Disclamer: Les personnages et le manga Bleach appartiennent à Tite Kubo !
Rating: K+ pour les premiers chapitres mais ça va sûrement évoluer
Pairing: IchiGrimmy
Note: L'idée de cette fic m'est venue en écoutant les covers du violoniste Daniel Jang, si vous voulez aller voir sa chaîne YouTube, il est assez incroyable ! Et chaque chapitre a pour titre une chanson qu'il a reprise et donc voilà!
Résumé: Grimmjow Jaggerjack est un musicien au passé qui continue de le poursuivre. Il fait un jour la rencontre d'un jeune étudiant, Ichigo Kurosaki. Immédiatement, ils se sentent attirés l'un vers l'autre, mais leur chemin semble semé d'embûches.
Bonjour ! Déjà, merci beaucoup d'avoir cliqué sur cette fanfic, j'espère qu'elle vous plaira. Elle ne devrait pas dépasser les 7 chapitres et j'ai pour objectif de boucler un chapitre par semaine, je ferai de mon mieux!
N'hésitez pas à me dire en review si ça vous plait.
Bonne lecture ! :)
La rue résonnait d'une mélodie douce et profonde qui provenait d'on ne savait où, faisant s'arrêter les passants, interrompant le chant des oiseaux. Cette musique presque magique semblait être celle de la brise : légère, insaisissable, intangible et pourtant indispensable.
Ichigo Kurosaki, un jeune étudiant en médecine de 19 ans passait tous les jours par cette rue pour se rendre à son université, et en revenir. Et chaque jour, il entendait le violon mystérieux qui chamboulait son cœur à chaque note. Il s'arrêtait souvent en plein milieu de la chaussée, les yeux fermés, le visage tourné vers le ciel. Apaisé. Il n'avait jamais cherché à découvrir qui était le musicien, il avait peur que ça ne brise la magie.
Mais aujourd'hui, Ichigo ressentait le besoin de mettre un visage sur toutes les émotions que les sons transportaient. Aussi s'était-il laissé guider par l'envoûtante mélodie. Il n'irait pas en cours, il ne rentrerait pas, il ne continuerait pas à vivre tant qu'il n'aurait pas ne serait-ce qu'entr'aperçu le bout d'un archer. Ichigo avait toujours été comme ça, toujours trop impliqué. Il avançait, inattentif à autre chose que ces notes qui s'envolaient, le menant à travers la foule.
Soudain son cœur eut un raté : la musique s'était tue, remplacée par des cris. Ichigo sursauta, brusquement tiré de sa transe, et courut en direction des éclats de voix qu'il percevait. Il bifurqua une fois à droite puis deux fois à gauche et déboula sur une petite place rectangulaire au milieu de laquelle se dressait une église. Il s'arrêta un instant pour en admirer la simplicité, mais bien vite son attention fut détournée par l'altercation.
« Je t'ai dit de faire taire ta putain de connerie ! »
Ichigo fit volte-face et avisa un jeune homme qui devait avoir à peu près son âge, debout devant une autre personne accroupie dont il ne parvenait pas à distinguer le visage. Son estomac se serra : il devait s'agir du violoniste !
« Et moi je te dis que cette « putain de connerie » est un violon. »
C'était une voix grave, un peu bourrue, mais calme, posée, rassurante. L'homme se redressa alors, surplombant le plus jeune d'une vingtaine de centimètres.
Pour la seconde fois, Ichigo sursauta. Il avait plusieurs fois essayé d'imaginer à quoi pouvait bien ressembler le musicien, mais jamais il n'aurait pu s'imaginer ça.
« J'en ai rien à foutre ! Elle me fait chier ta musique, alors dégage ! »
Ichigo vit la mâchoire du musicien se contracter, avant que celui-ci ne lance son poing en plein milieu de la figure de l'autre qui hurla de douleur, plaquant une main sur son nez et sortant un cran d'arrêt de son blouson de l'autre.
