Vers le couchant


Le soleil se couchait et ses reflets devenaient de l'or sur la petite marre du Terrier. Harry se tenait à un pas de l'eau et observait l'immensité des champs qui s'étalaient jusqu'à l'astre embrasé à l'horizon. Harry était plus libre que jamais, mais il restait seul face au soleil.

George sortit soudainement de la maison, trop heureux de fuir Molly qui était poursuivie par un avion en plastique moldu, ensorcelé par ses propres soins. Il observa la silhouette immobile d'Harry et s'avança à ses côtés.

« Est-ce que ça va ? » Silence. « Tu sais… Tu n'es pas seul, avait-il finalement dit. » Harry l'avait fixé avec cette expression étrange qu'il arborait parfois depuis la dernière bataille. Pour George, c'était comme s'il fixait un point à l'arrière de son crâne.

Ils restèrent ainsi, tous les soirs, l'un contre l'autre, tournés vers le couchant.

.oOo.

« Est-ce que Fred te manque ? » Un long silence avait été rompu, un autre tout aussi long attendit une réponse.

« Oui.

- Je n'arrête pas de me demander si tout aurait pu être différent, si…

- Tais-toi, Harry. »

George s'était relevé, mais plutôt que de partir vers le Terrier, il s'avança vers le couchant. Harry finit par lui emboîter le pas. Ils parcoururent ainsi la campagne jusqu'à ce que la nuit tombe.

Chaque soir, ils s'avancèrent ainsi vers le soleil jusqu'à ce qu'on aperçoive ses lumières seulement dans la clarté de la lune. Ils parlaient beaucoup, parfois ils débattaient sur la famille ou la Gazette, parfois ils bavardaient sans fin sur les Farces pour Sorciers Facétieux. Ou encore, ils se querellaient comme des enfants, courant à travers les champs ou les bois. Mais jamais ils ne parlaient du passé.

Ils partaient plus tôt, aussi, et rentraient plus tard, jusqu'à connaître trop bien les chemins alentour. Ces ballades n'étaient qu'à eux.

.oOo.

Un soir, George courait après Harry, le menaçant de moult souffrances tandis que celui-ci riait en gambadant au loin. C'était leur quotidien.

Mais lorsque George coinça Harry contre un arbre, il ne riait pas. Il s'approcha très sérieusement du petit brun pour l'embrasser. Au début, Harry était choqué. Et puis, l'astre disparut sur la ligne d'horizon et la magie prit vie. Harry répondit au baiser, laissant les mains de George réchauffer son corps.

.oOo.

« Ginny m'a demandé en mariage. » Ils étaient allongés sur l'herbe, près d'un chemin.

« Tu as accepté ? Elle tient à toi, tu sais, et elle t'estime. » Silence. « C'est important, je pense…

- Je n'ai rien répondu, fit Harry. Je… Je ne pense pas que ce soit ma manière de l'aimer. Je veux dire, se marier, c'est vivre ensemble pour toujours, plus ou moins, et je ne pense pas pouvoir partager ma vie avec Ginny.

- Tu ne vois pas… commença George.

- Je voudrais la partager avec toi. Être, et vivre, avec toi. Épouse-moi, s'il te plaît. »

George le fixait, allongé à ses côtés sur l'herbe qui recouvrait le chemin. Il hocha simplement la tête.


Je remercie Amaras pour avoir participé à la relecture de cette histoire.

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