J'ai craqué ! Je sais que ce n'est pas raisonnable avec le Bac en approche et mon autre fiction sur Rotg qui me prend pas mal de temps... Mais je n'ai pas pu m'empêcher de commencer cette fiction qui me tient à cœur ! Cela faisait un moment que j'avais rédigé ce prologue et en le reprenant ce soir, j'ai décidé de sauter le pas :)

Pour vous présenter brièvement cette fiction, ce sera un crossover entre l'univers des Cinq Légendes et le sublime jeu qu'est Alice Madness Returns. J'ai décidé de la mettre ici car la rubrique du crossover est quelque peu désert... Je ne sais pas encore quelle longueur elle fera (j'avoue que cette fois-ci je me laisse un peu porter par l'impro), mais je dirais environ une vingtaine de chapitres. Cette fiction se base sur Alice Madness Returns et, même si chacun des personnages de Rotg apparaîtront, l'intrigue se centrera plus sur Jack Frost. Pour ce qui ne connaissent pas le jeu d'Alice, sachez que j'essaierai d'adapter au mieux mon écriture pour que vous compreniez ;) Et j'espère que je saurais vous faire découvrir (ou redécouvrir pour certains) ce magnifique jeu !

Disclaimers : Les Cinq Légendes et Alice Madness Returns appartiennent respectivement à Dreamworks et Electronic Arts. La couverture a été faite par ma très chère Alicy-Sunberg.

Je précise aussi que concrètement, c'est la première fois que je me lance dans de l'Horror, alors soyez indulgents ! x) Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et j'espère que vous apprécierez ce prologue !


L'Homme dans la Lune est le mécanicien.

Prologue : Il existe des docteurs…


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Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ?

C'était la question que m'avait posé le Chapelier, avec qui je partageais une tasse de thé, avant que je me réveille en sursaut, alertée par l'odeur de fumée qui m'étouffait. Tout s'était passé si vite. Le cri de mes parents me sommant de m'enfuir, le feu ardent qui traversait la porte de ma chambre, le miaulement de Dinah au bord de ma fenêtre, avant de bondir à l'extérieur. Animée par un stupide instinct de survie, j'ai sauté. Pour tomber d'un étage plus bas dans la bâche de neige qui recouvrait le sol de la cour, amortissant à peine ma chute qui m'avait valu une cheville brisée et un mal de crâne atroce. Affalée, étendue, éparpillée. Oui, c'était bien le mot. J'étais éparpillée au sol sur le dos, les membres lourds et endoloris, à moitié sonnée.

Mon corps a froid, mon corps a mal. Mes yeux mouillés. Ma voix brisée. Ma chemise de nuit brûlée. Mon lapin en peluche couvert de cendre. Et la Lune m'illuminait sauvagement de sa lumière éclatante dans la nuit. Comme si elle me montrait du doigt pour se moquer de moi. J'en avais mal aux yeux. Autant par sa lueur que par les flammes envahissantes qui s'élevaient non loin devant moi. Elles dévoraient ma maison avec hargne et sans scrupules. Impuissante, je voyais les images floues de mon lieu de vie succombait sous les bras ardents.

Mon cœur tambourinait, tandis que les larmes me persécutaient les yeux. Maman. Papa. Lizzie. Étaient-ils saufs ? L'idée qu'ils aient disparus m'angoissait.

La mort ne devrait pas être crainte. Elle finit toujours par nous rattraper. C'était une des raisons pour laquelle nous devions profiter de la vie. Père me l'avait toujours dit. Ne jamais repoussez la mort. Ne jamais la blâmer.

Retenez vos larmes pour votre grand-père, mes filles. Il vécut longtemps. Et comme le dit la fable, « La mort jamais ne surprend le sage, car lorsqu'elle se présente, il est déjà prêt à partir ».

Sauf que je n'étais pas prête à partir. Ni eux. C'en était certain ! Nous avions encore la vie devant nous. Si seulement je n'avais pas reconnu les hurlements de ma mère, appelant à l'aide. Les yeux vers le ciel d'encre, je suppliais de me tromper. Je suppliais que ma famille soit en vie. Une prière inespérée. Un cri naquit progressivement dans ma gorge. Je pleurais.

Et la Lune se moquait de moi.

J'avais froid. Ce froid mordant qui m'assaillait la peau avec vigueur et sans pitié. Cette gelure qui me paralysait les membres et me glaçait le sang. Ces cristaux durs et coupants me causant des plaies sans vergogne. Le rouge de mon sang finit bientôt par s'écouler sur la nappe neigeuse. La glace aggravait considérablement mes brûlures. La neige voulait-elle ma mort ?

Mes bras et mes jambes en feu me contraignaient à rester avachie sur le sol enneigé sans bouger. Misérable, la Lune se riait de mon état dépravée. Je n'étais qu'une épave qui coulait progressivement et bientôt, je serai entièrement engloutie sous les flots du désespoir. Un fracas sonore me fit comprendre que le toit de ma maison avait fini par céder sous les rongements du feu. Il s'effondra dans un vacarme, brisant le dernier espoir pour ma famille de s'échapper des flammes. Horrifiée, mes yeux étaient devenus rouges, écarquillés, menaçant de quitter leur orbite.

Ma tête allait exploser. Ma gorge saignait à force de supporter mes cris incessants. La douleur était insupportable. Jamais elle ne partira. Jamais cette vision ne cessera de me hanter. Je les ai perdus. Pour toujours. Qu'as-tu fait Alice ?

