CHAPITRE MIS A JOUR LE 30 JUIN 2011. (même s'il a été corrigé depuis mai *soupir*)

C'est mon premier yaoi, alors n'espérez pas une histoire belle et fascinante de boy's love ! x) Il n'y aura pas de lemon, je vous le dis tout de suite : je ne sais pas en écrire...

Résumé : Roxas Almasy est un nouvel élève dans le lycée King Hart, entrant en seconde. Studieux et n'ayant aucun mal à se familiariser avec son environnement, il est par contre distant et asocial. Seulement, le délégué de sa classe va en décider autrement, étant chargé de l'aider en cas de problèmes, et Axel Geraldine ne nie pas l'affection qu'il porte au blond…
Cependant, les choses en ville se déroulent différemment : des meurtres de plus en plus fréquents surviennent, sans traces apparentes. Ils ont tous un point commun : la gorge tranchée et ont lieu la nuit.

AU - Shonen-ai AkuRoku.

SPOIL FF IV.

Disclaimer : Tout appartient à Square Enix.


Chapitre 1 : Introduction.

« Pas de gestes suspects. Pas de regards menaçants. Pas de menaces tout court. Pas de paroles en l'air. Pas de…

- J'ai compris, c'est bon.

- Et surtout, continua l'homme sur sa lancée, pas de protestations. Pigé ?

- … Qu'à cela ne tienne… »

Le plus grand des deux hommes, caractérisé par ses cheveux châtains et son visage balafré d'une cicatrice entre les deux yeux, poussa l'autre, de petite taille à la chevelure blonde, dans la voiture. La tenue de celui-ci laissait facilement transparaître le lieu où il comptait se diriger, étant donné qu'il s'agissait d'un uniforme d'école, composé d'une chemise blanche dont le premier bouton n'était pas fermé, signifiant donc la négligence du jeune homme, ainsi que d'un pantalon recouvrant ses jambes, de couleur azur aux rayures blanches. Ses grands yeux bleus profonds lancèrent un regard noir à l'adulte, qui se contenta de soupirer et se mit à la place du conducteur. Ils n'étaient pas du tout en bonne entente. Le plus âgé démarra le véhicule et sortit du parking dans lequel il était garé, puis commença le trajet qui devait durer environ vingt minutes. L'adolescent regardait les bâtiments de la Cité du Crépuscule défiler, sans vraiment y prêter attention. Puis soudain, la voix sévère du chauffeur le tira de sa torpeur.

« N'oublie pas, tu seras Roxas Almasy.

- Comment ça, « n'oublie pas » ? s'indigna le blond. Je l'ai toujours été depuis que tu m'as adopté, grogna ledit Roxas. Enfin bon, je ne t'appellerai jamais « Papa », « Seifer » sera très bien.

- Ne te sens pas du tout obligé, j'aurais des frissons de dégoût si je t'entendais m'appeler en tant que géniteur. En plus j'ai que vingt-huit ans. » confia ledit Seifer en tournant son volant.

Il était effectivement vrai que Roxas avait été adopté par Seifer Almasy à la mort de ses parents à l'âge de douze ans – il en avait quinze. Mais leur relation était toujours très tendue malgré le nombre d'années qui s'écoulaient.

Ce jour-là, Seifer devait emmener Roxas à son nouveau lycée, King Hart, l'autre étant d'un niveau trop faible pour lui et l'ayant renvoyé parce qu'il s'endormait en cours. En ce mois de novembre, le début d'une atmosphère beaucoup plus froide présageait fortement l'arrivée de l'hiver, et la rentrée était donc passée depuis deux mois. Bon, ce n'était pas comme s'il avait perdu des cours, puisqu'il en avait prisdans son précédent établissement et se trouvaitdans la catégorie des élèves que l'on pouvait qualifier de « surdoués ». Le blond poussa un long soupir d'exaspération. Il n'aimait pas aller en cours, il trouvait cela ennuyant et totalement inutile. Il n'avait pas que cela à faire, à écouter un professeur parler dans le vide parce que tous ses élèves somnolaient au bout de dix minutes. Mais comme tout adolescent, il se devait supporter ces interminables heures.

