Note de l'auteure : Eh bien, W, nous commençons par là... J'ignore si c'est une bonne idée... Bref, un texte né de l'audition d'une musique (de Miyavi pour ceux qui connaissent) et d'une image mentale ainsi générée... Important : il y a ici la description d'un concert... Pour éviter les répétitions quant aux cris répétés et douloureux du public, nous avons établi un code, dont voici la légende :

(*) entendre un haussement de voix unanime, créant une vague sonore supportable de laquelle se détachent les braillements de quelques groupies isolées.

(**) entendre des cris de joies de l'ensemble du public, qui est content. Les groupies se font plus nombreuses.

(***) entendre un son d'une intensité rare, où les hurlements déchaînés du public ''normal'' est à égalité avec les cris stridents des groupies.

(****) entendre que les groupies, contaminant le reste, sont passées majoritaires et on augmenté les décibels. Vous êtes contents d'avoir amené vos boules quies qui préservent vos tympans face à cet ouragan sonore d'une intensité rare.

(*****) vous entendez ce qui correspond au mode ultime de la groupie tout autour de vous. Boules quies ou pas, vous dites adieu à vos tympans et avec un doute sur le fait de retrouver un jour vos capacités auditives. Aïe.

Je signale tout de même au passage que les personnages ne nous appartiennent pas.

Avez-vous déjà vu... Roy Mustang superstar ?

La scène du Centrale-Musik-Hall était encore sombre, renforçant l'impatience vibrante de la horde de fans qu'était le public. Un vrombissement vocal soulevait régulièrement cette masse surexcitée qui attendait la première note en frémissant. Cela faisait dix minutes que le début du concert avait été annoncée, que les téléphones portables étaient en veille, après sommation (ce qui correspondait à la rupture d'un cordon vital pour certains), que les projecteurs qui éclairaient la salle s'étaient éteints un par un. Dix minutes que plusieurs retenaient leur premier cri enragé et fanatique. Certains sautaient sur place pour essayer de mieux voir, pensant peut-être être si petits que tous les autres leur cachaient la lumière. D'autres réduisaient leur soigneuse manucure à néant à force de mordiller leurs ongles, déjà en manque de tabac et n'ayant pas leur drogue alternative qu'était le chanteur principal pour compenser. D'autres jouaient l'indifférence en regardant ailleurs, mais essayant en réalité de voir quelque chose de différent dans la salle, puisque le groupe était tellement géniaaaaaal qu'il était parfaitement capable d'inventer une arrivée inattendue qui ne serait pas par la scène (un certain nombre regardaient même le ciel, attendant l'hélico). D'autres s'étaient mis en petit cercle et échangeaient l'ensemble des potins éternellement répétés sur le groupe, s'en servant de base pour inventer de nouvelles raisons louches qui pourraient entraîner une suppression du concert à la dernière minute – un accident de voiture, un enlèvement par des extraterrestres, une invitation à une fête chez le président pour être récompensé devant le monde entier, une cérémonie impromptue qui sacrait le chanteur nouveau dieu unique du monde, ou encore, le pire imaginable, qui provoquerait la mort de près de l'ensemble de la salle, le même chanteur s'était trouvé... une petite amie. D'autres enfin s'entraînaient à devenir des sumos en poussant comme des malades pour atteindre la scène – encore vide – espérant être suffisamment près pour avoir l'insigne honneur d'être celui ou celle qui aura rendu les membres du groupe sourds à force de cris. Et tout ce beau monde, sous l'effet de l'attente, devenait encore plus fou que d'habitude, si bien qu'aucune personne saine d'esprit n'oserait se présenter sur la scène pour s'offrir en pâture à cette meute enragée. Mais il y avait une chose que tout le monde savait, c'est que le groupe tant attendu n'était pas sain d'esprit.

Tout d'un coup, au bout d'un « interminable » (dixit fan n°1) temps d'attente (quinze minutes), jaillirent tout autour de la scène de hautes flammes (*), provoquant un hoquet saisi puis un certain nombre de hurlements, de la part de celles et ceux qui ne pouvaient déjà plus se retenir. Des amateurs incapables d'attendre l'arrivée du chef du groupe (dixit fan n°2). La scène n'était plus vide (*), au centre au fond se trouvait la masse imposante d'une batterie apparue comme par magie (**). Assis sur le siège se trouvait un jeune homme (*) aux cheveux courts et bouclés, d'un roux assorti aux flammes qui avaient précédé son apparition, quelques instants plus tôt (**). Plusieurs fans défaillirent en voyant sa tenue. En effet, la veste en cuir sans manches (*) qu'il portait ouverte (**), dévoilant une partie de son torse ornée de lourds colliers et de chaînes de diverses sortes (**), en faisait fantasmer plus d'une et d'un sur ce que le chef du groupe allait porter si lui portait ça (***). Après avoir fait tourbillonner et virevolter ses baguettes sous les exclamations enthousiastes des spectateurs (**), le musicien – sans conteste le plus courageux pour avoir accepté d'être le premier envoyé sur la zone de tir – entama le morceau (***). Il y eut quelques micro-secondes de suspense où la foule fut presque silencieuse, tentant de reconnaître le morceau, puis une tempête de beuglements surexcités quand tous se rendirent compte que la chanson était inédite (***).

