Le 4 juillet
Ma première pensée lorsque je l'ai vu ? Elle est différente. Certes, elle est belle non magnifique mais il y a autre chose de plus chez cette jeune femme. Ah oui j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Natsuki Kruger. Je suis la fille d'un haut gérant de l'automobile. J'ai été balancée dans cette Académie sans même le vouloir. Demande ou plutôt ordre de mon paternel. Mes camarades de classe font eux aussi partie de la classe supérieure mais je m'en fous et n'y prête guère attention. Non, ma véritable attention est focalisée sur cette jeune femme nous ayant rejointe depuis le début de l'année : Shizuru Viola. Cela fait deux mois vingt-sept jours quatre heures vingt-deux minutes ... Je voulais dire trois mois que les cours ont recommencé et je ne cesse de découvrir des choses sur elle. Ce ne sont pas des choses qui se remarquent facilement mais j'aime les voir. Une seule d'entre elles n'est pas facile à voir pour moi. Elle semble étrangère à tout ce monde. Elle est toujours en retrait. La seule chose qu'elle fait depuis le début de l'année se résume à trois choses : écouter les professeurs, entrer et sortir de l'Académie, revenir le lendemain. Le reste est sûrement classé confidentiel car je ne l'ai jamais vu à l'une des soirées de débauches plus souvent connues sous le terme de fête organisée ou en dehors des cours. Et je reviens encore sur cette pensée qui tourne en rond dans mon esprit tel un poisson rouge tournant en rond dans son aquarium « elle est différente ».
Malgré le rang de mon père, je suis quelqu'un de très simple et préfère traîner dans « les bas quartiers », comme dirait les trouffions heu les gens de ma classe, plutôt que de jouer la fille modèle. Mon père a d'ailleurs capitulé à essayer de me faire aimer un homme ou être une personne « irréprochable ». Ceci étant peine perdue vu le nombre de fois qu'il m'a récupéré dans le bureau du directeur de mon ancien lycée. Quant à ma mère, elle ne veut qu'une seule chose « Mon bonheur ». Ceci étant, ce n'est pas une difficulté en soi. Je pourrais vivre rien qu'avec les intérêts de mon compte bancaire jusqu'à la fin de mes jours. Bien sûr, mon père me tuerait à coup sûr s'il connaîtrait cette pensée. Je n'ai aucun problème à assurer mon avenir.
Revenons à cette fille… encore une fois, elle écoute avec une attention exemplaire les conneries, divagations du professeur. Ce qui me fait sourire s'avère être qu'elle ne fait que l'écouter en surface. J'ai remarqué certaines mimiques très masquées, certes, mais décelables si on passe sa journée à la regarder comme je le fais. Ne voyez rien de pervers dans tout cela. Elle a une façon de tourner son stylo dans ses doigts si fins si doux si … Kami je n'ai pas de mots appropriés. Elle ne cesse de remettre en place une de ses mèches de cheveux derrière son oreille droite si on veut de la précision. Ceci traduisant une chose que je partage à ce moment précis face aux dires de notre professeur : je me fais chier ou l'ennui si on veut rester polie. Alors pourquoi paraît-elle aussi concentrée ? Je ne l'ai jamais vu perdre son calme et détourner le regard. Mais à quoi pense ma dame de coeur?
