PROLOGUE
Il était encore là. Il était revenu. Avant, il faisait partie du paysage, au même titre que les pierres qui ornaient chaque mur. Aujourd'hui, sa présence ici était inattendue.
Le nez dans son écharpe, enfoui dans un grand manteau gris. Les yeux rougis. Peut-être par le froid, peut être par le chagrin. Il m'adressa un bref signe de tête. Comme d'habitude.
Il faisait froid, l'atmosphère blanchâtre donnait au cimetière une toute nouvelle dimension. Au bout d'un certain temps, il détourna ses yeux de la tombe et s'avança vers moi.
Pour que mon récit soit cohérent, je dois remonter quelques années en arrière.
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J'allais souvent me recueillir sur la tombe de mes parents. Cela me permettait aussi de me vider l'esprit. Je pensais à ce que ma vie aurait pu être. Mais pas tout le temps. Des fois je m'allongeais, seulement, regardais passer les nuages, les gens.
J'aime les cimetières. Les aurais-je aimé si je n'avais pas tant eu l'occasion de les fréquenter ? Impossible à savoir.
Le silence religieux, les volutes de magie qui flottent et la pierre des tombes donnent une ambiance sinistre, en opposition totale avec les sourires aimable des visiteurs habitués.
Réellement. C'est une sorte de havre de paix. Je vais m'y réfugier comme un petit garçon va se cacher dans les jupes de sa mère. Pour une engueulade avec Ginny, une mission qui tourne mal, pour rien, parfois.
Un jour, arrivé devant la tombe, quelque chose avait changé. Une nouvelle tombe était apparue.
Astoria Greengrass
J'avais déjà entendu ce nom dans la communauté sorcière. Il n'y avait pas de dates, ni d'image d'elle. Je fis abstraction et passa un petit moment sur la tombe de mes parents.
Le soir même, j'avais oublié. J'avais assez de choses à penser, assez de morceaux à recoller avec Ginny pour me soucier d'autre chose.
Lorsque j'y suis retourné, la fois d'après, Il y avait quelqu'un devant cette tombe, dos à moi, un immense bouquet de chrysanthèmes à la main. Je ne vis pas son visage.
Les mois passèrent. Un jour, l'homme fut de nouveau là. Cette fois-ci, il se retourna au bruit de mes pas.
-Potter.
-Malfoy.
Il me fit un signe de la tête. Il avait à la main le même bouquet démesuré que la dernière fois.
Je ne l'avais pas vu depuis presque vingt ans. J'avais eu tellement de mal à l'oublier. Je n'ai rien ressenti en le revoyant.
Le temps filait. Parfois, je croisais Malfoy. Nous n'échangions jamais un seul mot. Seulement ce signe de tête.
Une fois, il était en larmes quand je suis arrivé. Heureusement, il ne m'a pas vu. J'ai fait demi-tour.
Moi qui pensais Malfoy inébranlable, cela m'a déplu de le voir ainsi.
Qui était cette Astoria?
J'avais trouvé pourquoi ce nom me parlait : il y avait une Daphné Greengrass à Poudlard, dans ma promotion. Astoria a-t-elle un lien de parenté avec elle ? Elle pourrait être sa fille, aussi bien que sa mère.
Quel était le lien entre Astoria et Malfoy ? J'ai fait des recherches, mais je ne l'ai pas trouvé. Depuis l'enfermement de Lucius, les Malfoy se faisaient tout petits. On ne parlait plus d'eux dans les journaux. On ne publiait plus de livres ou d'informations officielles sur eux.
Si bien que je n'ai pas pu mettre le doigt sur cette mystérieuse fille. Qui a pu émouvoir un cœur a priori de glace. Etais-je jaloux ? Au moins intrigué. Il n'avait que très rarement cillé, devant moi.
Il y eut une période où Malfoy devait venir très souvent, car je le voyais presque à chaque fois que je m'y rendais. Néanmoins, il ne restait jamais très longtemps.
C'était en été, au début des grandes vacances.
Un soir, un éclair déchira le ciel, suivi d'une pluie très dense. J'allais transplaner chez moi, lorsque je vis Malfoy courir vers la sortie du cimetière, et s'engouffrer dans le pub le plus proche.
C'était étrange. Nous étions à Godric's Hollow, aucun moldu ne pouvait entrer ici, n'importe quel sorcier aurait donc transplané.
Je décidais de le suivre. Cela m'intriguait.
« Salut Malfoy. »
« Potter. Ca va ? Tu as vieilli. »
« Nous avons le même âge. »
« J'ai vieilli aussi. »
« C'est étrange de te parler. Cela fait bien… »
« Une vingtaine d'années. Qu'es-tu devenu ? »
« Je vis avec Ginny et mes trois enfants. Je suis Auror. »
« Quel âge ont-ils ? »
« L'aîné, James, a 13 ans, Albus a 11 ans, il rentre à Poudlard cette année, et la petite Lily a 9 ans. Et toi, Malfoy, qui es-tu, aujourd'hui? »
Il s'alluma une cigarette, commanda un café, avant de me répondre.