Ponctuant cet accès d'euphorie, un second jet de flammes (*) priva les groupies de la contemplation de la scène, et quand elles se calmèrent, la deuxième moitié de la salle, qui jusqu'alors avait été légèrement plus modérée, se réveilla et le fit savoir en activant des ondes sonores plus graves mais non moins fortes. Sur la scène était apparue la guitariste (****), en hautes bottes lacées (*) et tunique de cuir (**) enserrant son cou mais se terminant en mini-short (***). Ses cheveux blonds étaient retenus par plusieurs pics noirs plus longs qu'il n'était utile. Elle entama sa partition sur les chapeaux de roue (***) avec une agilité et une aisance qui déclenchèrent une véritable ovation (****) – et un sifflement. Sans cesser de jouer, la jeune femme fusilla du regard la portion de foule d'où provenait le son, semblant savoir exactement qui l'avait émis pour lui faire regretter d'être né. Un doux regard de braise intense, et rien que pour lui ! (dixit fan n°3) Une fois le concerné raide, elle reporta son attention sur son jeu – détaché, et donc deux fois plus frime (*) - et sur le reste de la salle (**), ignorant ostensiblement le coin où s'était trouvé l'être honni qui n'en avait plus pour longtemps à vivre : elle le laissant en pâture aux fans furieux qu'il ait osé se mettre à côté d'eux pour commettre cette impiété, ce crime de lèse-majesté, ce sacrilège, ce péché capital...

Cependant, la mise en charpie du pauvre inconscient fut retardée par un nouveau sursaut des flammes (*), après lequel un léger séisme eut lieu, provoqué par un certain nombre de personnes sautant littéralement sur place à la vue du troisième joueur, un grand type dégingandé (***) tout de noir vêtu (*), pantalon comme t-shirt déchiré, se tenant légèrement voûté au dessus de son instrument (***), les cheveux courts et ébouriffés (**) et un cure-dents au coin de la bouche (***), en une posture trop classeuuuuuuuuuh (dixit fan n°4). Le son du synthé vint se mêler à l'introduction entamée par les deux autres sous forme de tintement de cloche (****). Le tout n'avait duré que quelques secondes.

Devant eux, déjà à leur merci, se trouvait une immense entité vivante et mouvante, qui frémissait à chaque coup de baguette (*), à chaque pincement de corde (*), à chaque pression d'une touche (*). Certains sautillaient, d'autres criaient, d'autres souriaient d'un air béat et stupide, d'autres tentaient pitoyablement de faire croire qu'ils connaissaient déjà la chanson mais bougeaient en retard par rapport au son comme une enceinte mal réglée, d'autres tentaient simplement de respirer, ce qui était de loin le plus difficile. Mais tous, tous sans exception – ou presque – n'attendaient plus qu'une chose : l'apparition du dernier membre du groupe (**). Comme il y avait trop de bruit pour échanger des hypothèses sur ce de quoi il aurait l'air, nombreux étaient ceux qui s'étaient constitué leur propre petite image fantasmagorique qu'ils mettaient bien entendu au rang suprême de la perfection, chacun étant persuadé d'avoir l'image parfaite, alors que les autres ne faisaient qu'une pâle imitation sans originalité et qui n'avait rien à voir avec le style profond de ce groupe divin (dixit fan n°5).

