Note de l'auteur :
OS se situant après la fin de Awakening, où Daraen s'est sacrifié. Cette fanfiction est basée sur le couple m!Chrobin (Daraen homme x Chrom). Léger AU ; les enfants du futur ont tous disparus après le sacrifice de Daraen à cause d'un bouleversement temporel.
Malgré les cinq années depuis ma première partie, la fin m'émeut toujours autant. Je profite également de cette introduction pour souligner qu'il est canon que Daraen aime plus que tout son mari/son épouse. Dans son épilogue, quel que soit son partenaire, il est dit que les bardes et autres historiens ne sont pas d'accord au sujet de sa personnalité mais que tous s'entendent sur le fait qu'il aimait son mari/son épouse plus que tout.
Lucina est la fille de Chrom et Linfan le fils de Daraen, tous deux nés de la même mère porteuse.
Pour le pendentif musical cité dans l'histoire, je voulais l'insérer dans une fanfiction plus grande pour laquelle je manque de temps. Il joue le thème ID Purpose sous forme de berceuse. Une belle version existe sur youtube (Id (Purpose)/Fire Emblem Awakening [Music Box]).
Avertissement :
Fire Emblem Awakening est la propriété de Nintendo. Seul le scénario m'appartient, sinon m!Daraen et Chrom serait le seul couple canon.
Chrom resserre l'étoffe contre lui. Le manteau de Daraen ne lui laisse qu'une maigre consolation. Le prince voudrait tant que son mari soit logé dans ses bras, et non son vêtement.
Un an que le stratège a disparu. Douze mois de douleur et de tristesse sans fin. Daraen a décidé de se sacrifier pour anéantir Grima. Son époux ne lui avait rien dit de ses intentions. Chrom savait que cela lui tournait en tête.
Ô combien il a cru naïvement qu'il avait réussi à le convaincre de le laisser asséner le coup final à Grima. Sa lame, Falchion, pouvait endormir le dragon déchu mille ans durant.
Naga avait dit que Daraen pourrait revenir, mais cela n'était qu'un mensonge.
Le prince inspire profondément l'odeur du vêtement. Son cœur se serre. La fragrance de Daraen a presque quitté le tissu. Chrom se doutait que cela arriverait un jour ou l'autre. Il espérait pouvoir apprendre à s'en sevrer.
Un autre mensonge. Jamais il ne pourra se passer de Daraen. Son mari est tout pour lui. Son autre moitié. Son meilleur ami et son amant.
Le goût de ses lèvres et la chaleur de son corps lui manquent tant.
Chrom est terrifié à l'idée d'oublier un jour le son de sa voix, l'éclat de ses yeux et son rire malicieux.
Le prince pose doucement le vêtement autour de ses propres épaules, essayant d'imaginer les bras de Daraen l'entourer. Un substitut très éloigné de la réalité.
Il ne s'agit même pas du manteau que Daraen portait à sa disparition. Il s'agit de l'une de ses tenues de rechange. Chrom interdit à quiconque de la toucher, et encore moins aux servantes de le laver.
Les ministres du conseil royal lui proposent depuis quelques semaines des femmes nobles à épouser. Chrom est bien conscient que ses conseillers n'ont jamais apprécié qu'il épouse un homme. Un plegien, un étranger amnésique et issu du peuple. Lors de la dernière réunion ses ministres lui ont affirmé qu'il devait épouser un membre de la noblesse, il leur a rétorqué que Daraen était le fils du dernier roi plegien. Cela leur a fait grincer des dents et leur grimace a été plaisante à voir.
Chrom se lève, abandonnant le manteau sur le lit. Il se dirige vers un petit meuble et cherche le carnet de stratégie de son mari. Il tourne les pages jusqu'à la dernière, entièrement griffonnée d'une écriture maladroite et tremblante.
Le prince ne l'a découverte que quelques semaines après son retour à Ylisse. Il voulait relire les notes de son époux, lire tout ce qu'il avait laissé derrière lui. Ressentir ses pensées et ses sentiments. Se donner l'impression d'être avec lui.
Le prince avait été très surpris de découvrir une lettre à la fin du carnet. Un message qui lui était destiné. Daraen l'avait écrit quelques heures avant le combat contre Grima, avant leur dernière nuit.
