Une petite idée, comme ça, qui a fait du chemin.
Je ne sais pas encore si je vais continuer, mais j'ai des idées qui bouillonnent !
Tout dépendra de vous, de vos envies. N'hésite pas à me soumettre des personnages, je suis preneuse.
En tout cas, bonne lecture : c'est fait pour rire, pas pour pleurer Dieu merci.
Rien n'est sérieux ici bas. Enjoy.
Je ne sais pas vraiment ce que je fais là.
Je tourne en rond, ça fait trois fois que je passe devant cette boutique de sous-vêtements pour femme. Ah ben tiens, en fait c'est un sex-shop.
C'est vrai qu'elle avait une drôle de position, la madame, sur l'affiche.
Je traine son regard sur la vitrine, absent.
Soudain une femme plutôt belle, sans âge si ce n'est ce celui d'un botox intensif, passe la tête par l'embrasure de la porte.
- Hey mon chat, qu'elle susurre de ses grosses lèvres rouges, au lieu d'hésiter comme ça, t'as qu'à entrer...
Je la regarde bêtement et elle se dandine sous ce regard, visiblement pour m'attirer. Je me demande bien ce que je peux répondre. La momie congelée n'en démord pas.
- Et en plus, on fait des... massages dans l'arrière boutique. Ca t'intéresse ?
J'hausse les épaules. J'ai envie de rien, là tout de suite. Même pas d'un « massage » avec finition.
- Ben dis donc, t'as pas la forme, mon bonhomme. Tu t'es fait largué ou quoi ?
Oh la bougresse, elle a deviné. J'ai envie de pleurer maintenant, c'est malin.
- Ben un peu, ouais, que je lâche.
La femme éclate de rire, et quand elle rit, ça creuse des rides sous ses yeux fardées. Je crois bien qu'elle se fiche de moi, là.
- Tu te fais largué un peu toi ? Qu'elle ricane. T'es trop fort.
- Si ça se trouve, elle va revenir.
L'espoir fait vivre hein ?
- Elle est partie à quelle heure ?
- Huit heures ce matin.
- Ouh, mauvais. Avec quoi ?
- Toute sa garde-robe. Et le chat.
- Si elle a le chat, c'est qu'elle reviendra pas, avoue-t-elle avec sérieux.
On dirait la fille de la télé, qui donne des conseils par téléphone à des idiots désespérés. « Cupidon Online » que ça s'appelle. Et ben cette femme, sur la porte de ce sex-shop, elle a un air un peu comme ça, celui qui oscille entre l'idiotie profonde, l'arnaque finie et le compassion ultime.
- Elle a appelé ? qu'elle continue.
- Non.
- Alors t'es foutu mon chou.
Je me tais. Je sais qu'elle a raison, cette bonne femme. Mais si je le dis à voix haute, je vais encore faire quelque chose de bête.
La femme fait un pas, sort de l'embrasure et dévoile deux très longues jambes bronzées, enserrées dans des bas résille. Et puis un buste, mazette, avec de ces seins !
Pfiou, on nourrirait la planète avec ça, que je pense.
- Tu me fais pitié mon petit, explique Obus-Girl. Je t'emmène boire un verre pas loin.
J'hoche la tête et me laisse entrainer. J'ai pas envie de rester tout seul. Ma nouvelle amie marche à ses côtés et j'ai un peu peur qu'elle me mette un coup de seins, tant ils tanguent de tous les cotés.
Soit ils vont s'envoler, soit il vont se décrocher, au choix.
On marche un peu, sans parler. Puis se dessine l'esquisse d'un immeuble, grand, sale. Moche. Un bar y est encastré. Sur la deventure, il y a un gros néon rouge qui clignote. S.H.N.O.B.
- Ça veut dire quoi SHNOB ? Je demande, les sourcils froncés.
- Qué SHNOB ? Répète-elle.
- Ben là, je lis SHNOB.
- C'est pas SHNOB. C'est SHINOBI. Ça fait un bail qu'ils sont sensés remettre les deux néons I.
On entrent. L'espace est sombre, enfumé. Sur la droite, il y a un vieux bar miteux et partout, il y a des tables quasiment vides. C'est vrai qu'il est encore que quatre heures. Pas vraiment l'heure pour boire un verre.
Double-Pastèque m'entraine au bar, où on s'assoit lourdement. La patron s'approche. C'est un homme immense, d'une cinquantaine d'année. Il a une énorme touffe blanche sur la tête, et un sourire bouffi. Alors lui, qu'il soit quatre heures ou pas, il s'en fout. Il est déjà bien défait.
- Tsunade, qu'il s'exclame, tu nous amènes déjà une de tes victimes ? Regarde ça, il a même pas l'air majeur !