« T'aurais jamais du faire ça enculé ! » cracha-t-il.
Et le type fendit l'air de son couteau.
Ichigo réagit en une seconde, il se jeta sur le musicien. Mais celui-ci s'était déjà décalé, évitant de justesse que la lame ne lui transperce l'épaule, puis il désarma son agresseur d'une torsion du poignet et l'envoya dire bonjour au sol.
L'homme se releva péniblement, les yeux écarquillés, fixa un court instant le musicien, puis détala sans demander son reste.
« Ca va ? » Ichigo s'était approché du violoniste et l'observait avec inquiétude.
« Ça va. La lame m'a juste effleuré le bras. Rien de grave. »
Le rouquin jeta un coup d'œil sur la plaie et grimaça.
« Je pense qu'il te faut quand même quelques points de suture. Viens avec moi, on va à l'hôpital, c'est sur ma route de toute façon. »
Le musicien haussa les sourcils, mais Ichigo avait déjà fait volte-face. Il regarda alternativement son bras en sang et le jeune homme devant lui, et prit sa décision. Il saisit son étui à violon de sa main gauche, et rattrapa le rouquin.
« - Hey, Comment tu t'appelles gamin ?
- Kurosaki Ichigo. Et toi ?
- Moi c'est Jaggerjack. Grimmjow Jaggerjack. »
Durant tout le chemin vers l'hôpital, Ichigo jeta des regards en coin au violoniste, complètement fasciné. Grimmjow était vraiment balèze : il devait bien faire 1m85 et il semblait n'être fait que de muscles. Il passait déjà difficilement inaperçu, mais en plus de ça, il avait des cheveux assez longs, en bataille, et d'un bleu éclatant, tout comme ses yeux. Son visage était carré, mais réellement harmonieux. Il portait autour du cou une fine chaîne en argent, toute simple, mais qui contrastait avec sa peau dorée. Son col en V laissait apparaître le début d'un tatouage aux couleurs pastelles.
Bref, Grimmjow Jaggerjack était un miracle de la nature.
« T'as fini de mater ? »
Et observateur en plus…
Ichigo piqua un fard et détourna la tête. Ca n'était pas dans ses habitudes de dévisager les gens comme ça. Enfin, il ne croyait pas. Il toussota pour reprendre contenance : « On est arrivés. »
Et en effet devant eux se dressait l'hôpital de Karakura.
« Tu entres aux urgences par la porte au fond, là-bas. Ca risque d'être un peu long mais mon père travaille ici. Je peux lui demander de te prendre en charge plus tôt si tu veux… Bon, je dois te laisser, j'ai cours et je suis déjà en retard ! J'espère que tu vas vite te remettre. »
Le rouquin attendit une réponse qui ne vint pas. Il secoua la tête et fit demi-tour, un peu déçu.
Mais alors qu'il allait s'engouffrer dans une autre aile du bâtiment, il entendit une voix douce et grave l'appeler.
« Hey, Ichigo ! Merci. »
Il ne put réprimer un sourire apaisé, et se contenta de lever la main en un geste d'aurevoir. Il lui semblait qu'un rayon de soleil venait tout juste de se poser sur lui pour réchauffer son cœur.
Son sourire d'agrandit encore, et il franchit la porte pour rejoindre sa salle de cours.
« Ichigo ? Ichigo ? KUROSAKI ! »
Ichigo sursauta et se tourna vivement vers sa meilleure amie.
« - Qu'est-ce qui a, Rukia ?
-Y a que ça fait 5 minutes que je t'appelle ! T'es dans la Lune depuis ce matin ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »
Le rouquin s'excusa d'un grognement. Il n'aimait pas l'avouer, mais son amie avait raison. Il avait passé toute la journée à essayer de ne pas penser au mystérieux violoniste et à ses yeux bleus envoûtants, ce qui, évidemment, lui avait fait y penser à chaque fois.