Il était environ sept heures cinquante quand la voiture se gara devant le lycée avant de repartir, les cours débutant à huit heures pile. Roxas descendit du véhicule nonchalamment en passant son sac à bandoulière sur son épaule droite, avant d'observer les lieux : la grande grille noire protégeait une petite cour ponctuée régulièrement de végétation, donnant accès à l'immense établissement rectangulaire à trois étages. Ah, il y avait deux tours, chacune reliée par une passerelle au bâtiment. Le blond se décida à entrer dans les locaux, voyant les étudiants s'y précipiter, certainement parce qu'ils étaient en retard. Etant nouvel élève, il ne savait pas où aller ; et c'était dans ce genre de moments qu'il aurait aimé la présence de son père adoptif pour l'aider à trouver son chemin. Il marmonna un juron avant de suivre le mouvement de la foule, et ainsi atterrir au premier étage : que des salles de classe, génial. Il cherchait le bureau du CPE, pardi ! Il tourna les talons mais se retrouva face à un adulte, probablement un professeur au vu de son sac rempli de documents divers. Il s'agissait d'un homme brun plutôt grand, dont les cheveux partaient un peu en pics, et ses yeux bleus-gris, dans lesquels on pouvait discerner une once d'étonnement, se posèrent sur Roxas. Ce qui surprit le plus le blond fut la cicatrice entre les deux yeux de son interlocuteur, la même que Seifer mais dans l'autre sens.

« Où comptiez-vous aller ? demanda-t-il, sévère. Les cours vont bientôt commencer.

- Je suis nouveau, répondit Roxas du tac au tac. Je cherche le bureau du proviseur.

- Dans ce cas, c'est au deuxième étage. » indiqua froidement le professeur.

Sur ce, l'enseignant s'en alla rejoindre sa classe. Roxas soupira et se contenta de monter au deuxième étage, empruntant donc les escaliers se trouvant derrière lui. Il ne pouvait pas manquer le bureau puisqu'il s'agissait de la seule salle dont la porte était peinte en rouge, dont une plaquette dorée y était collée, avec une inscription noire « L. Loire ». Le jeune homme toqua, et on lui répondit d'une voix plutôt enjouée. Il ouvrit la porte, salua poliment l'adulte en entrant dans la pièce et observa l'homme en face de lui : les traits de l'âge, visibles, témoignaient une tranche d'âge entre quarante et cinquante ans, et la chevelure noire du proviseur était attachée en une basse queue de cheval. Il était habillé très simplement, voire décontracté : une chemise bleue ainsi qu'un pantalon beige, le tout légèrement large. Ce L. Loire ne devait certainement pas être à cheval sur les règles de son propre lycée.

« Bonjour, dit-il, que me vaut cette visite ?

- Je suis nouveau dans ce lycée, et j'aimerai connaître le procédé du transfert, expliqua Roxas.

- Ah, tu es ce nouvel élève ! s'exclama gaiement le directeur. Très bien, tout le formulaire avait déjà été rempli par ton père. Tu peux aller dans ta classe, la seconde A, au premier ét- Bah, je vais t'accompagner pour te présenter à tes camarades. »

Roxas grimaça en entendant le proviseur Loire appeler Seifer « son père », mais il ne fit pas de remarque. Il vit l'adulte se lever de son fauteuil et lui indiquer qu'ils sortaient. Au cours de chemin, il lui rappela que son prénom était Laguna, n'étant pas sûr qu'il le connaissait étant donnéqu'il était nouveau. Le blond acquiesça et se contenta de suivre son guide, mémorisant chaque couloir – chose aisée après tout, puisqu'il ne s'agissait que de corridors uniques avec des salles tout le long – et se demandantdans quel genre de classe il atterrirait.

Il s'avérait que sa salle de classe se trouvait deux portes après les escaliers A, les escaliers B se trouvant à l'autre bout du couloir. A huit heures treize, les cours avaient déjà débuté. Laguna frappa à la porte et le professeur qui donnaitcours semblait avoir sursauté, si on se référait au ton qu'il avait employé en luiautorisant l'entrée. Le proviseur entra, et Roxas put apercevoir le professeur : il s'agissait d'un vieil homme aux cheveux déjà pratiquement blancs, une barbe mi-longue de la même couleur et des lunettes rondes étaient posées sur son nez.

