Albus arpentait le couloir du train. Ses amis de l'équipe de Quidditch l'invitèrent dans leur cabine. Les filles s'entassaient déjà sur les genoux des garçons : il n'y avait plus de place. Il leur lança un clin d'œil en se glissant vers le couloir. Ils le huèrent en riant. Albus sourit et continua à chercher.

Il savait qu'il devrait payer une tournée de jus de citrouille et de friandises s'ils restaient tous le long avec eux!

Il n'avait pas beaucoup dormi la veille. Son père était revenu d'une enquête dans les petites heures de la nuit et avait croisé sa mère avant qu'elle ne parte s'entrainer avec l'équipe. Ils s'étaient disputés en réveillant tous le manoir avant de s'enfermer dans leur chambre pour conclure.

Al s'arrêta et leva les yeux : il venait de comprendre leurs sourires partiellement satisfaits, partiellement sceptiques.

Son oncle avait conduit les enfants dans la Royce volante jusqu' à Kingcross encore…Une chance que son oncle Ronald était toujours là pour compenser son meilleure ami et sa sœur carriériste.

Il ouvrit la porte pour changer de wagon et lança son lourd sac de Quidditch sur son épaule. Il passa devant plusieurs cabines bien pleines de Serdaigle et de Poufsouffle dans la joie des retrouvailles. Il était revenu au wagon de charbon et aucune cabine n'était vide. La première cependant laissait voir d'une ombre d'une jeune fille endormie. La chanceuse, elle avait volé son idée. Il entra. La jeune fille se réveilla.

Elle avait des cheveux d'un noir si pur qu'ils semblaient bleus. Quand il croisa son regard, le jeune Potter fut frappé par ses yeux. En premier lieu, il les vit vert puis aperçu cet iris en fente, comme un chat. Elle était d'une maigreur irréelle, comme si elle devenait lentement un détraqueur.

-Salut? Dit-elle.

Dans son interrogation, il n'avait aucun dédain, aucun sarcasme mais un ton impératif bien doux.

-Je peux entrer?

-Oui, tu peux… à ce que je vois…Tu l'as déjà fait…

Al n'était pas sur si c'était une blague ou un manque de second degré.

-Tu veux savoir si tu peux rester, sourit-elle enfin, tuant le malaise palpable.

Elle tendit la main vers le banc rembourré devant elle. Albus glissa son sac de Quidditch dans la porte. La jeune fille lui était étrangère et trop vieille pour être une première année. Il s'assit et émit deux théories; soit elle avait été un laideron toutes ses cinq premières années d'étude et l'été l'avait métamorphosé, soit elle venait d'une autre école de magie et ses parents avaient déménagé. Pourtant, son accès était très britannique.

Il leva les yeux : ses bagages n'étaient pas identifiés avec des initiales. Elle avait peu de bagages, qu'un petit sac à dos en cuir portant un insigne, un corbeau sortant d'un château, et un genre de sac informe en toile.

-Pardonne-moi, mais je ne me souviens plus, ton nom c'est?

Elle retourna son visage avec un léger sourire;

-Tu ne peux pas t'en souvenir, je ne l'ai pas encore dit….

-Mais, je ne t'ai jamais vu à Poudlard?

Elle sourit;

-Non, je viens d'arriver…

-Tu m'as l'air bien …sage… pour une première année!

Il ne pouvait pas la traiter de vieille quand même.

-C'est ma première année à Poudlard mais j'ai tout de même « quinze» ans.

Il y avait un accent faux sur ce chiffre. Albus ne s'embarrassa pas de ce détail.

-Tu viens d'une autre école?

La jeune fille leva les yeux;

-Je ne crois pas que le trajet vers Poudlard soit assez long pour expliquer.

Le jeune Potter sortit une flasque de bière au beurre de son sac ainsi que deux gobelets. De sa baguette de prunelier, il fit léviter les gobelets et les remplis. Il prit de sa main son verre et poussa le second vers la jeune fille;

-Si on commence par ton nom alors!

La fille attrapa le gobelet;

-Criséis Crowchastel. Dit-elle en levant son verre

-Albus Severus Potter! Répondit-il en trinquant.

-Oh! Un enfant de l'Élu! Sourit-elle en levant les yeux.

-Bravo! Jamais quelqu'un n'avait pu dire cela de façon si monotone. Sourit Albus quand même agacé de son attitude.

Il ne comprenait pas s'il l'ennuyait ou elle était juste incroyablement irritable.

-Ce n'est pas ta faute si tes parents t'ont fait… je ne vois pas pourquoi ça devrait tout faire de toi.

-Tu dis ça comme si tu avais à en vouloir à tes parents.

Criséis regarda la fenêtre, les yeux se perdant dans le paysage gris de la campagne anglaise.

-Désolé, si tu ne veux pas en parler…

Elle tourna son regard félin vers lui. Un regard neutre et serein :

-Mes parents étaient monstres… Ils m'ont relâché dans la nature en m'ordonnant de fuir après avoir effacé tous mes souvenirs d'enfance… Disons que j'aime bien m'imaginer que ce n'est pas tes parents qui décident ce que tu deviendras.

Albus cligna des yeux plusieurs fois avant de s'adosser dans le banc ébahis. La maigrelette sorcière aux yeux de chats à la chevelure bleu minuit était un exemple de sincérité cruelle des enfants mal aimés.

-Ça fait combien de temps?

Criséis était crédule;

-Que quoi?

-Que tes parents t'ont fait ça?

-Cinq ans, deux mois et quinze jours…

Le garçon sourit. Elle retourna son regard vers la vitre. Sa précision était comique mais pleine de rancœur.

-Est-ce que tu as eu des brides de souvenirs ou tu as vraiment tout perdu?

Criséis leva les yeux avant de replonger son regard dans la brume.

-Je te demande pardon, mais je suis curieux et c'est presque trois heures de temps qu'on va avoir à partager…

-J'ai remarqué que le rouge et or était ta couleur, le bleu t'aurait probablement mieux convenu… Dit-elle sans détourner son regard mais regardant dans le reflet de la fenêtre.

