SANTANA POV
-« Ben alors Blondie ? On bave encore en rêvant du hobbit ?
-« Qu-Pardon... ? Mais d'où est ce que tu sors Santana ? Est ce-que c'est devenu ton passe temps favori ? Surgir de nulle part comme ça quand je m'y attend le moins ? Plus sérieusement San, ça suffit avec ça, tes délires sur Berry, garde tes fantasmes pour toi tu veux... ? Non mais franchement, tu sais que l'envie de vomir me monte facilement quand il s'agit de cette fille.
-« Des envies de vomir quand ton regard de lionceau qui s'apprête à passer à table se pose sur elle ? Est ce que tu te fous de moi Quinn ? Quand tu la regardes, c'est comme si... Attends laisse moi trouver l'image exacte. Oui voilà c'est comme si, Rachel Berry était un morceau de bacon géant tu vois ? Bien croustillant, paraissant tellement tendre et savoureux, te hurlant « Hey Quinnie, vient me manger, j'attends que ça ! »
-« Santana, j'ai dit ça suffit. » La blonde referma son casier avec tellement de violence que tous les casiers voisins se mirent à trembler, moi qui était presque affalée sur l'un deux, j'ai presque cru sursauter, mais je me suis vite ressaisie. Tout de même, je suis une Lopez.
Ouhhh... Touchée. Ses yeux avaient maintenant pris une couleur ambre sauvage, et ils me lançaient des éclairs, littéralement. Est ce que vous pensez que c'est juste une expression, que c'est un phénomène impossible ? Et bien non, pas chez Quinn Fabray. Cette fille a quelque chose de vraiment effrayant dans son regard, et croyez moi lorsque ses yeux prennent cette expression là de colère et de débordement, mieux vaut ne pas rester dans les pattes de maman lionne trop longtemps, et choisir plutôt l'option numéro deux : la fuite.
Mais, étant une Lopez, je ne fait rien comme les autres, et je ne me laisse pas influencer par le regard d'une lionne affamée, telle que la belle blonde qui se trouve juste en face de moi. Je préfère un affrontement loyal à la fuite. Je veux la confronter à ce qu'elle est vraiment.
« Écoutes, Quinn... J'aime bien te taquiner avec ça, dire des conneries, mais il va tout de même falloir que tu acceptes tes sentiments. Parce que tu comprends... ça risque vraiment de te bouffer ton âme. Ouais, ton âme Quinn. Alors tu prend ton putain de courage à deux mains, si tu en as bien sur et -je lui lance un coup de poing dans l'abdomen- s'il y en a là-dedans. Nous chez les Lopez, on sait se servir de nos tripes. »
« C'est pas la question Santana. Tu te fais des idées, d'accord... ? Tu es une perverse, qui fantasme sur une relation inexistante entre ta meilleure amie et... Berry . Sérieusement, Berry...»
QUINN POV
Elle avait raison. Rachel me fascinait, Rachel me faisait perdre tous mes moyens lorsqu'elle se situait à quelques mètres, ou même lorsqu'elle osait poser sur moi un timide regard.
Une véritable obsession.
C'était devenu une véritable obsession et par la même occasion une torture des plus suffocantes. Alors quoi ? Qu'est ce qu'il m'arrivait ? Qu'est ce que j'étais en train de devenir ? Est ce que j'éprouvais réellement une attraction physique pour Rachel ?
La réponse, je la connais, mais je ne veux pas l'admettre.
Quand elle porte ces vieilles jupes trop courtes, quand elle laisse entrevoir ses longues et parfaites jambes halées, qui paraissent si douces, si attrayantes, si exquises, si... Je délire complètement.
Quinn Fabray, ressaisis toi, tu sors avec le plus populaire des quaterbacks du lycée, tu as la majeure partie des étudiantes à tes pieds, qui t'admirent, qui t'idolâtrent presque et qui seraient près à n'importe quoi pour pouvoir ne serait-ce que t'adresser la parole. Tu es IceQueen. Tu règnes en maîtresse sur ce lycée de losers, et dans 2 ou 3 ans tout au plus, tu quitteras enfin cette foutue ville; adieu Rachel Berry, et tous les effets tellement étranges et tellement inacceptables qu'elle a sur toi ne seront plus qu'un mauvais souvenir parmi tellement d'autres. Ce sera terminé. Tout va bien se passer. Il suffit juste de continuer à mentir.
Le mensonge Quinn, tu le connais tellement bien, il est maintenant devenu ton meilleur allié. Mentir à tes parents, mentir à ta sœur, mentir à Santana, mentir à ton cœur, ton corps. Tellement plus simple, tellement plus lâche.
NARRATEUR POV
Oui, Quinn Fabray savait cela. Elle savait que refuser ses sentiments et fuir Rachel Berry ou utiliser toute la force qui était en elle pour porter un regard de haine et de dégoût sur la petite brunette témoignaient de sa grande lâcheté.
Mais elle sait aussi que cela est obligatoire. Que cela est vital, et que le mensonge est toujours préférable à la douleur. La douleur que provoquerait le refus de Rachel, le dégoût de ses parents et de sa sœur, mais aussi le rejet. Et cela, Quinn ne pouvait pas le supporter.
Le rejet malgré ce qu'elle est aujourd'hui et sa popularité, sa beauté; elle l'a bel et bien connu, lorsqu'elle était enfant.
Durant ses années de primaire. Une enfant potelée, susceptible, timorée, renfermée sur elle-même et parfois même refusant de sortir pour ne pas avoir à affronter les regards lourds de jugements et inquisiteurs de ses camarades ou de tout autre personne qu'elle croiserait sur son chemin.
Toutes ces insultes qu'elle subissait quotidiennement, tout ce dégoût lisible sur leurs regards. Assez.
Cette enfant n'était pas Quinn Fabray, mais Lucy Fabray. Elle voulait oublier qui elle était; elle voulait qu'on l'aime, qu'on lui donne un minimum d'affection. Par dessus tout, elle voulait qu'on la respecte.