« Excusez-moi de vous déranger, M. Tellah, mais voici un nouvel élève de la classe seconde A, expliqua Laguna.

- Oh, très bien, merci Monsieur, répondit ledit Tellah en affichant un sourire.

- Je vous laisse donc, termina le directeur en sortant de la pièce.

- Viens te présenter, mon garçon. » invita le professeur en s'adressant à Roxas.

Celui-ci s'avança doucement, se postant sur l'estrade de la salle, à côté du bureau. Les élèves le regardaient, curieux de connaître leur nouveau camarade.

« Je m'appelle Roxas Almasy, j'entre donc à King Hart cette année, commença-t-il. J'espère pouvoir bien m'entendre avec vous. »

Toute la classe l'applaudit, mais Roxas n'était pas du tout gêné : il était le genre de personne qui savait garder son sang-froid. Tellah hocha la tête et pria son nouvel élève de s'asseoir dans le fond près de la fenêtre, ce qu'il fit.

« Si tu as des problèmes ou des questions, tu peux t'adresser à tes camarades, conseilla le professeur. Axel ? » Un jeune homme roux de grande taille se leva, au deuxième rang dans la colonne du milieu. « C'est le délégué de cette classe, il saura quoi faire pour t'aider. »

Le concerné se retourna pour observer Roxas, et brandit légèrement son pouce dans sa direction pour lui faire comprendrequ'il pouvait compter sur lui. Le blond fronça les sourcils, se demandant à quel genre de type il allait avoir à faire. De toute façon, il ne comptait pas sur l'aide de ses camarades, il savait très bien se débrouiller tout seul.

Le cours reprit donc, et il s'avérait que Tellah enseignait l'histoire et la géographie, parlant d'une manière très convaincante au sujet du Kingdom Hearts, une légende de l'ancienne civilisation. Un homme qui avait été dépourvu de son cœur une fois totalement englouti dans les ténèbres, cherchait à le récupérer en créant cette lune en forme de cœur. Avec le temps, elle gagnait en puissance et pouvait soi-disant réaliser n'importe quel vœu. Mais l'homme succomba à ses blessures lors d'un combat contre le héros, qui avait découvert que le Kingdom Hearts aspirait les cœurs des humains. Une histoire qui s'étudiait depuis la quatrième. Roxas ne prêta pas plus attention au discours du vieil homme au bout d'un quart d'heure, et regarda par la fenêtre ; il avait une vue sur le terrain de sport, qui servait aussi de cour – très grande, soit dit en passant. Tout ce qu'il espérait, c'était que la journée se termine vite… Mais il grimaça à cette pensée. Il devrait retourner là-bas.

Au final, s'étant perdu dans ses pensées, le blond ne remarqua pas tout de suite que le cours de Tellah s'était terminé. Il devait être neuf heures, et un autre professeur était censé arriver. Dans son ancien lycée, les élèves devaient se déplacer de salle en salle, tandis qu'ici ils possédaient une salle fixe, comme en primaire. Plutôt pratique, somme toute. Durant cette pause de quelques minutes en attendant l'arrivée de l'adulte, plusieurs élèves essayèrent de parler avec Roxas, mais celui-ci répondait de manière brève et rapide aux questions. Cela découragea les étudiants, qui s'arrêtèrent au bout de trois questions.

Le professeur était une femme. Son visage, encadré de deux mèches blondes, possédait des traits réguliers, et son expression sereine fit bonne impression à se présenta à lui sous le nom de Quistis Trèpe, enseignant l'anglais. Elle ne fit pas comme Tellah en parlant durant quinze minutes avant de poser une question, puisqu'elle avait pour principes de faire participer plus de la moitié de la classe à chaque séance. Bonjour les dégâts lors des interrogations orales, alors… La plupart des étudiants répondaient correctement, d'autres étaient complètement à côté de la plaque. En seconde, cela paraissait étrange d'avoir un niveau aussi médiocre en LV1. Roxas ne s'en faisait pas ; il était doué en langues et n'avait pas de mal à improviser.