Mais quels qu'aient été les esprits supérieurs dans ce vaste troupeau de moutons bêlant, la réaction fut unanime lorsque, juste après que le grand blond eut commencé à jouer, des flammes immenses explosèrent tout autour de la salle et au milieu de la scène, comme s'il les avait dirigées (**) : des cris (de peur ou de saisissement plus que d'autre chose, cette fois-ci), un moment d'égarement total (preuve que le groupe savait vraiment y faire pour faire mumuse avec le public – et le surprendre par leur originalité sans limites et siiiii claaaaasse (dixit fan n°6, ex-fan n°4)), puis un mouvement unanime des visages vers le centre de la scène où une dernière silhouette était apparue au milieu du cercle de flammes (****). Un bras en l'air (*), la tête levée vers le ciel (**), les jambes fermement plantées sur le sol (***), le chef du groupe (****) se détachait du reste par sa chemise blanche (*) – blanche, quoi ! Trop intelligent ! (dixit fan n°7) – dont les trois premiers boutons étaient ouverts (**) – seulement trois, hélas (dixit fan n°8) – laissant apparaître le pendentif fétiche du musicien (***), un dessin bizarre plus ou moins en forme de cercle entouré d'une flamme - le genre de truc que n'importe qui paierait des milliards pour avoir (dixit fan n°9). Quant au pantalon, il était en cuir (****) – kyaaaaaaaah (dixit fan n°10). L'ensemble prenait une légère teinte rouge et animée à la lumière des flammes.

À ce moment précis, d'un geste souple et entièrement calculé (*), il baissa le bras pour amener son micro plus près de son visage (**) tout en se détournant légèrement afin de présenter le manche de sa guitare au public, ce qui fit danser de vifs reflets sur les motifs de flammes ornant son instrument (***) et sur ses grandes lunettes noires (***), qui lui donnaient un air siiiiiiiiiiiii mystérieux (dixit fan n°11). Le tout avec un léger mouvement de la tête qui fit voleter ses cheveux sombres (****) et frémir la cigarette qu'il avait au coin de la bouche, sur laquelle se dessina le petit sourire pour lequel il était si connu... (*****)

...

À quatre cent mètres de là, monsieur Jacques, vieux retraité de quatre-vingt-trois ans de son état, s'apprêtait à se mettre au lit après avoir regardé une passionnante émission télévisée sur la pêche au leurre et lu quelques articles de journaux de sa jeunesse. Il avait bu un dernier verre d'eau avec ses médicaments, comme le lui avait dit cette si gentille infirmière, là-bas, à l'hôpital, quand il était allé faire son examen général mensuel. Les résultats avaient été plutôt bons, monsieur Jacques était rassuré. Il passait à petits pas – certes lents, mais capables d'exécuter de longues distances – de sa cuisine à son salon tout en s'assurant qu'il avait bien tout fermé, lumières comme fenêtres, lorsque ''cela'' se produisit.

Ce fut simple et rapide. Toutes les vitres de son petit appartement volèrent en éclats. Sa cafetière se fendit, les verres sur l'égouttoir furent réduits en morceaux, les ampoules tombèrent en fragments sur le sol. Par chance, monsieur Jacques était hors d'atteinte de tous ces éléments acérés au moment où ''cela'' arriva. Emporté par la curiosité, il changea sa trajectoire et alla rouvrir avec précaution sa fenêtre de cuisine, qui donnait sur la rue. Tout d'abord, il ne vit pas grand chose, tous les lampadaires ayant subi le même sort que ses ampoules. Puis il se rendit compte que son appartement n'était pas le seul touché : tout ce qui était en verre dans la rue avait été purement et simplement détruit. Deux voitures couinaient désespérément, se plaignant de façon désagréable de la perte de leur pare-brise. Certaines personnes, plus dégourdies, avaient déjà allumé des bougies.

Monsieur Jacques vit venir vers lui un homme – un jeune homme, pour lui – qui tenait d'une main une lampe de poche miraculeusement rescapée et donc en état de marche, de l'autre sa paire de lunettes rectangulaires qu'il regardait d'un air dépité puisque les verres avaient purement et simplement sauté. Un policier, nota monsieur Jacques. Sa coiffure était presque impeccable, à l'exception d'une mèche noire qui tombait sur son front. Curieusement, il avait l'air d'être un de ces rares flics qui valaient quelque chose. Leurs regards se croisèrent.

« Comment vais-je expliquer ça à ma femme ? » demanda le jeune policier à monsieur Jacques, qui sourit en réponse, se disant qu'il pourrait peut-être savoir ce qui se passait.

« Votre femme ? » demanda-t-il cependant, pour ne pas être trop brusque, ni paraître rabat-joie.

Le policier eut un sourire béat, semblant oublier ses lunettes brisées. « Oui, j'ai une femme. Et une fille aussi. Elle est adorable. J'ai des photos. Vous voulez la voir ? »

Monsieur Jacques sourit de nouveau. Il connaissait ce genre de personnes – son frère avait été comme ça. Il savait comment leur parler. Ce jeune policier commençait à lui être sympathique.

