- Prologue -

J'aime bien quand il rougit, le petit Potter. C'est fou ce que ça peut lui donner l'air encore plus niais que d'habitude. Du coup, ça devient vraiment le pied de lui foutre la honte ou de le pousser à s'énerver, histoire de le faire devenir cramoisi avec son air penaud et ses jolis yeux verts qui oscillent entre la rage – quelques éclairs – et le désarroi – un océan.

Alors, pour me faire plaisir, je l'asticote régulièrement depuis six ans. Et cette septième année à Hogwarts ne fera pas exception.

Il faut dire que Saint Potter est une proie tellement facile que c'est presque tricher que de le foutre en boule – mais qui a dit que tricher me posait un quelconque problème de conscience ? Et d'abord, c'est quoi, une conscience ? Un Malfoy n'a que conscience de sa puissance et de son pouvoir.

Et c'est dans cet état d'esprit très positif – « Je suis le plus puissant. Je suis le plus beau. Les autres, et plus spécialement Potter, sont des jouets pour moi. » - que je me rendais en cours de Soin des Créatures Magiques flanqué de ces deux gros crétins de Crabbe et Goyle.

Non pas que je sois très pressé de rejoindre ce cours. Ecouter ce gros balourd sans-cervelle de semi-géant débiter des stupidités sur des trucs puants et laids qu'il appelle 'créatures de charmantes compagnies' (et Crabbe et Goyle sont des amis merveilleux et chaleureux, tant qu'on y est !), ça ne m'a jamais passionné.

Non. Ce que j'aime dans ce cours, c'est qu'on le partage avec les Gryffindors. Pas de méprise : j'exècre les Gryffindors ! Mais je ne rate pas une occasion de jouer à mon sport favori (ex æquo avec le quidditch) : faire chier Saint Potter.

Lui et sa petite bande – le gueux et la sang-de-bourbe – sont justement là en avance. Sûrement pour discuter avec leur ami…. Vous savez, le semi-monstre qui nous sert de prof !

Pourquoi Père ne m'a-t-il pas envoyé à Durmstang ? Ah oui ! Trop froid. Pas bon pour mon teint….

En parcourant les derniers mètres de pelouse qui me sépare de la… chose qui sert de cabane à Gros Lard, je pose mon regard glacial et méprisant sur Potter en guise de salut. Je me campe face à lui et le fixe de mon air le plus hautain, une légère moue de dégoût sur le visage. Histoire de voir sa réaction. Rien.

Pendant un quart de seconde j'y crois. Il me regarde de tous ses yeux verts, mal réveillé derrière ses lunettes. Ses cheveux sont, comme à l'accoutumée, arrangés d'une manière déplorable sur sa tête. Mais pas de réaction.

Vraiment, certaines personnes ne sont pas du matin !

Je le scrute de la tête aux pieds : sa chemise dépasse par endroit de son pantalon, la cravate rouge et or est nouée par l'opération du Saint Esprit, la jambe gauche de son pantalon est tâchée de boue (mais où est-il encore aller traîner ?) et son lacet droit est défait. Déplorable. Vous parlez d'un héros !

Il me regarde le regarder. Je sens sa colère monter. Jouissif…

« Alors, Potter. Tu es allé faire les poubelles avec les Weasley pour t'habiller, cette année ? »

Bingo ! Ses traits fins se crispent. Ses joues deviennent couleur brique. Mais la petite sang-de-bourbe a aussi un cerveau, et elle ne lui laisse même pas le temps d'ouvrir la bouche.

« Laisse tomber, Harry. Tu lui ferais trop plaisir… »

Le feu s'éteint dans les yeux verts, laissant la place au mépris. Raté. Cette petite conne me connaît trop bien.

« Bonjour aussi, Malfoy », me dit Potter, presque trop calmement.

Et là, il me tourne le dos. Comme si je n'existais plus !

Une minute plus tard, le reste de la classe nous rejoint, puis le cours commence – encore un truc qui pue, à voir la tête des autres au premier rang. Mais je n'écoute pas – ai-je déjà écouté ces inepties ? Qu'est-ce que j'ai foutu ? Non seulement je l'ai humilié sans personne autour (à quoi bon traîner Potter dans la boue si ce n'est devant une demi-douzaine de Slytherin gloussants ?), mais en plus…. Je ne l'ai pas humilié !

Non pas que je manque d'entraînement. Six ans, vous pensez ! Mais peut-être que lui, il s'est habitué.

Un sourire commence à se dessiner sur mon (beau !) visage.

Ah, les insultes ne le touchent plus ? D'accord. Passons au plan B.