La dénommée Tsunade se retourne vers moi, embêtée.
- Eh, t'es majeur hein ? Marmonne-t-elle.
- J'ai 28 ans en fait.
- Sérieux ?
Je sais que je fais gamin, mais là c'est insultant. Sakura disait ça aussi, que j'étais qu'un gamin. Merci bien, maintenant je me sens beaucoup mieux.
- Bon, bah tant mieux, s'exclame finalement Tsunade. Jiraya au lieu de baver sur mes seins, apporte nous deux bières.
Elle se tourne vers moi. Waouh, ses seins sont tellement lourds qu'elle est obligée de les poser sur le comptoir. Dingue.
- Ah ouais, au fait. Moi c'est Tsunade.
- En fait, tout le monde l'appelle la reine des limaces, l'interrompt Jiraya en déposant nos deux bières.
- Pourquoi ? Je demande.
- Parce qu'elle aime bien baver sur tout ce qui bouge hein, Tsunade.
D'un mouvement étonnant rapide au vu du poids qu'elle doit soulever, Tsunade se redresse et lui fout une droite magistrale dans la tête. Il s'écrase derrière le comptoir sous mes yeux ébahis. C'est quoi cette nana, un ninja ?
- L'écoute pas, grogne-t-elle. Non, dans le milieu, on m'appelle Princesse. Tu peux m'appeler Princesse. Ou Tsunade. As you want honey.
Elle s'empare de sa bière, commence à la siroter. Je fais de même, éberlué.
- Et toi au fait, c'est quoi ton petit nom ?
- Naruto.
De nouveau, elle éclate de rire. Faudrait pas que ça devienne une habitude hein, de se foutre de ma gueule.
- Désolée, dit-elle en se calmant. Mais c'est un peu moche non ?
Elle s'attend à ce que je lui réponde quoi là ?
Je reporte mon attention sur ma bière, dépité.
- Oh, ça va, désolée. Bon parlons d'autre chose. Alors comme ça, tu t'es fait largué ?
Elle a l'art de passer d'un sujet chiant à un autre, ma parole.
- Ben ouais.
- Comment la nana ? Je veux dire, physiquement ?
Je réfléchis un instant. Je revois Sakura, la premier matin après qu'on est fait l'amour, allongée dans mes draps spider-man. Draps spider-man ? Tiens, sujet à éclaircir.
- Alors ? Elle était moche ?
- Non, un vrai canon. Je rêvais de sortir avec elle depuis le lycée.
- Ouh, je vois le genre, nous interrompt de nouveau Jiraya, revenu à lui. Le looser qui rêve de sortir avec la fille la plus populaire du lycée. Bim, elle accepte finalement – on sait pas pourquoi hein – et toi, comme un crétin, tu es aux anges. Elle, elle te largue parce qu'un joueur de foot américain l'a sautée dans les toilettes et elle est folle de lui. En gros, t'es le dindon de la farce.
Il n'a même pas fini qu'il reçoit un cendrier pile entre les deux yeux. En plus d'être un boxeuse née, Tsunade, c'est Guillaume Tell.
- Mais qu'est-ce que t'es con, vocifère-t-elle. Tu vois bien qu'il est pas bien et toi, tu l'enfonces.
Elle me regarde, pleine de compassion.
- Ecoute pas ce vieux pervers qui a jamais vu une vraie fille de sa vie. T'es pas un looser. Enfin, pas un looser en général, je veux dire. Juste sur ce coup là, ben...
- Vous m'enfoncez là.
Jiraya se marre discrètement, mais quand elle le menace de nouveau de son poing, il se tait brusquement.
- Bon, bon et pourquoi elle t'a quitté ?
- Parce que j'étais trop immature, parce que « je savais pas combler une femme adulte » ect ect.
- Pas cool.
- Comme vous dites.
- Tu l'aimais hein ?
Je repense à ces douze mois passés avec Sakura. Ce que j'aimais bien avec elle, c'est que tout le monde m'enviait. Dans la rue, les mecs se retournaient sur elle. Je me sentais bien, sûr de moi. Et puis, je la trouvais cool, tellement « classe ». La femme fatale par excellence. Que je puisse dire à mes amis que je couchais avec cette fille-là, ça, ça leur en bouchait un coin.
- Oui, je crois bien que je l'ai aimée.
- Bah, t'inquiète, s'exclame Tsunade en me prenant par les épaules. Une de perdue, dix de retrouvées !
- Ça, ça marche qu'avec les kilos, ma pauvre Tsunade.
J'aime bien Jiraya, c'est un téméraire.