Chrom aurait dû comprendre pourquoi Daraen avait été affectueux lors de leur dernière nuit. Pourquoi ses yeux s'étaient temporairement recouverts d'un voile d'eau. Chrom l'avait bien remarqué mais Daraen assurait que c'était à cause de l'angoisse du jour à venir.
Non. Daraen savait qu'il n'allait pas revenir. Il voulait que leur dernière nuit soit inoubliable. Chérir une dernière fois Chrom.
Le prince commence à lire la page devenue presque illisible à cause des larmes versées. Il connait les tracés par cœur, il complète de lui-même les syllabes manquantes.
Chrom, mon cher Chrom.
Je n'aurais jamais les mots pour dire ce que je ressens pour toi et pour m'excuser de t'avoir laissé seul. Je suis un lâche et un égoïste. Je ne pouvais pas laisser Grima agir.
Je sais que tu aurais pu sceller Grima pour mille ans de sommeil. Epargner ma vie pour mille ans de paix.
Mais je ne pouvais me résoudre. Un descendant de la sainte-lignée, de Lucina sans doute, devant lever sa lame contre un nouveau réceptacle, un descendant de Linfan ? Non, je refuse d'offrir un tel avenir à notre descendance, aux générations à venir.
Je suis partiellement Grima. Je n'ai pas choisi de l'être mais je peux décider de mettre fin à sa désolation. J'ai la possibilité d'offrir un avenir meilleur à tous.
Chrom, je ne pourrais jamais assez te remercier pour ce que tu as fait pour moi, pour tout ce que tu m'as donné. Je sais que tu seras un grand roi, juste et bon. C'est ta gentillesse qui m'a fait tomber amoureux de toi. La gentillesse dont tu faisais preuve envers moi, mais aussi envers les autres, que ce soit tes amis ou de simples étrangers, comme je l'ai été autrefois.
Tu représentes tout pour moi. Ma vie a commencée à tes côtés et je ne peux imaginer une vie sans toi.
Je veux que tu sois heureux Chrom. Je sais que mes dernières pensées auront été pour toi. Je serais toujours l'épée qui te protège et le vent qui te pousse.
Puissons-nous revoir et être ensemble dans une vie meilleure.
Je t'aime Chrom
Daraen
Comme à chacune de ses lectures, les larmes tombent et s'écrasent sur les mots, effaçant davantage l'encre. Chrom repose le carnet, essuyant maladroitement ses larmes.
Daraen ne le savait pas, comme tous les autres futurs parents. Occire Grima, le dragon déchu, à créer un bouleversement temporel. Tous les enfants ont disparu peu de temps après Daraen. Lucina et Linfan se sont évaporés quelques heures après le stratège.
Sans Daraen, Linfan ne pourra jamais exister. La lignée du sang déchu s'est éteinte avec lui.
Il ne lui reste plus que sa petite fille, Lucina. Trop jeune pour se souvenir de Daraen, pour connaître le héros qui lui a offert un avenir.
Il a déjà perdu sa sœur aînée. Il s'était promis de plus perdre personne. De devenir plus fort pour protéger ceux qu'il aime.
Sans Lucina, sans sa sœur Lissa, Chrom ignore à quoi il s'attacherait. Daraen l'aidait à porter le fardeau royal.
Chrom inspire et expire pour calmer ses nouvelle journée de labeur en tant que dirigeant se prépare. Daraen attendait de lui qu'il soit un bon roi.
Chrom s'est promis de devenir ce grand roi. C'est la moindre des choses qu'il puisse faire pour honorer son sacrifice.
Pour rien au monde Chrom ne commencerait une journée sans voir Lucina. Le prince tend ses doigts que sa fille attrape de ses petites mains boudinées. Il s'agit de l'un des rares moments de la journée où Chrom parvient à se détendre et à sourire.
Lucina et Linfan du futur ont disparu. Elle est à présent son unique enfant. Cela l'a beaucoup affligé, comme tous les autres parents, de voir disparaître la génération future. Naga leur a assuré qu'ils connaissaient les conséquences et qu'ils laissent un monde meilleur à leur homologues du passé.
Sauf Linfan qui ne pourra naître sans Daraen.
