Disclaimer : Albator, Warius Zéro, appartiennent à son créateur, M. Leiji Matsumoto.
Les autres sont à moi
I.
Lumineuse et majestueuse, la déesse dorée apparut au-devant du visiteur qui était revenu la voir.
- Je vous attendais, capitaine Albator.
- J'ai décidé d'accepter votre offre, fit respectueusement le grand Pirate balafré, un genou au sol, la nuque légèrement ployée, lui qui n'avait jamais accepté de s'exposer ainsi – sauf peut-être un jour, pour une demande en mariage qui n'avait jamais abouti.
- Je ne perçois pas les échos de vos membres d'équipage, reprit la Souveraine de la planète idéale.
- Je leur ai laissé la liberté de décider. L'univers que j'ai connu renaît sans les despotes. Ils ont décidé d'y tenter leur chance. Je suis seul, avec l'âme immortelle de mon ami dans l'ordinateur central de mon Arcadia. Puis-je… ?
- C'était ma proposition dû sourire la Déesse en dépit de son absence de bouche. Je ne peux me parjurer ! Vous êtes à nouveau le bienvenu. Vous pouvez demeurer ici et vous reposer.
Des suivantes, au service de la Déesse les escortèrent. Albator se tourna vers celle qui l'accompagnait de son irradiante aura bienfaisante.
- Me sonderiez-vous, Déesse ?
- Mon intuition ne m'avait pas trompée, l'autre fois, même si nous ne nous étions entrevus que quelques minutes. Vous avez une extrême sensibilité à mon monde. Ce ne fut pas un hasard si de tous ceux des vôtres, c'est vous qui avez trouvé le chemin de mon monde !
- Je vous sens curieuse, inquiète surtout, Déesse. Pourtant, comme vous venez de le rappeler, c'est vous qui m'avez invité ! glissa Albator, avec une malice involontaire.
- Je suis avant tout étonnée, capitaine. Pourquoi avoir pris cette décision de vous réfugier dans mon Sanctuaire ?
- Un Sanctuaire ? Je n'aurais jamais usé de cette appellation. Elle est pourtant la plus juste qui soit, à la réflexion ! Un refuge, un havre de paix. Oui, c'est bien cela que je suis venu rejoindre !
Devant les portes des appartements qui allaient être les siens, Albator s'arrêta, pivota sur lui-même dans le claquement de ses éperons.
- J'ai vu et enduré trop de choses, en trop peu de temps. Je suis fatigué, terriblement. L'Arcadia est une effroyable machine de guerre que mon ami Toshiro a construite. Je ne veux pas qu'elle serve, à qui que ce soit, si je ne pouvais plus la défendre et empêcher qu'on ne l'arraisonne. Je formule donc la requête de le mettre ici en sécurité.
- De le cacher ?
- Oui, on peut dire ça… Mais je ne le vois néanmoins pas sous cet angle. Je souhaite juste qu'on ne puisse s'en servir pour de noirs desseins, et moi le premier !
- Vous ? s'étonna sincèrement la Déesse alors que les portes s'ouvraient sur un appartement largement éclairé, au mobilier de bois doré, aux coussins moelleux, aux drapés apaisants dans leurs plis parfaits, les fleurs diffusant un serein parfum. Je ne comprends pas.
Le Pirate tout de noir vêtu, à la chevelure caramel en bataille, le col et la cape doublés de rouge, se détourna légèrement.
- J'ai quitté la Terre le cœur malmené, une fois. J'y suis revenu, et je l'ai quittée à nouveau, le cœur déchiré avec le corps de ma bien-aimée. A mon retour j'ai anéanti avec votre aide les monstruosités qui l'avaient dévastée, et je suis reparti en ne laissant plus rien derrière moi. Aucun passé, aucun avenir, aucun espoir. J'ai senti mon cœur se fermer, se blinder, devenir dur comme l'acier le plus résistant. Je crois qu'on peut dire que j'ai eu peur de devenir comme ceux que j'avais défaits ! J'ai eu peur de moi, Déesse. Je ne veux pas devenir le bourreau de mon monde, après avoir été son sauveur même si personne ne se souvient guère de mon action, me considérant davantage comme un Pirate ! Ici, dans votre paradis, Déesse, je pourrai me faire oublier, cela épargnera sans doute mon équipage dispersé de toutes représailles de la part de ceux qui se rappelleraient peut-être… J'ai été un souvenir, je serai sous peu totalement oublié, avec votre accueil.
- Vous êtes mon hôte. Autant de temps que vous le désirerez.
- Merci, Déesse Dorée.
- Je m'appelle Lumiane. Restez, reposez-vous. Pour ce jour et toute l'éternité si c'est votre désir. Mais…
- Mais ?
- Mais vous ne changerez jamais rien à ce que vous êtes : un guerrier du Bien ! Vous êtes venu à temps, avant que d'autres combats ne vous transforment, ne vous transmutent en fureur noire pure un jour ! Mais…
- Mais ?
- Mais votre salut est déjà en route, depuis un moment déjà !
- Non sans vouloir vous manquer de respect, vous vous trompez ! Il n'y a plus que moi.
Prenant le hanap tendu par une Suivante, Albator but ses premières gorgées de Nectar de Vie.
Deux ans plus tôt.
Maya eut un dernier regard pour le nouveau-né.
- Alérian, tu es magnifique !
Le soldat de La Rose serra doucement le bébé dans sa couverture.
- Je peux… ?
- Oui, emmenez-le en lieu sûr. Le Japon est les bases Illumidas ici sont une menace pour lui. Personne ne doit savoir. Je reviendrai après la guerre. Et là nous serons une famille, avec Albator.
- Je vous jure de veiller sur Alérian jusqu'à votre retour ! Albator ?
- Nous avons toujours eu si peu de temps, entre deux de ses vols, ces dernières années. Là, je l'attends avec son tout nouveau Deathshadow. Peut-être pourrons-nous enfin construire quelque chose ! ? Et cette fois, il se pourrait que j'accepte sa demande en mariage !
- Allez-vous lui dire, pour Alérian ?
- Si j'en ai le temps.
Maya n'avait pas eu le temps.