Aujourd'hui, elle avait ce qu'elle avait toujours souhaité : la popularité, le désir, la jalousie, le respect. Mais elle l'obtenait par des moyens cruels tels que les lancers de slushie sur les plus faibles... Elle n'en était pas particulièrement satisfaite mais le faisait croire. Elle en avait assez de croiser ces losers, lui rappelant constamment ce qu'elle fut jadis et lui faisant même ressentir de la compassion et de la pitié. Non, pas de place pour ce genre de sentiments. C'est ce qu'elle ressentait avant. Du moins, elle voulait s'en convaincre. Mais elle n'était plus Lucy, et elle refusait toute empathie.
C'est bien parce qu'elle en était arrivée là aujourd'hui qu'elle ne voulait pas prendre le risque de tout perdre. Il fallait se montrer cruelle, forte, et afficher une totale absence d'émotion pour ne pas risquer d'éveiller quelques soupçons.
Le masque qu'elle avait mis si longtemps à façonner n'était pas près de se briser. Parce que désormais plus rien ne barrerait son chemin, et partout où elle irait elle serait acceptée, et admirée.
Quinn avait mis du temps à comprendre cela; de longues années. Passant des heures à s'entraîner devant le miroir.
Elle avait aussi souffert durant tous sa vie de collégienne, elle avait grandi et avait perdu énormément de poids, elle n'était plus la même; elle était une jolie fille désormais, mais pourtant la vie continuait de s'acharner sur elle. Ses parents avaient décidé de la placer quelques mois dans un pensionnat privé, constitué uniquement d'élèves de sexe féminin . A coups de rumeurs mal saines et de moqueries perverses, concernant une certaine Rose Regan, une jolie brune qui attirait constamment son regard; ici encore les humains ne lui avaient fait aucun cadeaux.
(flashback)
Elle mordillait son crayon, elle voulait essayer. Essayer de se concentrer sur ce qu'elle faisait, et arrêter de poser ses yeux émeraudes carnassiers sur Rose. Elle tenait dans les mains un bouquin de philosophie ainsi qu'une feuille de papier complètement vierge. A coté d'elle était posé son appareil photo.
Elle aimait assister aux entraînements de handball, parce que Rose ne manquait jamais à l'appel.
Elle prenait plaisir à dévorer son corps des yeux lorsqu'il était recouvert de sueur, voir les joues de celle-ci s'empourprer suite à l'effort.
Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était si fascinée.
Elle ajusta l'objectif de son Reflex, qui ne la quittait jamais. Partout où elle allait elle le prenait avec elle. Elle faisait défiler lentement la série de photos. Sur ces photos on pouvait distinguer une grande brune élancée, aux cheveux moyennement longs et au sourire si envoûtant.
Elle était tellement absorbée par ces images qu'elle ne se rendit pas tout de site compte d'une présence intruse derrière son dos.
Sans qu'elle ai le temps de comprendre, son appareil photo s'envola pour se retrouver dans les mains d'Amy Volk, la vipère du pensionnat. La fille qui se passionne pour les films à l'eau de rose et qui paraît niaise mais qui derrière les apparences se trouve être une redoutable adversaire, sans aucune pitié, toujours à l'affût. Plusieurs élèves ont quitté le pensionnat par sa faute, d'après ce qu'on lui avait raconté à son sujet. « surtout, ne croise pas son regard, ne la provoque pas, essaies de rester invisible », voilà ce qu'on lui avait conseillé. Cela ne posait aucun problème, Quinn ne recherchait pas de compagnie, elle ne voulait pas que l'on s'intéresse à elle ou même qu'on lui adresse la parole, alors se taire et rester « invisible » la satisfaisait.
-Dis donc Fabray, depuis quand tu prends des photos de Rose ? Est ce qu'elle est ne serait-ce qu'au courant ? Parce que tu m'excuseras Miss, mais t'as l'air d'apprécier ce que tu vois sur ces images... HEY ! REGAN !
Quinn fut pris d'un élan de panique tel qu'elle en resta pétrifiée. Est ce que c'était réellement arrivé ?
Est ce que ce qui est en train de se passer est bien réel... ? Cette fille allait appeler Rose et tout lui dévoiler. Biensur que non, Quinn n'avait pas demandé l'autorisation pour prendre ces photos, elle serait alors passée pour une psychopathe, elle l'aurait effrayé, étant donné qu'elle ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam.
La panique laissa place à la rage.
-Rend moi ça Volk !
Elle tentait désespérément d'arracher SON Reflex à cette vicieuse qui se mêlait de ce qui ne la regardait en aucun cas.
Mais la blonde vociféra de plus belle : « Regan viens voir par ici je t'assure que ce que tu vas découvrir va te laisser sans voix, hein Quinn ? »
Rose était concentrée, le match de handball était loin d'être terminé et de ce fait elle n'avait pas prêté attention au premier cri d'Amy Volk, mais lorsque celle-ci l'avait appelé une seconde fois, et qu'elle avait distingué une sorte d'urgence dans sa voix, celle ci avait fait un signe au coach et se dirigeait désormais vers les deux blondes.
Non... Non non non ! Cela n'allait pas arriver, cela ne pouvait pas arriver... !
Qu'est ce que Rose allait croire ? Qu'elle l'espionne en cachette ? Pire, que Quinn Fabray est homosexuelle et a développé une obsession malsaine envers elle ? Non, tout cela n'était pas vrai, Quinn n'était pas gay. Clairement impossible. Son père lui avait répéter maintes fois que l'homosexualité était un pêcher, quelque chose d'abominable et d'inhumain, que Dieu ne tolère pas. Quinn Fabray avait bien appris sa leçon, et c'était une sage fille.
Elle n'en pouvait plus. Elle ne pouvait accepter de se faire humilier devant toutes ses camarades. Alors elle fut prise d'un élan de rage et de désespoir. Ses yeux devinrent sauvages, presque bestiaux, d'une couleur ambre fascinante. Elle plaqua ses deux mains sur le cou fin d'Amy Volk avec violence tout en laissant échapper un cri de satisfaction. La « victime » commença à haleter bruyamment et le Reflex qu'elle tenait quelques secondes plus tôt dans les mains s'écrasa au sol.