– Pa...pa.
Les rares mots de Lucina sont encore très hésitants. Le père est fier et heureux chaque fois qu'il entend sa fille parler.
Daraen n'a pas eu la chance d'entendre ses premiers mots.
– Pa..pa.
Chrom espère de tout son cœur que sa fille n'aura pas une vie aussi dure que son double du future. Qu'elle n'aura pas à manier Falchion pour survivre. Que son enfance sera paisible.
Le prince s'est juré de parler tous les jours de Daraen à Lucina lorsqu'elle sera en âge d'écouter des histoires.
Lucina ne se rappellera peut-être pas du visage de Daraen mais elle saura tout l'amour qu'il lui portait.
– Da...da.
Chrom est perturbé par les syllabes que sa fille vient de prononcer. Il ne les a jamais entendu de la bouche de Lucina. Cela ressemble beaucoup à la façon dont elle l'appelle d'habitude mais est à la fois tellement différente.
– Dada.
Le père se demande un instant si Lucina n'essaye de pas de dire à sa manière cheval. Puis, soudain, la révélation le frappe.
Lucina appelle Daraen.
– Dada !
Le cœur de Chrom se serre douloureusement. Il a l'impression de ne plus pouvoir respirer. Les larmes glissent sans prévenir sur ses joues. Sa vue se brouillent rapidement. Le prince recule sa tête pour ne pas mouiller le visage de sa fille.
– Pardon Lucina... Pardon... Je suis tellement désolé... Je n'ai pas su l'empêcher de...
Chrom s'écarte du berceau, incapable dire un mot de plus. Il ne veut pas que sa fille le voit dans cet état, même si elle n'est très certainement pas en mesure de comprendre.
Daraen passait énormément de temps avec Lucina. Chrom, durant les deux ans de paix entre les guerres de Plegia et de Valm, avait très peu de temps libre. Son nouveau rôle de dirigeant était alors très lourd. Chrom devait reconstruire le royaume et Daraen n'a jamais eu le droit de participer aux réunions.
Le stratège s'occupait plus de Lucina que Chrom durant cette période. Le prince s'en voulait beaucoup de ne pas avoir plus de moments à accorder à sa fille et à son époux.
Daraen lui certifiait qu'il pouvait être patient, qu'il comprenait qu'il doive faire passer le royaume avant lui. Chrom lui promettait alors que ce ne serait que temporaire.
Le prince regrette de ne pas avoir trouvé plus de temps pour son stratège.
Quelques heures plus tard, Chrom est assis, seul face à l'immense table servant aux repas royaux. Lissa est absente depuis plusieurs jours, en visite dans un prieuré d'une ville voisine. Depuis un an, sa sœur s'absente régulièrement pour soigner les victimes de la dernière guerre.
A chacun de ses départs, il l'implore de se renseigner auprès des habitants. Savoir si Daraen n'a pas été aperçu. Chrom attend avec hâte ses retours. Il imagine parfois Lissa revenir en compagnie de son époux. Il se plait à penser que Daraen se jetterait immédiatement dans ses bras, interrompant parfois même une réunion ennuyeuse.
Lissa revient toujours sans nouvelles.
Le prince n'en veut pas à sa sœur de le laisser seul. S'il était libre de ses déplacements, s'il ne devait pas gérer le royaume, il irait aussi veiller à la paix et au bien-être de son peuple. Emmeryn n'est plus là pour régner. C'est à lui que le devoir royal incombe.
Après la guerre de Plegia, Chrom devait aussi rester au château pour diriger Ylisse. Le prince le supportait, grâce à la présence de Daraen.
Une importante partie des Veilleurs, les amis de sa milice, ont quitté le château. Certains sont retournés à leur ancienne vie, comme Virion ou Gregor, et d'autres sont partis fonder leur propre famille comme Sully.
Un serviteur vient lui apporter son repas sans une parole. Il part aussi vite qu'il n'est venu. Chrom n'a pas le temps de le remercier. Il espérait n'importe quel mot de l'homme, n'importe quoi pouvant briser ne serait-ce qu'un instant sa solitude.
