Scorpius
31 Août 2017
Aujourd'hui, j'ai fait une bien surprenante découverte.
Je suis finalement très content que Papa m'ait offert ce cahier, car je vais pouvoir consigner cette petite aventure quelque part - je ne sais pas encore si je dois en parler à Papa, j'hésite, j'avoue que j'ai assez peur de me faire réprimander.
Je déteste quand Papa me réprimande, ça n'arrive pas souvent, et il n'est jamais vraiment méchant, il ne crie pas. Il a juste cet air fermé sur le visage, et je suis si habitué à le voir expressif avec moi que j'ai toujours peur qu'il soit si déçu par mon comportement qu'il décide d'arrêter de m'aimer. Je lui ai confié cette hantise, une fois, et son visage s'est immédiatement adouci et il m'a dit que j'étais son fils et que jamais il ne me détesterait. Enfin, il ne l'a pas vraiment dit de cette façon. Il a dit "Scorp, voyons. Ne dis pas de bêtises. Tu es mon fils." Il a dit ça comme si cela était une réponse suffisante. Et ça l'était, en y réfléchissant, parce que je savais ce que ça voulait dire. C'était une manière de me rassurer, une façon de me dire qu'il ne m'abandonnerait pas. Je sens toujours son affection dans l'intonation qu'il a quand il m'appelle Scorp. A l'ordinaire, il ne m'appelle Scorpius ou Fils. Quand il m'appelle Scorp, il me sourit avec ses yeux. Ceux auxquels les miens ressemblent tant, sans être véritablement identiques.
Et quand il a cette lueur, je le jure, on dirait que Papa est transformé. Il irradie. Je suis vraiment fier de lui. Malgré tout ce qu'on peut dire sur lui, je suis incroyablement fier qu'il soit mon père - je ris légèrement en écrivant cela, parce que c'est moi qui sonne très paternel, en vérité. Je suis le père de mon père, ha !
Mais revenons à ce dont je parlais originellement.
J'étais - comme d'habitude ces derniers temps - dans la bibliothèque familiale. En effet, demain est un grand jour. Je fais mon entrée à Poudlard - c'est d'ailleurs pour célébrer cela que Papa m'a offert ce cahier, il est bleu marine avec écrit dessus mon nom "Scorpius Hyperion Malfoy" en grandes lettres cursives et dorées. Il est superbe - et j'ai passé mon été à apprendre ce que Papa voulait bien me laisser étudier, afin d'en savoir le plus possible. Quand je lui demande d'autres livres, je l'entends souvent marmonner quelque chose qui ressemble à "Merlin, j'ai engendré un Granger au masculin". Je me demande bien qui est Granger, mais je préfère ne pas lui poser la question.
J'essaye de ne pas trop lui en demander sur son passé. Il a toujours un regard triste quand il en parle, et cela me peine de le voir ainsi, lui qui est si fier et maître de lui-même.
Je venais donc de terminer un livre qu'il m'avait conseillé - pour éviter que je ne lise des choses inappropriées, il m'a fait une longue liste de références avec des livres à mon niveau et surtout évoquant des sorts légalement autorisés - et je décidais d'en prendre un autre. Mon regard fut attiré par un relief étrange près du livre que je venais de saisir. Je m'approchais donc. Était-ce une brèche ? On aurait dit une minuscule porte. Qu'y-avait-il derrière ? Je soulevais donc ce morceau de bois et y mis une main. Il y avait bel et bien quelque chose, plusieurs choses même, et elles étaient épaisses. Je reconnus au toucher qu'il y avait du cuir, à cause de la sensation particulière associée à cette matière. Je sortis l'un après l'autre chacun des éléments cachés là.
Un, deux... Trois objets au total.
Tous des cahiers, très semblables au mien.
Le premier était d'une couleur pourpre et dessus était écrit en noir "Abraxas Melchior Malfoy". Le deuxième était lui blanc, et on y avait gravé dessus en gris "Lucius Abraxas Malfoy." Le dernier, enfin, était d'un vert profond avec écrit dessus en argent "Draco Lucius Malfoy".
Celui de mon père... Je tenais dans mes mains l'histoire de ma famille, mais j'avais surtout accès à une partie de mon père qu'il ne montrera peut-être jamais.
C'est pourquoi je ne sais pas si je dois lui parler. Si je lui dis, il voudra sûrement me les confisquer. Si je ne lui dis, lire ceci sera comme violer son intimité. Ce sera comme le trahir. Et si jamais il l'apprend, cette fois-ci, peut-être arrêtera-t-il définitivement de m'aimer.
J'ai peur mais je sens que je dois courir ce risque. Je crois qu'il y a des choses que je dois savoir, mais dont il voudra absolument me protéger parce qu'il m'estime trop jeune, trop innocent. Il a probablement raison. C'est pourquoi je ne le lirais pas maintenant. Peut-être attendrais-je l'année prochaine. Peut-être même plus.
Quoiqu'il en soit, j'ai bien l'intention d'emmener ces précieuses reliques avec moi.