Il poussa un second grognement qui lui valut un regard désapprobateur de son amie.
« Allez Ichigo ! Crache le morceau ! »
Il avait rencontré Rukia en première année de lycée. Au début, il l'avait remarquée pour ses magnifiques yeux violets et ses cheveux noirs de jais coupés courts. Puis il avait été séduit par son caractère, son humour, son calme. Ils étaient sortis ensemble pendant plus d'un an, jusqu'à ce que la jeune fille lui fasse remarquer qu'après moulte réflexions elle en avait déduit que – je cite, Ichigo était « plus gay qu'un phoque ». Et bien qu'ils se soient aimés avec force, ils avaient su rester amis, sans aucune rancœur. Et dire que c'était elle qui avait dû lui montrer quelle était son orientation sexuelle… Le fait est qu'il pouvait absolument tout lui dire.
Il lui sourit avec douceur.
« -Tu te souviens de ce musicien dont je t'avais parlé et dont j'entendais la musique partout ? Bah je l'ai enfin rencontré.
- Sérieux ?! Et il est comment ?
- A l'hosto, en train de se faire recoudre l'épaule. Demande pas, c'est long à expliquer. Et me regarde pas comme ça ! Pour une fois j'suis vraiment pas impliqué !
- T'es con ou quoi ? Je t'ai pas demandé où il est mais comment il est ! »
Ichigo éclata de rire.
« Il est… il est… Wouah… »
Il ne trouvait même pas les mots. Il se souvenait encore avec une exactitude troublante de la chaleur de son regard, de la souplesse de ses bras, du mouvement de ses cheveux océans sous la légère brise…
« Ichigo, tu baves. »
Le rouquin rougit et s'essuya la bouche du revers de sa manche.
Les deux amis venaient de finir leur journée de cours et ils sortaient du bâtiment.
« Il est beau à ce point là ? Ichigo ? Ichi ? Eh oh ! tu n'm'écoutes pas là… »
Le roux se contenta de désigner une direction du menton. Rukia suivit le mouvement et son regard tomba sur le mec le plus sexy qu'elle eut jamais vu. Sans rire. Elle pouvait sentir son aura sauvage d'ici. Elle en perdait tous ses moyens…
« Grimm-Grimmjow ?! » balbutia le rouquin.
Rukia ricana. Elle n'était pas la seule visiblement.
« Bon ! chantonna-t-elle. Oh la la, je suis en retard moi ! Je pars devant Ichigo. Amuse-toi bien~ »
Et elle s'éloigna avec allégresse, non sans lui jeter un dernier regard goguenard.
Ichigo ignora le haussement de sourcils amusé du musicien et décida de changer de sujet.
« -Tu viens seulement de sortir ? Me dis pas que t'as attendu 5 heures aux urgences alors que tu avais l'épaule qui pissait le sang !
-Non, en fait je suis sorti au bout de 3h, mais je voulais te voir. »
Le rouquin sentit son visage s'échauffer une nouvelle fois mais il retint du mieux qu'il put ses rougissements. Peut-être qu'il avait vu trop de comédies romantiques, mais dans la bouche de Grimmjow, ces mots prenaient un accent sensuel. Il déglutit difficilement.
« -Et pourquoi ça ?
-Bah je voulais te remercier. C'est pas souvent qu'on aide un pauv' musicien des rues. Donc j'me demandais ce que je pourrais faire pour te rendre la pareille. Alors, que puis-je faire pour toi, I-Chi-Go ? »
Le susnommé frissonna au ton du bleuté. En une seconde, une centaine d'images du musicien défilèrent dans sa tête, toutes plus aguichantes les unes que les autres. Ichigo secoua la tête, les joues en feu.
« Un… Un morceau ! Joue-moi un morceau et on sera quittes ! »
Il avait parlé fort, le visage baissé, les poings serrés. Il se sentait stupide.