Le plat qu'il lui a été servi est une tourte aux anguilles. Le repas préféré de Daraen. Le prince plante ses couverts à l'intérieur. Il n'apprécie pas réellement ce met. Ses préférences reviennent aux tourtes à la viande ou aux repas comportant de la venaison.
Ses cuisiniers ont préparé le déjeuner selon ses propres souhaits. Il doit s'agir du plat que Chrom demande le plus. Il sait pourtant qu'il n'en mangera pas la moitié.
Le prince abandonne rapidement son repas après quelques bouchées. Préparé exactement comme son stratège aime. Daraen se serait régalé.
– Votre altesse ?
Chrom remarque Frederick. Il ignore depuis combien de temps il est là. Le chevalier porte un objet enroulé de tissu. Le paquet est tenu avec beaucoup de délicatesse.
– Je me permets de vous interrompre comme vous aviez hâte de le retrouver réparé. Les engrenages ont été remis à leur place et le mécanisme fonctionne à nouveau.
– Merci.
Le prince défait le paquet avec douceur et récupère l'objet qu'il protégeait. Il s'agit d'un médaillon musical de forme ronde et doré. Chrom passe sa main sur le couvercle. Le dessus est modestement décoré par un cercle de couleur noire. Des petits oiseaux dansent sur le vernis sombre.
Chrom tourne une petite poignée actionnant ainsi le mécanisme.
Une douce berceuse s'élève doucement.
– Merci beaucoup Frederick, l'artisan a réalisé un excellent travail.
– Je l'ai soigneusement nettoyé avant de l'apporter.
– Merci pour cette attention.
L'objet appartient en réalité à Daraen. Chrom lui a offert pour son premier anniversaire. Chrom avait décidé que la date de leur rencontre remplacerait le jour de la célébration de sa naissance.
Quelques jours avant qu'il organise une petite fête surprise pour son époux, ils s'étaient rendu ensemble dans le quartier commerçant de la capitale. En entendant la musique du médaillon, sans raison apparente, Daraen s'était mis à pleurer. Le stratège ne comprenait pas pourquoi et ne pouvait pas s'en empêcher. Chrom était revenu plus tard, sans Daraen, pour interroger le vendeur. Le prince lui avait immédiatement acheté en apprenant qu'il s'agissait d'une berceuse plegienne. Les indices indiquant les origines plegiennes de Daraen étaient déjà nombreux. Chrom reste convaincu que cette musique est liée au passé de son époux.
Daraen craignait de perdre le pendentif durant la guerre de Valm. Il l'avait laissé au château ylissien dans leur chambre.
Par mégarde, il y a quelques jours, Chrom a fait tomber le pendentif par terre. Le prince s'en voulait d'avoir endommagé le précieux bijou de son époux. Les rouages étaient pour la plupart éparpillés au sol. Chrom a immédiatement chercher quelqu'un en mesure de le réparer. Daraen ne l'a jamais utilisé en bijou mais il appréciait énormément sa berceuse. Il aurait été peiné de voir son pendentif dans cet état.
Lorsque Chrom termine sa dernière réunion, les derniers rayons du soleil déclinent. Le prince pénètre dans ses quartiers, épuisé. Il se dirige vers son lit, désirant se reposer un peu avant le dîner.
Les servantes ont changé les draps et nettoyé sa chambre. La propreté impeccable lui rappelle qu'il est seul. Aucun livre ou parchemin de Daraen n'est égaré dans la pièce.
Chrom réalise alors que le manteau du stratège a disparu. Il n'est plus posé là où il l'avait laissé.
Le prince bondit de sa couche, furieux. Les serviteurs savent parfaitement qu'ils n'ont pas le droit de toucher le vêtement de son époux.
Pour Chrom, il est clair qu'une servante l'a emporté pour le nettoyer. Il n'aurait jamais dû le poser sur son lit aux draps défaits.
Il espère qu'il n'est pas trop tard, que le manteau de Daraen n'a pas déjà été lavé par les lavandières. Il veut sentir encore l'odeur de son époux. C'est la dernière chose qu'il lui donne l'illusion qu'il ne l'a perdu pour toujours.
La porte des quartiers princiers vole presque en éclats contre le mur. Le bois semble exprimer sa douleur contre la pierre, tant le bruit de craquement est fort. Chrom ne se retourne pas pour voir les dégâts.
