DISCLAIMER : J'ai emprunté à la FOX et au show Glee deux personnages pour les amener dans un dramatique voyage de mon cru, auquel je vous convie. Prenez place à bord si le périple vous tente et gardez en tête que la destination finale n'a pas été convenue.
Le voyage se fera en 6 étapes! Prière d'attacher vos ceintures.
Etape 1: New-York to Paris!
« L'embarquement pour le vol 5369 à destination de Paris se fera porte 2. Je répète, le vol 5369 New-York - Paris se fera porte 2, » fit la voix féminine, froide et nasillarde dans l'aéroport presque vide de New York - La Guardia.
Quinze ans plus tard et rien ou peu avait changé, constatai-je. Bien sur, les designs avaient évolué. Les couleurs gaies, rouge, vert pomme, bleu turquoise avaient pris l'ascendant sur les couleurs neutres d'autrefois et le résultat en était bien plus agréable. Les bornes d'accès à internet étaient désormais sans restriction et permettaient de rester en contact plus facilement avec ses proches ou son travail, tout dépendait de vos priorités. Les noms des diverses boutiques avaient changé, bien que les produits proposés restaient les mêmes. Les indémodables besoins du voyageur pris à court par le temps : parfums, confiseries pour tous âges, vêtements chic ou sport, accessoires en tous genres, demandez et vous trouverez !
Les grandes enseignes avaient survécues, preuve que les géants de l'industrie gardaient leurs mains de fer sur les affaires, malgré les successions de crises économiques qui avaient frappé le monde en général. Le monde n'avait pas vraiment changé, il s'était juste adapté tant bien que mal, se refusant à réagir et à mettre en marche des révolutions concrètes et de fond. Pour preuve, les fast-foods avaient toujours pignon sur rue et les voitures qui n'utilisaient pas des dérivés du pétrole se comptaient sur les doigts de la main.
Le seul qui semblait avoir changé dans ce tourbillon d'envergure international et prit un coup de vieux, c'était moi, pauvre être humain qui ne pouvait rien pour lutter contre le tic-tac du sablier du temps, qui commençait désormais à laisser derrière quelques séquelles.
Prenant ma valise à main, je me dirigeais docilement vers la porte 2 en attendant l'annonce qui m'indiquerait que la classe affaire était prête à embarquer. Fatigué, les épaules tendues, la nuque raide, je rêvais d'une nuit longue et sereine dans un lit douillet, tout en sachant que mon souhait n'allait pas se réaliser de sitôt. Premièrement parce que le sommeil me fuyait, comme un mari qui éviterait son amante depuis que sa femme soupçonnait quelques anguilles sous roche. Mon corps, lui, me réclamait ses heures de répit chaque jour mais désormais seul l'aide de puissants somnifères me permettait un repos de qualité médiocre mais un repos tout de même.
La seconde raison était pour moi, la moins évidente à accepter parce qu'il n'y avait qu'un lit qui me fut désormais accueillant et je ne me voyais nullement m'y installer pour le moment…et peut-être n'aurais plus jamais la chance de m'y rallonger, à vrai dire. Pourtant le lit existait encore. Il était fait en chêne, un bois solide qui avait abrité des nuits passionnées et mouvementées, sans un grincement, sans un craquement. Il était souvent couvert de draps de soie, quelques fois de couleur bleu nuit, quelque fois noir, et pour les grandes occasions en rouge sang ou bordeaux. Sur le sol, on pouvait souvent y trouver les nombreux coussins qui étaient dans la journée, placés soigneusement sur le lit mais qui une fois la nuit venue, représentaient les derniers remparts à des escapades nocturnes.
Chassant de ma tête cette vision qui me rendait nostalgique, je vérifiais l'heure sur la montre qui ornait mon poignée. Dernier cadeau en date de mon époux, offert six jours après mon anniversaire qu'il avait totalement oublié, jusqu'à ce que n'arrive le cadeau de ses propres parents à mon intention. Pourtant j'étais là, dans cet aéroport, à presque minuit, sortant toutes les minutes mon téléphone entièrement tactile, et dont le nombre de fonctionnalités semblait s'élever chaque jour à l'infini pour la modique somme de quelques centimes de dollars ou d'euros ou de yens de la poche de mon jean Levis, le fixant avec espoir et angoisse en espérant y voir apparaitre un numéro. Le sien. Malheureusement, il resta silencieux.