Dans ce gymnase d'habitude si bruyant, le silence était devenu roi. Tous les regards, absolument tous, étaient braqués sur Quinn Fabray. Elle qui, n'avait jamais voulu attirer l'attention.
La fureur était encore présente chez la belle blonde et elle plaqua son adversaire contre le mur.
Elle resserra ses mains, encore plus fort, toujours. Jusqu'à ce que Amy Volk laisse échapper un pitoyable glapissement de désespoir. Quinn se rendit alors compte de ce qu'elle était en train de faire, elle desserra son emprise, et le corps lasse vint s'affaler avec lourdeur sur le sol.
Alors qu'un surveillant et plusieurs élèves commençaient à débarquer, leurs expressions empreintes de peur et d'incompréhension; elle se retourna alors et la vit . Rose. L'appareil photo dans les mains, un visage indescriptible. C'en était trop pour Quinn, elle quitta la salle de sport en courant, aussi vite qu'elle le pouvait.
Dès le lendemain, les problèmes avaient véritablement commencé. La directrice du pensionnat avait informé Russel de cette « action monstrueuse » , cela le mit dans une telle colère, une telle rage, mais aussi une telle déception, qu'il décida de ne plus adresser la parole à sa fille et de la laisser moisir dans ce pensionnat où désormais elle ne pourrait plus jamais passer inaperçue ou rester dans le calme, sans que personne ne vienne la déranger: l'insultant, parfois même la tabassant prenant précaution de ne viser que les endroits où les ecchymoses ne pourraient être visibles par tout le monde, comme les cotes par exemple.
Ce n'était néanmoins pas le pire dans cette affaire regrettable.
Amy Volk, n'avait apparemment pas compris la leçon, et quand elle revint en cours quelques semaines plus tard, le cauchemar avait réellement débuté. Non seulement elle n'avait gardé secret le petit plaisir de Quinn Fabray, mais elle avait transformé et exagéré absolument tout, la faisant passer pour une homosexuelle soit, mais particulièrement perverse. Lorsqu'elle se rendait devant son casier, chaque matin, elle pouvait y trouver un petit mot qui ne comportait chaque fois qu'un seul mot, mais qui faisait l'effet d'un coup de poignard pour la jeune blonde : « Gwine»
Toutes les filles la dévisageaient avec un regard de dégoût et de haine.
Elle n'avait jamais souhaité cela.
Quant à Rose, elle restait toujours indifférente à la présence de Quinn, elle ne lui lançait jamais un seul regard, mais Quinn préférait ce traitement-ci plutôt que de subir un regard inquisiteur de plus.
Et puis, quelques jours après l'incident, un matin Quinn avait retrouvé dans sa cuisine son appareil photo posé sur la table. Lorsqu'elle avait demandé à sa mère depuis quand était-il ici et qui l'avait déposé là, sa mère lui avait répondu qu'une camarade de classe avait sonné tôt et remis cet appareil en prétendant que Quinn l'avait oublié dans les vestiaires. Il n'y avait bien entendu aucuns doutes; il s'agissait de Rose.
Apparemment elle était la seule personne ici qui n'était pas contre Quinn, qui ne la jugeait pas, alors qu'elle avait découvert la passion secrète de Quinn. Elle se considéra comme chanceuse sur ce point de vue.
Les parents d'Amy Volk avaient voulu porter plainte bien entendu contre le « comportement scandaleux d'une jeune fille dérangée », mais Russel avait acheté leur silence.
Bien entendu lorsque celui-ci avait été convoqué dans le bureau de la directrice, accompagné de sa chère fille, et que cette vieille femme avait demandé le motif de cette agression physique envers une élève « tout à fait calme et sans problèmes » (Quinn avait retenu une grimace à l'entente de cette description absolument scandaleuse), -« pourquoi ? » avait-elle demandé-Quinn n'avait pas voulu répondre, il était hors de question qu'elle raconte la vérité à son père, pour qu'il croit des choses qui ne sont pas réelles et pour qu'il la punisse encore plus sévèrement.
Ici aussi Quinn avait été soulagée car certes elle avait obtenu comme punition le silence de son père, mais la vérité elle, resterait secrète...
Jusqu'au jour où Amy Volk eu la bonne idée de faire chanter Quinn.
Elle était venue, en fin d'après midi, elle l'avait apparemment cherchée durant des heures dans tout le lycée pour enfin la trouver près des douches, dans le vestiaire du gymnase, alors que Quinn venait de terminer son entraînement quotidien : 10 tours de piste. L'endurance physique était une de ses qualités et courir lui procurait une sérénité qu'elle ne pouvait retrouver nulle part ailleurs.
Le serpent s'approcha avec une lenteur effrayante et afficha un sourire tellement grand que Quinn pouvait y discerner absolument toutes ses dents.
-« Fabray, Fabray... Tu me déçois beaucoup, je te croyais plus intelligente. Voyons donc, personne dans cet établissement n'a eu la bonté et la sagesse d'esprit de te mettre en garde sur moi ? Hmm ? Tu aurais du te taire, et subir sans broncher tu m'entends ? Mais non, au lieu de rester bien sage, tu t'es jetée sur moi avec la férocité d'un animal. Enfin, ce n'était pas si effrayant que ça. Tu faisais aussi peur qu'un misérable petit chiot. Au fond c'est ce que tu es Quinn.
Elle s'approcha de plus près de la jeune blonde terrorisée, lui attrapa la mâchoire et lui susurra dans l'oreille : « une chienne. »
Quinn resta pétrifiée lorsque Amy Volk avait prononcé ces mots avec cette voix si grave et rauque. Quinn sentit même ses joues prendre une teinte pourpre alors qu'elle tentait de retrouver son aptitude à réfléchir. Cette garce venait juste de l'insulter et elle ne réagissait pas... ? C'était peut être aussi du à la distance qui les séparait: Amy avait maintenant appuyé tout son corps contre celui de Quinn, celle-ci crut défaillir... Mais qu'est ce qu'il était en train de se passer ?
