Mon amour,
Je t'écris cette lettre qui ne te parviendra probablement jamais, car je n'aurais sûrement jamais le cran de te l'envoyer, surtout là où tu es. Mon ange, maintenant que ma plume est posée sur le parchemin je ne me souviens plus des millions de choses que je tenais à te dire, choses que je n'ai jamais su t'avouer lorsque tu étais dans mes bras. En effet, le courage Gryffondorien possède lui aussi ses limites, car moi aussi j'en viens quelques fois à avoir peur de mes sentiments. Si tu savais à quel point je te déteste, si tu savais à quel point je te méprise...mais je me déteste à t'aimer plus que quiconque et d'être prête à tout faire pour que tu me reviennes. Tu as désormais rejoins le côté obscur, prétendant que cela était pour mon bien. Mais au fond de moi, je sais pertinemment que ce n'est qu'un leurre et que tu es tout simplement sous l'emprise de l'aura d'autorité et de méchanceté qui émane en la personne de ton cher père. Sans toi je ne suis plus que l'ombre de moi-même, qu'un pauvre mouton égaré dans l'hostilité de la vie, sans toi ma vie ne demeure qu'une piètre mascarade. Tu m'as fait l'amour avec douceur et ton regard océan a réussi à me tromper tant il brillait de pureté. Mais hélas, par ces temps de chaos, notre prochaine rencontre se terminera probablement en bain de sang, car en effet, tu te devras de me tuer pour préserver les apparences devant ta famille. J'ai mal à cette idée, sachant que mon amour a vendu son âme au diable.
Elle regardait cette lettre, le visage stoïque, ne reflétant aucune once de sentiment. Lors de cette année, Hermione avait appris à s'endurcir et à ne plus se laisser distraire par des émotions douteuses. Que devait-elle faire ? Elle avait tant supplié le ciel pour que celui-ci lui vienne en aide, pour qu'il lui donne la force d'aller retrouver son amour parmi les démons. Mais elle ne pouvait pas trahir la confiance de ses amis, du moins pas maintenant. La situation était des plus dérangeantes, mais pourtant elle ne pouvait s'empêcher de le chérir, à son plus grand damne. Telle une traitresse, une larme coula le long de sa joue rosie par le froid de décembre, puis une autre s'en suivi. Il l'aimait, la rouge et or le savait au plus profond de son âme, et Dieu seul savait ce qui lui avait passé par la tête en rejoignant vous-savez-qui. Il était à présent devenu son ennemi, mais la jeune femme ne pourra probablement plus jamais le traiter en tant que tel. Il lui manquait, sans lui elle n'était qu'une pauvre petite fille à qui l'on avait enlevé toute joie de vivre, toute envie d'exister aux yeux des hommes. Pourtant, au fond de son cœur, elle savait que cela ne demeurait guère une fatalité, qu'ils allaient se retrouver, tôt ou tard. « Au-delà de toutes mesures » étaient les dernières paroles que celui-ci lui avait prononcé, avant qu'il décide de s'en aller, la laissant seule dans ce grand lit, salit par leur amour.
Leur amour était un délit, il détruisait toutes ces conformités auxquelles le monde des sorciers se devait de se plier et faisait peur par son absurdité. Pourtant, ces jeunes gens s'étaient aimés, d'un amour indescriptible que le monde pourrait jalouser, tant celui-ci avait été ardent et passionné. Mais voilà, le temps avait passé, les mois avaient passé et la guerre était désormais là, et chacun avait choisi son camp. Ce soir-là, elle se rappelait l'avoir attendu pendant un bon nombre d'heures, espérant qu'il change soudainement d'avis, qu'il l'emmène loin d'ici, de ce combat qui n'était pas le leur. Il lui avait demandé de fuir, de déserter, d'aller se mettre en sécurité car s'il la croisait en compagnie de ses parents, celui-ci savait pertinemment qu'il ne pourrait l'épargner. Hermione n'appréhendait nullement le combat, au contraire, la jeune femme l'attendait avec impatience. Car elle savait que cela était le seul moyen de le voir de nouveau, de raviver cette flamme dansante dans ses yeux qu'il ne resservait qu'à elle. Certes leur avis politiques différaient beaucoup, mais s'ils s'étaient aimés, c'était que leur incompatibilité avait ses limites, et puis...ne dit-on que de la haine à l'amour il n'y qu'un pas ? La brune sortit soudainement de sa torpeur à l'entente d'une porte grincer. Sur le pas de la porte Hermione put apercevoir une petite rousse hésitante, tant elle n'arrivait plus à la cerner désormais.