Albus vit ses yeux moqueurs et son sourire. Il eut un moment de silence paisible, puis Criséis sentit quelque chose lui frapper la joue doucement. C'était un cookie aux framboises en lévitation qui cognait sur sa joue. Albus sourit invitant Criséis à prendre le biscuit;

-Toutes les filles doivent craquer, dit-elle.

-Non, tout le monde sait que mon seul talent est la lévitation et le Quidditch… Ce n'est pas comme si je faisais de quoi d'original.

Elle sourit et déposa le biscuit.

-Tu n'aimes pas les framboises? J'ai plein d'autres trucs si tu veux…

Il ouvrit son sac mais Criséis lui répondit;

-Non, c'est que j'évite le sucre.

Albus leva les yeux au ciel;

-Comme si un cookie allait défaire ta ligne! Tu es déjà assez maigre comme ça, bientôt les détraqueurs vont te demander des astuces-régimes!

Criséis rit un peu. La jeune fille avait des clavicules apparentes ainsi que des poignets très définis. Albus avait tout de suite remarqué que ce n'était pas une silhouette de fragilité féminine mais de famine. La jeune fille rentra son bras dans son sac. Il remarqua tout de suite que c'était un sac enchanté comme sa tante Hermione leur avait fabriqué pour leur première année. Elle sortit de son sac une demi-baguette de pain et une fiole rempli de liquide épais rouge;

-Moi c'est ça que je mange.

Elle ouvrit sa robe de sorcière. Il y était pendue cinq baguettes, elle hésita et prit celle en aubépine. Sans incanter, elle fit léviter la baguette et la coupa en deux sur le long. Elle versa le liquide rouge qui colora le pain sec en un instant;

-C'est …du sang? Demanda-t-il.

-En grande partie, les infirmiers et les apothicaires m'ont prescrit un mélange de sang et de nutriments en poudre. Quand ils m'ont trouvé, ils m'ont repêché dans les égouts du chemin de Traverse noyée. C'est un miracle qu'ils ont pu me sauver en retirant l'eau de mes poumons. Ayant perdu beaucoup de sang, ils m'ont perfusé mais en me réveillant j'ai ouvert la poche de sang avec mes dents et je l'ai toute bu.

-Tu as été vampirisée? Demanda le jeune sorcier en reculant d'inconfort.

Il ne voulait pas avoir de préjugés contre les vampires mais c'était plus fort que lui.

-Non, je n'ai aucune réaction au soleil, ni à l'ail…Il pense que j'ai dû contracter une maladie... Je dois réintégrer de la nourriture peu à peu et ça devrait passer.

-Que c'est étrange, tu as du leur foutre la peur de leur vie! Rit-il.

-Moi j'ai eu peur d'eux… eux ils étaient prêts…

Encore une fois, elle fuyait son regard.

-Est-ce qu'ils ont su comment tu étais arrivé dans les égouts?

-Non, dit-elle en inclinant la tête.

-Tu as été chanceuse alors…

-Pas vraiment, j'ai raté mon coup…

-Ah! Toi tu sais alors?

Il comprit à son regard, que la réponse n'était pas très rose;

-Je pensais souvent pas les égouts pour me faufiler dans les chambres libres du Chaudron Baveur, ça devait faire quatre jours que je n'avais pas mangé un vrai repas. Je pense que j'ai glissé et j'ai été emportée par le courant.

-Pourquoi tu faisais ça?

-Qu'est-ce que tu veux dire? Dit-elle avec le même ton impératif et neutre.

Il prit le temps de choisir ses mots avec soin;

-Pourquoi tu avais besoin de te glisser dans des chambres libres par la tuyauterie? Je veux dire, tu n'as pas été en orphelinat depuis que …

Criséis retourna ses yeux vers la fenêtre mais elle échangea tout de même un regard avec le jeune Potter dans le reflet. Elle sourit. Albus compatissait sans vraiment comprendre.

-Tu as passé les cinq années…sans maison?

-et deux mois… et moins de treize jours, rajouta-t-elle.

Elle prit un instant pour finir sa bouchée.

-Puis ensuite, des guérisseurs m'ont interrogé. Mon cas d'amnésie a alerté les travailleuses sociétales du ministère des sorciers nés moldus, des Orphelins et Naissances, et des aurores. On m'a donné quelques réponses sur mes parents vaguement et ils m'ont placé en partance de Poudlard. J'ai passé des qualifications écrites avant-hier et d'autres tests m'attendent.

Albus avait une très bonne écoute. Criséis ne put s'empêcher de sourire en le voyant hocher la tête.

-Donc, dans ta tête, tu as cinq ans? Concluait-il.

Elle rit puis il reformula;

-Pas cinq ans d'âge mental! Je veux dire, tu te souviens que cinq ans de vie?

Elle hocha la tête;

-Et tu n'avais pas été envoyé à Poudlard, parce que tes parents…?

-Je ne sais pas… J'ai passé ces cinq années à avoir peur d'être vue et reconnue. Les aurores ont défait un maléfice semblable à Imperium quand ils m'ont interrogé. J'ai passé cinq années à me penser poursuivie et recherchée. Cinq années horribles à avoir peur des sorciers autant que les moldus...J'ai traîné dans le Monde…effrayée, ensorcelée…

-Comment as-tu survécu dans le monde moldu sans magie?

Elle leva les joues dans un magnifique sourire et prit une bouchée de son affreux sandwich. Elle le laissa suspendre dans les airs et ouvrit de nouveaux sa robe dévoilant ses multiples baguettes :

-Qui a dit sans magie! Rit-elle.

-Mais la Trace? Demanda Al.

-Quelle Trace? S'interrogea Criséis.

-Mais la marque ? Pour tous les sorciers en bas de dix-sept ans?

Criséis ne savait pas du tout de quoi il parlait, c'était évident.

-Tu as quel âge vraiment? Demanda-t-il.