Soudain Amy recula vivement et la dévisagea avec un air des plus narquois et sadiques. Elle rit aux éclats. Mais son rire avait quelque chose de terrifiant et de totalement crispant.
- «Hhh c'est bien ce que je pensais, tu es lesbieeeeenne.»
Sur ces mots, elle lâcha enfin la mâchoire tremblante de la jeune Fabray.
Non...
-«Ton papa va être ravi d'apprendre ça, j'en suis intimement persuadée. Je sais que tu es d'accord avec moi Quinn. Après tout, il t'aime tant. Ton orientation sexuelle ne devrait pas poser de problèmes pour lui.»
Non...
Foutaises. Amy Volk savait que Russel Fabray était croyant, et elle savait que l'homosexualité était un sujet à ne surtout pas aborder en sa présence...
POV QUINN
-«Hey Quinn, tu es toujours avec nous … ?
Je cligne des yeux et hoche la tête.
-Aurais tu oublié que j'ai un sens de plus que les autres ? Et non, je ne dirais pas que j'ai un «sixième sens» parce que je suis persuadée que nous avons plus de cinq sens, bien plus... Mais ça, ça nous fait une belle jambe. Écoutes Quinn, je ne comprend pas pourquoi tu continues à te voiler la face comme ça et à ne pas me dire la vérité. Je suis ta meilleure amie, merde. C'est bon, être gaie, c'est pas un crime. On va pas te mettre des foutues menottes pour ça, tu as peur de quoi... ?"
-«Santana, je le répète pour la dernière fois. Laisses moi tranquille ou je risque de me mettre en colère. Et je risque de faire des choses que je regretterais plus tard. Je t'en conjure, dégages de mon champ de vision.
-Ouhhhh ça commence à devenir intéressant, la lionne sort les griffes. Grrr ! C'est ce que tu as l'habitude de faire avec Berry, hm ?»
Bien sur, Santana ne me prend pas au sérieux, je le lis dans son regard.
Non, comme d'habitude elle va persister, insister encore et encore jusqu'à ce que je finisse par exploser...
Santana n'était pas au courant de ce qui s'était passé durant mes années collège, elle ne pouvait pas comprendre que je risquais à tout moment de lui faire du mal même si je le regretterais par la suite.
-«Fais gaffe Quinnie, le hobbit va arriver dans les couloirs d'un instant à l'autre, regardes ta montre. Vas t-en loin d'ici je voudrais pas que Berry soit victime d'un viole. Je sais bien que ce n'est qu'un hobbit sans intérêt mais quand même...Quoique, elle ne mérite pas tant de clémence. Fais en ce que tu veux, fais toi plaisir Quinn.
-Et puis c'est vrai que tu prends tellement de plaisir à la faire souffrir... ça traduit une grande frustration sexuelle chez toi Q.»
C'en était assez. Je sentit mon sang bouillir dans mes veines et quelques secondes plus tard, ma main était partie. Et Santana était désormais légèrement ébouriffée, ses deux mains compressées sur sa joue droite, et une expression de totale incompréhension affichée sur son visage.
Et bien voilà... J'avais pourtant tenté de la prévenir...
Elle était maintenant furieuse et se raidit de tout son corps, me jetant un regard de braise rempli de rage et de reproches. Elle tourna les talons et se précipita vers la sortie du lycée, d'une démarche mécanique.
Sérieusement... ? Elle allait sérieusement me faire ce coup-là ? Alors que je l'avais prévenu plus que nécessaire ? Et sans même me retourner ma gifle ? Étrange, venant de Santana Lopez.
Je me précipite à sa suite et la rattrape par le poignet.
-«Santana ! Santana attends ! Excuses moi... C'est toi qui l'a légèrement cherché aussi, tu crois pas ? J'en ai assez, je ne-suis pas- gaie. C'est compris ? »
-Écoutes ça suffit Quinn . Une personne normale n'ayant rien à se reprocher à ce niveau là ne mettrait pas une gifle à sa meilleure amie parce qu'elle l'emmerde sur ce genre de chose. C'est bon, maintenant j'ai la confirmation. Et je peux aussi te dire que c'est la dernière fois que j'aurais essayé de t'aider. Tu sais quoi ? Bravo, c'est fini, je vais te foutre la paix si c'est ce que tu souhaites, mais ne reviens pas vers moi en rampent lorsque ces sentiment t'auront bouffé, Q. Lopez s'en va, et Lopez va la fermer désormais, à tout jamais.»
… C'est bien typique de Santana Lopez: faire toute une comédie juste pour une foutue gifle. Qu'elle avait cherché qui plus est.
-«Je l'ai vu dès le premier jour Quinn. Arrêtes de te mentir... Une dernière chose. Même si je prend pas particulièrement plaisir à l'admettre; cette garce -elle me pointe du doigt- c'est pas toi Quinn... Quand tu voudras cesser de jouer la comédie, fais moi signe et je te suivrais."
Sur ces mots elle me laissa en plan. Et particulièrement perplexe par la même occasion.
Oh non, ce n'était vraiment pas le moment de reparler de cela. Ni même d'y repenser. Elle avait mis tellement de temps à tenter d'effacer ce souvenir amère de sa mémoire, pourquoi fallait t-il que quelqu'un lui rappelle... ?
Pourquoi est ce que Santana semblait prendre tant de plaisir à me torturer émotionnellement et à sans arrêt me pousser à me remettre en question ?
Il ne fallait rien changer. Il fallait rester Quinn Fabray, chef des cheerios, petite amie de Finn Hudson, et bourreau officiel de Rachel Berry.
(flash-back)
QUINN POV
Je défile dans ce long couloir, une assurance visible dans mon allure et dans mes yeux.
Le mépris. Je les méprise, ou du moins, c'est ce que je fais paraître et j'en suis particulièrement fière.
Aujourd'hui est un grand jour puisque je vais pouvoir mettre en œuvre une invention brillante et diabolique mise au point par Santana Lopez elle-même.
