Titre : Joue, joue, joue
Auteur : Ishime
Sujet : Naruto.
Rating : PG-13... C'est morbide, zarb' et déprimant.
Genre : Drama
Disclaimer : Kisame et
Itachi ne sont pas à moi, sinon Kisame aurait un bien meilleur
rôle dans le manga...
Pour le fond sonore, je remercie
monsieur Graeme Allwright, qui a écrit ou traduit - je sais
plus - cette chanson.
Résumé : Itachi passé à la loupe déformante. Bien déformante, la loupe.
Note :
J'aime bien Itachi, et je voulais écrire sur lui.
J'aime bien Kisame, aussi.
Ah, et cette fic date un peu
(beaucoup)... Ce qui signifie que je l'ai écrite dans ma
période song-fic. Désolée pour ceux qui n'aiment
pas.
Et puis il y a des maladresses... Mais je pense que je la
laisserai telle quelle, parce que malgré tout, je l'aime bien
comme ça.
Ah, et pour ceux qui se poseraient la question,
non les petits o qui se balladent ne servent à rien, enfin,
juste à empêcher ffnet de me bousiller la mise en
page...
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Sans prêter attention aux hurlements d'agonie qui
retentissaient dans la clairière au milieu de laquelle il se
trouvait, Kisame observa d'un oeil blasé la scène qui
se déroulait sous ses yeux. Comme d'habitude, Itachi
s'amusait. La mort des autres restait un jeu pour lui, même
s'il ne l'aurait jamais avoué. Quoique ! L'homme-requin
n'était pas sûr que le garçon au sharingan ait
réellement conscience de la puérilité de son
comportement.
Toujours la même comédie macabre. Et
il osait traiter Orochimaru de déséquilibré !
Et voilà, il avait terminé. Toujours la même
disposition.
Un cercle, et au centre...
Itachi, ses yeux de
braise luisant d'un éclat lugubre.
Itachi, qui souriait en
rejetant négligemment le cadavre du dernier de leurs
adversaires.
Itachi, délibérément trop
séduisant.
Itachi, le sang faisant ressortir la pâleur
de sa peau, et le soyeux de ses mèches ébène.
Itachi, qui sortait à présent de cette sordide
parodie de ronde enfantine.
Son petit jeu était terminé.
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ooo
Tu joues, joues, joues, nuit et jour, jour et
nuit,
Comme sur une scène, tu joues, joues ta vie.
Tu
joues avec les autres comme des figurants flatteurs
Qui sont tout
juste bons pour vous mettre en valeur.
ooo
o
Kisame ignorait la plupart des détails, mais il savait que
si Itachi avait trahi sa famille, c'était parce qu'il s'en
était lassé. Il s'était servi d'eux, comme il se
servait de tous ceux qui l'entouraient, puis en avait eu assez, et
les avait laissés tomber. Comme il en avait aussi l'habitude.
Il avait dû commencer par leur imposer toutes sortes de
caprices, puis, quand ils lui avaient clairement dit non, il s'en
était débarrassé.
Itachi était comme
ça, il séduisait les gens, se servait d'eux, leur
imposait ses sautes d'humeurs et ses caprices d'enfant mal-aimé,
les utilisait par tous les moyens, pressait le citron jusqu'à
ce qu'il ne reste plus une goutte de jus, puis abandonnait le zeste
aux charognards.
C'était puéril et égoïste.
Et puis ?
Itachi était son équipier. Il était
comme ça, et Kisame savait qu'il aurait été
stupide d'essayer de le changer.
o
ooo
Et si de temps en temps tu veux calmer tes
envies
Tu dis : "C'est moi qui mène, c'est moi qui
choisis !"
Et quand ils ont rempli leur besogne, animal,
Tu
les jettes avec dégoût comme on jetterait son journal.
ooo
o
Mais les membres de la renommée famille Uchiha n'avaient
pas apprécié d'être traités comme de
vulgaires pions par un enfant. Alors Itachi avait appliqué la
première leçon de son ancien capitaine chez les anbus :
les morts ne peuvent plus ennuyer personne. Mais il n'avait pas tué
son petit frère. Il se disait probablement qu'il pourrait
l'utiliser plus tard. En tout cas, c'était ce qu'il avait
répondu à Kisame quand ce dernier lui avait demandé
les raisons de ce brutal élan de fraternité.
Mais
l'homme-requin avait un point de vue légèrement
différent sur la question. En fait, si cruel qu'il soit,
Itachi n'avait tout simplement pas pu se résoudre à
tuer le seul membre de sa famille qui l'ait jamais aimé.
Enfin, ça ne l'empêchait pas de jouer avec Sasuke.
