Auteur: Sana.
Série: Hikaru no go
Genre: shônen-ai, yaoi, lemon.
Couple: le couple trèèès original Akira et Hikaru. Mais ce ne sont pas les seuls '
Disclaimer: les persos ne sont pas à moi malheureusement, ils appartiennent à Takeshi Obata et Yumi Hotta... je sais que c'est incroyable et que ça vous choque tous très fort, mais c'est la dure réalité...
Rating: M, je dirais à cause d'un lemon ' je ne suis pas très forte pour les ratings '
Avertissements: spoilers de la fin du manga (puisque l'histoire prend place après). Yaoi (incroyable n'est-ce pas?)
Note: c'est ma toute premiere fanfiction sur Hikaru no Go. '
1.
Hikaru se réveilla brutalement au milieu de la nuit. Il venait de rêver de Sai, comme toujours. Et comme toujours, le rêve lui laissait un souvenir amer. Il s'assit sur son lit et se prit la tête dans les mains. Sai lui manquait tellement... voilà un an et demi qu'il était parti, mais il n'arrivait toujours pas à accepter son départ.
Il se leva pour se préparer. De toute façon, il n'arrivait jamais à se rendormir quand il rêvait de Sai. Surtout quand il s'agissait de rêves aussi précis que celui qu'il venait de faire. Il voyait Sai l'appeler, lui dire qu'il allait revenir... ça ne faisait que rendre sa douleur plus cruelle quand il se réveillait.
Ce jour là, il avait une partie officielle contre un 7 dan, dans le cadre de l'oteai. S'il le battait, il devenait 2 dan. Akira était déjà 4 dan, mais Hikaru progressait pas à pas et le rattrapait. Après la coupe Hokuto, surtout, il avait senti qu'il était devenu plus fort. Après sa partie si tourmentée contre Yongha Ko. Et encore une fois, c'était grâce à Sai. Même s'il avait disparu.
Lorsqu'il arriva à la Ki-in, Waya, à l'entrée, lui sourit.
- Salut, Shindo!!!
- Salut Waya, ça va?
- Moi, oui, mais toi, tu as l'air fatigué. Bien dormi?
- Euh... plus ou moins.
- Je vois... Si tu gagnes aujourd'hui, tu passes 2 dan, hein? Bonne chance.
- Merci, dit Hikaru.
Ils arrivèrent dans la salle des parties et allèrent s'asseoir à leurs places. Leurs adversaires étaient déjà arrivés. Hikaru aurait du se sentir un peu stressé, mais comme à chaque fois qu'il rêvait de Sai, une tristesse incommensurable prenait le pas sur tous ses autres sentiments. Ce fut avec un air sombre sur le visage qu'il souhaita une bonne partie à son adversaire.
Akira, ayant déjà fini sa partie, regardait Hikaru de loin. Il observait l'air sérieux de son rival fixé sur le goban, la main sur son éventail. La partie entre Hikaru et Kitazawa, le 7 dan, devait vraiment être intéressante. Il s'approcha silencieusement et regarda la partie, debout derrière Hikaru. Oui, il avait bien joué. Kitazawa n'allait pas tarder à abandonner, si Hikaru continuait à jouer aussi bien. Soudain, Hikaru posa une pierre sur le goban en un mouvement qui rappela aussitôt Sai à Akira. Sai, le joueur d'internet qui avait disparu après sa partie contre le Meijin... et Hikaru qui avait dit qu'il lui raconterait tout... mais comme Hikaru n'avait plus l'air de vouloir en parler, Akira n'osait pas trop lui forcer la main.
La partie se termina peu après. Akira s'était éloigné de Shindo quand il avait vu qu'il n'y en avait plus pour longtemps et était allé l'attendre dans le hall. Quand Hikaru sortit de la salle, Akira se leva et alla vers lui en lui souriant.
- Félicitations, Shindo, tu es 2 dan maintenant.
- Oui... merci. Ça fait bizarre, fit-il avec un pâle sourire.
Akira, qui l'observait sans cesse, se demandait pourquoi son sourire était toujours si triste.