S'en suivit les deux derniers cours de la matinée, avec deux heures de mathématiques en compagnie du professeur Kiros, qui était apparemment un bon ami de Laguna. En tout cas, on ne pouvait pas dire qu'il prenait son travail à la légère, entre la correction des termes utilisés et les détails des calculs, ainsi que les définitions et théorèmes exacts. Certains cancres se laissaient tenter par l'envie de s'endormir, mais une bonne tape sur le bureau suffisait à les réveiller.

A l'heure du déjeuner, pendant que Roxas rangeait soigneusement ses affaires, le délégué de la classe l'accosta, avec quelques-uns de ses amis. Il possédait deux tatouages en forme de larme inversée sous les yeux, ces derniers posant un regard émeraude très enthousiaste sur lui.

« Roxas, c'est ça ? demanda-t-il. Je suis Axel Geraldine, le délégué de la seconde A ! C'est retenu ?

- Tu veux manger avec nous ? proposa un jeune homme brun, qui devait avoir la même taille que Roxas. Je suis Sora Veissan !

- Et moi Xion Loziel, se présenta la jeune fille. Ravie de te connaître

- … Moi de même, marmonna Roxas.

- Alors ? coupa Axel. Tu viens avec nous ? »

A vrai dire, ce n'était pas une proposition car Axel avait empoigné le bras de Roxas et l'entraînait à l'extérieur, en compagnie de Sora et de Xion. Le blond grommela mais il ne pouvait rien faire puisque l'emprise du rouquin était assez puissante.

La cantine se trouvait au rez-de-chaussée, et la queue se prolongeait jusque dans le couloir. Heureusement que le réfectoire était construit de sorte à contenir un peu plus de cinq classes, et quedonc le service allait plutôt rapidement. Pour y accéder, il fallait présenterune carte « d'identité », qui s'avérait être la carte que tous les élèves recevaient à leur inscription, et sur laquelle étaient inscrit le nom, le prénom, la classe et l'année de chacun, le tout accompagné d'une photo. Roxas acquiesça et chercha dans la poche de sa veste l'objet en question, puis le fit glisser dans la fente d'une petite machine, qui enregistra automatiquement le passage. Le menu du jour était très simple : spaghettis bolognaise. Roxas se contenta d'une pomme en guise de dessert, n'ayant pas spécialement faim – contrairement à un certain clown qui avait pris une entrée, un dessert, un fruit et un fromage (1). Le quatuor d'adolescents s'installa à une table de quatre places, et commença à déguster leur repas. Sora, plus bavard que les autres, se mit à poser des questions à son nouvel ami.

« T'habites pas trop loin ?

- Non, vingt minutes en voiture, répondit Roxas d'un ton neutre.

- En voiture ? s'étonna Xion. C'est ton père qui t'amène ? »

Le blond hésita quelques instants avant d'hocher la tête. Décidément, il allait devoir supporter le fait que Seifer soit purement son père dans le lycée, sachant qu'à des réunions de parents-professeurs, il risquait de ne jamais être présent. Il n'aimait pas ce genre de choses et était… occupé. Axel interrogea Roxas sur ses impressions de l'établissement, s'il avait réussi à cerner la classe, en résumé tout un tas de questions auxquelles le jeune homme n'avait pas envie de répondre. Puis soudainement, Sora sortit un journal de son sac – qu'il avait emmené – et le planta sous les yeux du rouquin qui était assis en face de lui. Celui-ci sursauta en voyant l'assemblage de papiers apparaître brusquement, et lut le grand titre du journal :

« LE GARÇON MASQUÉ A ENCORE FRAPPÉ ! UNE VICTIME DE PLUS SUR LA RUE GRAVEYARD. »

Axel siffla, étonné de voir que cette affaire faisait la une des journaux. Roxas, qui était assis à côté de lui, parcourrut des yeux la première page en fronçant des sourcils. Lui aussi était stupéfait de voir cela. Sora avala une bouchée de spaghettis avant de s'exprimer, manquant de peu de s'étouffer.

« T'as vu ? Je t'avais bien dit qu'un jour, ce serait à la une des journaux !

- Oui, bon, tu avais raison ! s'exclama Axel en grognant. Mais faut dire qu'aussi, c'est une longue série de meurtres.

- Tous effectués de la même manière…, déglutit Xion en imaginant la scène.

- La gorge tranchée d'un coupde couteau ou de dague, toujours la nuit. » termina Roxas en finissant son assiette de pâtes.