« Très certainement, » répondit-il. « Mais, avant cela, pourriez-vous m'expliquer ce qui s'est passé ? Comme ça, je pourrais les regarder sans arrière pensée qui me gâcherait ce plaisir. Pourquoi tout le verre de la rue a-t-il explosé ? »

Le policier se retourna, semblant remarquer pour la première fois le désordre ambiant. « Ne vous en faites pas, vous serez remboursé, on nous l'a assuré. »

« C'était un tremblement de terre ? Une bombe ? »

« Non, pire, » répondit le policier, regardant toujours derrière lui. Il pointa une colline qu'on voyait non loin, légèrement en périphérie de la ville, où dansaient des projecteurs. « Ça vient du Centrale-Musik-Hall. Vous savez, même à cette distance, avec les cris des fans, des fois... »

Voyant le regard perplexe du petit vieux, il soupira et tenta d'être clair : « Le concert des Flame Jherryff vient de commencer. »

Monsieur Jacques, peu au courant de ce genre de choses, hocha la tête comme s'il avait compris. À ce moment-ci, une nouvelle rumeur s'éleva du CMH – comme on l'appelait communément – ébranlant les murs et faisant exploser la lampe de poche du policier. Le chef du groupe venait en effet de commencer une autre chanson (*) en baissant ses lunettes (**) miraculeusement intactes (car bien sûr fabriquées exprès pour résister à ces conditions extrêmes) pour lancer à la foule un regard (***) de ses yeux ''onyx'' (dixit fan n°12) avant d'émettre un rire bizarre – siiiiiiii sensuel, kyaaaaaaaaah (dixit all the fans) – et un autre balancement de cheveux, avant de dire quelque chose comme « yo na gaï » et de lancer ladite paire de lunettes dans la foule en délire (*****).

...

Bien plus tard dans la nuit, une fois que tout le monde eût vidé son réservoir à braillements – même si certains en avaient encore un bon nombre en magasin – un jeune garçon aux cheveux courts et blonds fouillait la foule du regard à la recherche de ses compagnons. Il les repéra non loin de l'entrée devenue sortie, fort près l'un de l'autre. Il s'approcha d'eux en espérant que ce n'était pas juste pour éviter de se perdre qu'ils avaient enfin décidé de réduire l'espace, si agaçant dans sa largeur, qui les séparait. À ce moment-là, une fille bizarre avec deux mèches teintes en rose vif sur le devant du visage – ce qui faisait très perruque – passa près de lui, tentant visiblement de rattraper sa copine – son sosie, sans les mèches – sans grand succès, en raison de sa faible voix brisée à force de crier en mode suraigu et continu.

« Attends, attends, attends ! » disait-elle.

« Quoi ? » finit par demander l'autre d'une voix, elle, devenue rocailleuse, un peu comme un corbeau.

« Regarde ! » fit la première, émettant un son à mi-chemin entre le couinement de souris et la poussive porte rouillée. Elle brandit un minuscule fragment noir. « J'ai un morceau de la monture de Ses lunettes ! »

Le hurlement fanatique à double voix qui en suivit fut comme un retour en arrière, où les cordes vocales rajeunies n'étaient pas explosées. Par chance, l'adolescent avait les oreilles protégées, et il s'en félicita, soulagé également que les deux folles s'éloignent. L'événement lui fit songer à enlever ses boules quies, qui lui avaient permis de conserver la santé de ses tympans tandis que 40% de la salle hurlait « Roooooooooooooooooooy ! », 40% d'autres « Rizaaaaaaaaaaaaaaaaa ! » (d'un ton plus grave), 15% « Jeaaaaaaaaaaaaaaaaaaan ! », et 5% de résistants « Bredaaaaaaaaaaaaaaaa ! », chaque clan bataillant pour être le côté qui gueulerait le plus fort.

« Alors, c'était sympa, hein ? » demanda l'adolescent à ses deux compagnons, une fois qu'il les eut rejoints. L'un des deux, une jeune fille aux longs cheveux blond pâle, acquiesça avec un sourire, tandis que l'autre, un garçon aux cheveux une teinte plus sombre, laissait échapper un « boarf » désabusé.

« T'en as pensé quoi, Al ? » demanda l'adolescente.

« Très sympa. Quoiqu'un peu bruyant. » Il porta un main à son oreille avec une grimace. « Havoc était bien. Je pensais pas qu'il jouait aussi bien du synthé que de la basse. Et toi, Winry ? »

« Riza était en forme ! » s'exclama-t-elle, visiblement ravie. Il lui suffisait que son idole soit dans l'état de bien jouer pour qu'elle soit satisfaite.