- On mange ensemble, ce midi, Shindô?
Hikaru leva les yeux vers Akira, mais avant qu'il aie pu répondre, le nouveau téléphone portable qu'il avait acheté quelques jours auparavant vibra.
- Désolé, Toya, deux minutes... Allô... oui. Hein? Attends, calme toi, je comprends rien! Quoi? La police? Mais qu'est-ce que tu racontes? Oui, reprends du début. Oui. Hmm... Hein? Il a donné notre nom? On le connaît?
Akira remarqua que Hikaru était devenu livide. La conversation qu'il avait l'intriguait fort, en tout cas.
- Tu n'y es pas allée? C'est quel commissariat? Non, j'y vais! Oui oui, mais j'ai pas le temps! J'y vais!
Il raccrocha et se précipita vers la sortie en disant:
- Désolé, Toya, on mange ensemble une prochaine fois!
- Hé, attends! Shindo!
Mais Hikaru était déjà loin, en train de courir de toutes ses forces dans la rue. Akira le regarda s'éloigner, les sourcils froncés, agacé d'avoir été ignoré, et inquiet aussi, car Shindo avait parlé de la police.
Hikaru, le coeur battant, se précipita vers le commissariat dont avait parlé sa mère. Quand il avait fini par comprendre ce qu'elle disait, quel choc il avait reçu! Selon sa mère, un homme louche que la police avait mis en garde à vue avait demandé à le voir, lui. Il était persuadé qu'il ne pouvait s'agir que de Sai! Sai était revenu!
En tout cas, si ça n'était pas le cas, il allait avoir une grosse désillusion. Quel idiot, pourquoi est-ce qu'il n'avait pas pensé à demander à sa mère si l'homme qui avait demandé à le voir avait dit à la police comment il s'appelait...
De toute façon, Hikaru était déjà presque arrivé au commissariat. L'espoir lui avait donné des ailes. Il entra, un peu intimidé par l'austérité du bâtiment, et s'avança vers l'accueil.
- Vous désirez? demanda une femme derrière un guichet.
- Euh... un homme mis en garde à vue a souhaité me voir, alors je suis venu...
Il avait tellement de mal à maîtriser son impatience!
- Votre nom?
- Shindo Hikaru.
- Ah oui, c'est vous que le type bizarre a réclamé... dit-elle avec un petit sourire aux lèvres.
- Le "type bizarre"? Ou est-il?
- Deuxième étage, la troisième porte à droite.
- Merci!
- Je vous en prie.
Hikaru s'élança vers le deuxième étage, frappa fébrilement à la porte. L'instant d'attente avant qu'on lui ouvre lui parut des heures, pendant lesquelles il se disait: "qu'est-ce qui m'attend derrière cette porte? Est-ce que c'est Sai? Mon Dieu, faites que ce soit Sai!"
Puis un policier lui ouvrit la porte.
- Vous désirez?
- Euh, dit Hikaru à nouveau intimidé, je suis venu parce que quelqu'un a demandé à me voir...
- Ah, vous êtes Shindo Hikaru?
- Hikaru! s'exclama une voix dans la pièce, une voix que Hikaru aurait pu reconnaître entre mille.
Il entra et découvrit Sai, debout au milieu de la pièce, dans ses antiques vêtements de l'ère Heian.
- Sai!!!!!! s'exclama-t-il en se jetant à son cou. Sai!!!! Tu es revenu?
- Vous vous connaissez, alors, dit le policier. Il s'appelait vraiment Fujiwara no Sai, alors.
- Oui, c'est mon, euh, cousin. J'étais très inquiet parce qu'il avait disparu il y a quelques semaines. Qu'est-ce qui t'a pris de t'habiller comme ça, Sai, t'as joué dans une pièce de théâtre ou quoi? Ah, je sais, t'es parti avec la troupe itinérante que tu voulais suivre!! (Il fallait à tout prix empêcher Sai de parler, car il n'arrivait pas à mentir). Fallait me prévenir!! Je me suis fait un sang d'encre! Pourquoi tu t'es retrouvé ici?
