Chapitre 1 :Triste Vérité

Dans les couloirs blancs qui s'étendaient à perte de vue, j'attendais… J'avais passé des années dans cet endroit à effectuer des opérations et à guérir mes patients. Parfois, ils découvraient qu'ils ne pourraient plus jamais marcher, plus jamais voir… d'autres perdaient la vie, tout simplement. Je me suis souvent identifié à leur proches, ressentant la même souffrance qu'eux, car moi aussi j'ai perdu il y a longtemps mon meilleur ami… et je n'ai rien pu faire pour le sauver. Je sais ce que ça fait de se retrouver seul, confronté à la dure réalité qui te crie "Il est mort". Je peux la ressentir... la douleur de ces gens là. Mais jusqu'ici, je ne m'étais jamais mis à la place des victimes qui perdaient la vie, et aujourd'hui je me pose la question…

Qui souffre le plus ? Celui qui part ou celui qui reste ?

La porte s'ouvre et mon collègue, Robert me rejoint. Robert est un excellent médecin: Il est compétent, sérieux et toujours souriant. On s'est rencontrés à la fac et nous travaillons aujourd'hui dans le même hôpital. Il un peu fou par moments: toujours à draguer les infirmières et les patientes même s'il se prenait toujours des râteaux. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi anéanti, il était sur le point d'éclater en sanglots… son regard laissait transparaître l'effroi et la peine… J'ai baissé la tête, car je savais ce qu'il allait me dire. Après tout, lui et moi sommes tous les deux médecins, et nous savons reconnaître les maladies grâce aux symptômes. Je n'avais pas besoin de ces analyses pour comprendre ce qui m'arrivait. Mais je caressais quand même un espoir, un tout petit espoir… l'espoir que ce que craignais soit faux. Je ne voulais pas y croire, c'est tout. Je ne voulais pas l'accepter, je ne voulais pas me faire à l'idée que moi aussi, j'allais… finir ainsi.

Robert me tend les analyses… Il voulait me dire quelque chose, mais aucun son ne sortait de sa gorge. Il tremblait…Son silence voulait tout dire. Décidé, je prends les papiers de la main de Robert, comme pour lui débarrasser d'un poids trop lourd entre ses mains. Je lui tapote l'épaule et lui affiche un sourire bref, triste, comme pour le rassurer. Mais le rassurer de quoi ? Après tout, c'était moi, la victime.

Et je pars, sans même prendre la peine de vérifier les documents qu'il m'avait remis. Après tout, c'était certifié, je n'avais pas besoin de tous ces tests pour le savoir. J'étais constamment affaibli, j'avais toujours mal, j'avais des nausées qui s'aggravaient de semaine en semaine…. J'ai ignoré ces symptômes, essayant de me rassurer en me disant « c'est la fatigue »… Et pourtant, j'étais médecin, je savais bien que ce n'était pas dû à la fatigue, mais à autre chose. Je refusais de l'accepter, c'est tout. Pour orner le tout, je me suis mis à cracher du sang, et là, j'ai compris que mon état était vraiment grave, et j'ai décidé de vérifier ce que je redoutais le plus.

Je sors de l'hôpital, pensif, errant… je lève les yeux vers le ciel…

Moi, Leorio, âgé d'à peine 25 ans, je suis au stade final d'un cancer de foie.

Dans la tête d'un jeune homme de mon âge, n'ayant plus qu'un mois à vivre, tout devrait être flou. Il devrait avoir peur, se poser des questions, pleurer, crier… mais moi, une seule chose me tourmente, me bouleverse, m'obsède… Une seule.

Kurapika…