Elle était trop vieille pour être une première année mais elle n'avait clairement pas plus de dix-sept ans.

-On dit que j'ai quinze ans, mais je ne sais même pas quel jour est mon anniversaire...

-Donc tu es sensée l'avoir!

-Avoir quoi?

Albus expliqua l'enchantement du ministère qui détecte tous les jeunes sorciers qui font de la magie avant la majorité.

-C'est donc cela que les Aurores et Magistrats discutaient… J'ai entendu dire que ma naissance était dans aucun registre. Ce faisant, jamais la Trace n'aurait pu m'être imprégnée!

-Probablement! Conclut le jeune Potter. Une chance, je ne crois pas que tu aurais fait long feu avec ce maléfice et aucune magie!

Criséis eut un sourire triste et prit son sandwich au sang pour le terminer à coup de gorgée de bière au beurre.

-Désolé si je parle trop, mon père est un aurore et mes oncles des farceurs professionnels… Dire n'importe quoi et pauser les mauvaises questions, c'est de famille…

Criséis inclinant la tête, tel un pardon royal, la bouche pleine.

-Pourquoi as-tu des yeux de chat?

-Pourquoi as-tu des sourcils? Répliqua-t-elle du tac au tac.

Albus se permit un grand rire et prit une grande gorgée.

-Très bien, je suis cassé sur celle-là. J'en ai marre d'échouer. Toi, pauses-moi une question!

Elle réfléchit. Sa réflexion avait quelque chose de magnifique;

-Si tu pourrais, aimerais-tu avoir choisi une autre cabine?

Albus fut surpris de son sourire gêné. Criséis était peut-être bizarre, imposante avec sa rigidité mais il était content d'être le premier étudiant à poser ses yeux sur elle.

-Si je pourrais, je n'aurais pas fait le train au complet, je serais venu ici en premier!

Criséis leva les sourcils satisfaites;

-Pourquoi?

-Parce que tout le monde aime les nouveautés… et je suis le seul qui aura pu apprendre à te connaître avant que les rumeurs et des préjugés t'inventent une réputation de macabres serpentards.

Criséis rit;

-Voici le premier préjugé, comme si mes parents manges-morts feraient de moi une Serpentard à tout prix!

-Non, mais le fait qu'on parle en alternance au fourche-langue depuis presque quarante minutes prouvent quelque chose, dit Albus qui revient à l'anglais.

Ça fit un choc immense à Criséis;

-Comment tu as su que?

-Je me présente toujours en fourche-langue… J'aime que les gens pensent que je m'appelle Albus Severus Potter. Finit-il en langage des serpents.

Criséis sourit :

-Mais tu n'as même pas haussé un cil en voyant que je te répondais naturellement?

Elle prit une pause en faisant une moue : elle n'avait pas remarqué non plus.

-non, j'ai tellement peu d'occasion. Mon père ne pratique plus beaucoup. Sinon mon frère et ma sœur. Toi, tu sais où ça te vient, ou s'est perdu dans ta mémoire?

Criséis fit semblant de jeter de quoi derrière elle pour lui faire comprendre que c'était perdu.

-Triste, mais je suis content. On va pouvoir se siffler des réponses d'examens ou parler des autres dans leur face et non leur dos!

Criséis tendit la main;

-Marché conclu, fourche-langue-Potter!

Il scella leur marché informel en riant.

-Mon père a eu peur longtemps. Ce don venait de Voldemort et en l'ayant, il pensait que c'était un signe de retour ou je ne sais quoi… mais non, Voldemort n'est jamais revenu et ma sœur l'a eu aussi… Ça ne sert pas à grand-chose sauf effrayer les gens…

-Es-tu arachnateur aussi?

-C'est quoi? Demanda-t-il.

-Parler aux araignées.

- Non, ça, je n'en avais jamais entendu parler…

-J'ai toujours sur que j'étais Arachnatrice… mais fourche-langue ça m'est venu tranquillement en vieillissant...

-C'est super! Tu dois te surprendre toi-même à tout instant. Juste tantôt tu as fait léviter ton pain sans baguette, ça m'a impressionné!

-C'est parce que j'utilisé léviatar grativiam et non léviosa .

-Jamais entendu parler! Pourtant je suis le meilleur en lévitation de toute l'école!

-Ce n'est pas de la lévitation, c'est un changement de gravité. S'il n'y a pas de vent ou de forces conductrices, l'objet flotte indéfiniment.

-D'où tu sors ça?

Criséis leva un œil en l'air et ses pupilles de dilatèrent. Elle se plongea dans ses souvenirs;

-Tome Jaune des Sortilèges, Édition de 1815, pages 87

-Wô, connaître des sortilèges oubliés c'est une chose, mais les références exactes, c'est autre chose! S'impressionna-t-il.

Elle rit;

-C'est le bon livre, mais l'année et la page j'en ai aucune idée… mais le livre me semble de cet époque dans mon souvenir. Il était vieux… Il sentait le gin.

-Donc tu as des souvenirs ou c'est récent?

Elle soupira;

-en fait, j'ai des souvenirs … je n'étais pas une écervelée quand ils m'ont jeté dehors en disant de l'enfuir… Je crois que j'avais eu droit à une éducation à la maison très poussée… Je me débrouille en langues. Je connais probablement plus de sorts que tous les élèves de ce train réuni et pourtant, je ne sais pas ma date de naissance ni la couleur des yeux de mes parents, ni des murs de ma chambre d'enfance… Tout ce qui a quelconque notion de temps, est effacé mais le savoir est resté… Un maléfice d'oubli parfait je dirais… Je ne pourrais jamais dévoiler leur plan macabre!

Albus eut un petit rire gêné;

-Donc tu ne seras surement pas en cinquième année?

-en fait, je crois passer mes B.U.S.E cette année… sauf en Histoire et en Divination, pour ces matières mes tests m'ont prouvé que j'avais une expérience limitée. En botanique, je crois qu'on va me classer en troisième année. En potion, je ne suis pas encore sure.