« C'est l'heure... »
Sommes-nous réellement préparés à mourir ? À partir de ce monde qui nous a causé autant d'ennuis, mais que nous chérissons tant ? Hermione entendait peu à peu les cloches et les portes de la mort s'ouvrirent pour l'y faire entrer, pour les faire entrer. Elle n'avait désormais plus peur, ses craintes s'étaient envolées. Sans lui elle n'avait plus la force de continuer. Elle fit un faible sourire à son amie, celle qui n'avait jamais jugé ses choix, mais à qui elle ne saurait sûrement jamais avouer ses bavures et sa dîtes trahison en vers son camp. Son regard croisa le siens, qui lui, était d'une irrésistible pureté. Ginny n'était qu'une enfant, qu'une petite fille que l'on se devait de protéger, mais que la vie avait tellement malmené. Leur légèreté d'antan n'était désormais qu'un vieux souvenir du passé, bonheur qui avait été éphémère pour chacun d'eux. Mais l'espoir demeurait encore présent, l'espoir que ce régime totalitaire et arbitraire s'en aille et que le monde sorcier puisse enfin retrouver la paix. Hermione se décida à se lever de ce bureau qui avait été son coin de méditation lors de ces derniers mois et passa cette porte en compagnie de Ginny. Dans le salon Weasley, tout le monde étaient prêts, prêts à se battre bien qu'ils courraient tous à leur perte. Hermione demeurait incertaine quant à l'avenir, mais il était hors de question de rebrousser chemin, de les abandonner. Ce combat était désormais le siens, car Harry avait péri lors de cette fameuse bataille finale. Depuis ce jour, le monde sorcier n'était devenu que tristesse, déboires et noirceur.
« Tu es prête ? » Lui avait demandé Ronald tout en lui posant une main sur l'épaule. Hermione marqua comme un silence, pour rendre hommage à Harry qui les avait quittés. Lui saurait quoi faire, lui saurait les sauver, mais aujourd'hui ils se devaient tous de faire sans lui, sans ses actes héroïques et ses paroles réconfortantes. S'ils se battaient tous aujourd'hui cela demeurait pour lui, pour ne pas trahir sa mémoire et finir ce qu'il avait commencé. Voyant la mine dépitée de son amie, Ron eut l'extrême bonté de la prendre dans ses bras, lisant en elle comme dans un livre ouvert. Elle ne méritait en aucun cas son amitié, en aucun cas sa compréhension, elle l'avait trahi en goutant le fruit interdit, en goutant à la douceur de son pire ennemi. La jeune femme resserra doucement son étreinte et celui-ci en fit de même, retenant ces larmes qui menaçaient de couler sans crier gare, risquant de les trahir tous les deux. « Je serai toujours là Hermione. Toujours, tu entends ? » Avait-il dit à l'adresse de la jeune femme, celle qu'il avait toujours aimé dans le plus grand secret. « Nous devons y aller » Lui avait-elle tout simplement répondu tant les mots lui manquaient en cet instant. Elle avait honte, honte de ce qu'elle avait fait, même si dans cette histoire seul son cœur lui avait fait défaut. Lorsque le regard de Ron croisa le siens elle ne lui répondit que d'un sourire qui en disait long sur sa reconnaissance. Ils devaient à présent faire face à leur destin, bon ou mauvais, ils ne pouvaient guère y échapper.
