leçon au Lord? Ah ha ha... j'y penserai, rassure-toi! Je comprends qu'on puisse le trouver insupportable, cet "aristo" persuadé que tout lui est dû! Fera-t-il un jour amende honorable? A voir... Bises !

Choupi: Ah, tu aimerais que l'histoire se termine par un HP/LV... Bien, je prends note, mais il me semble que les choses ne vont pas tellement dans ce sens. Harry a trop de raisons d'en vouloir à Tom pour pouvoir couler des jours heureux en sa compagnie. Ce qui ne signifie nullement que tout soit fini entre eux. Le Lord va revenir, et ils seront à nouveau confrontés l'un à l'autre... et plus qu'un peu! Je ne peux en dire plus, évidemment! Merci pour cette review et ta tentative -très honnête, si, si- de m'influencer ;)

Anon: Merci!!

Loan: Merci, merci pour cette adorable review, qui m'a une fois de plus envoyée au septième ciel pour quelques heures... Tu es curieuse de voir comment Severus va concilier son sacerdoce avec l'attirance qu'il ressent pour Harry? Hmmm...c'est tout l'enjeu de la fic, bien sûr, alors je ne peux rien dévoiler. Et bien sûr, le Lord va revenir à la charge, il est du genre coriace, lui aussi.-Ah ha ha, oui, je trouvais que Narcissa allait assez bien avec Lockhart, ils sont aussi égocentriques l'un que l'autre, mais comme elle, elle n'est pas complètement stupide, elle a vite compris à qui elle avait affaire. - Ma chère Loan, je ne te remercierai jamais assez pour tes mots si encourageants! Je serai heureuse de te retrouver sur cette deuxième patie!

Une poterienne: Coucou! Comme d'habitude, ta review était perspicace et intéressante. -Tu as bien deviné, Dumbledore et Harry vont s'apprécier mutuellement (et puis j'adore Dumbledore, malgré son côté manipulateur). -Si je n'ai pas voulu que Severus aille à Londres avec Harry, c'est par souci de réalisme. Il aurait paru suspect qu'il insiste pour s'y rendre, et je trouvais normal que Remus propose de prendre la relève. Et aussi, il faut faire durer le plaisir, n'est-ce pas?- Voldemort aurait volontiers réquisitionné également le tableau de saint Sébastien, mais il était un peu encombrant, comme tu le fais justement remarquer, hi hi hi...-Oui, Harry est encore très jeune et ne comprend pas bien ce qui lui arrive, le pauvre. Et il a été sérieusement chamboulé par ce qu'il a vécu à Manderley. Voilà, merci, merci pour tout, ma chère!!

Bloom: Merci pour cette belle review! Tu as hâte de revoir le Lord? Eh bien, il va falloir que tu fasses preuve d'un peu de patience, car sa réapparition n'est pas pour tout de suite. J'espère que tu ne seras pas trop déçue!

Anonyme: Tu voudrais que Harry finisse avec Tom? Ma foi, ça va être dur, au point où en est arrivée leur relation. Mais ils se reverront, je peux te l'assurer, et Tom ne lâchera pas si facilement le morceau! Merci, et à bientôt!!

Lilo: Merci pour tes encouragements!

h-g-c: Tu as envie de voir Rogue se débattre avec sa morale chrétienne? Ah la la, le pauvre... Je peux d'ores et déjà te révéler qu'il va souffrir, en effet. On verra comment il parvient à gérer ses contradictions. Merci, à bientôt!

Low: Merci pour ton soutien! C'est très encourageant.

Floup: Merci beaucoup! J'espère que la suite continuera à te plaire!

Une petite review, pour me dire que vous avez lu?