- On l'a vu évanoui dans la rue avec ces vêtements, et il avait l'air louche, alors on l'a emmené ici, dit le policier.
- Evanoui?
- Oui. Mais il a repris des forces depuis qu'il s'est réveillé.
- Alors je peux le reprendre avec moi?
Le policier soupira, puis dit:
- De toute façon, il n'a rien fait de répréhensible.
Il avait l'air de le regretter.
- Vous pouvez y aller. A une prochaine fois!
- Euh... oui...
Une fois la porte refermée, dans le couloir, Hikaru se tourna vers Sai, incapable d'en croire ses yeux.
- Sai, mais... t'es vivant?
Il lui prit le poignet et le tâta.
- C'est dingue! J'arrive à te toucher! Mais comment c'est possible?
- Les dieux m'ont donné une nouvelle chance, Hikaru, sourit Sai, de son sourire si gentil. Je suis vivant!
Sans un mot, Hikaru, les yeux pleins de larmes, s'accrocha au cou de son ami. Sai, surpris, demanda doucement:
- Ça va, Hikaru?
- Je t'ai fait tellement souffrir, Sai, pardonne-moi...
- Arrête, Hikaru, ne dis pas ça. On s'est bien amusés! Et je suis très heureux de pouvoir revenir à tes côtés.
- Si tu savais ce que je m'en suis voulu, quand tu as disparu... j'aurais du te laisser jouer toutes mes parties.
- Tu as vraiment pensé ça? J'ai été si égoïste, Hikaru, je suis désolé... Je voulais toujours jouer! Je n'ai même pas pensé à tes sentiments. Mais maintenant, j'ai un corps, sourit Sai. Tu n'auras plus à jouer pour moi! On pourra jouer des millions de parties ensemble!!
Hikaru se mit à rire, les larmes aux yeux.
- Tu n'as pas changé! Viens, il faut que je te trouve des autres trucs à mettre, tu ne peux pas rester comme ça. Ça allait bien quand j'étais le seul à te voir, mais là...
Lorsqu'ils sortirent du commissariat, la jeune femme qui avait informé Hikaru à son arrivée leur sourit. Visiblement, elle trouvait "le type bizarre" très mignon.
Une fois dehors, Hikaru se tourna vers Sai. Quelque chose semblait le tarauder.
- Qu'y a-t-il, Hikaru? demanda Sai de sa voix douce.
- Sai, enlève ton chapeau... tout le monde nous regarde bizarrement.
- Ah!
Avec hésitation, Sai enleva son chapeau. Ça faisait très bizarre pour Hikaru qui le voyait d'un coup beaucoup moins grand...
- Wahou! Trop bizarre! rit Hikaru.
- Hikaru! Ne ris pas!
- Viens, allons acheter des vêtements.
Ils entrèrent dans une boutique, et tout le monde regarda Sai comme s'il était un martien. Hikaru se dépêcha de lui choisir un jean et une chemise pour qu'il puisse se changer rapidement. Sai entra dans une cabine.
- Euh...
- Tu sais comment on fait, n'est-ce pas? Tu m'as déjà vu faire, avant, hein?
- Oui, mais il faut déjà que j'enlève ma tunique...
Comme Sai avait l'air de batailler ferme, Hikaru entra dans la cabine pour l'aider. C'était la première fois qu'il voyait à quel point Sai était mince. Comme il était toujours caché sous ses vêtements amples, Hikaru n'avait jamais fait attention. Quand Sai fut débarassé de ses vieux vêtements, Hikaru sortit pour lui laisser plus de place.
Quand il sortit de la cabine avec un jean et une chemise, il était métamorphosé. Hikaru avait du mal à le reconnaître. Et ça faisait très bizarre avec ses cheveux qui lui arrivaient à mi-cuisses...
- Super, Sai! Ça te va bien mieux que tes vieux trucs!
Toutes les dames du magasin, à voir le rouge qui imprégnaient leurs joues, pensaient la même chose. Hikaru alla dénicher une paire de chaussures pour Sai.
- Tiens! Des Converses, dit-il en les lui tendant.