Ils avaient tous tranplanés devant Poudard, du moins ce qu'il en restait dès aujourd'hui. C'était ici le point de rendez-vous, ici qu'Hermione allait revoir pour la dernière fois cet amour éphémère qui avait été le fil déclencheur de sa descente aux enfers. Pouvait-elle réellement se réjouir de cette guerre ? Elle n'en savait rien, mais en cet instant elle l'était pleinement. Hermione avait dans l'espoir qu'il la rejoigne, qu'il n'avait nullement perdu son humanité, qu'il n'était pas devenu un piètre pantin de fortune, tout simplement qu'il n'avait guère oublié leur amour. Elle jeta un regard à Ginny qui semblait déterminée et heureuse de pouvoir venger son seul et unique, celui dont elle s'était éprise étant enfant, celui qui n'était désormais plus.
« Ils arrivent ! »
Le ciel s'était voilé par des nuages noirs, de fines gouttes de pluies avaient faites leur apparition. Cette nuit promettait d'être sanglante, mais ils se devaient de se battre jusqu'au bout, même si leur nombre était des plus restreints. Une froideur indescriptible venait de lui parcourir tout le corps et ils pouvaient à présent voir l'horizon se noircir par des ombres plus qu'effrayantes. Les mangemorts arrivaient, la guerre avait commencé, c'était inéluctable. Sentant les frissons la parcourir, elle se mit à regarder autour d'elle. Tout le monde semblait concentré, une lueur d'espoir dans les yeux. Perdre était impensable, mais les séquelles allaient être grandes, très grandes. Hermione qui avait toujours eu réponse à tout était à présent perdue et ne trouvait aucune idée pour les sortir de cette impasse, de cette terrible impasse. Elle les voyait s'approcher et elle put apercevoir en première ligne celui qu'elle attendait. Il n'avait presque pas changé, il était comme dans ses souvenirs. Regard océan dans lequel on pourrait s'abandonner à corps et âme, visage fin et d'ange déchu qui le rendait irrésistible à ses yeux, cheveux d'un blond très clair dont quelques mèches retombaient sur son visage, corps à damner un saint qu'elle avait tant parcouru de ses doigts. Elle ne put s'empêcher de tourner le visage lorsque son regard se posa sur elle. Hermione n'osait le regarder dans les yeux, elle n'osait regarder l'homme qu'il était devenu bien malgré lui et pourtant elle sentait son regard acier peser sur elle. Celui qui l'avait tant protégé autrefois demeurait dès aujourd'hui impuissant.
Voldemort lança son signal et les bourreaux se ruèrent sur eux, le combat avait bel et bien commencé et Hermione doutait que la force de son amour pourrait l'aider cette fois-ci. Le combat faisait rage et beaucoup étaient tombés sous les assauts des mangemorts, mais Hermione était toujours debout. Elle regarda autour d'elle paniquée, espérant qu'il ne soit rien arrivé à l'un de ses amis, car celle-ci ne supporterait probablement pas une perte de plus. Elle esquiva de justesse le sort d'un mangemort qu'elle avait réussi à désarmer à temps, mais ne put se résoudre à le tuer de sang-froid, son hésitation allait lui couter cher. Le croyant hors état de nuire, celle-ci s'en était de nouveau allée au combat, pour épauler ses camarades. Mais le mangemort s'était relevé d'un geste vif, brandissant son épée vers la rouge et or, jubilant déjà. Ron qui se battait à présent avec Lucius Malefoy regardait la scène d'un air horrifié, ne savant articuler quoi que ce soit tant tout c'était passé si vite. La jeune femme se retourna à l'entente d'un corps tomber non loin d'elle, et son visage se décomposa.
« Drago ! »
Elle se jeta sur le sol et essaya d'arrêter le sang à l'aide de sa veste. Le vert et argent se contentait simplement de la regarder, sachant pertinemment qu'il était perdu. Il voulait s'imprégner de son visage avant de rejoindre le royaume des ombres. Ron en avait terminé avec Lucius ainsi que l'agresseur de sa meilleure amie et se trouvait à présent derrière elle, regardant la scène avec stupeur.