Grimmjow éclata d'un grand rire, renversant la tête en arrière, découvrant ses dents éclatantes.
« -Haha, pas besoin d'être si solennel Ichi.
-M'appelles pas comme ça.
-Shht Ichi. Réfléchis bien à ce que tu veux que je joue, dis-le moi demain et dans trois jours je t'offre ça. Allez, ciao ! A demain ! »
Et sur ces mots il fit volte-face et s'éloigna à grandes enjambées, dans un regard en arrière.
Ichigo était planté là, tout seul, ne sachant pas s'il devait être… Excité ou en colère.
Il poussa un cri de rage et remonta la rue qui menait à sa maison, ignorant les regards envieux des autres étudiants qui l'avaient vu discuter avec Grimmjow.
« Eh merde ! » hurla-t-il en se rendant compte que le musicien occupait toutes ses pensées. Encore.
Le temps qu'il rentre chez lui, il s'était doucement calmé et réfléchissait à présent à ce qu'il voulait que Grimmjow interprète pour lui. Il avait beau se creuser la tête, il avait beau l'avoir entendu jouer un million de fois, il n'arrivait pas à savoir ce qui plairait au bleuté, quel style de musique il préférait, quel registre, quel niveau de difficulté, même s'il se doutait bien que le musicien savait tout faire.
A force d'y réfléchir, Ichigo était épuisé, d'autant qu'il n'avait pas eu une journée des plus reposantes. Il finit par s'endormir, la tête plongée dans ses feuilles de cours sur son bureau.
La nuit porte conseil il parait. Ichigo espérait que c'était vrai.
Pendant ce temps, Grimmjow avait regagné « sa planque ». Il s'agissait d'un ancien abri qui protégeait des bombardements pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il était creusé dans les monticules qui bordaient la rivière de Karakura. Grimmjow l'avait découvert par hasard alors qu'il jouait au bord de l'eau. Il se l'était approprié, et ici, personne ne venait jamais le déranger.
Enfin presque jamais.
« Alors c'est ici que vit le grand Grimmjow Jaggerkack ? »
Le musicien ignora l'intervention, et continua à ranger ses affaires, posant délicatement son instrument sur un futon miteux. Le reste de l'abri comportait une table en bois qu'il avait récupéré dans une décharge, tout comme l'étagère branlante poussée au fond de la pièce et sur laquelle était posée ses vêtements, ainsi qu'une quantité non négligeable de bibelots. Il n'y avait pas de porte, donc pour se protéger du froid et du vent, il avait suspendu des tentures ocres au-dessus de l'entrée. Il avait réussi à se construire un abri relativement douillet, et surtout éloigné des troubles de la ville. Il n'allait pas laisser qui que ce soit lui voler sa quiétude si chèrement acquise.
« T'en as pas eu assez tout à l'heure ? D'ailleurs, t'as vraiment une sale gueule. »
L'homme en face de lui eut un rictus douloureux en plaquant ses mains sur son nez. Mais il se reprit et cracha aux pieds de Grimmjow.
« J'voulais pas l'croire au début, mais quand j't'ai vu dans cette rue en train de… En train de te ridiculiser avec c'truc -il désigna d'un air moqueur l'étui posé plus loin- j'ai compris que La Panthère était bel et bien morte. Pff tu fais pitié. Quand le Boss apprendra c'que t'es devenu… »
Grimmjow soupira et plongea la main dans la poche de son blouson.
« Tu diras rien au «Boss ». Et tu sais pourquoi ? Parc'qu'en fait, c'est pas moi qui suis mort… Non en fait, c'est toi. »
Le type écarquilla les yeux, mais il n'eut pas plus le temps de comprendre ce qui lui était arrivé. Un couteau s'était fiché dans sa carotide, le vidant de son sang en à peine quelques secondes.
Le musicien essuya la lame sur le t-shirt du mort. Il détestait ce passé qui continuait à la hanter – il jeta un coup d'œil par terre- et à dégueulasser son sol !