Le 2 juillet
Je me sentais observée depuis mon arrivée dans cette Académie. Je ne remercierais jamais assez un haut dignitaire de m'avoir sponsorisé, ayant foi en ma réussite scolaire. Je ne savais rien de lui mais il m'envoyait régulièrement une somme d'argent conséquente. J'avais donc pris l'habitude de laisser une grande partie de cet argent à ma mère et de prendre le reste pour payer les nécessités de ma scolarité. Mon père est mort depuis plus de cinq ans suite à une crise cardiaque nous laissant ma mère et moi avec de multiples dettes. Depuis cet instant, les difficultés financières se sont ressenties dans notre quotidien. J'avais même pensé à arrêter les cours à mes dix-huit ans pour trouver un emploi et ainsi aider ma mère. Comme un don venant du ciel, nous avons reçu un appel de la banque pour nous signaler un compte ouvert à mon nom avec de l'argent déposée régulièrement. J'ai donc pu poursuivre mes études et fait mon maximum pour briller dans mes résultats. Cela fait maintenant trois mois que je suis dans cette académie connue comme étant la meilleure. Au départ, et même encore aujourd'hui, je ne me sens pas à ma place. Les étudiants m'entourant sont tous issus de familles riches. Ils ont tout de suite compris que je n'avais pas d'argent. Certains ont donc décidé de tout simplement m'ignorer et d'autre ont essayé de m'utiliser comme un objet pour satisfaire toutes les envies leurs trottant dans la tête. Cela allant d'être leur bonne à devenir leur maîtresse. J'ai donc décidé, par instinct de survie, de rester dans cette enceinte uniquement durant les cours et de partir aussi vite lorsque la journée est finie. Pour autant, je ressens toujours ce sentiment d'être observée à longueur de journée. Je suis assise à l'avant dernier rang ne laissant qu'une rangée derrière moi et donc cinq personnes susceptibles de me fixer constamment : Yuuichi Tate, Mai Tokiha, Akane Soir, Nao Zhang et Natsuki Kruger. Je n'ai jamais osé me retourner car je ne voudrais pas déclarer une guerre que je n'avais pas les moyens de gagner alors je subissais cette sensation. Ce n'était pas désagréable. Juste incompréhensible. Au moins cette personne n'est pas venue à la fin des cours pour me proposer des choses défiantes toutes morales. Cette personne se contente juste de m'observer. La seule question c'est pourquoi ?
Le 15 juillet
La fin des cours sonna et je la vis ranger ses affaires assez rapidement comme à son habitude. Elle avait laissé tomber son stylo mais ne semblait pas l'avoir remarqué. Je l'ai ramassé rapidement et tenta de la rattraper pour lui rendre. Cela me permettrait enfin de lui parler ayant une excuse valable. J'ai beau pouvoir obtenir mon poids en or rien qu'en claquant des doigts, je ne reste pas moins qu'une grande timide et apparaît souvent comme froide. Je n'ai donc jamais trouvé le moyen de lui parler ayant trop peur de me faire rembarrer et de l'ennuyer. Elle est d'une beauté folle alors elle ne doit pas se gêner pour écarter d'un simple revers de la main les personnes osant lui proposer de boire un verre. Je la vis enfin à travers les allées, en compagnie d'un jeune homme. A ce que je pouvais voir, il n'y avait rien de sentimental dans leur geste. Je le vis la relâcher brusquement et lui dire des propos assez crus. Ce trou du cul avait osé lui faire mal au poignet. Comme simple réponse, elle massa son poignet et continua sa marche, direction chez elle, enfin c'est ce que je supposais. J'avais décidé de m'approcher pour voir qui était le connard enfin le gars en question …
Le 15 juillet
La fin des cours sonna enfin. Je n'en pouvais plus de faire semblant d'écouter les dires de mon enseignant. J'ai donc rangé précipitamment mes affaires et me suis dirigée vers la sortie. J'ai senti une prise sur mon poignet, me faisant me retourner. Je fis face à Nagi Artai, l'un des riches m'étant le plus antipathique. Il me força à sortir du sentier et me proposa de nouveau de sortir ou plus clairement coucher avec lui car 'il est un bon coup et pourrait m'aider à me détendre'. Je lui répondis encore une fois que je n'étais pas intéressée. Il m'attrapa fermement le poignet, me faisant mal par la même occasion. Il me lança des propos crus en me demandant quel fils de riche j'avais bien pu sucer pour pouvoir être ici. Il reprit en me disant qu'il avait de quoi payer et de quoi satisfaire une femme si je voulais de l'argent facile. N'ayant pas de réponse, il me relâcha violemment et me traita de salope, qui en soit est un comble. Je me suis contentée de reprendre ma route étant habituée à ce genre de propos crus. Une chose que j'avais apprise en mettant les pieds ici, les riches ne prennent pas un non comme réponse.