« T'es trop stupide. »
Dit-elle les yeux embués de larmes, essayant tant bien que mal de stopper l'hémorragie. Le concerné plaça une main sur sa joue pour la stopper et lui prit le menton afin de placer son visage face à lui. S'il mourrait, Hermione voulait partir avec lui, car sans Drago elle n'était que l'ombre d'elle-même, elle n'aurait sûrement plus la force de se battre contre la vie. Il lui caressa doucement la joue pour la calmer, pour la rassurer. Il ne lui avait jamais avoué à quel point il l'avait aimé, aujourd'hui il n'avait plus rien à perdre.
« Tu m'en devras une belle Granger » Dit-il avec son éternel sourire ironique, même si la situation n'avait rien d'amusante
« Ne me laisse pas, je t'en prie »
Avait-elle dit suppliante, laissant cette fois libre champ à ses larmes. Impuissant, il utilisa ses seules forces pour sortir une petite fiole de sa poche et la lui tendit. La jeune femme le regarda quelque peu incrédule, mais il ne lui laissa guère le temps de poser de questions.
« Bois. »
« Mais Drago il faut... »
« Hermione, pour une fois fais-moi confiance, je t'en supp... »
Le sang coulait de sa bouche, il n'avait à présent plus beaucoup de temps, mais Hermione refusait de le laisser. Elle posa une main sur son épaule et fit un signe de négation. Le temps n'était guère aux enfantillages, il fallait qu'on le soigne et rapidement. La jeune femme tourna son visage pour demander de l'aide à son meilleur ami, mais celui-ci n'était plus là, ayant probablement compris le pot aux roses, mais pour l'instant la jeune femme ne pouvait s'en formaliser. Elle se tourna de nouveau vers son amour perdu quand celui-ci lui pris le bras avec toutes les forces qui lui restaient. Il la regardait, avec son éternel regard qui lui demandait de la fermer illico.
« Bois cette potion, c'est notre seule chance. Oublie qui je suis, oublie que je t'ai fait du mal, pense simplement aux moments que nous avons vécus tous les deux, pense à tout ce que nous nous sommes dit. Fais-moi confiance et en l'amour que j'éprouve pour t... »
Il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que la jeune femme avait posé ses lèvres sur les siennes. Hermione ne savait guère ce que Drago avait en tête, mais son regard avait été si grave, qu'elle ne pouvait nullement imaginer que cela pouvait-être un piège. Ce baiser était si intense, si passionné qu'il en sonnait faux, qu'il semblait être le dernier. La jeune femme put sentir les larmes de son compagnon glisser sur ses lèvres et son cœur n'en fut pas moins déchiré. Le destin avait décidé de s'acharner sur les deux amants et ceux-ci espéraient désormais inverser la donne, loin de toute cette haine qui avait réussi à les séparer. Ce fut le vert et argent qui mit fin à ce baiser, plongeant son océan dans le chocolat de ses yeux qui avait tant réussi à le charmer.
« Vas-y »
La jeune femme se redressa et scruta cette fiole qu'il lui avait donné quelques secondes plus tôt. Ce mélange verdâtre ne lui inspirait pas du tout confiance et elle jeta un nouveau coup d'œil à son serpent, les yeux rougis par des larmes naissantes.
« Au delà de toute mesure »
Et sans attendre de réponse, elle but cette mixture cul-sec. Drago l'avait regardé disparaître le sourire aux lèvres, avant de partir paisiblement pour un monde qu'il espérait meilleur.
« Tout est désormais entre tes mains » Furent les dernières paroles qu'il avait prononcé.
Voilà pour le prologue, j'espère que ça vous plaira =O N'hésitez pas à me laisser vos impressions, bonnes ou mauvaises =) Vous trouverez sûrement des fautes lors de ce récit, je n'ai pas vraiment eu le temps de corriger Si vous avez des questions concernant la fiction n'hésitez pas non plus !
