Liens de Captivité
- Honnêtement Mme Benson, je suis étonné de l'état de santé de votre fille
- Que voulez-vous dire ?
- Sa déshydratation est minime. Elle sera sur pied rapidement
- C'est une nouvelle rassurante ! Pourquoi avoir cet air inquiet ?
- Parce qu'après avoir passé 7 jours enfermée dans cette cave sans eau ni nourriture, elle devrait au mieux, être en déshydratation sévère. C'est déjà un miracle qu'elle ait survécu vu son jeune âge
- Ce qui signifie, selon vous, qu'il y avait à boire dans la cave, malgré ce qu'on pensait
- J'ai parlé de son cas avec mon collègue, qui s'occupe de soigner l'Agent Porter
- Et alors ?
- Et bien, lui c'est le contraire. Vu sa taille, il aurait dû mieux supporter les privations que votre petite fille, or c'est lui qui souffre de déshydratation sévère, et d'anemie
- Ce qui veut dire qu'il a donné sa part de vivres à ma fille
- Je pense que c'est plus que ça. Mon collègue m'a montré des traces sur ses bras
- Quelles traces ?
- Des coupures répétées sur ses veines
- Des coupures récentes ?
- Oui, et faites avec les dents
- Il aurait été mordu ? Peut être des rats ? Il faut vérifier, je sais que les rats peuvent transmettre des maladies graves et…
- Non, il n'y avait pas de rats dans cette cave. Je crois qu'il s'est volontairement entaillé les veines plusieurs fois, en utilisant la seule arme tranchante à sa disposition : ses dents
- Mais ? Dans quel but ? …Pour en finir, vous croyez ?
- Pas du tout Mme Benson. Pour sauver votre petite fille. Le labo a trouvé des restes de sang digéré dans ses selles. Je crois que Mr Porter a fait boire à votre fille son sang pour la nourrir
- Quoi ?
- Le sang est très nutritif, et contient beaucoup d'eau. C'est ce qui lui a permit de survivre. Sans la présence d'esprit de Mr Porter, elle n'aurait pas survécu. C'est son acte, apparemment répété, qui en sauvant votre enfant, a aggravé le propre état de santé de Mr Porter. Un jour de plus, et ses reins lâchaient.
- Salut
- Hmmm. Salut
- Tu es à l'hôpital, Dean. Va doucement
- Je vois ça - fit-il en regardant la pièce. - Mais au premier abord, je m'étais cru au paradis. Argh, j'ai la voix cassée
- Tu dois boire. Tiens - Elle lui donne de l'eau
- Merci. Comment va-t-elle ?
- Elle est tirée d'affaire, grâce à toi Dean. Je ne sais pas comment te…
- Chuuut. Qu'elle soit en vie est la meilleure des récompenses, et la seule que je veux
- J'en ai pourtant une autre à te donner
Elle se lève, et ouvre la porte
- Mr Dean ! - Une petite fille arrive en courant dans la chambre. Olivia la rattrape et la prend dans les bras pour l'approcher du lit, sur lequel elle la dépose doucement.
- Ne t'agite pas ma puce. Il est malade
- Tu va pas mourir Mr Dean, hein ?
- Mais non petite crevette. Je suis déjà en train de guérir
- Je suis pas une crevette !
- Mais si regarde, t'es toute maigre ! Va falloir te remplumer un peu - Il lui chatouille le ventre, elle rit - Je vais te faire livrer des steaks moi !
Elle secoue la tête.
- Ne me dis pas que tu n'aimes pas la viande ? Olivia, tu n'en fais pas une végétarienne quand même ?
Il fait un signe à l'enfant pour qu'elle se penche. Il lui murmure quelque chose à l'oreille.
- Chut… c'est un secret, tu veux bien ?
Elle opine du chef.
- Bien, alors écris-le dans ma main, comme ça ta Maman ne saura pas la réponse
Elle trace un mot dans sa paume. Il place son autre main pour cacher :
- Ne copie pas Olivia !