Il prit le corps dans ses bras sans effort évident. Il repoussa la tenture qui cachait l'entrée, et après avoir vérifié qu'il n'y avait personne aux alentours, jeta le cadavre dans la rivière ainsi que deux trois roches pour le faire couler. Puis il se saisit d'un chiffon, le mouilla, et s'appliqua à nettoyer le sol de son abri.
Il n'aimait pas le sang, que ce soit son odeur ou sa couleur.
Et pourtant Dieu sait que ses mains en étaient couvertes.
Le lendemain matin Ichigo se réveilla au son strident du réveil. Il grommela en se rendant compte qu'il s'était endormi en révisant, ou plutôt en tentant de réviser, et qu'il avait bavé sur ses cours !
Il secoua la tête, déjà blasé, puis il se souvint qu'il devait donner une réponse à Grimmjow aujourd'hui.
Il bondit sur ses pieds et se rua sous la douche tout en réfléchissant. Il avait les idées plus claires, et après un bon petit déjeuner, il avait enfin trouvé. Il s'était acharné à chercher quelque chose qui correspondait à Grimmjow, mais finalement, ce qu'il voulait, c'était que le musicien exprime ce que lui, Ichigo, ressentait. Et la chanson à laquelle il avait pensé correspondait plutôt bien, même s'il savait qu'il rougirait carrément en la lui annonçant.
Il hocha la tête en ricanant. Après tout, il ne connaissait le bleuté que depuis 24h, alors c'était plutôt précipité, mais il s'en foutait. Il adorait cette chanson.
Il partit en claquant la porte, ignorant les cris de détresse de son loufoque de père, et les remontrances de ses deux jeunes sœurs. Il dut se retenir de courir vers la place où il avait rencontré le musicien. D'ailleurs, il espérait qu'il y était toujours ! Il accéléra l'allure.
Au bout d'une dizaine de minutes de course intensive, il atteint l'endroit et soupira de soulagement : au pied des marches de la petite église il avait reconnu la chevelure bleue caractéristique.
« Hey, Grimmjow ! Salut ! »
Le bleuté sursauta, se retournant vivement, la main plongée dans la poche de son sweatshirt, le regard fou. Ichigo eut un mouvement de recul, effrayé.
« Ah ! Putain, Ichigo, me fais pas peur comme ça ! Il y a plein de dingues dans la rue, je préfère rester sur mes gardes, encore plus depuis hier… »
Il se détendit doucement et se rabaissa pour sortir son violon de son étui. Ichigo, qui avait arrêté de respiré, inspira profondément. Grimmjow avait des réflexes de bête sauvage ! Mais il était clair que sa vie avait dû le pousser à se méfier de tout.
Il se concentra pour se calmer et regarda le bleuté accorder son instrument.
« Comment tu fais ? » souffla-t-il.
Le musicien leva les yeux sur le roux et mit quelques secondes à comprendre.
« Pour accorder tu veux dire ? Bah… A l'oreille ! J'ai l'habitude maintenant. Tu vois, ça c'est la corde de sol, puis ré, la et mi. Pour obtenir le bon son à vide, on change la tension de la corde avec les chevilles, là. Quand la note est trop basse, on tourne vers l'extérieur, donc on tend la corde et on remonte la note. Quand elle est trop haute, on la tourne dans l'autre sens pour la relâcher un peu. »
Ichigo le regardait faire, bouche bée. Un musicien dans son milieu naturel, c'est toujours impressionnant.
Grimmjow remarqua son air fasciné et sourit.
« Au fait, t'as pensé à un morceau du coup ? »
Le rouquin étira un immense sourire, et rougit légèrement. Il fit signe au bleuté de se pencher vers lui, et il lui souffla le titre dans l'oreille.
Au début, Grimmjow eut l'air étonné, puis il rugit de rire.