Un gobelet rempli de slushie glacé est placé entre mes mains crispées. Je le serre avec force et je tente parmi cette foule de losers de choisir ma victime. La première personne qui aurait le privilège de goutter à cette substance liquide, collante et glacée.
Je m'humecte la lèvre inférieure lorsque j'aperçois du coin de l'œil une petite brune en jupe, qui ose me tourner le dos. Elle ne se préoccupe absolument pas de ma présence et elle est occupée à ranger je ne sais trop quoi dans son casier. Son allure est minable...
Parfait. Ça lui servira de leçon. La prochaine fois, qu'elle me regarde et ne me manque pas de respect.
D'un pas décidé, la main sur la hanche, un sourire victorieux sur les lèvres, je m'approche de cette frêle silhouette, me délectant de la future terreur que je lui inspirerais.
-Hey.
La petite brune sursauta dès qu'elle entendit ma voix prononcer ce simple mot.
Elle se retourna alors avec une lenteur calculée et son regard chocolat se posa sur moi.
Un instant mon souffle s'arrêta. Ce regard, tellement pénétrant, tellement... Innocent. Mais par dessus tout, troublant.
J'ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Mais enfin.. Qu'est ce qui se passe ? Ressaisis toi bon sang ! Tu es ridicule, et tu ne suscites absolument pas la peur chez cette fille.
Merde...
Ma mâchoire se resserre avec colère.
Pourquoi mon corps refuse-il de répondre ? Pourquoi son regard me déstabilise-t-il autant ?
L'espace d'un instant je ferme les yeux et tente de reprendre le contrôle.
Je décide alors de me taire, car ma voix risquerait d'être tremblante et rauque, et ainsi pourrait trahir mes véritables émotions.
Mais je décide néanmoins de passer à l'action. Je force un sourire à faire son apparition sur mon visage, recouvert à nouveau par ce masque que j'avais cru ne jamais retrouver par la faute d'un simple regard.
Mon sourire s'étire encore. Je retrouve enfin le contrôle de mon corps. Mais une douleur insupportable me martèle le cœur.
Je lève lentement le bras contenant le gobelet, je la regarde une dernière fois.
Mauvais idée, Quinn.
Ce que je lis dans ses yeux m'arrête net encore une fois, pourtant arrivée si près du but.
Je sens Santana qui m'observe avec insistance du coin de l'œil. Merde... Pour qui est ce que je passe maintenant... ça suffit.
C'est trop tard de toute façon, je ne peux plus revenir en arrière, je ne peux pas faire demi tour et la laisser tranquille alors que tout le lycée McKinley a les yeux rivés sur moi, et n'attend qu'une chose: le coup de grâce.
Dans un effort incroyable, presque surhumain, je parviens à laisser échapper un rire des plus méprisants, et des plus crédibles.
Je verse le liquide glacé sur son crane, puis toujours sans un mot je me retourne et continue mon chemin dans le couloir à travers les lycéens qui m'ouvrent le passage au fur et à mesure que je fais mon avancée dans les rangs, suivie de mes deux fidèles acolytes; Brittany Pierce, et Santana Lopez-qui me regarde d'ailleurs actuellement avec un drôle de regard. De reproche ?...
Je ne comprend pas et ne cherche pas à comprendre. Je n'ai qu'une hâte: quitter ce foutu lycée, et m'isoler dans ma chambre, où je pourrais enfin obtenir le droit et la liberté de pleurer.
Pleurer parce qu'en encore une fois, je n'ai pas été assez courageuse. J'ai été faible.
Mes sentiments ont pris le dessus et ont fait entrevoir une hésitation beaucoup trop longue, il fallait simplement faire cela bien et vite, donner un superbe spectacle au publique qui raffole de ces actes de cruauté.
J'entends les rires, les cris d'excitation, les insultes et les moqueries destinées à la petite brune... Mais j'entends aussi les battements beaucoup trop rapides de mon cœur pour être supportables. Le sang chaud qui tambourine contre mes tempes, tandis qu'encore une fois je me déteste pour ce que je viens de faire.
Alors quoi ? Tu as gagné Quinn. Tu as ce que tu voulais. Tu sais très bien que c'est le seul moyen pour rester respectée et admirée de tous. C'est le seul moyen que tu as pour rester au sommet de la pyramide : là où tu as toujours voulu être.
C'est ce que tu as toujours voulu, alors pourquoi es-tu si triste... ?
Il est tard. 18H30, le lycée est presque désert. Je me dirige vers mon casier, pour y déposer mes livres.
Je me sens tellement bien. Lorsqu'il n'y a plus personne autour de moi, lorsqu'il n'y a plus personne pour me juger ou pour me forcer à être ce que je ne suis pas.
J'avance tranquillement, un vrai sourire sur les lèvres.
Mais mon sourire se fane peu à peu lorsque j'entends des sanglots. Des sanglots que je reconnaîtrais entre milles pour les avoir entendu de si nombreuses fois, avec à chaque fois en prime mon cœur brisé.
Rachel Berry était assise par terre, juste devant mon casier. Bien entendu, elle devait l'ignorer, elle n'avait sans doute pas fait attention. Elle était complètement recroquevillée sur elle même, la tête enfouie entre ses genoux et ses bras encerclant ses jambes
Je remarque vite qu'elle est complètement trempée... Recouverte d'une substance que je ne connais que trop bien : le slushie.
Qui avait osé ? Qui avait osé lancer une attaque de slushie sans m'en demander l'autorisation, sur ce qui est censé être mon souffre-douleur personnel ?
Ces ordures allaient en payer le prix.
Je m'avance vers cette petite brune, qui parait tellement fragile. Une vague de tristesse vient me frapper en la voyant dans cet état et je ressens tellement de rage pour ce qui lui est arrivé.
Non, je n'ai pas le droit de ressentir ce genre de sentiments, et ces pensées inappropriées ne sont pas légitimes, puisque ce que je vois là, je l'ai aussi fait, et plus d'une fois. C'est moi qui suis responsable que je le veuille ou non. Je lui ai fait subir exactement la même chose... Et pourtant lorsque je n'en suis pas l'auteur, cela m'enrage...
