- Une marche. Boum ! Deux marches. Boum Boum ! Trois marches. Boum Boum Boum ! A pu de marches. Pouf !
Ainsi gazouillait la petite enfant en descendant l'escalier qui menait à la bibliothèque de la maison. Parvenue en bas, la petite, âgée de deux ans et haute de moins de trois pommes poursuivit sa route à quatre pattes. La cible de sa promenade ? Elle n'en avait pas. L'enfant errait ci et là, traversant les rangées de livres, attrapant les ouvrages à sa portée pour les envoyer voler aussi loin que possible. Ces petits exercices étaient à chaque fois ponctués de rires cristallins qui emplissaient la salle souterraine. L'attention de la petite fut attirée par un livre qui dégageait une douce lueur jaunâtre, éclairant la salle mieux que les lampes allumées. Une chaise était installée juste devant l'étagère illuminée, comme une invitation à la petite fille de venir le prendre. Démontrant une grande agilité pour une enfant de son âge, la petite grimpa sur la chaise, se redressa sur ses deux jambes en prenant appui sur l'armoire, et attrapa de sa petite main l'ouvrage rayonnant. Le livre lui résistant, elle le prit de ses deux mains et tira de toutes ses faibles forces, se penchant dangereusement en arrière. Ses efforts eurent raison du bouquin, et il céda sa place, entraîné dans la chute de l'enfant. Cette dernière retomba sur le sol, et malgré le lange qui avait amorti sa chute, elle se mit à brailler et à pleurer, alertant ses parents. La porte entrebaîllée qu'avait passée la petite s'ouvrit à toute volée, et une ombre apparut en haut des marches. L'adulte dévala l'escalier à toute vitesse en apercevant sa fille allongée par terre. Sans se formaliser sur le désordre régnant dans sa belle bibliothèque, il se précipita sur l'enfant en appelant d'une voix où régnait l'angoisse :
- Sakura ? Ca va ma chérie ?
Un coup d'œil suffit à Fujitaka pour se rassurer. Sa fille n'avait rien. S'agenouillant près de la petite Kinomoto, il aperçut le livre qui avait causé la chute de l'enfant et dégageait toujours un faible rayonnement, peu visible maintenant qu'il était au centre de la lumière projetée par une lampe électrique. Fujitaka plaça le livre entre les mains de sa fille assise sur ses genoux, et lui susurra à l'oreille, oubliant qu'il n'était jamais parvenu à ouvrir cet ouvrage :
- Tu sais déjà lire ? Et si tu m'apprenais ? Raconte-moi l'histoire de ce livre, petite fleur.
Sakura ouvrit le livre, souriant jusqu'aux oreilles, et plongea la main dans l'espace creux qui était assez inhabituel pour un bouquin, et en ressortit un long morceau de carton, sur lequel était dessinée une femme imposante aux longs cheveux et aux longues ailes. Sakura passa son doigt sur la carte, s'arrêtant sur l'inscription au bas de la carte.
- Quoi marqué ? demanda-t-elle en se tournant vers son père qui souriait, trop attendri pour se poser des questions.
- C'est marqué Windy, répondit son père d'une voix douce.
- Widdy ! répéta Sakura en riant. Widdy Widdy Widdy !
- Windy ! corrigea son père. Wiiiiinnnnnndy ! Répète après moi, petite fleur !
- Wiiiiiinnnnndy ! Windy Windy Windy !
- Mais quelle est douée ma petite fille ! Elle….
Mais Fujitaka ne put poursuivre sa phrase. Un grand vent s'était levé dans la pièce, faisant voltiger les bouquins dans les airs. Des cartes s'échappaient par dizaines du livre que Sakura et son père avaient consulté, et disparaissaient par la petite fenêtre qui donnait sur la rue. Fujitaka avait entouré sa fille de ses bras pour la protéger, tandis qu'elle-même observait les spectacles avec un grand sourire, impressionnée par ce tour de magie. Au bout de quelques secondes, le vent tomba aussi soudainement qu'il était apparu, et le calme regagna la pièce. Le livre qui avait tout déclenché s'éleva dans les airs, s'illumina d'une force nouvelle, et libéra une petite peluche mordorée endormie, qui se réveilla en baillant sous les yeux ébahis de Fujitaka et émerveillés de Sakura.