Le trio fut surpris d'entendre le blond annoncer cela sur un ton indifférent tout en mangeant. Axel le dévisagea, se demandant commentce petit bonhomme faisait pour garder son calme. Il sourit, amusé par ce comportement. Il passa un bras autour des épaules de Roxas, affichant une expression encore plus joyeuse que précédemment.

« Héhé, je sens qu'on va être de bons potes, tous les deux ! s'enthousiasma-t-il.

- Lâche-moi ! s'écria Roxas en repoussant le bras du roux.

- Hum, c'est vrai qu'Axel n'a pas trop de mal à parler de cette affaire du « garçon masqué », déclara Xion. C'est la seule personne que je connaisse qui s'exprime de la sorte à ce sujet.

- Au fait, c'est quoi déjà le nom qu'on a donné au « garçon masqué » ? questionna Sora.

- « L'Ange des Ténèbres », non ? offrit Axel. Parce qu'il est blond. »

Sora acquiesça, se souvenant à présent du nom. La manière dont Axel avait donné l'explication pouvait être prise d'une manière humoristique, mais c'était tout à fait vrai. Ce garçon qui tuait ses victimes à coupsde couteau était effectivement blond, un passant ayant vu des mèches de couleur or dépassant de l'ample capuche de son manteau noir avant que celui-ci ne s'enfuie.

Le reste de la journée se déroula paisiblement, mis à part qu'Axel continuait à coller Roxas car il jugeait qu'il s'agissait de son devoir de l'aider en cas de problème. Evidemment, malgré les protestations du blond, le rouquin n'abandonna pas. Finalement, à la fin des cours, à seize heures, le nouvel étudiant put s'enfuir à temps avant qu'une tornade rouge ne vienne l'aborder une fois encore. Il s'engouffra dans la voiture noire de Seifer, qui stationnait devant le lycée depuis dix minutes. Celui-ci lança un juron en voyant que son « fils » était enfin là, détestant attendre.

« C'est de ta faute, tu n'avais qu'à pas venir aussi tôt, se justifia Roxas en attachant sa ceinture.

- Et comment j'étais censé savoir à quelle heure venir te chercher, hein ? Sale môme. » gronda Seifer en démarrant la voiture.

Roxas soupira et regarda par la fenêtre, voyant le trio d'amis qu'il avait rencontré ce matin arriver à toute vitesse. Ils l'avaient peut-être vu, alors ils espéraient pouvoir le rattraper, mais c'était peine perdue puisque Seifer ne s'apprêtait pas à stopper le véhicule. Il lança néanmoins un regard dans le rétroviseur afin de mieux apercevoir les trois adolescents et étouffa un rire.

« C'est qui ces trois zigotos ? demanda-t-il avec une pointe d'ironie.

- Des élèves de ma classe, avec qui j'ai fait connaissance, expliqua Roxas sans détourner son regard de la fenêtre.

- Tu veux devenir ami avec eux ? railla Seifer. Même pas la peine d'y penser !

- Comme si c'était mon intention… » maugréa le lycéen.

Le blond détestait quand Seifer anticipait ses pensées. Surtout lorsqu'elles étaient fausses, ce qui avait le don de l'énerver facilement, et il valait mieux ne pas se frotter à lui quand il était dans un état de colère. Il ne prêta plus attention au trio et ferma les yeux, sachant ce qui l'attendrait une fois qu'il arriverait « chez lui ».

Et il avait espéré qu'il y aurait des embouteillages, et que les vingt minutes de trajet se transformeraient en quarante minutes… Malheureusement, ce ne fut pas le cas et Seifer gara la voiture dans le parking souterrainavant qu'ils ne remontent à la surface en empruntant l'ascenseur. Ils se trouvaient dans un immeuble de cinq étages qui devaient comporter chacun quatre ou cinq habitats. Ils s'arrêtèrent au deuxième étage, et Roxas se précipita vers la porte de son appartement en l'ouvrant avec ses clés qu'il avait sorties à l'avance. Il fila dans sa chambre, laissant donc Seifer en plan pour l'empêcher d'entendre ses sarcasmes tout de suite. Il échangea son uniforme du lycée contre de simples vêtements décontractés noirs et blancs, son t-shirt ayant pour motifs deux séries de carreaux blancs sur fond uni noir en bordure. Il inspira un grand coup et sortit de sa chambre, faisant signe à son père qu'il n'avait pas besoin de toujours répéter la même chose chaque fin d'après-midi.