« Je tiens une petite boutique d'herbes et de potions à côté du chemin de Traverse. J'ai un fils, Scorpius, qui rentre lui aussi à Poudlard cette année. »
Un sourire traversa nos lèvres au même moment.
« J'espère qu'ils seront moins bêtes que nous l'avons été. »
« Toujours ce côté Gryffondor qui ressort ! Nous n'étions pas bêtes ! Je crois que nous avions simplement besoin de nous mesurer à l'autre, pour voir ce que l'on valait. »
« Peut-être… »
Le serveur nous avait amené nos boissons depuis quelques temps déjà. Un silence s'installait entre nous.
« Potter, je ne suis pas dupe. Que fais-tu là ? »
« Pourquoi n'as-tu pas transplané ? »
Il semblait hésiter à me répondre.
« Scorpius est trop jeune pour transplaner, même avec moi. »
« Comment ça ? Il est avec toi là ? »
« Je… écoute Potter, c'était sympa de te parler mais tu vois il se fait tard là, je vais rentrer, en plus il ne pleut plus. On se reverra à la gare. »
« D'accord. Au revoir, Malfoy. »
Je suis resté seul quelques minutes, puis j'ai décidé d'oublier nos dernières phrases. Je n'avais pas besoin de rajouter aux miens les problèmes des autres.
Je le reverrai dans deux mois.
OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO
1er Septembre 2017.
Les valises, les cris, la fumée du train… L'ambiance générale me faisait un peu mal à la tête.
J'aperçu Malfoy et son fils sur le quai. Ils étaient seulement deux. Je commençais à entrevoir qui pouvait être Astoria Greengrass. Ainsi le petit Malfoy n'avait sûrement pas de maman…
« Regarde Albus, c'est Scorpius Malfoy là bas. Le fils d'une vieille connaissance. Soit gentil avec lui. »
« Si tu veux papa. On ira le voir, avec James ! »
Malfoy m'adressa un bref signe de tête. Je lui souris.
Cela ne devait pas être facile d'élever seul un enfant.
Le train partait. Je vis Scorpius embrasser sobrement la joue de son père et partir sans se retourner. Albus, lui, nous serrait dans les bras, en larmes.
Le train parti de la gare, jusqu'à disparaître.
Les familles partaient, mais je voyais que Malfoy ne bougeait pas d'un pouce.
« Hé Malfoy, ça te dirait de venir boire un café ? »
« Non désolé, j'ai une potion à finir là mais… Ce soir si tu veux. »
« Oui, pourquoi pas ! Tu connais le London Town ? »
« Evidemment ! Mais… Que dirais-tu des trois balais ? »
« Roh… Ca fait tellement de temps ! Avec plaisir. Disons, vers 20 heures ça te va ? »
« Bien. A ce soir Potter. »
« A ce soir. »
Je venais de proposer à Malfoy de boire un café. Qu'en dira Ginny ? Suis-je obligé de le lui dire ? Je ne vois pas pourquoi je devrais lui mentir. Ce ne sont que deux vieux amis qui se retrouvent. J'aimerais dire : ni plus ni moins.
Mais nous avons été tellement loin d'être amis… Et d'un autre côté, tellement plus.
Soit. Je dois lui dire.
Nous avions déjà transplané et étions dans notre maison. Lily était parti dans sa chambre.
« Harry, tu reparles à Draco ? »
Le ton léger qu'elle avait utilisé pouvait me laisser présager le pire.
« Oui, tu sais, je le vois souvent, au cimetière. Il visite la tombe d'une certaine Astoria. »
« Oh… Quelle terrible tragédie, cette histoire. N'empêche que, tu aurais pu me le dire. »
« Nous n'avons pris qu'un seul café ensembles. »
« Tu as pris un café avec lui ? Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ? »
« J'ai simplement oublié, mais tu vois bien que je t'en parle, là. »
« Harry, vu vos antécédents, tu peux comprendre pourquoi j'aimerais être au courant, non ? »
« C'était il y a vingt ans. L'eau a coulé sous les ponts, depuis. J'étais un jeune imbécile à l'époque. »
« Je t'interdis de le revoir, Harry. »
Je savais que ça finirait comme ça, tôt ou tard. Ginny était de nature autoritaire, et il valait mieux lui obéir. Mais je voulais revoir Malfoy. Savoir ce qu'était cette terrible tragédie. Pourquoi cachait-il son fils, la dernière fois. Je voulais le redécouvrir, rien ne pourrait m'empêcher de le revoir. J'en avais trop envie.