« J'adore ce son ! Cool Ichi ! Ca sera ok dans trois jours. D'ici là, pense à moi~ »
Et Ichigo ne faillit pas à sa tâche. Durant les jours qui suivirent, le musicien ne quitta pas son esprit.
D'un accord tacite, ils n'avaient pas cherché à se voir. Et pourtant, tous les matins et tous les soirs, il semblait à Ichigo que Grimmjow jouait pour lui, bien qu'il n'ait pas entendu son morceau une seule fois.
Le lien qui avait vu le jour entre les deux hommes semblait se solidifier un peu plus chaque seconde. Et enfin, au bout de trois jours qui avaient semblé une éternité à Ichigo, il s'était rendu sur la place de l'église. Un petit attroupement s'était formé autour de Grimmjow qui finissait un morceau. Le rouquin profita qu'il ait les yeux fermés pour l'admirer en plein jeu.
Il semblait vivre au rythme de ses chansons, respirant sur le tempo, bougeant harmonieusement, fronçant un peu les sourcils dès qu'une note aigue faisait vibrer l'air, les doigts tremblant un peu pour faire chanter les sons. Ses longues jambes nerveuses jouaient au métronome tandis que ses mèches bleues dansaient devant son visage comme des feux follets. Il était magnifique. D'ailleurs, ça semblait être l'avis de tous. Aucune des personnes qui s'étaient arrêtées pour l'écouter jouer ne semblaient pouvoir décrocher son regard du spectacle envoûtant qu'il livrait. Son charme sauvage les enchaînait tous. Irrésistiblement.
Ichigo se corrigea mentalement. Ça n'était pas les musiques qui faisaient vivre Grimmjow mais bien Grimmjow qui faisait vivre ses morceaux.
Tout à coup la mélodie prit fin, et le violoniste rouvrit les yeux, plantant immédiatement son regard océan dans celui chocolat de l'étudiant. Il avait presque l'air troublé, comme si Ichigo l'avait surpris dans son intimité, mais il se reprit bien vite et son habituel sourire carnassier vint décorer ses lèvres alors qu'il acceptait la salve d'applaudissement qu'on lui réservait, puis dispersait sans délicatesse les personnes amassées autour de lui.
« Yo Ichi ! Ca commençait à faire long ! »
Ichigo grogna un faible « m'appelle pas comme ça » que le bleuté ignora complètement.
« Tu veux pas qu'on aille ailleurs ? Y a un peu trop de monde ici, pas envie d'avoir un fan club sur le dos. -il étira un sourire. Et puis c'est ton morceau après tout ! Donc tu choisis ! »
Le rouquin rougit, ce qui commençait à devenir une habitude, puis il agrippa la manche de Grimmjow qui n'eut que le temps de saisir son instrument avant de se faire entrainer il ne savait où.
Si au début Ichigo s'était contenté de marcher, il s'était rapidement mis à courir à grandes enjambées. Il voulait éloigner Grimmjow de tous ces rapaces qui le collaient, il voulait le garder pour lui, comme un garde un objet précieux. A cette pensée complètement flippante et dérangeante, il avait encore accéléré.
Après plusieurs minutes d'une course effrénée, Ichigo s'arrêta enfin. Ils avaient atteint le bord de la rivière, certes loin du lieu de vie de Grimmjow, mais ce dernier restait étonné que ce soit cet endroit que l'autre avait choisi. Le roux sembla capter son trouble car il répondit à la question silencieuse, encore essoufflé, le regard s'égarant sur les reflets éclatants des eaux.
« Ici c'est calme, reposant. Je venais souvent avec ma mère quand j'étais plus jeune. Avant qu'elle ne meure. »
Un étrange silence suivit ses paroles. Lui-même ne comprenait pas bien pourquoi il parlait de ça à un presque inconnu. Mais Grimmjow ne répondit pas. Qu'aurait-il bien pu répondre d'ailleurs ? Et Ichigo lui en fut reconnaissant. Les « désolé », les « toutes mes condoléances », c'est que d'la politesse de façade. Aussi le bleuté se contenta-t-il de poser une main amicale sur l'épaule d'Ichigo. Un bref instant, mais qui suffit à apaiser l'étudiant. Puis le musicien ouvrit son étui, en sorti son violon, et fit ce pourquoi il était là.
