CHAP 1.

Bien qu'elle soit plongée dans le noir, dans sa grande chambre on pouvait facilement distinguer les rares éléments décoratifs : De lourds rideaux rougeâtre entourant les larges fenêtres qui donnaient sur le jardin, la commode en bois ancien qui n'était d'aucune utilité, l'imposante armoire presque vide et enfin, au fond de la pièce, le large lit. Ce lit aux draps bordeaux, ce lit profondément haït, ce lit témoin de tant d'horreurs. Comme chaque nuit son frêle corps était fiévreux, tremblant, recroquevillé. Toujours pour la même raison, à cause des mêmes images, des mêmes souffrance : ses cauchemars.

Il voyait la fine silhouette s'approcher, il avait peur. Il sentait les longs doigts attraper fermement son épaule, respirer devenait difficile. Il entendait ses paroles, humiliantes et tranchantes. Il sentait son corps presser le sien, il voulait s'enfuir. Il sentait sa langue forcer l'entrée de sa bouche, il voulait vomir. Il sentait son membre durcir, ses larmes coulaient.

La suite n'avait pas la décence d'être flou comme dans ses autres songes, au contraire tout paraissait si réel ! Sa nudité, le corps gelé qui se collait à lui, la douleur des ongles qui laceraient sa chair, ses hurlements lors de la pénétration. Il revivait chaque instant et entendait toutes les injures crachées pendant l'acte comme s'il était éveillé.

Comme d'ordinaire son cauchemar s'achevait lorsque la porte claquait et qu'il était à nouveau seul. Peu de temps avant qu'il est éclaté en sanglot.

C'est donc sur le bruit sec de la porte que ses yeux écarlate s'ouvrirent.

Ramenant ses genoux sous son menton, il tenta de se calmer.

Inspirer. Expirer. Inspirer. Faire le vide. Ne plus penser.

Mais rien y faisait, son sourire carnassier l'hantait.

De chaudes larmes de rages coulèrent, il s'en voulait d'être aussi faible ! Il en voulait à son esprit de lui repasser les mêmes scènes sans cesse ! Il aurait tant voulu pouvoir fermer les yeux et se laisser prendre par la fatigue, tout simplement.

Il resta dans cette position jusqu'à l'aurore, les fines lueurs du jour le sortirent de sa léthargie. Il devait affronter une nouvelle journée à L'Académie Alice.