Sai observa avec intérêt les chaussures noires à bout blanc. Il avait souvent vu Hikaru mettre ses baskets, mais c'était la première fois que lui même devait en mettre.
Quand Sai fut chaussé, Hikaru le plaça devant une vitre pour qu'il puisse se voir, et il manqua de s'étouffer. Hikaru éclata de rire. Avec ce look, il avait l'air d'avoir dix ans de moins. Qui aurait pu croire qu'il avait joué des parties de go avec l'Empereur, mille ans auparavant?
- Quel âge tu as, Sai? demanda-t-il alors qu'ils allaient vers la maison de Hikaru.
- J'avais 24 ans quand je me suis suicidé. Donc je suppose que j'ai 24 ans...
- Ah ouais... bon, il va falloir expliquer à maman que tu restes chez moi un bout de temps. Surtout, ne dis pas un mot, tu gâcherais tout.
- Ça va, Hikaru, je ne suis pas débile, non plus!
- Tu sais, je suis passé deux dan, ce matin, dit Hikaru.
- C'est vrai? Félicitations!!! s'exclama Sai.
Hikaru, la main sur la poignée de la porte, lui sourit soudain, et dit:
- Je suis très heureux que tu sois rentré. Tu m'as vraiment manqué.
- Je suis content d'être rentré, Hikaru, dit Sai, touché.
- Bon, maintenant, voyons voir comment maman va le prendre...
La mère d'Hikaru le regardait d'un air surpris.
- Un ami à toi? Il va rester ici combien de temps?
- Euh... je ne sais pas encore... tu sais, inventa-t-il, sa maison a brûlé avec tout ce qu'il y avait dedans, il n'a nulle part ou aller, il a perdu tous ses papiers d'identité, et tout... on ne va pas le laisser comme ça, quand même!
- Bien, bien, dit sa maman avec un sourire forcé. Alors il dormira dans ta chambre?
- Oui, répondit Hikaru en triomphant intérieurement. Ne t'en fais pas, il ne va pas rester longtemps. Le temps qu'on trouve un appart...
- On?
- Euh, oui. J'irai sans doute habiter avec lui...
- Quoi? Mais Hikaru...
Hikaru n'attendit pas qu'elle aie fini sa phrase et remonta en trombe dans sa chambre, ou Sai l'attendait. Il tenait des pierres de go dans sa main et les regardait d'un air émerveillé.
- Hikaru! s'exclama-t-il. Je peux toucher les pierres!!!!!
Hikaru sourit.
- Oui, Sai. Tu es vivant maintenant...
C'était un cadeau du ciel. Il avait l'impression que la joie d'avoir retrouvé Sai allait l'étouffer.
- Hikaru, faisons une partie!
- Hai!
Il étaient en plein milieu de leur partie quand soudain Hikaru sursauta.
- Meeerde! J'ai une partie à la Ki-in cet après-midi! Je vais être en retard!
Il se leva et Sai le regarda:
- Et moi, je reste ici?
Hikaru cligna des yeux. C'est vrai, il n'était plus un fantôme, il n'était plus obligé de le suivre partout. D'un côté, s'il le laissait chez lui, il avait trop peur qu'il ne soit plus là à son retour, aussi lui dit-il:
- Non, viens avec moi. Mais je n'ai pas très envie que les gens apprennent que tu es le Sai d'internet, sinon ils ne vont jamais te laisser tranquille. Alors je t'appellerai Fujiwara, d'accord?
- D'accord! sourit Sai. Mais on termine notre partie quand on rentre...
- Tu parles, t'es en train de me massacrer!!!!
- Hehehe! le nargua Sai.
Hikaru lui sourit et dit:
- Bon, dépêchons-nous, je vais vraiment être en retard!
Akira vit Hikaru débouler dans le hall de la Nihon Ki-in, suivi par un bishonen aux cheveux très longs qu'il voyait pour la première fois.
- Hé! Shindo!
Akira s'avança vers Hikaru.
- Oh! Toya-kun! s'exclama le jeune homme aux longs cheveux noirs.
