Obnubilé par ma dispute avec Bella, je ne fis pas attention à l'agitation qu'il y avait autour de moi. Je voulais aller lui parler, lui expliquer les raisons pour lesquels je ne souhaitais pas ébruiter notre relation. Ma popularité était importante pour moi, je n'avais que ça. Etre "quelqu'un" au lycée compensait le mépris de mes parents à mon égards, j'avais besoin de cette attention et être ouvertement avec elle ne ferait que me descendre auprès de mon groupe. Je décidais d'aller le lendemain chez elle pour lui parler. Toute cette semaine avait été difficile, nos conversations, nos rires, son corps contre le mien, ses baisers, tout en elle me manquait horriblement et je ne me voyais pas passer toute les vacances de printemps sans la voir et la serrer contre moi. Le souvenir de notre dernier tête à tête me revint.

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Flashback

Elle était là, à l'entrée de ma chambre, son regard rougi fixés sur moi. Ses bras croisés sur sa poitrine semblaient la soutenir. Je me levais pour la prendre dans mes bras.

- Qu'est ce qu'il y a bébé ?

- J'y arrive plus, c'est ... plus possible.

Encore cette discussion. A chacun de nos rendez-vous nous parlions de ça et j'y arrivais à chaque fois. A la rassurer, à lui faire entendre raison.

- Plus que 4 mois bébé, et ensuite nous serons seuls à Darmouth, et on pourras s'aimer librement.

- Pourquoi pas maintenant ? pourquoi tu as honte de moi ?

- J'ai pas honte de toi ! tu sais bien que mes amis n'accepteront jamais notre couple Bella, le capitaine de l'équipe de foot ne peut pas sortir avec la geek du lycée, c'est les règles bébé, c'est pas moi qui les ai faîtes.

- C'est stupide, tout ça est tellement stupide que ça en serai presque hilarant, si ça ne faisait pas aussi mal.

- Plus que 4 mois bébé et tout ce cirque sera finit. Je te vénèrerai comme tu mérites de l'être.

- Non.

Elle avait murmuré, ses yeux se soudèrent aux miens.

- Cela se finit maintenant.

- Qu'est ce que tu veux dire ?

- Je ne veux pas être vénérée dans 4 mois, je veux être aimée maintenant.

Une lueur de détermination apparue dans son regard.

- Il n'y a plus de "nous" Edward. Je ne te rejoindrai plus, je ne viendrai plus te voir.

- Non non non, tu peux pas faire ça, je t'aime Bella, tu peux pas me laisser.

- Comment peux tu prétendre m'aimer alors qu'il n'y a que quelques heures tu regardais tes amis me bousculer et m'insulter sans rien faire. Tu ne vois pas que tu me détruis.

Bien sur que l'attitude de l'équipe envers elle me retournait l'estomac, m'obligeant à serrer les dents à chacune de leurs invectives à son égard. J'étais bon comédien, je ne montrai rien.

A cours d'arguments, je me jetais sur ses lèvres, son corps ne se refusait jamais au mien, il me reconnaissait. Mes mains s'activèrent à libérer sa masse brune qu'un nombre incalculable de barrettes et épingles maintenaient en un chignon serré. J'adorais ses cheveux, perdre mes doigts dans ses boucles soyeuses que seul moi pouvais voir. Leurs parfum de fraise qui m'envoutait comme aucune autre odeur.

Nos habits volèrent à travers la pièce et sans plus de préliminaire, je la plaquais contre la porte et m'enfonçais en elle. Brutalement. Violemment. Retenant son visage contre le mien, ses lèvres contre les miennes. Je voulais qu'elle ressente la passion qu'elle m'inspirait. Je voulais marquer son corps comme elle avait marqué mon cœur. Je voulais la garder prisonnière de ma chambre indéfiniment. Je voulais la voir basculer, se perdre sous mes coups de rein. Je voulais tout d'elle. Je sentis son corps commencer à trembler et ouvris les yeux. Juste pour voir les larmes coulaient des siens tandis qu'elle jouissait en m'entrainant avec elle.

Je gardais mes bras autour d'elle, la maintenant collée à la porte. Elle allait partir. Je le savais, ses larmes avaient parlées pour elle.

Elle ne parlait pas, ne bougeait pas. Elle attendait simplement que je me décide à la lâcher.

- Et qu'est ce que tu vas faire bébé, hein ? tu crois que tu vas tenir loin de moi ? tu as besoin de moi comme j'ai besoin de toi. Tu reviendras et tu le sais. Ne nous fais pas ça. Ne nous blesse pas plus.

- J'avais une vie avant toi, je vais la rependre et essayer d'avancer, à défaut de pouvoir oublier.

- Et quelle vie Bella ? Mis à part la mamie en face de chez toi et le vieux en fauteuils roulants de la réserve, il n'y a personne. Tu as besoin de moi.