« … Ils sont morts par ma faute, j'ai rien pu faire ! » C'était un cauchemar. Un effroyable cauchemar. Le Croquemitaine doit me jouer un mauvais tour. Il veut me rendre folle ! Et la neige me faisait mal. Elle veut me tuer ! Les flammes se ruaient vers moi telles des tentacules ardents. Elles veulent me brûler ! Je suis perdue ! Je vais mourir ! Sauve-moi ! implorai-je au ciel.

Et la Lune se moquait de moi.

Je n'aurais pas dû regarder. Mais je n'étais qu'une petite garnement curieuse et naïve. Ma tête était lourde, des images démentes défilaient dans mon esprit. Un minotaure. Une horloge. Une poupée vivante. Le visage brûlé de ma Lizzie. Ma bouche murmurait des plaintes inaudibles. Mes jambes tremblaient sous mon poids, alors que je me levais, cherchant mon lapin à l'aveugle à cause des larmes, pour le blottir contre moi. Je frottais mes yeux, laissant échapper des sanglots qui remuaient violemment ma poitrine. Libérant mon regard de ma menotte trempée et ensanglantée, je voyais une silhouette cachée dans le maquis. Deux cercles de verre reflétant la lueur railleuse de la Lune me fixaient au loin. Un géant, maigre, il dégageait le pan de sa veste pour me laisser voir ce qu'il y dissimulait.

Une clé. Sa vue me tiraillait le cœur. Je connaissais cette clé. C'était…

Je ne m'en rappelais plus. J'ai déjà oublié. La clé, la silhouette, l'incendie, ma famille. La douleur était partie. Le cauchemar était fini. Le vide me remplissait. Je ne ressentais plus rien. Suis-je guéri ?

« Non, tu es folle. »

Je levais la tête devant moi. La silhouette avait laissé place à un chat à l'apparence squelettique. Ses yeux jaunes perçaient la pénombre, tandis qu'il me souriait à pleine dent. Je n'aimais pas ce sourire. Il me faisait peur. Mais je ne ressentais rien d'autre. Plus de douleur.

« Seul les fous assimilent la douleur avec succès. »

Je tapais du pied, outrée par l'insulte. Mais la morsure de la neige m'arrachait un cri de douleur et me faisait glisser par terre. Mon lapin s'était échappé de mes mains. J'eus voulu le récupérer, mais un craquement me paralysait. Du coin de l'œil, je voyais ma peluche se faire ramasser par un inconnu. Un garçon aux cheveux d'argent, retenant un bâton tordu dans sa main, regardait avec curiosité mon lapin, avant de tourner le regard vers moi, me dominant de toute sa hauteur. Son regard bleu était glacial. Et un sourire, bien moins découvert que celui du chat, mais tout aussi effrayant, tirait son visage.

« Alors, ma petite ! Tu n'aimes pas la neige ? »

Je l'aurais tué pour son air insolent et ses provocations. Non ! Je n'aime pas la neige. Je la détestais ! Elle me fait mal ! Elle me brûle ! Elle m'a sauvé des flammes ! J'aurais dû mourir avec ma famille. Et elle m'a épargné pour que je puisse continuer d'être torturée. Je HAIS la neige !

Le garçon laissait échapper un petit rire, puis s'agenouillait près de moi. Le souffle de sa voix me pétrifiait plus que jamais.

« À ton avis, qui de nous deux sera le bourreau ou la victime ? »

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Je criai à tue-tête. Sa voix. Je ne voulais plus entendre sa voix ! Les souvenirs se disputaient la place dans ma tête. Me rappelant les cris de ma famille, le feu de l'enfer, le sourire du chat, l'arrogance du garçon. Tout cela pour me tourmenter. Je ne suis pas folle ! Je ne cessais de le crier.

Mes lamentations finirent par attirer les psychiatres, lassés par mes jérémiades incessantes, pour me planter pour la septième fois de la journée la seringue dans mon bras, avant de m'attacher solidement les lanières autour de mon corps et me contraindre de rester tranquille sur mon lit. Rien à faire. Je continuais à gigoter, ma voix toujours portante des mêmes paroles depuis plus de dix ans. « Je ne voulais pas ! J'aurais dû les sauver ! Non ! Je ne suis pas folle ! ».

Les gardiens de l'asile n'écoutaient pas mes plaintes. Ils n'avaient que faire des malades. Ils préféraient effectuer leurs mauvais traitements sur eux, exécutant à la suite saignée, cryothérapie, chocs électriques ou encore obliger à boire massivement le laudanum. Ils se moquaient de mes soi-disants « contes de fées malsains » que je ne cessais de raconter. Mes cris persistaient, plus forts que ceux des autres patients, qui me faisaient autant subir leur cruauté que les psychiatres. Je le répétais. Je ne suis pas folle !

Je me faisais des illusions. Si je n'étais pas folle, je ne verrais pas les flammes me consumer en permanence et des tentacules de chair envahir ma cellule. Si je n'étais pas folle, je ne verrais pas un chat me sourire et ronronner des paroles insensées. Si je n'étais pas folle, je ne verrais pas un lapin blanc secouer sa montre à gousset devant moi, me répéter « Dépêche-toi Alice ! Tu es en retard ! ». Si je n'étais pas folle, je ne croirais pas encore au Croquemitaine qui ravivait ma folie en rythmant mes nuits de cauchemars infernaux. Je ne devrais pas être hantée par l'image de ce garçon me gelant les orteils, me tirant les oreilles et me mordant le bout du nez par taquinerie. Si je n'étais pas folle, je n'entendrais pas le rire lointain de la Lune.

Si je n'étais pas folle, j'aurais sans doute su que le docteur accoudé près de moi me trompait depuis le début.

Les centaures n'existent pas, contrairement aux docteurs.

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