Akira le regarda, surpris.
- Pardonnez-moi, on se connaît?
L'homme rougit et Hikaru lui jeta un regard d'avertissement que Toya capta, mais dont il ne comprit pas la signification.
- Je lui ai parlé de toi, dit Hikaru à Akira, alors il a du te reconnaître quand il t'a vu, n'est-ce pas, S... Fujiwara?
Hikaru avait parlé de lui à cet homme? Et au point qu'il puisse le reconnaître sans l'avoir jamais vu? Akira se maudit en constatant que son coeur battait plus vite.
- Oui, c'est ça, dit l'homme.
- Toya, dit Hikaru, je te présente Fujiwara.
- Enchanté, Fujiwara-san, dit Akira en s'inclinant.
- Moi de même, Toya-kun, dit Sai en s'inclinant à son tour.
- Hikaru, ça a été, ce matin? demanda Akira, une fois les présentations faites.
- Hein? Ce matin?
Hikaru paniqua. Est-ce qu'il voulait parler de Sai? Comment aurait-il pu être au courant qu'il venait de retrouver Sai?
- Ben, tu avais parlé de la police, au téléphone, alors je me demandais.
- Ah! Oh, oui, c'est... c'est rien, t'inquiète! dit Hikaru avec un sourire qui ressemblait à une grimace. Rien du tout!
- Au fait, je ne savais pas que tu avais un portable...
Akira tentait de dire cette phrase comme si de rien n'était, mais en réalité, il se sentait assez vexé que Hikaru ne lui ait pas donné son numéro.
- Ah! Oui, j'en ai un maintenant, se contenta de répondre Hikaru. Bon, désolé Toya, on te laisse, ok?
Ils s'éloignèrent un peu plus loin dans le hall, sous les yeux suspicieux de Toya qui se demandait qui pouvait être le jeune homme qui accompagnait son rival.
Hikaru, quand ils furent assez éloignés de Toya pour que celui ci ne puisse plus les entendre, murmura:
- C'était moins une! N'oublie pas que tu n'es pas censé avoir vu ces gens!
- J'avais oublié que je ne pouvais plus parler sans qu'on m'entende, gémit Sai.
- Eh oui! C'est le lot des vivants... il faut réfléchir avant de parler! le taquina Hikaru.
- Méchant Hikaru! s'exclama Sai en lui donnant une petite tape sur la tête.
Hikaru se mit à rire, suivi rapidement par Sai. A l'endroit ou ils l'avaient laissé, Akira les regardait, flambant de jalousie.
Hikaru n'arrêta pas de s'inquiéter pour Sai durant toute sa partie. Quand il était encore sous sa forme de fantôme, il pouvait venir dans la salle, mais maintenant qu'il était redevenu humain, il fallait qu'il attende dans le hall... Et si quelqu'un l'avait kidnappé? Et si Sai était allé se balader et qu'il s'était perdu? Et si quelqu'un lui avait demandé une partie et qu'on reconnaissait le talent du Sai d'internet? Il gagna sa partie de justesse.
- Tu gagnes de 1 points et demi, lui dit son adversaire.
- Merci pour la partie, répondit Hikaru.
L'adversaire s'inclina à son tour. Puis il commença à vouloir analyser leur partie. Hikaru se sentait affreusement mal à l'aise. Mais il n'y avait pas moyen d'y échapper sans être malpoli, aussi dut-il rester à sa place. Dès qu'il put, il s'élança dans le hall pour retrouver Sai... qui n'y était pas.
Hikaru ouvrit grand les yeux. Il l'avait laissé là, pourtant... oui,mais il avait pu bouger, entre temps. Il n'allait pas rester deux heures assis sans bouger sur le même siège!
- S... Fujiwara! appela Hikaru.
La réceptionniste la regardant avec surprise, Hikaru s'approcha d'elle.
- Dites, mademoiselle, vous n'auriez pas vu un homme avec de très longs cheveux?
- Il est sorti il n'y a pas très longtemps, répondit la réceptionniste en rougissant légèrement.