Je l'avait libéré et tandis qu'elle commençait à ramasser ses affaires et à se revêtir, elle se figea.

- Oui, j'avais besoin de toi, mais tu n'as jamais était là pour moi.

Elle me regarda étrangement.

- En fait, je viens de me rendre compte que tu ne connais rien de moi.

Et sans explication supplémentaire, elle quitta la pièce sans se retourner.

Fin de flashback

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J'avais été méchant avec elle, débitant des conneries pour cacher la peine qu'elle m'infligeait. Lui rappeler le désert qu'était sa vie sociale n'avait pas été judicieux, je l'avais blessé une fois de plus.

J'arrivais sur le parking où un attroupement me détourna de mes pensées. Une douzaine de jeune, perchés sur des motos, attendaient autour d'un pick up bleu dans lequel un chien loup était assis. Leurs peaux cuivrés indiquaient qu'ils venaient de la réserve indienne et n'avaient donc rien à faire ici. Tous les gars étaient grand et costauds à côtés d'eux, les trois filles qui les accompagnaient paraissaient minuscules. La plupart des élèves du lycée attendaient près de leurs voitures, leurs curiosités les empêchant de partir sans connaître les raisons de leurs présences.

Un des professeur arrivât, très certainement alerté par le brouhaha qui ne cessait d'augmentait. Il s'arrêta à quelques mètres d'eux, juste devant moi.

- Je peux savoir ce que vous faites ici ? Je ne crois pas que vous fassiez partis des élèves de notre lycée.

Le type adossé au véhicule se levât et s'approchât de celui qui les avez interpelé. Il semblait être le plus vieux de tout le groupe, 20 ans peut être.

- Nous sommes venus chercher quelqu'un.

- Bien ! mais la prochaine fois je vous prierais de garer vos véhicules convenablement et je ne pense pas qu'il y ait besoin d'autant de monde pour récupérer une seule personne.

- Il n'y aura pas de prochaine fois monsieur, celle que nous venons chercher va finir sa scolarité à la Réserve, nous n'aurons plus besoin de revenir ici.

- Vous venez pour made...

- Sam!

Je me retournais vivement, Bella était en haut des marches, ses livres collés à sa poitrine, et venait d'appeler le type qui faisait face à Monsieur Banner. Je ne fus pas le seul à avoir réagi à sa présence, le chien qui jusqu'à présent était resté sagement dans la voiture, sauta par la fenêtre et se jeta sur elle.

Il n'y avait plus qu'elle, comme à chaque fois que je la voyais, mon cerveau faisait abstraction de tous le reste pour se concentrer sur elle. Je me demandais encore comment j'avais fait pour cacher à mes amis ma fascination pour cette fille alors que je buggais complètement dès qu'elle apparaissait dans mon champs de vision. Elle résista à l'assaut de la bête qu'elle laissa gambader autour d'elle après quelques caresses. Je la vis descendre les escaliers pour se diriger vers les indiens.

- Qu'est ce que vous faites là ?

- On est venus te chercher, le départ c'est pour maintenant.

LE DÉPART! quel départ! et ils ne devaient pas venir la récupérer elle mais quelqu'un qui quittait le lycée.

Il me fallut plusieurs secondes pour comprendre la situation. Bella allait changer de bahut, je ne pourrait plus la voir chaque jour. Même si je ne faisais que l'épier de loin, j'avais besoin de la voir.

- Mais j'ai pas mes affaires et je ne peux pas laisser la chevrolet ici.

Un autre gars se détachât du groupe pour la rejoindre, un sac de sport passé en bandoulière sur ses épaules.

- Tu avais laissé tes affaires pour la moto chez moi et elles sont ici. Je suis passé chez toi récupérer ta valise, elle est dans le pick-up de Sam avec les nôtres et Emilie va ramener ta voiture à la Push pendant qu'on passe saluer le chef au commissariat.

Quelles affaires pour la moto? Son père acceptait qu'elle traîne avec ce genre de mecs ? je ne comprenais rien. Je murmurais un timide " Bella " qu'elle n'entendit pas. Mes amis étant à une dizaine de mètres, près de la ferrari d'Alice, je ne pouvais donc pas aller la trouver pour lui demander des explications. Je la fixais tandis que ma conscience me criait de lâcher mon rôle de populaire pour la supplier de rester.

- Et mes livres ?

- Ils sont aussi dans le pick-up, je n'aurai pas pris le risque de les laisser chez toi, je tiens à ma santé mentale.

Il ricana tandis que Bella lui lançait un regard noir. Ses yeux quittèrent l'indien pour balayer le parking.

- Jake, c'est toi qui a organisé ce ... déploiement ?

- Je voulais que les connards de ce bahut voit à côté de qui ils sont passés et qu'ils sachent que désormais le premier qui t'approche aura affaire à moi.