Le 15 juillet
… Nagi Artai… Je ne l'ai jamais aimé ce fils de … Mais là, je ne suis pas prête de l'aimer. J'ai attendu de voir Shizuru s'éloigner et me suis avancée vers lui. Il me fixa un instant mais je ne lui laissais pas le temps de parler. Je l'ai menacé. Oui c'est une première mais autant que mon statut ou plutôt le statut de mon père serve à quelque chose. Je l'ai donc menacé de faire appel à l'homme de main de mon père, que je ne connais guère et qui n'existe sûrement pas, s'il osait encore une fois parler, traiter, toucher ou même regarder Shizuru. Il déglutit difficilement mais capitula. Un homme ça ? Tout ce qu'il a su faire et de partir la queue entre les jambes. J'appelle plutôt ça un gamin, un trouillard, une fourmi. Je pris délicatement le stylo de Shizuru et souris légèrement en appréhendant demain. Je pourrais enfin parler à ma belle métisse.
Le 15 juillet
Je suis rentrée chez moi, dans un renforcement des bas quartiers. Je n'étais pas à plaindre, nous avions un toit et même un petit jardin. Même si les huissiers passés leur temps à nous rendre visite en nous réclamant des mois de loyers impayés, pour l'instant nous étions encore chez nous. En m'avançant vers la porte d'entrée, je vis la gouttière pendant de plus en plus dans le vide. Des réparations étaient nécessaires et donc de l'argent, argent que nous ne possédons pas. En passant la porte, je vis ma mère avec ses vêtements de travail. Ma mère est une domestique d'une famille assez riche. Je vis à son regard que quelque chose n'allait pas. Elle avait été renvoyée et quand je lui ai demandé la cause, elle m'a simplement dit que les riches ne peuvent pas tout faire avec leur petit personnel. Nous avions un code entre ma mère et moi. Moins j'en savais sur son travail et mieux c'était. Je ne savais donc jamais le nom de ses employeurs. Je savais qu'elle avait déjà dû servir des personnes de mon Académie mais utilisant son nom de jeune fille pour son emploi, je n'avais jamais eu de représailles. Ma mère m'a prise dans ses bras en me suppliant de bien travailler et de réussir dans la vie. C'était quasiment le même schéma chaque soir. Ma mère avait sombré à la mort de mon père et aujourd'hui, je me devais de rester forte pour nous deux. Ma mère a encore une fois pleuré et s'est endormie d'épuisement. Je suis montée sans dîner, ce qui n'était pas une première, et commença à faire mes cours pour le lendemain. J'ai paniqué en ne retrouvant pas mon stylo, seule chose me restant de mon père. Je me sentais vide car je sais que je ne le retrouverais pas. C'est avec cette tristesse que je poursuivis mes cours et m'endormis pour reprendre des forces pour le lendemain.
Le 15 juillet
Ayant rejoint Kruger-palace enfin plus communément appelée ma demeure à l'aide de ma voiture de marque allemande, je me suis dirigée vers le salon, retrouvant ma mère. Elle portait un large sourire et me demanda ce qui me mettait de si bonne humeur. Je n'avais même pas remarqué que je portais un sourire débile ou plutôt niais sur mon visage. Après plusieurs minutes à nier malgré l'entêtement de ma mère, je finis par capituler et lui expliquer ma journée. Ma mère connaissait tout de Shizuru, enfin tout ce que je savais ou plus clairement voyais. Elle se contenta de sourire puis m'intima d'aller faire mes cours. Mon père arriva au même moment ce qui me permit de me libérer de ma corvée de devoir. J'avais la passion de mon père alors jusqu'à l'heure du repas, il me raconta sa journée. Ma mère avait fini par déclarer à mon père mon aventure d'aujourd'hui. Elle finit par balancer que le premier amour est toujours le bon et que le temps avait passé bien vite pour que son bébé s'intéresse à une autre femme qu'elle. Sur quoi, je m'empourprais violemment en bredouillant que je ne savais pas si c'était de l'amour ou juste de l'intérêt. Mon père me fixa un instant, me murmurant de faire attention. C'était sa façon pour lui de donner son consentement. Je leur souris légèrement et m'aventura dans ma chambre. Je sortis le stylo de l'intérieur de ma veste et le fixa un instant. Il y avait dessus de petites gravures effacées et en les regardant de plus près j'ai réussi à lire « à mon dévoué serviteur Anata Viola ». J'ai tout de suite compris que ce stylo devait être important pour ma belle Shizuru. Je lui rendrais donc à la première heure demain. Je ne pouvais pas attendre … Peut-être aurais-je le droit à un bisous, un baiser, un repas, un câlin...
