Disclaimers : Haikyuu ne m'appartient pas.
Bonjour bonjour, voici la requête numéro 94 d'Aemerys sur Wattpad (désolée du retard) qui m'a demandée une fic UshiTen avec le contexte suivant : dans un UA Omegaverse, Tendou subit des harcèlements au lycée sans que ses coéquipiers le remarquent et souffre en silence tout en se "défoulant" sur lui-même en s'automutilant. La fic sera donc axée angst et je vais puiser dans mes "doux" ressentis de jeunesse pour l'écrire alors ce sera plus sombre que d'habitude. Note du jour : la Golden Week est un regroupement de jours fériés au Japon : le 29 Avril puis les 3, 4 et 5 Mai. C'est parti pour la première partie. Bonne lecture. :)
Satori avait toujours détesté se regarder dans le miroir.
Son visage avait toujours été la cause du rejet des autres pourtant ce n'était pas sa faute s'il était né ainsi. Du coup, il ne comprenait pas pourquoi tout le monde se devait être beau. Oui ses yeux en amande faisaient penser à des yeux de fouine, son faciès était plus émacié que la normale et ses lèvres fines avaient l'habitude de se dessiner en des sourires un peu étranges quand il était content.
Mais était-ce une raison de dire qu'il était un monstre?
Ses parents le réconfortaient souvent à ce sujet depuis son enfance. "Ils s'arrêtent à l'apparence et ne te voient pas tel que tu es vraiment. Ce sont des idiots." Pourtant, même si ce que son père et sa mère lui disaient était juste, Satori avait de plus en plus du mal à se raccrocher à leurs paroles rassurantes.
Quand les enfants l'avaient repoussé du temps où il était en primaire en refusant de jouer au volley avec lui, Satori s'était entrainé d'arrache-pied de son coté tout en les observant discrètement puis lorsqu'il s'était inscrit au collège Shiratorizawa. A l'époque, il venait de recevoir le résultat de son test hormonal qui attestait de son statut de beta. Ce fut aussi à ce moment-là que le roux avait fait la connaissance de Wakatoshi Ushijima.
Satori se souvint de leur rencontre comme si c'était hier.
Il n'avait jamais oublié cet instant où il était rentré dans le gymnase et qu'il l'avait vu faire un service.
Puissant, rapide, à l'image de la personne qu'il était.
Taillé dans un roc à l'allure des plus impassibles.
Au regard froid et franc comme celui d'un aigle volant au ciel.
Et comme cet aigle, Wakatoshi-kun lui avait toujours paru éloigné, inaccessible dans ces hauteurs qui le définissaient si bien.
Une grande admiration avait alors nacquit dans le coeur de Satori puis, en se mettant à le fréquenter davantage, cette émotion s'était faite plus intense durant les moments d'innocence et de maladresse que laissait paraitre des fois Wakatoshi. Sa franchise pouvait aussi être acérée mais Satori trouvait cette facette de l'ace de Shiratorizawa touchante. Au fond, même si son physique évoquait celui de l'alpha parfait, Wakatoshi-kun n'en était pas moins un omega à la surprise de tous.
Satori avait donc décidé dès le collège de veiller sur cet être d'exception. Cependant, maintenant qu'il était au lycée, celui arborant maintenant le surnom de Guess Monster dont il aimait en rire amèrement tellement ce quolibet versait dans la dérision, ne pouvait plus tenir cet objectif.
Oui, ses talents de central et sa faculté d'observation aidaient grandement leur équipe de volley à maintenir son prestige au sein de la préfecture.
Oui, ses coéquipiers reconnaissaient à la fois ses compétences et le fait qu'il était un bon sempai pour leurs cadets.
Néamoins, il y avait des choses que Satori leur cachait à tous.