-Tu vas avoir un horaire horrible, j'en suis persuadé! Rit le jeune homme en prenant une gorgée.

-En fait, je risque d'avoir plus de temps libre que tous les autres étudiants à ce que la directrice adjointe m'a dit.

-Tu as vu madame Crabe! Au moins, tu n'as pas suffoqué!

-je ne suis pas la seule à trouver qu'elle pue! J'ai le nez fin mais elle, peurk, on dirait qu'elle est allergique au savon!

Ils rirent de leur infamie;

-Dis-toi que si une sœur de suivants de Voldemort peut codiriger Poudlard, personne n'aura rien à battre de tes parents… Tu ne t'en souviens même pas de toute façon.

Criséis sourit;

-Belle manière de penser.

Au loin, on commença à voir les hautes tours de Poudlard dans le crépuscule. Albus s'approcha de la fenêtre;

-Ça fait cinq fois que je reviens à Poudlard …et ça m'impressionne toujours…

Criséis eut les pupilles dilatées comme un chat qui se prépare à bondir sur sa proie. Albus ne put s'empêcher de la trouver magnifique dans sa félinité, comme une petite créature toutes griffes sorties qu'on veut pourtant protéger. Dans la laideur de ses yeux cernés, sa maigreur de cancéreuse et son attitude impérative il y avait quelque chose de fascinant.

-Dis-moi… pourquoi as-tu cinq baguettes alors?

-Je ne sais pas trop… J'ai eu une phase que je me promenais dans les cimetières de sorciers à la recherche de …Je ne sais pas en fait, dans ma confusion il me prenait des envies incontrôlables comme des tiques nerveux. Durant un mois j'ai déterré des cercueils frais pour voler des baguettes qui me plaisaient. La baguette que mon père m'avait donnée me jouait des mauvais tours et j'ai eu l'idée d'en piquer une à un cadavre. Ce n'est pas parce qu'on l'enterre avec qu'elle ne marche plus! Alors je m'en suis déterré une…puis elle ne m'allait pas mieux… Je pense que j'ai passé un mois complet à chasser tous les enterrements. Un moment donné, j'en avais plus de cinquante mais je suis revenue à moi. C'était fou, un mois complet à presque pas dormi, manger, à feuilleter les chroniques nécrologiques de la Gazette. J'en ai gardé que trois, puis celle de mon père par nostalgie.

-et la cinquième? Rit Albus

-Je l'ai fabriqué. Ça c'est la mienne! La vraie!

La jeune sorcière sortit une magnifique torsade blanche et la présenta au jeune Potter;

-C'est quoi ce matériel? Demanda-t-il.

-Ivoire de Narval et cheveux de sirène. Je l'ai fabriqué moi-même.

Potter présenta la sienne;

-Ce n'est pas aussi cool, mais prunelier et dent de basilic…de chez Ollivander Jr.

Criséis rit;

-Chaque baguette est cool, Albus Severus Potter, parce qu'elle est toi. Le Prunelier c'est un symbole de guerrier et la dent de basilic… wow, si c'est elle qui t'a choisi, ça dit plein de choses sur toi!

Le garçon rougit;

-Je me débrouille l'épée, dit-il fièrement.

La jeune sorcière piaffa. Un rire pour une fois jeune et sincère, sans retenue;

-À quoi ça te sert d'être un bretteur, tu as peur de te ''molduiser''?

Albus leva les yeux vers le ciel et s'adossa avec malaise;

-tu ne riras pas de moi?

Criséis leva son gobelet en signe de respect;

-Quand j'étais enfant, j'avais une peur…Mon frère faisait déplacer des meubles à l'âge de 3 ans et ma sœur encore bébé créait des modules en lévitation avec ses jouets en dormant! Je devais avoir 8 ans et je me réveillais en peur…

-Tu avais peur du noir?

-non, j'avais peur d'être cracmol… Je ne sentais pas la magie et aucun de mes actes de volonté ou d'émotions n'avait prouvé de magie en moi. Je parlais fourche-langue mais mon père disait que la tante de Voldemort était cracmol et comprenait le fourche-langue pareil…J'étais furieux et plein d'angoisse. Alors mon père a pris une semaine de congé, il est parti avec moi seul. Il avait amené des épées de bois. Il m'a dit que si j'étais un cracmol, il allait apprendre à me défendre avec des épées anti-magiques. Alors voilà. À la fin des vacances, j'étais devenu un as à l'épée. Mon père m'a lancé un sort par surprise et j'ai échappé mon épée. Sans le vouloir, je me suis fait un Protego et voilà, je n'étais pas un cracmol!

Criséis sourit;

-C'est beau.

Elle tourna son regard triste vers son sac.

-Je crois que mon père avait peur que je dévellope un Obscuriel… En fait… Soupira-t-il.

Il la regarda observer la garre avec émerveillement.

-Tu sais, ma tante Hermione est la meilleure incantatrice d'oubli de tout l'Angleterre.

Criséis retourna son regard vers le jeune homme, interrogative;

-Si tu veux, je peux lui demander de voir ce qu'elle peut faire. Elle a déjà effacé son souvenir de la vie entière de ses parents et de leur entourage. Après la guerre, elle a recollé tous les morceaux … Elle a aussi arrangé Pr. Lockhart plus tard. Il a peut-être de quoi à faire pour retrouver tes beaux souvenirs d'enfance.

Elle sourit;

-On m'a déjà dit que mes souvenirs n'avaient pas été effacé…c'est un sortilège si bien préparé qu'on dirait qu'ils n'oAlbus arpentait le couloir du train. Ses amis de l'équipe de Quidditch l'invitèrent dans leur cabine. Les filles s'entassaient déjà sur les genoux des garçons : il n'y avait plus de place. Il leur lança un clin d'œil en se glissant vers le couloir. Ils le huèrent en riant. Albus sourit et continua à chercher.

Il savait qu'il devrait payer une tournée de jus de citrouille et de friandises s'ils restaient tous le long avec eux!