J'entendis bientôt l'appel qui m'indiquait de me mettre en file afin de composter mon billet. Je balayai du regard mon environnement et poussant un léger soupir, je dépassai l'hôtesse d'accueil au sourire standardisé avant de me diriger vers le couloir qui me conduirait à l'air Bus A 330 à destination de la ville la plus romantique au monde. Quelques magazines offerts, des recommandations sur les précautions à tenir en cas de problèmes et l'avion décolla. Je n'avais jamais aimé ce moment et je m'agrippai comme à une bouée de sauvetage à mon siège en respirant lentement et profondément.
'Relax mon cœur, tout va bien se passer, me dit une voix douce et amoureuse. Agrippe-toi à ma main et pense à notre premier baiser. Quant tu rouvriras les yeux, nous serons déjà à la bonne altitude.'
Un sourire effleura mes lèvres et je me tournais vers l'endroit d'où provenait cette voix, pour me retrouver confronter au vide. Ce même vide qui m'habitait, m'obsédait, me terrifiait et m'empêchait de dormir.
Comment cela avait-il pu m'arriver ? Nous arriver ? Qu'avions-nous fait de mal ? Où nous étions nous trompé, fourvoyé ? Y avait-il eu des signes précurseurs ? Les avais-je ignorés ? Pourquoi ne pouvais-je plus respirer sans ressentir cette douleur lancinante, oppressante qui me poussait à me demander si je souhaitais vraiment continuer ? Continuer à vivre ? Continuer à respirer, continuer à espérer ? Cela valait-il le coup ? Quel sens avait ma vie ? Je ne savais même plus qui j'étais désormais !
L'hôtesse sembla remarquer mon malaise et vint prendre de mes nouvelles. Je m'empressai de la rassurer avant de me renfermer sur moi-même. Le but de se voyage était de me couper de toutes attentions, de toutes ces personnes qui s'inquiétaient pour moi et ne cessaient de me poser des questions auxquelles je n'avais pas de réponses. Pire, des questions que je n'avais de cesse de me poser à moi-même.
Cédant à la pression, je me décidai à prendre ces fameux cachets dont la magie fit effet rapidement puisque je me sentis me relaxer et bientôt partir pour quelques heures de sommeil sans rêve.
Je me levai six heures plus tard par l'odeur du café que l'on servait pour le petit déjeuner, m'indiquant que nous allions atterrir dans un peu moins d'une heure. J'optai pour un café noir et me forçai à avaler un bout de la brioche qui m'était offerte. Le couple devant moi se murmurait à l'oreille des mots tendres, pensais-je et malgré moi, je fus propulsé quinze années en arrière où j'avais été à leur place, amoureux transis de l'homme à qui je venais de dire oui. Nous avions échangé nos vœux la veille au cours d'une cérémonie riche en émotions et en diverses surprises que nos amis nous avaient concoctées. La plus belle nuit de ma vie !
Quinze ans plus tard, le moi vieilli, décrépi et amaigri refaisait le même parcours, reproduisait dans les moindres détails ce voyage, cette lune de miel. Tentative désespérée qui portait la délicate odeur de l'espoir d'un renouveau, de l'émergence de la lumière d'un nouveau départ.
J'avais posé mes cartes sur la table et misé gros. C'était quitte ou double, pas d'échappatoire, ni de précaution prise. Je sortais le grand jeu. Je n'avais plus rien à perdre car d'une certaine manière je m'étais déjà perdu en route. Il s'agissait de savoir si ma route allait s'arrêter là ou si j'avais devant moi encore un bout de chemin à parcourir.
Je serai fixé dans cinq jours, quand il se présenterait ou pas devant moi, à l'endroit où nous nous étions prêtés serment la toute première fois, à l'abri des regards, avec pour seul témoin, la lune et les étoiles. Simple promesse que nous serions toujours là, l'un pour l'autre, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
J'avais le cœur au bord des lèvres et les mains tremblantes, perdus dans les méandres des comparaisons de ce que j'avais espéré de ma vie et de ce que j'en avais obtenu. Reconnecté à la réalité par la voix du commandant de bord qui nous annonçait le début de la descente sur la capitale française, j'attachai et ajustai ma ceinture de sécurité et prit un chewing-gum à la menthe que je m'efforçai de mastiquer lentement, en adressant pour la première fois depuis très longtemps une prière.
Une prière contenant une demande simple, directe et sans ambigüité.
Aidez-moi !
Première escale pour vous humbles voyageurs. Nous repartirons vendredi pour la prochaine étape. Je vous remercie d'avoir choisi Air Crépuscule et espère que la première partie vous a plu.
Bien à vous. Le commandant de bord. ;D