« Je prend un verre avec lui ce soir, c'est déjà prévu. Viens avec moi, si tu ne me fais pas confiance. »
« Comment oses tu Harry ? Veux-tu m'humilier ? Tu veux que j'aille faire copain-copain avec l'homme qui a failli briser ma vie ? Et puis après tout, vas-y à ce fichu rendez-vous, je m'en contrefous ! Et puis, si ça te chante, fous notre vie en l'air, de nouveau ! »
Elle est partie en claquant la porte. Si j'y allais ce soir, je lui déclarais la guerre. En même temps, plus j'y pensais, plus je voulais y aller. Trop de questions restaient sans réponse.
C'était bientôt l'heure. Ginny était revenue, et s'était enfermé dans notre chambre. J'allais voir Malfoy, c'était sûr. Je ne faisais rien de mal. Rien ne se passerait jamais plus entre nous, je le savais.
POP
« Toujours en retard, Potter. »
« Je suis en avance. »
« Tu es arrivé après moi, tu es donc en retard. Je t'ai commandé une bièraubeurre. »
« Merci. Alors, pas trop inquiet pour ton fils ? »
« Comment es-tu au courant ?! »
« Eh bien… Attends, de quoi devrais-je être au courant ? »
« Tu ne ? Non, non, rien. Je ne suis pas trop inquiet, non. Tout se passera bien. »
« Malfoy, que se passe-t-il ? Toutes ces choses étranges qui… »
Rosmerta me coupa en amenant les boissons.
« Mon petit Harry, vous ici ! Ca me fait plaisir, tiens. Je vous offre la bièraubeurre. »
« Merci Rosmerta. »
Il y eut un petit silence. Je ne savais plus où je m'étais arrêté.
« Que de souvenirs, ici, hein… »
Il ne pensait pas si bien dire. Se souvenait-il de tout ce qui s'était passé ici ? Je ne lui demanderai pas. Nous ne devions pas parler de cela. Je n'avais jamais reparlé de tout cela avec quiconque.
« Oui… Poudlard. C'était la bonne époque hein ! »
Malfoy haussa un sourcil interrogatif.
« Non, je ne parle pas de… Enfin si, aussi, mais heu… Les amis, les premières conneries, tout ça quoi ! »
« C'est bon Potter. Ne t'enfonces pas. »
Il souriait. Un sourire franc. Comme lorsque l'on avait évoqué nos souvenirs de Poudlard, l'autre fois.
« Potter, je sais que je t'ai laissé avec beaucoup de questions, et bien peu de réponses. Que j'ai eu tort. Mais c'est vieux maintenant. Aujourd'hui, toute cette histoire ressort et, je te l'avoue, me mine la vie. Alors s'il te plait, juste le temps d'un café, oublie les un peu. J'y répondrai un jour, je te le promets. »
Je comprenais. Et ne comprenais pas. Cette histoire ressortait ? Peut être que la situation était plus grave que ce que j'avais imaginé. Scorpius caché sous la cape, les inquiétudes de Draco, peut-être même la mort de sa femme… Tout serait donc lié à ce qui s'est passé il y a vingt ans ? J'acceptais de mettre mes interrogations entre parenthèses pour une soirée. Pour lui.
« Tu te souviens du premier café que l'on a pris ensemble, ici même ? C'était à cette même table, si je ne me trompe pas… »
Je ne le regrette pas. Nous avons ce soir là passé une soirée magique. Je me souviens de chacun de ses rires, je crois.
Nous avions beaucoup bu et parlé. Ginny m'en a voulu pendant pas mal de temps.
Je n'ai plus revu Malfoy pendant quelques mois. Ce n'était jamais lui qui venait chercher son fils à Poudlard. Faisait-il exprès de ne plus venir au cimetière ? Impossible de le savoir. Son image me manquait un peu.
Je repensais souvent à ce petit détail : Malfoy s'était assis à cette même table. C'était sûrement un hasard. Je me laissais tout de même le bénéfice du doute. Lui aussi, avait peut être eu du mal à oublier…
Je l'ai revu un certain jour d'hiver. Six mois après.
Où il faisait froid, et où l'atmosphère blanchâtre donnait au cimetière une toute nouvelle dimension.
Il portait un grand manteau gris et avait les yeux rougis.
Il s'avança vers moi.
Vous l'aurez compris, c'est là que commence réellement mon histoire.
XXX
Voilà, le début de ma nouvelle fic !
Elle est déjà écrite en très grande partie, donc ne vous inquiétez pas, je ne risque pas de l'abandonner.
Je ne suis pas très satisfaite du titre, mais ça fait déjà deux semaines que je retarde le moment de poster ce chapitre pour en trouver un meilleur, et le fait est que je ne trouve pas.
Je laisse donc tomber !
Des réactions sur ce prologue ?
Un petit mot fait toujours plaisir !
La suite viendra bientôt. Je ne sais pas encore tout les combien je publierai.
Merci d'avoir lu,
Shika.