Il court en direction de la lingerie ignorant tout ce qui se trouve sur son chemin. Quelques marches manquent de le faire tomber mais cela ne ralentit pas sa course pour autant.
Soudain, le prince aperçoit une jeune servante portant un panier de linge. Il bondit presque sur elle. La femme surprise, manque de faire tomber sa panière. La colère luit dans les yeux de son monarque.
Il ne faut quelques secondes à Chrom pour apercevoir l'objet chéri.
– Vous savez pourtant parfaitement que j'interdis de toucher à cela !
La servante est effrayée. Chrom est connu pour être un prince d'une grande gentillesse. Bien qu'elle soit rarement en sa présence, elle ne l'a jamais vu être aussi furieux.
– Je suis désolé... Je croyais...
– Non !
La voix de Chrom résonne dans le couloir. La jeune femme n'ose rien ajouter. Elle n'a fait que respecter les consignes qui lui ont été données. Son travail, rien de plus.
La servante voit la main de Chrom se lever dans sa direction. Un petit cri de peur s'échappe de ses lèvres.
Aucun coup ne vient. La lavandière est soulagée de constater que son maître a juste récupéré le manteau.
– J'espère que cela n'arrivera plus.
– Je... Oui... je vous le promets.
La colère de Chrom fond immédiatement. Le prince retourne en direction de ses quartiers. Voyant que le prince a complètement détourné son attention d'elle, la femme se hâte de quitter le couloir. Elle ne souhaitait pas provoquer le courroux du dirigeant d'Ylisse. Son travail l'attend, et elle ne préfère pas s'attarder plus en sa présence.
Chrom ignore complètement le départ de la femme. Son corps est envahi par un sentiment de soulagement et d'apaisement. Sa réaction a été un peu extrême, mais il a vraiment eu peur de plus sentir l'odeur de son cher époux.
Le prince caresse le tissu du vêtement. Le parfum disparaîtra un jour ou l'autre. Il devrait peut-être l'apporter à Lucina, pour qu'elle l'aider à garder Daraen en mémoire. Elle se souvient encore de lui mais cela ne dura peut-être pas longtemps.
Le prince relève la tête, entendant le pas caractéristique de Frederick. Son chevalier arrive dans sa direction. L'homme le regarde, inquiet.
– Tout va bien votre Altesse ? Je vous ai entendu crier.
– Je me suis emporté contre une servante, rien de grave de n'inquiète pas.
Le regard de Frederick dévie sur le vêtement tenu soigneusement par son maître. Il comprend immédiatement ce qui est arrivé.
Il sait parfaitement ce qu'éprouve Chrom pour Daraen. Le prince souffre depuis un an de la disparu de son précieux stratège.
– Tu voulais quelque chose Frederick ?
Le chevalier hoche la tête.
– Votre présence est requise.
– Un événement grave s'est produit ?
– Vous expliquez serait trop long. Ils le feront mieux que moi. Si vous voulez bien me suivre.
Chrom ne parvient pas à lire les émotions de Frederick, le chevalier se retourne et part dans le couloir. Quel que soit le problème, il doit le régler. Il s'agit de son devoir en tant que futur roi.
Le prince est prêt à excepter la couronne qu'il a longtemps refusé par respect pour sa sœur.
Il aurait cependant souhaité que Daraen soit là pour l'épauler, se tenir à ses côtés et le guider.
Chrom jette un regard au manteau de son époux. Il remarque alors que le vêtement est sale, taché de boue. Le prince sent la colère bouillir de nouveau en lui. Il comprend alors pourquoi la servante tenait à le nettoyer. Quelqu'un, peut-être même elle, a osé le toucher et l'a souillé. Elle voulait sans doute dissimuler à ses yeux cette erreur ou couvrir quelqu'un.
Il porte le tissu à son visage pour sentir son parfum rassurant. L'odeur de Daraen est forte. Trop forte. Il ne la sentait presque plus le matin même. L'incompréhension le parcourt.
Ses pensées sont interrompues par un jeune garçon maladroit qui le bouscule. Ses bras sont chargés par un impressionnant plat de venaison. La taille de l'adolescent est si petite que sa tête est à peine visible derrière la viande.
– Pardon votre Altesse !