Décidément, Sai fait de l'effet partout ou il passe, se dit Hikaru en sortant de la Nihon Ki-in.
- Fujiwara!! Ou tu es?
- Tu as perdu ton ami? demanda une voix à côté.
Il se retourna: Akira et Ogata, qui étaient visiblement en train de discuter ensemble à son arrivée, le regardaient.
- Euh, oui. Vous l'auriez vu?
- Non, répondit Akira.
- Ce n'est pas lui, devant le magasin, là-bas? dit Ogata en fixant un point de l'autre côté de la rue.
- Ah! s'exclama Hikaru. Fujiwara!
- Hikaru! répondit de loin Sai en agitant les bras.
Akira se demanda ce qu'il pouvait bien être l'un pour l'autre, pour qu'il l'appelle par son prénom. Il vit Sai courir vers Hikaru sans voir la voiture arriver sur la chaussée.
- SAI !!! hurla Hikaru en se précipitant sur lui.
La voiture fit un écart au dernier moment et le conducteur hurla une flopée d'injures à Sai en passant à côté de lui. Hikaru prit le bras d'un Sai choqué et l'entraîna sur le trottoir de l'autre côté.
- Mais qu'est-ce qui t'a pris, Sai!! s'exclama-t-il! Il faut toujours regarder avant de traverser!
- Sai? demandèrent Akira et Ogata qui étaient arrivés derrière.
Ils avaient l'air de ne pas en croire leurs yeux.
- C'est vous le Sai qui fait rêver tout le monde sur internet? demanda Ogata, les yeux brillants.
- Euh, dit Sai, encore étourdi par son aventure avec la voiture, je ... je ...
- Non, ce n'est pas lui, trancha Hikaru. Viens, Sai, on rentre.
Sai? se dit Akira. Hikaru aussi l'appelle par son prénom?
- Tu viens au club demain, Shindo?
- Euh... je...
Hikaru regarda Sai et dit:
- Je... demain, je serai occupé.
- Ah, dit Akira.
Hikaru sentit qu'il était en colère, mais maintenant que Sai était rentré, jouer avec lui passait avant jouer avec Toya!
- Tu en as de la chance, Hikaru, tu peux jouer des parties avec des plus de 5 dan souvent!!! Je devrais passer pro, moi aussi!
Hikaru lâcha le goban des yeux et fixa Sai, surpris. Pro? Sai? Il n'y avait jamais songé... mais ça lui permettrait de gagner de l'argent et de vivre un peu par lui même... De plus, Sai avait largement le niveau pour passer l'examen.
- Oui... c'est une bonne idée... De toute façon il faut bien que je te laisse te débrouiller tout seul de temps en temps! Et puis, ça t'aidera d'être pro! Tu pourras avoir de l'argent pour louer un appart...
- Un appart?
- Oui, un appartement...
- J'habiterais tout seul? demanda Sai.
Hikaru sentit l'inquiétude de son ami.
- Si tu veux,on pourrait habiter ensemble. En colocation.
- Oui! Oui! s'exclama Sai.
- Mais le problème, ça va être de te faire une identité... Après tout, tu es un ancien fantôme... Je sais pas comment on va faire, ça va être dur... mais pour l'instant, Fujiwara no Sai n'existe pas pour le gouvernement. Peut-être que si tu disais que tes papiers ont été brûlés dans l'incendie de ta maison... non, ça ne marcherait pas...
- Et si tu allais voir Kaga, le voyou? Il t'aiderait peut-être.
- Kaga... bonne idée! Allons voir Kaga! Je ne sais pas ou il habite, je vais demander à Tsutsui... je crois que j'ai encore son numéro de téléphone... Ah, le voilà. Attends, je l'appelle.
Il prit son portable et composa le numéro de Tsutsui.
- Allô ? Oui je m'appelle Shindo Hikaru et j'aimerais parler à Tsutsui-sempai. Oui. Ah? Vraiment? QUOI? Et quelle est l'adresse s'il vous plaît? D'accord... c'est noté. Merci beaucoup madame.