"Le coté obscur de la gloire", se disait-il en se vautrant dans le lit, refusant même de se lever pour se changer et amler en cours. Comme beaucoup d'élèves de Shiratorizawa, le beta possédait une chambre dans le grand dortoir de leur académie. Après tout, son intelligence avait été salué par beaucoup de monde dans le corps enseignant et Tanji-kun saluait aussi ses performances sportives au club de volley. Si j'avais été un personnage de shounen, pensa-t-il amèrement pendant qu'il fixait le plafond avec lassitude les bras croisés derrière la tête, je serais peut-être le beau gosse hyper populaire que tout le monde admire et qui fait craquer toutes les filles... Sauf que je n'ai pas le physique de l'emploi.
Et ça, on le lui faisait bien comprendre quand il traversait le couloir pour se rendre en classe ou bien même quand il s'installait à son bureau. Satori se leva alors en poussant un soupir là et échangea son pyjama contre son uniforme en se disant que tout se passerait très vite. Ou bien, je simulerai de dormir en cours, tiens. Je ne pense pas que le prof en tienne rigueur.
Satori pris son sac une fois habillé et quitta sa chambre en fermant la porte à clé. Il sortit du batiment sans attendre Wakatoshi ou Semi Semi, préférant se rendre au lycée seul pour une fois. Comme à son habitude, il troqua ses chaussures contre les chaussons de l'établissement à l'entrée. Ensuite, il monta les escaliers jusqu'à l'étage des terminales en s'efforçant d'ignorer les messes basses qui se propagèrent à sa rencontre.
Ce genre de comportement l'écoeurait et le frustrait tout autant.
Qu'ils aient au moins le courage d'assumer leurs moqueries et de tout lui dire devant, non c'était tellement mieux de le faire derrière son dos afin qu'il ne puisse pas se défendre. Si jamais il disait quelque chose, les connaissant, ils s'agiraient en jouant les innocents, feignant une indignation plus qu'énervante et surtout en lui faisant croire que c'était lui qui entendait des choses.
S'il avait recours à la violence, ça se retournerait encore contre lui et il pouvait dire adieu à ses activités en club qui furent avec les sorties du Jump chaque semaine et les pauses déjeuners avec Wakatoshi-kun, Semi Semi et Reon-kun, ses seuls moments de réconfort.
Enfin s'il révélait ce qui se tramait à Tanji-kun et à ses coéquipiers, nul doute que ses assaillants se vengeraient en le harcelant davantage.
De même que Satori ne souhaitait pas inquiéter ses camarades de club surtout que le tournoi approchait à grands pas. Il ne voulait pas non plus que Wakatoshi-kun le sache parce qu'il ne le supporterait pas si jamais son capitaine le prenait en pitié.
Donc le roux prit la seule alternative qui se présentait à lui : celle d'endurer ces murmures désagréables dès qu'il franchit la salle de classe, d'éviter de lire ces petits messages stupides laissés à son encontre sur son bureau ou encore faire comme s'il n'avait pas entendu les insultes chuchotées dès qu'il passait au tableau.
"Monstre."
"Va te cacher."
" Comment une mocheté pareille fait-elle pour vivre?"
"T'as pas honte de te présenter au lycée avec une face pareille ?"
"Heureusement que cetre erreur de la nature est bon au volley, parce que sinon..."
Ignore ces idiots, Satori. Ignore ces idiots, Satori. Ignore ces idiots, Satori.
Ses dents se serrèrent, ses doigts tremblèrent en tenant la craie et plus que tout, il bouillonnait de rage. Cela alerta son professeur. "Tu n'arrives pas à résoudre l'équation, Tendou? C'est rare venant de toi.
- Ah non, excusez-moi sensei. J'étais dans les nuages, répondit Satori avec un petit rire tout en écrivant la solution au tableau, voilà c'est fait.
- Très bien, tu peux retourner à ta place. Comme d'habitude, tu as trouvé la réponse très rapidement. Félicitations mais ne révasse pas trop. Tu as déjà tendance à t'endormir en classe."
Des ricanements s'ensuivirent. "Et vous devriez quand même prendre exemple sur Tendou au lieu de vous moquer de lui, rétorqua ensuite le professeur au reste de la classe, même s'il lui arrive de faire des siestes, ses résultats restent parmi les meilleurs de la classe." Et comme d'habitude, Satori entendit quelqu'un chuchoter un "Lèche-botte" plein de mépris dès qu'il retourna à sa place. Bon la sieste en classe, c'est fini, pensa-t-il en s'asseyant pour voir son cahier avec un message écrit dessus. "Crève laideron."