Le serviteur continue son chemin immédiatement, occupé à ne pas perdre l'équilibre et ne pas renverser son chargement. Chrom s'aperçoit qu'il emprunte la même direction qu'eux. La confusion est totale dans son esprit. Il se rappelle alors des paroles de Frederick qui tente de cacher son visage.
– Nous avons des invités importants ? Ce sont les personnes qui sont censés m'expliquer le problème pour lequel tu es venu me prévenir ?
Le chevalier échappe un sourire alors qu'il se tourne pour faire face au prince..
– Oui. A votre place je me hâterai. Vous regretteriez de les faire patientez.
Chrom n'apprécie pas d'être laissé dans l'ignorance ainsi. Si les invités sont si importants que cela, il doit connaitre leur identité afin de se préparer, ne pas commettre d'erreur diplomatique.
Les deux hommes atteignent la salle de repas royal. Frederick tend les bras vers Chrom avant de pénétrer dans la salle. Le prince comprend qu'il veut récupérer le manteau de Daraen. Pendant un moment, il a presque oublié qu'il le tenait encore. Ses invités trouveraient cela étrange.
Chrom sait que le chevalier prendra soin du vêtement et lui confie sans hésiter.
Frederick ouvre ensuite la porte pour son maître. Chrom entre dans la salle et remarque que le chevalier n'a pas annoncé sa présence.
Son regard parcourt la pièce. Un repas somptueux, digne des grands événements est dressé. Plusieurs cruches de vins ont été posé à côté de venaisons et de plats minutieusement préparé.
Le regard de Chrom ne s'attarde pas sur les plats mais sur les deux personnes assises.
La première est sa sœur à laquelle il sourit immédiatement. Chrom est heureux de la revoir, de la savoir de retour du prieuré. Son visage est radieux.
La seconde personne se lève lorsque le regard de Chrom se pose sur elle. Le prince sent alors son cœur se serrer. Toute trace de constance disparaît de son comportement en voyant ses yeux sombres et ses cheveux blancs.
Il court dans sa direction et le prend dans ses bras. Son étreinte est aussitôt rendue.
– Daraen... C'est bien toi...
– Je suis de retour Chrom.
Le stratège se sent étouffé dans les bras de son mari. Chrom le soulève presque du sol, Daraen devant se tenir sur la pointe de pieds avec difficulté.
– Tu m'as tellement manqué...
Chrom embrasse Daraen sur la bouche alors qu'il s'apprêtait à lui répondre. La douceur de ses lèvres lui ont manqué bien plus qu'il ne pouvait le réaliser. Il n'a pas envie de les lâcher, il veut les mordre, les faire siennes.
Il glisse ses mains sur les joues de Daraen. Les extrémité de ses cheveux blancs caressent ses doigts. Le contact est agréable, doux et soyeux.
– Je suis si heureux de te retrouver Chrom.
– Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manqué, tu pourras jamais savoir combien je souffrais que tu ne sois pas avec moi...
– Je ne te quitterai plus.
Le prince prend la main droite du stratège. Sa peau est immaculée, dénuée de toute trace. Chrom met un genou à terre. Il attrape sa main et la tend contre ses lèvres. Il l'embrasse doucement le dos pâle.
Le baiser ne dure que quelques secondes.
– Mon autre moitié, le vent qui me pousse et l'épée qui me protège...
Le prince se relève. Il profite de l'effet de surprise de son mari, et le soulève, un bras sous ses jambes, et l'autre sous son dos. Le stratège échappe un petit cri de surprise. Daraen entoure son cou pour se stabiliser et se tenir pour ne pas tomber.
– Nous avons du temps à rattraper tous les deux.
Lissa pousse un petit toussotement en direction de la porte. Chrom regarde à peine Frederick, rester à l'entrée. Le chevalier souhaitait voir son maître de nouveau heureux. L'homme observe son maître agir comme s'il était seul avec son mari, le couvrant de son affection débordante.
Le prince marche dans sa direction, souhaitant emporter le stratège dans ses quartiers et le garder quelques instants rien que pour lui.
Chrom ignore tout à présent. L'unique chose qui l'importe est de savoir que Daraen est de nouveau avec lui. Le reste peut bien attendre un peu.