Il n'avait pas beaucoup dormi la veille. Son père était revenu d'une enquête dans les petites heures de la nuit et avait croisé sa mère avant qu'elle ne parte s'entrainer avec l'équipe. Ils s'étaient disputés en réveillant tous le manoir avant de s'enfermer dans leur chambre pour conclure.

Al s'arrêta et leva les yeux : il venait de comprendre leurs sourires partiellement satisfaits, partiellement sceptiques.

Son oncle avait conduit les enfants dans la Royce volante jusqu' à Kingcross encore…Une chance que son oncle Ronald était toujours là pour compenser son meilleure ami et sa sœur carriériste.

Il ouvrit la porte pour changer de wagon et lança son lourd sac de Quidditch sur son épaule. Il passa devant plusieurs cabines bien pleines de Serdaigle et de Poufsouffle dans la joie des retrouvailles. Il était revenu au wagon de charbon et aucune cabine n'était vide. La première cependant laissait voir d'une ombre d'une jeune fille endormie. La chanceuse, elle avait volé son idée. Il entra. La jeune fille se réveilla.

Elle avait des cheveux d'un noir si pur qu'ils semblaient bleus. Quand il croisa son regard, le jeune Potter fut frappé par ses yeux. En premier lieu, il les vit vert puis aperçu cet iris en fente, comme un chat. Elle était d'une maigreur irréelle, comme si elle devenait lentement un détraqueur.

-Salut? Dit-elle.

Dans son interrogation, il n'avait aucun dédain, aucun sarcasme mais un ton impératif bien doux.

-Je peux entrer?

-Oui, tu peux… à ce que je vois…Tu l'as déjà fait…

Al n'était pas sur si c'était une blague ou un manque de second degré.

-Tu veux savoir si tu peux rester, sourit-elle enfin, tuant le malaise palpable.

Elle tendit la main vers le banc rembourré devant elle. Albus glissa son sac de Quidditch dans la porte. La jeune fille lui était étrangère et trop vieille pour être une première année. Il s'assit et émit deux théories; soit elle avait été un laideron toutes ses cinq premières années d'étude et l'été l'avait métamorphosé, soit elle venait d'une autre école de magie et ses parents avaient déménagé. Pourtant, son accès était très britannique.

Il leva les yeux : ses bagages n'étaient pas identifiés avec des initiales. Elle avait peu de bagages, qu'un petit sac à dos en cuir portant un insigne, un corbeau sortant d'un château, et un genre de sac informe en toile.

-Pardonne-moi, mais je ne me souviens plus, ton nom c'est?

Elle retourna son visage avec un léger sourire;

-Tu ne peux pas t'en souvenir, je ne l'ai pas encore dit….

-Mais, je ne t'ai jamais vu à Poudlard?

Elle sourit;

-Non, je viens d'arriver…

-Tu m'as l'air bien …sage… pour une première année!

Il ne pouvait pas la traiter de vieille quand même.

-C'est ma première année à Poudlard mais j'ai tout de même « quinze» ans.

Il y avait un accent faux sur ce chiffre. Albus ne s'embarrassa pas de ce détail.

-Tu viens d'une autre école?

La jeune fille leva les yeux;

-Je ne crois pas que le trajet vers Poudlard soit assez long pour expliquer.

Le jeune Potter sortit une flasque de bière au beurre de son sac ainsi que deux gobelets. De sa baguette de prunelier, il fit léviter les gobelets et les remplis. Il prit de sa main son verre et poussa le second vers la jeune fille;

-Si on commence par ton nom alors!

La fille attrapa le gobelet;

-Criséis Crowchastel. Dit-elle en levant son verre

-Albus Severus Potter! Répondit-il en trinquant.

-Oh! Un enfant de l'Élu! Sourit-elle en levant les yeux.

-Bravo! Jamais quelqu'un n'avait pu dire cela de façon si monotone. Sourit Albus quand même agacé de son attitude.

Il ne comprenait pas s'il l'ennuyait ou elle était juste incroyablement irritable.

-Ce n'est pas ta faute si tes parents t'ont fait… je ne vois pas pourquoi ça devrait tout faire de toi.

-Tu dis ça comme si tu avais à en vouloir à tes parents.

Criséis regarda la fenêtre, les yeux se perdant dans le paysage gris de la campagne anglaise.

-Désolé, si tu ne veux pas en parler…

Elle tourna son regard félin vers lui. Un regard neutre et serein :

-Mes parents étaient monstres… Ils m'ont relâché dans la nature en m'ordonnant de fuir après avoir effacé tous mes souvenirs d'enfance… Disons que j'aime bien m'imaginer que ce n'est pas tes parents qui décident ce que tu deviendras.

Albus cligna des yeux plusieurs fois avant de s'adosser dans le banc ébahis. La maigrelette sorcière aux yeux de chats à la chevelure bleu minuit était un exemple de sincérité cruelle des enfants mal aimés.

-Ça fait combien de temps?

Criséis était crédule;

-Que quoi?

-Que tes parents t'ont fait ça?

-Cinq ans, deux mois et quinze jours…

Le garçon sourit. Elle retourna son regard vers la vitre. Sa précision était comique mais pleine de rancœur.

-Est-ce que tu as eu des brides de souvenirs ou tu as vraiment tout perdu?

Criséis leva les yeux avant de replonger son regard dans la brume.

-Je te demande pardon, mais je suis curieux et c'est presque trois heures de temps qu'on va avoir à partager…

-J'ai remarqué que le rouge et or était ta couleur, le bleu t'aurait probablement mieux convenu… Dit-elle sans détourner son regard mais regardant dans le reflet de la fenêtre.

Albus vit ses yeux moqueurs et son sourire. Il eut un moment de silence paisible, puis Criséis sentit quelque chose lui frapper la joue doucement. C'était un cookie aux framboises en lévitation qui cognait sur sa joue. Albus sourit invitant Criséis à prendre le biscuit;

-Toutes les filles doivent craquer, dit-elle.