Tu es un monstre.
Mon corps tout entier me hurle de faire quelque chose, n'importe quoi. De la prendre dans mes bras, la rassurer, l'aider... Quelque chose d'humain, pour cesser d'être un monstre l'espace d'un instant.
Mais je ne peux pas.
Dis-lui que tu es désolée. Dis lui que si tu le pouvais, si tu avais le choix, et surtout si tu étais moins lâche, tu arrêterais tout. Dis-lui que ce que tu souhaites au fond de toi, c'est de lui apporter ton aide.
Dis lui que si tu te comportes ainsi, c'est parce que tu as peur. Dis lui que grâce à elle, tu as retrouvé malgré tout une parcelle d'humanité dès le premier jour où tu l'as vue. Dis lui que tu as envie de changer, et de reprendre une vie banale. Reprendre tout à zéro. Dis lui que toi aussi, tu as désespérément besoin d'aide...
- «Dégages de là Berry, avant que je ne m'énerve.»
Félicitations... Tu es minable, Quinn Fabray.
Je m'accroupis et lui relève sans délicatesse le visage pour que ses yeux entrent en contact avec les miens.
-«Tu entends Rupaul ? Dégages, où ce qui vient de t'arriver risquera de se reproduire tous les foutus jours de ta minable vie de lycéenne coincée.»
Je m'applaudis intérieurement. De mieux en mieux, vraiment. Quelle conne.
Elle me regarde droit dans les yeux. Elle tente en vain de retenir ses larmes, ne voulant sans doute pas me donner une totale satisfaction. Mais comme je le redoutais, une larme dévale le long de sa joue, puis une deuxième, une troisième...
La petite brune finit par se relever avec difficulté et déguerpis sans m'adresser un seul regard de plus, se dirigeant vers les toilettes.
Rattrapes-là. Tu peux encore arranger les choses, lui expliquer. Ne la laisse pas seule.
-«C'est ça Berry, cours te planquer dans les toilettes, là où est ta véritable place de bonne à rien !»
Minable. Tu es répugnante. Détestable...
Sans perdre une seconde, je me dirige vers le vestiaires des garçons.
Oui, je mettrais ma main à couper que le coupable est un de ces stupides primates qui se croient au dessus de tout. Dans un sens ils n'ont pas tort de le croire, puisque le fait d'être un tas de muscles ayant la capacité de taper dans un ballon fait d'eux les plus populaires du lycée.
Je tend l'oreille et j'entends des rires raisonner, ils sont hilares, et je crois avoir ma petite idée sur le pourquoi.
J'ouvre la porte rageusement.
Tous les regards se posent sur moi.
-« Hey, qu'est ce que tu fais là IceQueen ? T'es en manque peut-être ? Ici tu en trouveras de l'étalon, et particulièrement endurant tu peux me croire.
Sa remarque répugnante avait déclenché une série de sifflements, de regards pervers et de rires malsains...
-Boucles-la espèce de porc. »
J'enchaîne directement sur la raison de ma venue.
-« Qui a fait ça ? Je veux que le coupable se lève, immédiatement.
-« Qui a fait quoi ma belle ? Tu sais les devinettes c'est pas vraiment notre truc...
-Ouais, je le sais bien ça, on peut bien se demander si vous êtes bons quelque part, et s'il y a quelque chose là-dedans.
- Je veux savoir qui a renversé un slushi sur Berry, sans même juger utile de m'en parler."
Puck me dévisage de son air habituellement niais, et me répond aussitôt:
- « Ben, c'est Karofsky...Il-
Je ne lui laisse pas l'opportunité de poursuivre, et je me dirige à grand pas vers le géant qui affiche en temps normal beaucoup de mépris et de confiance. Son expression est complètement différente à ce moment précis : il affiche clairement un regard suppliant et apeuré.
Un sourire carnassier vient déformer mes traits. Ravie de voir quel effet je suis toujours capable de susciter chez ce genre de spécimen.
J'ai l'information que je voulais. J'ai le coupable sous les yeux, sous les mains.
-« Bien... Karofsky.
Je m'approche de lui jusqu'à ce que quelques faibles mètres nous séparent.
-«Aurais-tu l'amabilité de me dire... Pourquoi, tu as balancé un putain de slushie sur Berry ?"
Au fur et à mesure que j'articulais mes mots, ils se faisaient plus tranchants et plus menaçants.
Le grand dadais déglutit lentement avant de se décider à répondre avec une certaine timidité:
-«Ben, parce que c'est Berry justement. Toi aussi tu lui balances des slushies, il est où le problème Fabray...»
Ce gars-là n'avait vraiment pas l'air de comprendre la source de ma colère d'après son expression niaise de totale incompréhension... Il ne comprenait pas qu'il n'avait pas le droit ni l'autorisation de s'approcher d'elle. Seulement moi le pouvait. Il fallait que ce soit claire maintenant.
-«Tu veux savoir où est le problème, hein ? Je vais y répondre, à ta stupide question. Berry est ma propriété. Il n'y a que moi dans ce lycée qui ai le droit de faire ce que tu as fait. Tu as eu tort de ne pas m'en parler, de ne pas me demander l'autorisation. Bas les pattes, ou le prochain slushie; je le balancerais sur toi. Ai-je été assez claire ? C'est mon moment de gloire.»
-«Ouais, très claire... même si j'ai toujours du mal à comprendre pourquoi t'es si en colère, juste pour une loser...
Je recule de quelques pas. Il a compris la leçon, c'est déjà ça.
-«Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça ne m'étonne même pas.»
Je m'adresse ensuite à tous les primates puants présents dans le vestiaire qui me regardent avec des gros yeux, probablement étonnés par l'autorité que j'ai sur Karofsky alors qu'en temps normal, c'est lui qui fait la loi ; sur le terrain.