Il se tourna vers Sai:
- Tu ne vas pas y croire... Tsutsui habite avec Kaga!
- Heiiiin? s'exclama Sai.
- Sa mère m'a donné l'adresse. On y passera ce soir, parce que je suppose qu'ils sont encore au lycée à cette heure-ci.
- Dis, Hikaru...
- Mmh?
- Tu crois que ça ne serait pas bien si Ogata-san et Toya-kun savaient que j'étais le Sai du net?
Hikaru regarda Sai avec attention.
- Je pense que s'ils savaient, après, tout le monde t'embêterait, non?
- Pourquoi? Ils me proposeraient des parties de go... je pourrais jouer avec des gens forts! Et peut-être que je pourrais rejouer contre le Meijin...
- Il n'est plus Meijin maintenant, il n'est même plus pro.
- J'aimerais vraiment rejouer contre lui...
- On pourrait passer le voir chez lui pour que tu joues une partie avec lui... maintenant que tu es vivant, c'est possible.
Les joues de Sai rougirent d'émotion.
- Oh, allons-y, Hikaru, allons-y, allons-y!!!!
- Du calme, Sai, rit Hikaru, il faut d'abord aller voir Kaga!
Contre tout attente, établir une identité à Sai fut assez facile. Kaga usa de ses relations, prétendit que Sai était né sous X et qu'il n'avait jamais eu d'identité parce qu'il avait vécu dans la rue, mais qu'il allait avoir un travail et qu'il ne pouvait plus rester comme ça. On lui fit passer un test de langue et de kanji pour voir s'il maîtrisait le japonais, Hikaru paya tous les frais, et Sai finit par être Fujiwara no Sai aux yeux de tous. Quand on lui demanda pourquoi il avait pris ce nom et ce prénom, Sai répondit que c'était parce qu'il l'avait lu dans un livre, et personne ne s'étonna. Le plus dur, en fait, ce fut d'éviter les questions de Kaga et Tsutsui. Hikaru leur fit gober que Sai était harcelé par une jeune femme et qu'il voulait changer d'identité.
- Super Kaga-sempai, je saurais jamais assez te remercier! dit Hikaru quand ils rentrèrent chez Kaga.
- Fujiwara-san n'a qu'à faire une partie de go avec moi.
Hikaru éclata de rire et Sai sourit.
- Fais une partie pédagogique, Sai. Sinon Kaga laissera définitivement tomber le go.
- QUOI! s'exclama Kaga, furieux. Tu vas voir!
Un quart d'heure plus tard, Kaga abandonna.
- Vous l'aurez les doigts dans le nez, votre examen, Fujiwara-san, dit Kaga. Comment ça se fait que vous êtes si fort?
- Sa façon de jouer ressemble au Sai d'internet, remarqua Tsutsui qui les avait regardés.
- Oui, c'est parce que c'est lui, dit Hikaru.
Kaga s'étrangla avec son soda et Tsutsui se leva d'un bond.
- C'est vous? Incroyable! Pourquoi tu ne nous l'as pas dit, Shindo-kun?
- Parce que si vous le répétez à tout le monde, Sai se fera sans cesse harceler! Ne le dites pas, s'il vous plaît. Chaque chose en son temps, d'accord? Je vous l'ai dit pour vous remercier de nous avoir aidés, mais ne le répétez pas, ok?
- D'accord, dit Tsutsui, mais venez faire des parties avec nous, des fois...
- Ok! Allez viens, Sai, on y va.
Sur le pas de la porte, Hikaru leur dit d'un air malicieux:
- Au fait, pourquoi vous habitez ensemble?
- A plus, nabot, dit Kaga avec un sourire sarcastique en lui fermant la porte au nez.
Hikaru, vexé, regardait la porte fermée et se vengea en lançant très fort:
- Oh, je vois, ils sont ensemble...
Il y eut un silence, puis Kaga jeta de l'autre côté de la porte:
- Ça ne regarde pas les petits enfants!
Hikaru, furieux, fonça sur la porte, mais Sai le retient en souriant, en disant:
- Allez, Hikaru, viens! Rentrons à la maison.
