Très franchement, rencontrer Nami, c'était rencontrer la mer personnifiée. Tantôt calme, posée et apaisante, tantôt déchaînée et fougueuse. Il y avait une énergie dans cette petite femme, qu'on ne retrouvait que rarement. Et quelque part, Luffy l'avait certainement compris le jour-même où il l'avait rencontrée. Nami était la mer. Et tous les pirates aimaient la mer autant qu'ils la maudissaient. C'était surtout le cas des utilisateurs de fruits du démon. Et Kidd, il n'avait pas échappé à la règle. Il l'avait maudite, insultée, menacée. Mais aussi protégée et quelque part, sans se l'avouer, aimée.
Elle se foutait complètement de lui, ils étaient alliés- selon elle parce que son capitaine était un naïf qui ne voyait pas le danger venir, ce qui était probablement vrai- mais elle passait le plus clair de son temps à le toiser froidement, grondant, prête à se déchaîner à chaque occasion que Kidd voudrait bien lui donner. Et il lui en donnait beaucoup. Toujours en fait. Parce que Kidd, il parlait pas avec des mots, il criait et dialoguait avec ses poings. Poings qui n'atteignaient jamais cette foutue rouquine- elle esquivait plutôt bien- et qui lui valaient un coup de pied bien douloureux du cuistot des chapeaux de paille. Mais Kidd il se lassait jamais. Il avait jamais abandonné face à la mer, qui le ballottait sans arrêt, il n'abandonnerait pas face à elle. Après tout, Nami était comme la mer. Il avait dompté l'une, pourquoi pas l'autre ?
Alors il continuait de lui crier dessus, de la provoquer, de l'insulter- et il avait de l'imagination lui pour ça-, dès qu'il le pouvait, en espérant qu'elle comprenne un jour que derrière chaque " t'es faible " se cachait un " je veux te protéger ", et que derrière chaque " dégage de mon chemin la rouquine " se cachait un " reste avec moi ".
Évidemment elle ne comprenait jamais.
Alors Kidd, il la regardait bavarder avec l'ero cook, faire des concours d'alcool avec le sabreur, câliner le renne, soupirer malgré un sourire amusé devant les fabulations du long nez, discuter avec animation avec le cyborg, ou engueuler le squelette. Et puis parfois, il la regardait observer son capitaine, avec un regard un peu rêveur qui lui donnait envie de tout détruire. Alors Killer le calmait, jusqu'à la fois d'après.
Oh si Kidd était pas si con, il aurait remarqué que ces regards étaient d'avantage de la tendresse, et que le désir, elle ne l'adressait qu'à la seule personne dont il ne se méfiait pas, qui pourtant riait doucement avec la navigatrice en ce moment, les mains liées sous la table, le sourire complice.
Tout le monde aime la mer. Même Robin.