Olivia est étonnée de les voir si complices, alors que sa fille est plutôt du genre timide avec tout le monde, y compris ses amis du poste où elle l'emmène pourtant régulièrement. Mais avec Dean, la glace est vraiment rompue. C'est agréable et touchant de les voir s'amuser comme ça, d'un petit rien.
- Maman dit que c'est toi qui m'as sauvée
- Non c'est elle. Parce qu'elle est arrivée pour nous délivrer. C'est Superwoman
- Non, on dit Wonder-woman !
- Ah oui ! Mais je suis pas sûr qu'il faut lui laisser un fouet dans les mains - dit-il en regardant Olivia malicieusement.
- Toi tu es Superman !
- Ouff ! J'ai plus le style peu aimable de Batman
- Arrg, lui j'aime pas. Il me fait peur !
- Et moi je te fais pas peur ?
Elle secoue négativement la tête.
- Même comme ça ? - Il prend un air sévère. Elle secoue encore la tête.
- Tu es une petite fille très courageuse, tu sais ça ? Comme ta Maman
Olivia s'approche : - Allez ma chérie. Il faut rentrer maintenant
- Non je veux pas !
- Léna, ne fais pas ta têtue !
- Hummm, on sait de qui cela vient - réplique Dean en souriant. Olivia lui lança un regard agacé.
- Je veux faire un bisou d'abord ! Mr Dean, tu veux bien ?
- Oh, un bisou ! - Il prend un air ennuyé.
- Tu n'aimes pas les bisous ?
Il sourit : - Si j'adore les bisous. Mais tu dois le dire à personne
- Pourquoi ?
- Parce que sinon toutes les filles voudront me faire des bisous, mais je préfère quand c'est toi
Elle se jette dans ses bras.
- Tu es adorable, poussin
- Je t'aime beaucoup Mr Dean
- Je t'aime aussi ma puce, très beaucoup
- Mais non ça se dit pas ça !
- Ah c'est vrai ! Comment on dit alors ?
- Ben… on dit qu'on aime beaucoup
- Mais si on aime plus que beaucoup ?
Elle hausse les épaules : - Je sais pas moi !
Il sourit encore : - Allez, viens me faire un dernier bisou, avant de rentrer à la maison
Olivia prit ensuite sa fille par la main.
- Au revoir Mr Dean. Tu viendras nous voir quand tu seras guéri, dis ?
- Bien sûr ! - Il réalise son erreur et lève les yeux vers Olivia - Enfin, si ta Maman est d'accord ?
Les yeux suppliants de sa fille tournés vers elle, Olivia ne put que céder.
- Allez on y va chérie. Faut laisser Dean se reposer
Sorties de la pièce, elle confie sa fille à une infirmière :
- J'en ai pour pas longtemps, tu reste tranquille Léna, ok ?
Sans que sa fille la voit, elle retourne dans la chambre de Dean, surpris de la revoir si vite.
- Dean, il faut qu'on parle
- Je suis désolé Olivia, j'ai répondu trop vite, je m'en excuse
- Je n'aime pas trop être placée devant le fait accompli, mais cette fois ce n'est pas très grave
- Donc tu veux bien ?
- Quoi ?
- Que je vienne la voir chez toi ?
- Je n'ai pas pour principe de mentir à ma fille
- Merci Olivia, ça compte beaucoup pour moi. Elle compte beaucoup, tu sais
Elle s'assoit sur le lit
- Dean, je sais ce que tu as fait … pour la sauver, je…
- J'ai fait ce que tout le monde aurait fait
- Non tu sais que non
Il détourna son regard sur un mur.