On a continué de boire, de parler un peu, de tout et de rien. Les bières s'enchainent, je me sens bien. Plus Tsunade boit, plus elle tape fort sur Jiraya. Plus Jiraya boit, plus il tente désespérément de toucher les seins de Tsunade. Plus il essaie, plus elle le tape, et plus il continue. C'est sans fin.
Moi, derrière, je me marre.
Si Sakura me voyait, elle me dirait sûrement que je suis qu'un « abruti fini ».
- Et puis d'abord, je m'en fous de Sakura, que je crie en levant ma douzième bière.
Jiraya et Tsunade portent un toast.
- Ouais, bien dit ! Qu'ils beuglent.
- A bas les emmerdeuse, s'exclame Jiraya.
- A bas les canons qui pètent plus haut que leur cul plein de paillettes, je renchéris.
- A bas les connes qui mettent des PV !
On se met à rire, comme trois bons poivrots. Le bar est désert, on dérange personne.
Le temps passe, passe. J'ai l'impression que ça fait des semaines que je suis là, avachi sur ce bar. Tsunade gravement imbibée, s'est penchée vers moi et appuie sa tête contre mon cou. Je sens son souffle brûlant qui embaume l'alcool chatouiller la peau de ma nuque. C'est agréable comme sensation, très sensuelle.
- T'as quel âge déjà ? qu'elle me susurre, tout en baladant une main sous mon t-shirt.
- 28.
Elle arrête son geste, dépitée.
- Boh, t'es trop jeune pour moi...
- Qui vous dit que je suis pas nécrophile ? Dis-je en souriant stupidement.
- Salaud, murmure-t-elle.
- Moi aussi, je vous aime bien Grand-Mère.
Le temps passe encore. Parfois, quelqu'un rentre. Jiraya le sert et Tsunade et moi, on se tait, l'un contre l'autre. Je suis orphelin, et personne ne m'a jamais vraiment pris dans ses bras, serré contre lui. Enfin, je veux dire, comme un parent. Là, comme ça, avec Tsunade, c'est un peu ce que je ressens. Sa chaleur est maternelle, elle me fait du bien. A certains moments, je pose ma tête entre mes bras, contre le comptoir. Elle tend la main et me caresse les cheveux. J'aime ça. Ses doigts sentent la cigarette, la bière et la vanille.
- J'ai pas toujours fait ça tu sais, avoue-t-elle au bout d'un moment.
- Fait quoi ? Je demande, en tournant le regard vers elle.
- Ben, travailler dans un sex-shop miteux.
Cette fois, elle a l'air très triste. Elle continue de me caresser les cheveux et soudain, sans savoir pourquoi, j'attrape sa main. Sa main elle, a l'âge véritable de Tsunade. Elle est frippée, vieillie. C'est étonnamment ce que j'aime le plus chez elle. Je la serre contre ma joue. Elle me regarde avec un sourire triste.
- T'es mignon, mon chat.
Je souris. J'aime bien qu'elle m'appelle mon chat. C'est rassurant.
- Avant, j'étais médecin. J'étais même une super médecin. Y avait même une aile de l'hôpital à mon nom, tu te rends compte ? Une aile entière, putain. C'était la classe.
Je me tais, je la laisse continuer.
- J'étais une putain de chirurgien, ouais monsieur. J'ai tenu plus de coeurs battants dans mes mains que n'importe qui au monde. J'ai même sauvé quelqu'un avec une poutre à travers le torse. Une poutre, énorme. Tout le monde disait qu'il allait claquer. Moi je l'ai sauvé. J'étais quelqu'un de bien, à cette époque là.
Je me dis que ça doit être gênant ces seins immenses, pour opérer des gens. Limite, s'ils obstruent pas la vue du corps. Mais l'heure est grave et je préfère ne pas soulever cette remarque.
Tsunade se met soudain à ricaner.
- Et puis, un jour, j'ai merdé. J'ai bien merdé, sur toute la ligne. Une erreur tellement, tellement, conne ! Je sais toujours pas comment j'ai pu faire ça, moi, la prodige ! Cette putain d'erreur a couté la vie à une patiente. Et au fils qu'elle portait. J'ai tout perdu. Voilà, j'ai tout perdu. Je suis devenue alcoolique, plus personne ne voulait de moi. J'ai sombré. Je suis devenue caissière dans un sex-shop quand même, quel parcours ! Et me voilà, là, avec ce pervers et toi, dans ce bar merdique.
Elle sourit, je souris aussi. J'ai jamais été doué dans ce genre de situation, alors je préfère me taire. Mais je sais qu'elle a compris que je la respectais profondément maintenant. Et je crois que c'est ce qu'elle voulait. On a commandé une autre bière.
Aujourd'hui Sakura m'a largué.
Qu'importe, Jiraya et Tsunade, je les aime bien.
Premier chapitre court, les autres seront plus longs.
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