« Ed ? » demanda Al en se tournant vers l'intéressé, qui regardait ailleurs – mais ne s'était pas éloigné de Winry.

« Boarf, » répéta-t-il, l'un de ses arguments les plus poussés. Il eut un haussement d'épaules. « Tu sais que c'est pas trop mon truc, tout ce boucan, tous ces gens complètement fanatiques – surtout de lui – qui essayent de t'écrabouiller ou de te rendre sourd. Au fait, Winry, désolé pour tout à l'heure, hein, y avait vraiment trop de cinglés autour de nous. »

En voyant cette légère lueur dans le regard d'Ed, tandis que Winry lui assurait que ce n'était pas grave, Al se demanda ce qui s'était passé et si ce n'était pas précisément pour provoquer ce genre de situations sans avoir l'air suspect qu'Ed avait fini par accepter les places que Roy proposait de lui offrir, et s'était résolu à endurer la torture qu'était pour lui un concert pareil – entouré de fans de Roy, l'enfer.

Les soupçons d'Al furent confirmés lorsqu'Ed profita du fait que Winry se faisait bousculer pour lui prendre le bras avec un « attention, évite de tomber une deuxième fois, je pourrais ne pas être là pour te rattraper, » avant de dire d'un air trop détaché pour être honnête : « c'est fou le monde qu'il y a... Et ils font vraiment pas attention. »

Al se détourna légèrement pour cacher son large sourire. Par chance, les deux autres étaient trop absorbés pour le remarquer.

« On te raccompagne ? » parvint enfin à proposer Ed, sans lâcher le bras de Winry, qui accepta enfin également.

Ils regardèrent à peine si Al les suivait. Ce dernier ne parvenait pas à effacer le sourire de son visage, surtout dès qu'il levait les yeux pour voir son frère et son amie accrochés l'un à l'autre, et se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire pour remercier le groupe. Et dire que ni les deux autres, devant, ni tous les fans autour d'eux, ne se doutaient que le concert avait été organisé juste pour ça.

...

Bien plus tard encore, Jean Havoc avait terminé son paquet de cigarettes. Terminé ! La catastrophe totale pour Roy Mustang, qui en avait absolument besoin pour sa mise en scène, d'autant plus qu'ils étaient en tournée internationale. Il ne pouvait pas aller réchauffer les blanches contrées drachmaïennes sans cigarette !

Plein de bonne volonté pour son public grégaire, il décida donc d'aller en acheter lui-même – surtout parce que personne d'autre dans le groupe ne voulut lui rendre ce service, et que le reste du staff était soit occupé, soit en train de pioncer, soit trop insignifiant pour être chargé de cette tâche divine et supérieure.

Breda ayant exprimé ses inquiétudes (« t'es suicidaire de sortir seul avec toutes ces groupies rôdant sans doute encore dans les parages »), il se camoufla du mieux qu'il put sans porter atteinte à sa classe légendaire – c'est-à-dire pas beaucoup – puis sortit dans la nuit.

Marchant dans les ombres tel un vampire craignant la lumière – tiens, c'était une idée, il pourrait l'exploiter dans un prochain concert, ou un clip – il atteignit bientôt un bar-tabac ouvert 24h/24, ou seulement la nuit, et entra. Sans perdre de temps, il demanda un paquet de cigarettes au gérant, qui les lui tendit aussitôt, sans avoir même à regarder s'il prenait la bonne marque, tant il connaissait bien la disposition de ses produits. Roy Mustang s'empressa de payer. Il ne se sentait tout de même pas très à l'aise, seul dans la nuit.

Malheureusement pour lui, les deux groupies qui avaient failli rendre Al sourd quelques heures auparavant étaient assises au bar, en train de débattre si elles devaient encadrer leur fragment de lunette ou le mettre en vitrine, et reconnurent sa voix. Le temps que l'information parvienne à leur cerveau limité, Roy Mustang était en train de se détourner, prêt à sortir, presque hors de danger. Malheureusement pour lui, le mode groupie s'enclencha, déclenchant des réflexes ultra rapides contre lesquels il ne put rien : après un hurlement de harpie assourdissant, elles se jetèrent sur lui avant qu'il sût ce qui lui arrivait.

Le policier qui arriva à sa rescousse – le même qui avait parlé à monsieur Jacques – ne le fit hélas pas assez vite, et, le lendemain, on pouvait lire dans les journaux : Roy Mustang, superstar, mort dans l'exercice de ses fonctions.

HAPPY END. =3