-Non, tout le monde sait que mon seul talent est la lévitation et le Quidditch… Ce n'est pas comme si je faisais de quoi d'original.

Elle sourit et déposa le biscuit.

-Tu n'aimes pas les framboises? J'ai plein d'autres trucs si tu veux…

Il ouvrit son sac mais Criséis lui répondit;

-Non, c'est que j'évite le sucre.

Albus leva les yeux au ciel;

-Comme si un cookie allait défaire ta ligne! Tu es déjà assez maigre comme ça, bientôt les détraqueurs vont te demander des astuces-régimes!

Criséis rit un peu. La jeune fille avait des clavicules apparentes ainsi que des poignets très définis. Albus avait tout de suite remarqué que ce n'était pas une silhouette de fragilité féminine mais de famine. La jeune fille rentra son bras dans son sac. Il remarqua tout de suite que c'était un sac enchanté comme sa tante Hermione leur avait fabriqué pour leur première année. Elle sortit de son sac une demi-baguette de pain et une fiole rempli de liquide épais rouge;

-Moi c'est ça que je mange.

Elle ouvrit sa robe de sorcière. Il y était pendue cinq baguettes, elle hésita et prit celle en aubépine. Sans incanter, elle fit léviter la baguette et la coupa en deux sur le long. Elle versa le liquide rouge qui colora le pain sec en un instant;

-C'est …du sang? Demanda-t-il.

-En grande partie, les infirmiers et les apothicaires m'ont prescrit un mélange de sang et de nutriments en poudre. Quand ils m'ont trouvé, ils m'ont repêché dans les égouts du chemin de Traverse noyée. C'est un miracle qu'ils ont pu me sauver en retirant l'eau de mes poumons. Ayant perdu beaucoup de sang, ils m'ont perfusé mais en me réveillant j'ai ouvert la poche de sang avec mes dents et je l'ai toute bu.

-Tu as été vampirisée? Demanda le jeune sorcier en reculant d'inconfort.

Il ne voulait pas avoir de préjugés contre les vampires mais c'était plus fort que lui.

-Non, je n'ai aucune réaction au soleil, ni à l'ail…Il pense que j'ai dû contracter une maladie... Je dois réintégrer de la nourriture peu à peu et ça devrait passer.

-Que c'est étrange, tu as du leur foutre la peur de leur vie! Rit-il.

-Moi j'ai eu peur d'eux… eux ils étaient prêts…

Encore une fois, elle fuyait son regard.

-Est-ce qu'ils ont su comment tu étais arrivé dans les égouts?

-Non, dit-elle en inclinant la tête.

-Tu as été chanceuse alors…

-Pas vraiment, j'ai raté mon coup…

-Ah! Toi tu sais alors?

Il comprit à son regard, que la réponse n'était pas très rose;

-Je pensais souvent pas les égouts pour me faufiler dans les chambres libres du Chaudron Baveur, ça devait faire quatre jours que je n'avais pas mangé un vrai repas. Je pense que j'ai glissé et j'ai été emportée par le courant.

-Pourquoi tu faisais ça?

-Qu'est-ce que tu veux dire? Dit-elle avec le même ton impératif et neutre.

Il prit le temps de choisir ses mots avec soin;

-Pourquoi tu avais besoin de te glisser dans des chambres libres par la tuyauterie? Je veux dire, tu n'as pas été en orphelinat depuis que …

Criséis retourna ses yeux vers la fenêtre mais elle échangea tout de même un regard avec le jeune Potter dans le reflet. Elle sourit. Albus compatissait sans vraiment comprendre.

-Tu as passé les cinq années…sans maison?

-et deux mois… et moins de treize jours, rajouta-t-elle.

Elle prit un instant pour finir sa bouchée.

-Puis ensuite, des guérisseurs m'ont interrogé. Mon cas d'amnésie a alerté les travailleuses sociétales du ministère des sorciers nés moldus, des Orphelins et Naissances, et des aurores. On m'a donné quelques réponses sur mes parents vaguement et ils m'ont placé en partance de Poudlard. J'ai passé des qualifications écrites avant-hier et d'autres tests m'attendent.

Albus avait une très bonne écoute. Criséis ne put s'empêcher de sourire en le voyant hocher la tête.

-Donc, dans ta tête, tu as cinq ans? Concluait-il.

Elle rit puis il reformula;

-Pas cinq ans d'âge mental! Je veux dire, tu te souviens que cinq ans de vie?

Elle hocha la tête;

-Et tu n'avais pas été envoyé à Poudlard, parce que tes parents…?

-Je ne sais pas… J'ai passé ces cinq années à avoir peur d'être vue et reconnue. Les aurores ont défait un maléfice semblable à Imperium quand ils m'ont interrogé. J'ai passé cinq années à me penser poursuivie et recherchée. Cinq années horribles à avoir peur des sorciers autant que les moldus...J'ai traîné dans le Monde…effrayée, ensorcelée…

-Comment as-tu survécu dans le monde moldu sans magie?

Elle leva les joues dans un magnifique sourire et prit une bouchée de son affreux sandwich. Elle le laissa suspendre dans les airs et ouvrit de nouveaux sa robe dévoilant ses multiples baguettes :

-Qui a dit sans magie! Rit-elle.

-Mais la Trace? Demanda Al.

-Quelle Trace? S'interrogea Criséis.

-Mais la marque ? Pour tous les sorciers en bas de dix-sept ans?

Criséis ne savait pas du tout de quoi il parlait, c'était évident.

-Tu as quel âge vraiment? Demanda-t-il.

Elle était trop vieille pour être une première année mais elle n'avait clairement pas plus de dix-sept ans.

-On dit que j'ai quinze ans, mais je ne sais même pas quel jour est mon anniversaire...

-Donc tu es sensée l'avoir!

-Avoir quoi?

Albus expliqua l'enchantement du ministère qui détecte tous les jeunes sorciers qui font de la magie avant la majorité.

-C'est donc cela que les Aurores et Magistrats discutaient… J'ai entendu dire que ma naissance était dans aucun registre. Ce faisant, jamais la Trace n'aurait pu m'être imprégnée!