Mais
il manquait encore un personnage au jeu du porteur de sharingan : un
dieu. Quelqu'un à aimer, à adorer, un but... Qu'il ne
pourrait évidement pas atteindre. Après tout, cet être
ne serait jamais qu'un faire-valoir de plus.
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ooo
Quand ils deviennent gênants, quand ils
deviennent trop fous,
Comme la reine dans Alice, tu cries
"Trancher le cou !"
Mais le grand amour, il faut l'avoir
connu,
Tu en a trouvé un, mais impossible, bien entendu.
ooo
o
"Pourquoi m'a-t-il encore envoyé au loin ? Il me
manque..."
Kisame laissa son partenaire poursuivre son
monologue à sa guise. Il avait assez rapidement compris
qu'Itachi se lamentait d'avantage pour le plaisir de s'entendre se
plaindre que par désir d'être consolé. Il ne
souhaitait rien d'autre qu'un confident, qui ne risquerait pas de lui
faire de l'ombre, de lui voler la vedette du théâtre
qu'il avait fait de sa vie. Il avait simplement envie de pleurnicher,
comme les petits enfants qui trépignent pour attirer
l'attention.
Et surtout, il appréciait les brèves
questions de Kisame à propos de cette idylle d'adolescente. Il
aimait qu'on cherche à savoir ce qu'il ne voulait pas dire.
Alors Kisame continuait à l'interroger, même s'il
connaissait les réponses à chacune de ses questions.
Peut-être qu'au fond, lui aussi avait pris goût à
cette comédie. Itachi avait toujours été
excellent acteur.
Et Kisame avait fini par s'attacher à ce
doux cinglé, et s'était retrouvé pris au piège
lui aussi, obligé de jouer le jeu de ce gamin capricieux pour
pouvoir continuer à rester avec lui.
o
ooo
Tu l'entretiens, à coup d'soupirs, à
coup de pleurs,
Mais comme tu aimes le drame, tu trouves ton
compte dans le malheur.
Ça te donne du mystère pour
tous ceux qui t'entourent,
Et tu peux dire tout haut que tu
connais le grand amour.
ooo
o
Mais un jour, inéluctablement, le précieux amour
d'Itachi se lasserait à son tour de son jouet. Et
l'abandonnerait, comme son mignon avait abandonné les siens
avant lui. Douce ironie, songea Kisame. La boucle était
bouclée. L'acteur s'était pris à son propre jeu,
prisonnier du rôle qu'il s'était lui-même écrit.
L'épée de Damoclès se faisait de plus en plus
sentir au dessus de sa tête fragile.
Et Kisame s'inquiétait
pour son acolyte.
Comment réagirait-il quand il se ferait
à nouveau rejeter ?
o
ooo
Je crois que je peux prédire, même
n'étant pas prophète,
Qu'un jour ou l'autre, ça
va te tomber sur la tête.
Le réveil sera pénible,
ma chatte, ma jolie,
Ce jour-là, quand le charme sera
parti.
ooo
o
Enfin, pour l'instant, Itachi restait le favori de son cher et
tendre. L'unique et précieux jouet d'un être changeant,
telle une délicate poupée de porcelaine dans les mains
d'une petite fille. D'ailleurs le brun avait le physique de l'emploi,
avec son corps d'Apollon... Vraiment, ironie quand tu nous tiens,
soupira Kisame. Mais lui, qu'était-il donc au milieu de ces
idoles trop parfaites ? Un poisson hideux qui les dévorait de
ses yeux globuleux depuis son aquarium, probablement.
Et pourtant
le propriétaire du samehada priait pour que ce sinistre jeu
puisse continuer, ignorant cet étrange sentiment de malaise
qui grandissait au fond de lui. Il se sentait comme un enfant devant
son spectacle préféré, qui voit venir la fin.
Surtout, surtout, pourvu que le rideau ne se referme pas ! Ce morbide
univers assurait le peu d'équilibre qu'il restait à
Itachi.
Si jamais il venait à se briser...
Alors
Itachi se retrouverait à nu, sans défense.
Et
Kisame sourit. Non, pas sans défense. Après tout, tant
qu'ils seraient là, tous les deux, le spectacle pourrait
continuer. Un seul spectateur suffisait. Et si tout ce dont le
traître des Uchiha avait besoin, c'était son animal de
compagnie ?
Un requin, drôle de chien fidèle,
conclut-il.
o
ooo
Mais en attendant, continue, c'n'est pas encore
trop tard,
Tu es belle, tu plais toujours, même s'il te faut
un peu de fard
Vas-y joue, joue, joue, fais pleurer, fais
souffrir,
Y'en aura toujours pour applaudir.
ooo