- Tu sais Olivia, je … j'ai jamais été proche des gamins. En fait ils m'agaçaient, je ne les comprenais pas, je faisais même tout pour les éviter. Et puis quand ces pourris m'ont chopé et balancé dans cette cave… au début j'étais bien sûr content que ta fille soit entière, mais je pensais qu'on s'en sortirait très vite. Quand, après quelques heures, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas moyen de nous évader, j'ai un peu paniqué ! Si la gosse se mettait à pleurer ou juste chouiner, je ferai quoi moi ? J'ai pas la vocation de nounou !
Olivia imagina avec un certain amusement la scène.
- Mais ta fille … elle est extraordinaire. Elle s'est même pas plainte, elle ne pleurait pas, elle restait calme et digne, ce petit bout de rien. Et pendant que je la tenais dans mes bras, pour la réchauffer et la réconforter, qu'elle me racontait sa toute jeune vie trépidante, j'ai bien réalisé qu'elle était ta fille et que … que j'aurais tant voulu qu'elle soit la mienne !
Olivia le regarda mais lui fermait les yeux, tout à ses souvenirs.
- Et ce dernier jour, où j'ai vraiment cru qu'on allait mourir tous les deux dans ce trou, alors pendant que je surveillais son souffle et son cœur, j'ai pensé… je devrais pas te le dire, mais j'ai été heureux d'être là, d'avoir été ces quelques jours le seul père qu'elle ait jamais eu
Olivia touchée, préféra se retourner pour se reprendre. Il posa une main sur son bras :
- Olivia je t'en prie. Elle a besoin d'un père, elle me l'a dit… laisse-moi l'être, je t'en supplie. Tu sais mieux que personne la douleur de grandir sans un père, laisse-moi être cette figure pour elle. Qu'elle sache que quelqu'un d'autre que toi l'aime, et veut veiller sur elle … je pourrais l'emmener de temps en temps au parc, aller au cinéma, des petites choses comme ça. Olivia s'il te plait… j'aime beaucoup cette enfant…
Elle se lève : - Je sais pas Dean, j'ai besoin d'y réfléchir
Elle se dirige vers la porte : - On verra. Repose-toi bien - Elle sort.
« Je pensais pas qu'une deuxième fille Benson emprisonnerait mon cœur. Elles sont irrésistibles »
Dean entre dans le salon.
- Mr Dean ! - hurle une voix stridente.
- Oh doucement ! - Il s'éloigne - Regarde ce que je tiens
- Ooooooh ! - Il lui tend le cornet de glace qu'elle s'empresse d'aggripper.
- Dépêche-toi avant qu'il fonde et que ta Maman nous voit…
- Qu'est ce que c'est que ça ? - s'écrit Olivia, en revenant d'avoir été rangé le manteau de Dean.
- C'est rien Olivia. Une toute petite glace
- J'ai interdit les sucreries !
- Oui mais je lui avais promis. Tu sais le petit « secret » entre elle et moi
- C'était ça ? Une glace !
- Faut bien qu'elle s'amuse un peu, cette petite
- Dis tout de suite que je martyrise ma fille !
- Ne le prends pas comme ça Olivia, c'était pas fait méchamment
Il retourne vers l'entrée, où il se penche et récupère quelque chose qu'il avait caché en arrivant.
- J'ai aussi pensé à toi, je suis pas un goujat - Il lui tend une boîte.
- Mes chocolats préférés ! Comment tu sais la marque ?
- Eh je suis flic moi aussi
- Ils viennent de Paris, Dean, tu es fou !
- Rien n'est trop bon pour les deux plus belles filles de cette ville
- N'essaie pas de m'acheter avec cette boite ! Je veux plus que tu ramène des sucreries à ma fille
- Ok ok, promis, je le ferai plus. Si on allait au parc ? Il fait super beau
- Oui c'est une idée. Je prends sa veste
Bon j'ai pas trop explicité l'enlèvement de la petite, sa découverte par Dean et leur libération, parce que cela ne m'inspirait pas assez (Olivia inquiète ...), c'était pas assez glamour et je voulais cette histoire sans drame. J'espère ne frustrer personne.
Bonne lecture