-«Vous avez tous entendu ? Je ne veux voir personne d'autre s'approcher de Berry dans le même but que Karofsky. C'est moi qui donne l'exemple dans ce lycée, personne d'autre.»
Ma voix était glaciale, froide, et à la fois très calme. Mais ils savaient que lorsque ma voix prenait un ton anormalement calme comme celui-là, c'est qu'il ne fallait surtout pas oser me contredire ou tenter quoique ce soit qui puisse me mettre en colère plus que je ne l'étais déjà.
Aucune protestation ne suivit mon avertissement.
Je quitte alors le vestiaire, un sourire satisfait sur les lèvres.
Mon visage toujours recouvert de ce masque que je chéris tant.
Sur le chemin du retour, je ne pense qu'à une seule chose : Karofsky. Cette ordure qui avait osé faire pleurer Rachel. Il n'y avait que moi qui avait ce droit, personne d'autre.
Enfin, la porte. J'enfonce les clés précipitamment dans la serrure d'une main tremblante.
J'ouvre et je me retrouve nez à nez avec Judy.
Oh non... Pitié qu'elle ne me retienne pas trop longtemps...
-« Bonjour maman.
-Quinnie, ton goûter t'attend dans la cuisine. Ta journée s'est bien passée ?
-Merci mais j'ai pas faim et beaucoup de devoirs... »
J'évite subtilement sa dernière question. Ensuite, je fonce directement dans les escaliers, sans lui laisser le temps de réagir ou d'enchaîner la conversation.
Ma mère a toujours été adorable avec moi, mais elle a aussi eu toujours tendance, encore aujourd'hui, à me considérer pour une petite fille de 6 ans tout au plus, alors que j'avais dépassé cet âge-là depuis bien longtemps. Sans oublier cette manie de toujours vouloir tout savoir...
J'entends cependant ma mère crier : « N'oublies pas que ta sœur passe nous voir ce soir chérie. »
Merde...
Arrivée dans ma chambre, je m'y enferme.
J'ai besoin de souffler, de me retrouver seule. De penser à tout cela.
A la petite brune que j'ai laissée en larmes dans les toilettes...
Pourquoi ai-je toujours l'envie irrépressible d'être moi-même lorsque je suis près d'elle ?
C'est vraiment déroutant...
Cependant je parviens toujours à reprendre le contrôle, mais je ne sais pas si j'en suis satisfaite ou déçue... Pourquoi est-ce que je n'ai pas le droit d'être moi ? Pourquoi est-ce que je n'y arrive simplement pas ?
Je voulais réellement l'aider, mais je n'ai réussi qu'à la faire pleurer et fuir, une fois de plus.
Et puis qu'est ce que je crois après tout... Même si je lui propose mon aide, même si tout à coup mon comportement change brusquement envers elle, elle va se demander pourquoi, elle ne va pas me croire.
Elle va se demander pourquoi donc moi, Quinn Fabray, son bourreau, cherche maintenant à devenir son amie à elle, après des mois de torture.
Je n'ai simplement pas le droit de lui demander cela. De lui demander de me croire et de m'accepter. Puisque je ne suis qu'un monstre.
J'entends des coups hésitants contre ma porte.
-« Qui est-ce ?
-Ta sœur. Tu me laisses entrer ? »
(flash-back)
Mon traversin est trempé. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, mes lèvres sont complètement sèches et ma respiration est irrégulière.
Je m'en veux de me laisser aller ainsi. Mais cela fait tellement de bien.
Et puis j'ai beau essayer, je n'arrive pas à m'arrêter. J'en ai besoin.
J'ai besoin de me vider de mes émotions.
toc, toc, toc
- « Quinn... Quinn je t'entends pleurer...
Entre deux sanglots, je parviens à articuler :
« Laisses moi tranquille. S'il te plait.
-Non... Je veux que tu m'ouvres Quinn.
-Vas-t-en, je n'ai pas besoin qu'on me fasse la leçon une fois de plus.
-Je ne suis pas là pour ça...
Je me lève difficilement et me dirige d'une démarche lamentable vers la porte fermée à clé.
Je m'arrête juste devant ma porte et remet de l'ordre dans mes cheveux en pagaille. J'attrape un miroir de poche sur mon bureau et essaye de faire disparaître les longues traînées de mascara qui recouvrent mes joues rougies par les larmes.
Je prend une grande inspiration et ouvre la porte.
Frannie me fait maintenant face.
Je n'ai jamais voulu la décevoir, je voulais tellement lui ressembler plus jeune, et puis j'ai compris avec le temps que jamais je ne pourrais être la fille parfaite qu'elle est. Chacun à sa place.
Elle me regarde de la tête aux pieds. Elle lit en moi comme dans un livre ouvert, je ne sais pas si je dois trouver cela rassurant ou non .Je ne pouvais rien lui cacher. Et puis, étant donné le piteux état dans lequel je me trouvais, il n'était pas difficile de deviner que je venais de pleurer...
- « Quinn... »
Elle s'approche de moi et me prend dans ses bras. C'est tellement agréable, tellement inhabituel... Je lui retourne l'étreinte qui me réchauffe le cœur et sourit timidement.
Elle me prend par la main et nous conduit vers mon lit où nous prenons place.
Elle replace délicatement une mèche de cheveux derrière mon oreille.
-« Quinn tu sais que tu peux tout me dire, je suis ta sœur... »
Non, je ne peux pas tout lui dire. Il y a des choses qu'on ne peut pas dire, qu'il ne faut mieux pas dire, pour le bien de nous deux.
- « Pourquoi tu as blessé ta camarade ? Tu ne t'es jamais montrée agressive auparavant, je dirais plutôt...
-« Plutôt soumise? Une gentille petite fille bien sage qui ne dérange personne et se laisse gentiment écraser en attendant que ça passe ? J'en ai eu marre tu comprends... ? Pourquoi... Pourquoi est-ce que je ne peux pas être juste comme toi ? Tu es parfaite ; intelligente, courageuse, populaire, admirée de tous...
Bien entendu ce n'était pas le réel motif de mon excès de rage, mais c'était tout de même vrai.