Dès les premières notes, Ichigo sentit son moral grimper en flèche. Cette musique avait toujours eu ce don sur lui, même lorsque sa vie semblait partir en vrille. Il ferma les yeux pour mieux savourer la mélodie, mais il les rouvrit presque instantanément lorsque Grimmjow fit glisser son doigt le long du manche en un glissando virtuose. Le rouquin braqua son regard sur lui et ne put plus s'en détourner. Les doigts volaient de corde en corde, le poignet faisait aller et venir l'archer presque sensuellement. Les mèches bleues s'agitaient au rythme de la mesure qu'il battait du genou. Grimmjow se balançait légèrement, complètement pris par la musique. Ichigo, lui, ressentit soudain le besoin presque vital de se mettre à danser. Il lui semblait pouvoir entendre une voix chanter. C'était incroyable, le musicien parvenait à faire chanter son violon !
L'étudiant commença à bouger les hanches, à lever les bras vers le ciel comme si la musique lui donnait des ailes. Et il dansait vraiment bien.
Il croisa le regard océan et le temps sembla se figer. La musique s'emballait, réchauffant les cœurs, mais pour Ichigo et Grimmjow, plus rien n'existait à part eux et cette mélodie qui envoûtait, qui semblait leur hurler d'agir. Puis la chanson prit fin, et il ne subsista plus qu'un murmure.
When I am with you there's no place I'd rather be.
Ils restèrent là quelques instants, les yeux dans les yeux, pantelants, comme s'ils avaient couru un marathon. Grimmjow ouvrit alors la bouche pour parler, mais Ichigo lui coupa la parole de ses lèvres. Il l'embrassa sauvagement, brièvement, puis se recula, fit volte-face et prit ses jambes à son cou.
Le musicien resta de longues secondes ébahi, sa main effleurant ses lèvres où il lui semblait qu'Ichigo avait laissé sa marque au fer rouge.
« C'est quoi ce bordel ?! » souffla-t-il.
Il s'assit pour reprendre ses esprits. A la fin de son morceau il était persuadé avoir entendu le roux chanter. Enfin d'avoir entendu une voix incroyable. Pourtant il n'était sûr de rien. Tout semblait s'être déroulé comme dans un rêve…
Il se prit la tête entre les mains avec un grognement désespéré.
« Mais c'est quoi ce bordel ?! »
Ichigo avait couru tellement vite qu'une fois chez lui il lui avait fallu près d'un quart d'heure pour que ses points de côté et son souffle se calment.
Il avait complètement dérapé ! Il avait été tellement ému, tellement pris par la musique de Grimmjow qu'il l'avait embrassé… Bon, certes, le musicien ne l'avait pas repoussé, mais tout de même ! Ils se connaissaient depuis quoi ? Une semaine ?
Il retint un gémissement consterné en repensant à ce qui s'était passé. Putain… Grimmjow jouait comme un dieu, Grimmjow était beau comme un dieu. C'en était presque injuste pour le reste de la population.
Il secoua la tête en s'affalant sur son lit. Comment un type pareil se retrouvait-il à jouer dans la rue ? Après ce qu'il avait entendu, il ne doutait pas que la place de Grimmjow était sur scène, et non pas sur le parvis d'une minuscule église ! Ichigo ne savait pas par quoi le bleuté était passé, mais il était certain que sa vie n'avait pas dû être un conte de fées…
Il finit par s'endormir après avoir chantonné doucement.
When you're with me my heart continues to beat.
Merci d'avoir lu, à la semaine prochaine pour le chapitre 2 !
Des bisous,
Chloé