Satori réprima le soupir exaspéré qui menaçait de franchir ses lèvres. Son professeur avait été gentil de l'avoir défendu mais le beta craignait que ça avait au contraire, empiré les choses.
Malheureusement, Satori sentit sa résolution s'effriter de plus en plus face à ces violences verbales. Les mots peuvent faire plus de mal que les coups et chaque moquerie, chaque insulte lui apportait une blessure supplémentaire dans son coeur.
Au point que Satori commençait à se demander. "Et s'ils avaient raison au fond?"
Le midi, le roux se dépécha d'aller au réfectoire rejoindre ses amis. Au moment où il passa au self prendre un plat parmi ceux sélectionnés, Satori se perdit dans le brouhaha ambiant où les principaux sujets de discussions furent sur les chaleurs, les périodes de rut ou bien sur les odeurs de telle ou telle personnes. Comme il était de classe beta, le roux n'était pas trop concerné par ce genre de choses.
Peut-être était-ce aussi pour cette raison que ses camarades de classe le rejetaient, à cause du fait qu'il faisait partie du commun des mortels, ceux qui ne pouvaient ni être en rut, ni subir des chaleurs tous les trois mois.
En tant qu'établissement appartenant à l'élite, l'académie de Shiratorizawa sélectionnait les meilleurs des meilleurs suite aux examens d'entrée avec une prédilection pour les alphas. Seuls les élèves ayant suivi leurs études ici depuis le collège en étaient exempts. Le club de volley reflétait aussi cette disparité : il était l'unique beta de l'équipe, Kenjirou, Semi Semi et Wakatoshi-kun les seuls omegas et le reste était des alphas.
En tous cas, Satori considérait le club et ses membres comme un havre de paix où se poser loin de cet enf... Une élève le percuta "accidentellement" quand il fut sur le point de rejoindre Wakatoshi-kun assis avec les autres à quelques mètres de lui et tachant en même temps le veston de son uniforme de sauce curry. "Oh, je suis désolée, Tendou, fit-elle mine de s'excuser en sortant un mouchoir pour l'essuyer la tache dans le but de l'étaler encore plus, ah! Quelle maladroite!, fit-elle en feignant la surprise, excuse-moi."
Satori savait que la lycéenne, qui fut une camarade de sa classe, n'était pas le moins désolée du monde. Il lui arracha vivement le mouchoir en arborant un sourire de façade. "Ce n'est rien, j'ai aussi tendance à révasser. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, mes camarades du club de volley m'attendent." Le beta fut satisfait de voir que la jeune fille se retint d'exprimer son dédain. Wakatoshi-kun avait tendance à intimider malgré son statut d'omega.
La voix de Semi Semi le tira de ses pensées. "Hé, Satori! Tu viens ou pas?
- Ah, désolé Semi Semi, s'excusa-t-il en se mettant à coté de son capitaine qui lui avait laissé une place, j'ai eu un petit accident en chemin.
- Il vaut mieux que tu retires le veston avant de te rendre en cours cette après-midi, lui suggéra amicalement Reon.
- Tu as raison mais avant je compte faire honneur à ce délicieux curry, répliqua Satori en prenant sa cuillère, bon appétit.
- Hé bé, s'étonna Eita en le voyant manger goulument le plat, tu dois avoir sacrément faim. C'est vrai que je ne t'ai pas vu à la cafèt' du dortoir ce matin."
Satori mit un moment à répondre, le temps de se défouler dans la nourriture qu'il était en train d'engloutir. Ça lui faisait du bien de passer ses nerfs dans la bouffe. "Je me suis levé un peu plus tard, prétexta-t-il en finissant d'avaler une bouchée de riz, mon réveil a des petits soucis en ce moment.
- Tu veux que je te passe le mien?, lui proposa alors Wakatoshi qui buvait calmement une gorgée de son verre d'eau, j'utilise ma montre pour me réveiller."