J'en ai eu assez, de rester dans la solitude toutes ces années, d'avoir subi moquerie sur moquerie... Et quand je sors enfin de l'ombre, c'est pour me faire massacrer de plus bel. Alors je ne sais plus ce que je veux. Si je pouvais redevenir la Quinn Fabray qui restait seule mais qui n'était pas harcelée par Volk et ses chiens, ce serait tellement mieux...
- « Pourtant quand je te regarde, je vois exactement ces mêmes qualités. Tu es une future leadeuse Quinn Fabray.
-« Arrêtes s'il te plaît. J'apprécie ce que tu essaies de faire mais-
Le regard de Frannie devient plus sombre et elle reprend d'un ton beaucoup plus sérieux et beaucoup moins doux :
-Non, je veux que tu me laisses terminer. Tu crois que je n'en ai pas bavé pour arriver là où je suis? Tu crois que ça s'est passé naturellement, comme ça, en un claquement de doigts ? Tout ce que tu veux dans la vie, tu l'obtiens en passant d'abord par la souffrance. La souffrance te forge et te rend plus forte, mais aussi plus humaine.
- « Mais tu m'as dit que dès ton premier jour au lycée tu-
-« Quinn, tu étais jeune, un peu naïve...La vérité tu ne la connais pas. Quand je suis devenue leader des cheerios, elles crevaient toutes de jalousie ces filles. Pas exactement toutes bien sur, mais la majeur partie. Elles me lançaient quotidiennement des regards haineux, aussi parce que j'étais la favorite du coach. Et elles me faisaient subir des choses pas toujours faciles à vivre. Et puis un jour, j'ai pris conscience du fait qu'il fallait arrêter d'avoir peur. Parce qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur lorsqu'on est au sommet, lorsqu'on est enviée comme je l'étais, j'avais le soutien de la plupart du reste du lycée, alors pourquoi me laisser intimider par ces sales garces ? Du jour au lendemain j'ai changé de comportement envers elles, mais je restais toujours la même à l'intérieure. J'étais juste devenue plus forte, plus sure de moi, et je savais maintenant où étais ma place et à quel point j'avais mérité cette place tu comprends ? Alors, quand la séance d'entraînement s'est terminée, je suis allée voir ce qui semblait être la chef de la meute adversaire. Si elle tombait, les autres tomberaient aussi comme des dominos. Je lui ai mis une droite dans la mâchoire, sans rien dire. Et puis elle m'a sauté dessus, s'en est suivie une bagarre qui a duré de longues minutes, mais j'ai triomphé, j'avais démontré devant toutes ces filles qui allait régner légitimement désormais au sein de cette bande d'écervelées. Durant tout le reste de mes années d'études là-bas, étrangement cette garce est devenue une de mes meilleures alliées, parce qu'en la tabassant comme je l'ai fait, j'avais gagné son respect. Le secret c'est ça Quinn, le respect. Tu dois te faire respecter. Par n'importe quel moyen, même si tu l'obtiens d'une façon cruelle, ou pas vraiment honnête. C'est comme ça la vie, mais tu le sais déjà.»
Je reste bouche-bée devant le discours de ma sœur. Mon admiration pour elle n'avait fait qu'augmenter.
Le respect, oui. C'est ce que je veux obtenir par dessus tout...
- « Mais dis moi Quinn, je voulais aussi te demander pourquoi tu pleures tous les soirs, je sais que ce n'est pas à cause de cet incident, c'est autre chose pas vrai ?
- « Hm non du tout, j'ai pas envie d'en parler en fait, c'est rien c'est juste...Enfin j'ai l'habitude tu vois.
Je ne peux m'empêcher de détourner le regard et de tirer une moue angoissée en suivant ma réponse.
Elle me redresse le menton et me force ainsi à la regarder de nouveau dans les yeux.
- « Quinn. Tu te fais encore embêter ?
- « On peut dire ça comme ça...
- Dans un an tu entres au lycée, tout sera différent tu peux me croire. Tu es une Fabray. Une dominante, et pas une dominée. Tu seras reine. Promets moi de gagner le respect de ces animaux là-bas.»
- Je te le promets Frannie. »
Oui c'est sur, tu l'avais gagné le respect maintenant. Mais d'une manière particulièrement minable.
Décidément, tu n'as véritablement rien en commun avec ta sœur. Tellement talentueuse, tellement forte. Elle a mérité le respect. Toi, tu l'as juste gagné en torturant une pauvre lycéenne qui demande juste la paix et qui souhaiterait que tout cela cesse.
Tout comme toi...
Je me regarde dans le miroir. Je me dégoûte...
Pourquoi je ne peux pas être aussi forte qu'elle ?
Et puis je prend conscience de ma position ; pourquoi je suis debout, devant la porte.
Je la déverrouille puis repars m'asseoir sur mon lit.
- « Bonjour petite sœur, alors tu ne viens pas dire bonjour... ?
- « Désolée j'avais les écouteurs dans les oreilles, j'étais en train de travailler...
Mensonge.
- « Kristoffer est en bas, tu ne veux pas venir lui dire bonjour ?
Génial, elle a ramené son futur mari avec elle. Un type bien catholique, et bien lourd avec ses idées toutes faites...
Diner avec Kristoffer signifiait grande conversation entre Russel et lui, sur toutes sortes de sujets et de débats aussi ridicules les uns que les autres. Longs discours sur les églises, la religion, la politique...
Je me ressaisis et un sourire crispé vient prendre place sur mon visage.
- Laisses moi cinq petites minutes et j'arrive.»
Frannie me sourit et referme la porte.
Ma main part à la recherche de mon pendentif que j'avais glissé dans le tiroir de mon bureau. Je ne voudrais pas mettre mon père plus en colère ce soir; si ma croix n'est pas autour de mon cou, il va encore y avoir un drame.
Avec dégoût je replace la petite croix autour de ma chaîne.
Je prend une profonde inspiration, la main sur la poignet.
Cinq petites minutes, le temps de remettre le masque.
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