-Probablement! Conclut le jeune Potter. Une chance, je ne crois pas que tu aurais fait long feu avec ce maléfice et aucune magie!

Criséis eut un sourire triste et prit son sandwich au sang pour le terminer à coup de gorgée de bière au beurre.

-Désolé si je parle trop, mon père est un aurore et mes oncles des farceurs professionnels… Dire n'importe quoi et pauser les mauvaises questions, c'est de famille…

Criséis inclinant la tête, tel un pardon royal, la bouche pleine.

-Pourquoi as-tu des yeux de chat?

-Pourquoi as-tu des sourcils? Répliqua-t-elle du tac au tac.

Albus se permit un grand rire et prit une grande gorgée.

-Très bien, je suis cassé sur celle-là. J'en ai marre d'échouer. Toi, pauses-moi une question!

Elle réfléchit. Sa réflexion avait quelque chose de magnifique;

-Si tu pourrais, aimerais-tu avoir choisi une autre cabine?

Albus fut surpris de son sourire gêné. Criséis était peut-être bizarre, imposante avec sa rigidité mais il était content d'être le premier étudiant à poser ses yeux sur elle.

-Si je pourrais, je n'aurais pas fait le train au complet, je serais venu ici en premier!

Criséis leva les sourcils satisfaites;

-Pourquoi?

-Parce que tout le monde aime les nouveautés… et je suis le seul qui aura pu apprendre à te connaître avant que les rumeurs et des préjugés t'inventent une réputation de macabres serpentards.

Criséis rit;

-Voici le premier préjugé, comme si mes parents manges-morts feraient de moi une Serpentard à tout prix!

-Non, mais le fait qu'on parle en alternance au fourche-langue depuis presque quarante minutes prouvent quelque chose, dit Albus qui revient à l'anglais.

Ça fit un choc immense à Criséis;

-Comment tu as su que?

-Je me présente toujours en fourche-langue… J'aime que les gens pensent que je m'appelle Albus Severus Potter. Finit-il en langage des serpents.

Criséis sourit :

-Mais tu n'as même pas haussé un cil en voyant que je te répondais naturellement?

Elle prit une pause en faisant une moue : elle n'avait pas remarqué non plus.

-non, j'ai tellement peu d'occasion. Mon père ne pratique plus beaucoup. Sinon mon frère et ma sœur. Toi, tu sais où ça te vient, ou s'est perdu dans ta mémoire?

Criséis fit semblant de jeter de quoi derrière elle pour lui faire comprendre que c'était perdu.

-Triste, mais je suis content. On va pouvoir se siffler des réponses d'examens ou parler des autres dans leur face et non leur dos!

Criséis tendit la main;

-Marché conclu, fourche-langue-Potter!

Il scella leur marché informel en riant.

-Mon père a eu peur longtemps. Ce don venait de Voldemort et en l'ayant, il pensait que c'était un signe de retour ou je ne sais quoi… mais non, Voldemort n'est jamais revenu et ma sœur l'a eu aussi… Ça ne sert pas à grand-chose sauf effrayer les gens…

-Es-tu arachnateur aussi?

-C'est quoi? Demanda-t-il.

-Parler aux araignées.

- Non, ça, je n'en avais jamais entendu parler…

-J'ai toujours sur que j'étais Arachnatrice… mais fourche-langue ça m'est venu tranquillement en vieillissant...

-C'est super! Tu dois te surprendre toi-même à tout instant. Juste tantôt tu as fait léviter ton pain sans baguette, ça m'a impressionné!

-C'est parce que j'utilisé léviatar grativiam et non léviosa .

-Jamais entendu parler! Pourtant je suis le meilleur en lévitation de toute l'école!

-Ce n'est pas de la lévitation, c'est un changement de gravité. S'il n'y a pas de vent ou de forces conductrices, l'objet flotte indéfiniment.

-D'où tu sors ça?

Criséis leva un œil en l'air et ses pupilles de dilatèrent. Elle se plongea dans ses souvenirs;

-Tome Jaune des Sortilèges, Édition de 1815, pages 87

-Wô, connaître des sortilèges oubliés c'est une chose, mais les références exactes, c'est autre chose! S'impressionna-t-il.

Elle rit;

-C'est le bon livre, mais l'année et la page j'en ai aucune idée… mais le livre me semble de cet époque dans mon souvenir. Il était vieux… Il sentait le gin.

-Donc tu as des souvenirs ou c'est récent?

Elle soupira;

-en fait, j'ai des souvenirs … je n'étais pas une écervelée quand ils m'ont jeté dehors en disant de l'enfuir… Je crois que j'avais eu droit à une éducation à la maison très poussée… Je me débrouille en langues. Je connais probablement plus de sorts que tous les élèves de ce train réuni et pourtant, je ne sais pas ma date de naissance ni la couleur des yeux de mes parents, ni des murs de ma chambre d'enfance… Tout ce qui a quelconque notion de temps, est effacé mais le savoir est resté… Un maléfice d'oubli parfait je dirais… Je ne pourrais jamais dévoiler leur plan macabre!

Albus eut un petit rire gêné;

-Donc tu ne seras surement pas en cinquième année?

-en fait, je crois passer mes B.U.S.E cette année… sauf en Histoire et en Divination, pour ces matières mes tests m'ont prouvé que j'avais une expérience limitée. En botanique, je crois qu'on va me classer en troisième année. En potion, je ne suis pas encore sure.

-Tu vas avoir un horaire horrible, j'en suis persuadé! Rit le jeune homme en prenant une gorgée.

-En fait, je risque d'avoir plus de temps libre que tous les autres étudiants à ce que la directrice adjointe m'a dit.

-Tu as vu madame Crabe! Au moins, tu n'as pas suffoqué!

-je ne suis pas la seule à trouver qu'elle pue! J'ai le nez fin mais elle, peurk, on dirait qu'elle est allergique au savon!