Satori sentit une douce bouffée de chaleur envahir son coeur suite à cette demande. Le fait que Wakatoshi-kun se souciait de lui le touchait beaucoup mais il ne voulut pas l'ennuyer avec ses problèmes. Après tout, ce n'était pas tant son réveil qui avait des dysfonctionnements mais surtout parce que son sommeil se faisait de plus en plus rare. Au moins, se moqua-t-il avec son habituelle autodérision sardonique, si j'ai des cernes, ça fera couleur locale. Je ne pense pas qu'on remarque mon état de fatigue de cette manière.
Néanmoins, il fit fi de ses idées noires pour répondre à Wakatoshi. "Non merci, Wakatoshi-kun. C'est gentil mais il faut juste que je change mes piles, c'est tout." Le capitaine de Shiratorizawa remarquait que quelque chose clochait chez Tendou. Il ignorait si c'était son sourire ou le son de sa voix plus enjouée qu'à l'accoutumée mais il y avait une sorte de... dissonance dans son attitude. Toutefois, Wakatoshi décida de laisser ses inquiétudes de coté et prit le parti de lui en parler plus tard, quand ils auraient un moment seuls.
L'omega en profita à la place de faire une annonce à ses camarades de terminale, Yamagata étant le seul absent. Le libero avait tendance soit à manger seul, soit avec leurs cadets afin de veiller au moral des troupes en bon senpai qu'il était. " Le coach Washijou m'a demandé de vous transmettre qu'un camp d'entrainement aura lieu dès ce week-end, énonça-t-il le plus sérieusement du monde, comme c'est la Golden Week, nous allons en profiter pour se consacrer à l'entrainement.
- Je dirai à Hayato de le dire aux secondes et aux premières si je le croise, déclara Semi, à moins que tu veuilles t'en charger, Satori.
- Non pour une fois, je t'en laisse l'honneur Semi Semi, refusa Satori avec un petit sourire.
Ils continuèrent ensuite de discuter entrainement ou encore de choses plus triviales puis chacun regagna sa salle de classe une fois le repas terminé en se disant bon courage pour les cours de cet après-midi.
Cependant, Satori découvrit quelque chose sur son bureau qui effaça son sourire une fois de retour dans sa salle de classe.
Il ne manquait plus que ça, qu'il touche à ce que j'aime le plus.
Son maillot de l'équipe de Shiratorizawa.
Déchiré de part en part.
Des rires fusèrent derrière lui.
"Un monstre comme toi n'a pas sa place à coté de notre champion Ushiwaka."
Ce fut le coup de trop.
Son corps fut secoué de légers tremblements.
Ses poings se serrèrent à s'en blanchir les phalanges.
Une indiscible colère l'envahit et pourtant, pourtant...
... Quel était ce sentiment serein qui suivit juste après quand il cacha le maillot dans son sac?
Cette émotion lourde de tristesse teintée d'une lassitude quand il croisa les regards triomphants des responsables de cet acte de vandalisme?
Satori parvint à y mettre un nom quand le professeur entra en classe pour faire l'appel.
De la résignation.
Il répondit un "Présent" atone à l'énonciation de son nom.
Son coeur se faisait plus lourd au point qu'il en eut presque du mal à respirer.
Son ventre se nouait à s'en donner la nausée.
Satori scruta de nouveau ces regards à la dérobée qui n'attendirent qu'une seule chose.
Qu'il craque.
Non, il fait que je tienne le coup, se dit-il avec véhémence en plantant les ongles dans sa paume, il faut que tu tiennes Satori. Alez, miracle boy.
En baissant les yeux, le beta remarqua que sa main saignait légèrement et étrangement, cette douleur qu'il ressentit à ce moment-là le soulageait un peu.
Oui, un petit peu, cette petite souffrance mettait un frein à sa rage et la contenait malgré tout.
Mais ce n'était pas assez.
Plutôt que de faire du mal aux autres, autant le faire à moi-même.
Sinon, il savait qu'il risquait de détruire tout et puis... Au fond, un monstre comme moi le mérite, non?
Voili voilou pour la première partie. La suite bientôt. A bientôt. :)