Monsieur Banner, qui s'était un peu reculé après l'arrivée de ma Bella s'indigna des propos du crétin.

- Je ne vous permet pas d'insulter et de menacer mes élèves !

- Vous leurs avez bien permis de pourrir la vie d'Isabella !

L'indien avait haussé le ton, à la limite de crier et faisait face à notre professeur. Le parking s'était fait silencieux, attendant la suite des évènement avec une impatience morbide. Il n'avait pas tort, nous étions tous plus ou moins responsable de son départ, nous lui avions tous rendus la vie difficile, nous étions tous vraiment que des connards.

- Jake, laisse tomber.

Elle avait posé une main sur son bras, son geste semblant calmer le fameux Jake. Il lui pris la main et se dirigea vers sa camionette. L'intimité qu'il y avait dans ces gestes me hérissa, je compris que je n'étais pas le seul à avoir vu la beauté de Bella, cet indien en était conscient mais contrairement à moi, il l'assumait pleinement.

- Montre leur qui est notre Bella, qui est la vrai Bella.

Elle hocha la tête et lui sourit.

- Passe moi mes affaires.

Il lui passa le sac après qu'elle ait ouvert son véhicule et se soit installé du côté passager, ses jambes pendant en dehors. Elle n'aimait pas être le centre d'attention et rougissait de savoir que la quasi totalité du lycée avait les yeux braqué sur elle. Elle se défit de ses converses et enfila ce qui me semblait être des docks, sortit de son sac un blouson en cuir et un casque, défit son chignon strict, faisant cascadait ses boucles brunes qui lui tombaient sur les reins. Tout la monde assistait à la transformation de la geek en motarde. Je pouvais voir la moitié des mecs baver sur elle, moi le premier. Ses lunettes avaient disparu alors qu'elle mettait des lentilles. Elle sauta du camion, remonta son large pull qui lui tombait sur les cuisses, le noua sur sa taille fine, dévoilant son jean tombant sur ses hanches ainsi que son piercing au nombril et enfila son blouson.

- Jake, tu as pris les affaires de Wolf ?

- Bien sur ! Il était hors de question que notre chien reste à la Push alors qu'on part en virée plusieurs jours.

Mais c'est quoi ce bordel ! Elle va partir en virée avec tous ces gars ! Et pourquoi avait il dit "notre chien" ? Pourquoi était il si proche d'elle?

Et là, je comprends. Moi qui avait cru depuis le début qu'il n'y avait que moi dans sa vie, que moi pour elle à l'abri des regards, je me trompais totalement. Elle avait une vie bien à elle, une vie qu'elle gardait jalousement, avec des amis et des types qui la voulaient comme moi je la voulais.

Inconsciemment je m'approchais d'elle, occultant les adeptes de la gonflette qui l'entourait. J'abdiquais. Je pouvais pas la laisser partir. Ma vie n'aurait plus de sens sans elle. Mon avancée ne passa pas inaperçue.

- Edward ! on est ici !

La voix nasillarde de Lauren me parvint, je n'y fis pas attention mais Bella releva la tête et me vit, ses yeux s'ancrant dans les miens. Je me tenais devant elle et pouvais voir ses larmes qu'elle retenait difficilement. J'étais responsable de ses larmes, de chacune des gouttes que ses yeux avaient laissé s'échapper. De tout les connards du lycée, je détenais la palme, on aurait pu m'en couronner roi.

- Reste.

- Non.

- Où tu vas ?

- Loin d'ici.

Ses yeux quittèrent les miens pour se poser sur le bâtiment derrière moi, qui ne devait représenter pour elle que douleurs et humiliations. Elle me fit face de nouveau, empreinte d'une détermination que je lui connaissais trop bien.

- Loin de vous, ... loin de toi.

Ses derniers mots lâchés dans un murmure me brisèrent plus que je ne l'aurai cru tandis que ses pleurs avaient forcé le barrage qu'elle avait tenté de maintenir.

- Au revoir Edward.

Elle se détourna pour se diriger vers une des moto et l'enfourcha, se recouvrant du casque. En quelques secondes elle avait été englouti par la bande des quileutes, se mêlant à eux comme si elle avait toujours était des leurs. Une des indienne monta dans la chevrolet accompagné du chien loup. Sur un signal connus d'eux seuls et dans un vacarme impressionnant les motos démarrèrent ainsi que les deux voitures. Quelques secondes plus tard le parking était vide de toute présence étrangère à l'établissement.

Une main se posa sur mon épaule. Je reconnus sans mal la présence d'Alice, la seule à qui j'avais pu me confier. Elle m'avait prévenu de ne pas jouer au con avec Bella, mais je ne l'avais pas écouté, je l'avais perdu.

Sa dernière phrase tournait en boucle dans ma tête. "Au revoir Edward", un au revoir qui sonnait plutôt comme un adieu.