Ils rirent de leur infamie;

-Dis-toi que si une sœur de suivants de Voldemort peut codiriger Poudlard, personne n'aura rien à battre de tes parents… Tu ne t'en souviens même pas de toute façon.

Criséis sourit;

-Belle manière de penser.

Au loin, on commença à voir les hautes tours de Poudlard dans le crépuscule. Albus s'approcha de la fenêtre;

-Ça fait cinq fois que je reviens à Poudlard …et ça m'impressionne toujours…

Criséis eut les pupilles dilatées comme un chat qui se prépare à bondir sur sa proie. Albus ne put s'empêcher de la trouver magnifique dans sa félinité, comme une petite créature toutes griffes sorties qu'on veut pourtant protéger. Dans la laideur de ses yeux cernés, sa maigreur de cancéreuse et son attitude impérative il y avait quelque chose de fascinant.

-Dis-moi… pourquoi as-tu cinq baguettes alors?

-Je ne sais pas trop… J'ai eu une phase que je me promenais dans les cimetières de sorciers à la recherche de …Je ne sais pas en fait, dans ma confusion il me prenait des envies incontrôlables comme des tiques nerveux. Durant un mois j'ai déterré des cercueils frais pour voler des baguettes qui me plaisaient. La baguette que mon père m'avait donnée me jouait des mauvais tours et j'ai eu l'idée d'en piquer une à un cadavre. Ce n'est pas parce qu'on l'enterre avec qu'elle ne marche plus! Alors je m'en suis déterré une…puis elle ne m'allait pas mieux… Je pense que j'ai passé un mois complet à chasser tous les enterrements. Un moment donné, j'en avais plus de cinquante mais je suis revenue à moi. C'était fou, un mois complet à presque pas dormi, manger, à feuilleter les chroniques nécrologiques de la Gazette. J'en ai gardé que trois, puis celle de mon père par nostalgie.

-et la cinquième? Rit Albus

-Je l'ai fabriqué. Ça c'est la mienne! La vraie!

La jeune sorcière sortit une magnifique torsade blanche et la présenta au jeune Potter;

-C'est quoi ce matériel? Demanda-t-il.

-Ivoire de Narval et cheveux de sirène. Je l'ai fabriqué moi-même.

Potter présenta la sienne;

-Ce n'est pas aussi cool, mais prunelier et dent de basilic…de chez Ollivander Jr.

Criséis rit;

-Chaque baguette est cool, Albus Severus Potter, parce qu'elle est toi. Le Prunelier c'est un symbole de guerrier et la dent de basilic… wow, si c'est elle qui t'a choisi, ça dit plein de choses sur toi!

Le garçon rougit;

-Je me débrouille l'épée, dit-il fièrement.

La jeune sorcière piaffa. Un rire pour une fois jeune et sincère, sans retenue;

-À quoi ça te sert d'être un bretteur, tu as peur de te ''molduiser''?

Albus leva les yeux vers le ciel et s'adossa avec malaise;

-tu ne riras pas de moi?

Criséis leva son gobelet en signe de respect;

-Quand j'étais enfant, j'avais une peur…Mon frère faisait déplacer des meubles à l'âge de 3 ans et ma sœur encore bébé créait des modules en lévitation avec ses jouets en dormant! Je devais avoir 8 ans et je me réveillais en peur…

-Tu avais peur du noir?

-non, j'avais peur d'être cracmol… Je ne sentais pas la magie et aucun de mes actes de volonté ou d'émotions n'avait prouvé de magie en moi. Je parlais fourche-langue mais mon père disait que la tante de Voldemort était cracmol et comprenait le fourche-langue pareil…J'étais furieux et plein d'angoisse. Alors mon père a pris une semaine de congé, il est parti avec moi seul. Il avait amené des épées de bois. Il m'a dit que si j'étais un cracmol, il allait apprendre à me défendre avec des épées anti-magiques. Alors voilà. À la fin des vacances, j'étais devenu un as à l'épée. Mon père m'a lancé un sort par surprise et j'ai échappé mon épée. Sans le vouloir, je me suis fait un Protego et voilà, je n'étais pas un cracmol!

Criséis sourit;

-C'est beau.

Elle tourna son regard triste vers son sac.

-Je crois que mon père avait peur que je dévellope un Obscuriel… En fait… Soupira-t-il.

Il la regarda observer la garre avec émerveillement.

-Tu sais, ma tante Hermione est la meilleure incantatrice d'oubli de tout l'Angleterre.

Criséis retourna son regard vers le jeune homme, interrogative;

-Si tu veux, je peux lui demander de voir ce qu'elle peut faire. Elle a déjà effacé son souvenir de la vie entière de ses parents et de leur entourage. Après la guerre, elle a recollé tous les morceaux … Elle a aussi arrangé Pr. Lockhart plus tard. Il a peut-être de quoi à faire pour retrouver tes beaux souvenirs d'enfance.

Elle sourit;

-On m'a déjà dit que mes souvenirs n'avaient pas été effacé…c'est un sortilège si bien préparé qu'on dirait qu'ils n'ont jamais existé.

-Vaut le coup d'essayer! Proposa-t-il.

Ils entendirent les cris de joies des étudiants. Le train freinait. Albus haussa les épaules et se releva. Il sortit sa baguette et incanta un sort lave-vaisselle sur son gobelet. Criséis lança le sien. D'un réflexe sportif, il l'arrêta dans l'air et le lava avant de l'envoyer dans son sac. Le temps d'avoir le dos tourné, Criséis avec été avalée par la foule jamais existé.

-Vaut le coup d'essayer! Proposa-t-il.

Ils entendirent les cris de joies des étudiants. Le train freinait. Albus haussa les épaules et se releva. Il sortit sa baguette et incanta un sort lave-vaisselle sur son gobelet. Criséis lança le sien. D'un réflexe sportif, il l'arrêta dans l'air et le lava avant de l'envoyer dans son sac. Le temps d'avoir le dos tourné, Criséis avec été avalée par la foule enthousiaste.

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