« Je sais, je vais aux sous-sols, pas besoin de me le rappeler. » annonça-t-il d'une traite.

Le grand châtain esquissa un sourire moqueur face à la rapidité dont avait fait preuve le blond pour se changer. Il sortit de l'appartement à son tour, et tous deux descendirent dans les sous-sols de l'immeuble. Ceux-ci étaient extrêmement sombres, et seuls des yeux habitués à cet environnement pouvaient clairement voir dans cette pénombre, aidés par de faibles lampes murales. Roxas tourna plusieurs fois sa tête sur les côtés, essayant d'apercevoir ne serait-ce qu'une personne pour s'assurer la présence de tout le groupe.

« Numéro XIII. »

L'adolescent sursauta en entendant son numéro. Il soupira et se retourna, pour faire face à un grand homme aux cheveux gris, et à la peau légèrement foncée en manteau noir. Ce dernier lui indiqua de s'asseoir sur le siège qui lui correspondait, l'informant que tous les autres se trouvaient déjà là, n'attendant plus que lui. Se renfrognant tout de même un peu, Roxas obéit sans attendre une seconde de plus. L'homme aux cheveux gris pria Seifer de se rendre à l'autre bout des sous-sols afin de rejoindre le groupe auquel il était assigné, avant de se placer au milieu du sien.

« Bien, maintenant que les treize membres sont au complet, je vais pouvoir donner les instructions, déclara-t-il. Numéros II et IV, vous continuerez les expériences, je serai là pour les superviser en personne, moi Xemnas, Numéro I. Numéros III, V, VI, VII, allez soutirer des informations aux prisonniers. Numéros IX, X, XII, vérifiez la véracité des documents obtenus hier. Et pour finir, Numéros VIII, XI et XIII, ce sera votre travail habituel. Venez me consulter après la fin de cette réunion. »

Les treize personnes, toutes en manteau noir avec leurs capuches relevées sauf les Numéros VIII, XI et XIII, écoutaient avec attention ce que leur chef avait à dire. Il expliqua ensuite brièvement l'état de leur groupe, plus couramment appelée « l'Organisation XIII », annonçant une fois de plus que certains de ses membres avaient été découverts, et ainsi emmenés en prison. Chose courante, puisque plusieurs d'entre eux n'agissaient pas de manière discrète en effectuant leurs tâches.

La réunion terminée, tout le monde vaqua à ses occupations et les trois Numéros restants se dirigèrent vers Xemnas. Celui-ci n'utilisa pas leurs numéros, mais leurs surnoms.

« Chevalier Dragon, tu seras le chef de cette mission, décréta-t-il. Tu devras éliminer Golbez avec l'Ange des Ténèbres, et l'Assassin Sublime va vous aider à tendre un piège. »

L'ordre de mission donné, Xemnas s'en alla comme il était venu. Le Numéro XI, aussi appelé l'Assassin Sublime et de son vrai nom Marluxia, était un homme au visage légèrement efféminé possédant des cheveux mi-longs roses. Quant au Numéro VIII, Kain Highwind, le Chevalier Dragon, personne ne connaissait son visage car il restait constamment caché derrière un casque en forme de cet animal mythique dont il tenait son surnom. Les membres de l'Organisation savaient néanmoins qu'il était blond, ses longs cheveux de couleur or étant attachés en une queue de cheval, cascadant jusqu'au milieu de son dos. Numéro XIII, Roxas, également appelé sous le nom de…

« Ange des Ténèbres, appela le Chevalier Dragon. Tu suivras toutes mes instructions sans broncher. »

Roxas acquiesça, sachant déjà ce qu'il avait à faire. Mais quelque chose le dérangeait : Kain allait-il vraimentaccepter de tuer Golbez ? Il était pourtant le frère de… Le blond se pinça la lèvre inférieure, ne voulant pas y penser plus que ça. Lui, en tout cas, ne savait pas ce qu'il comptait faire. Suivre les ordres ? S'enfuir ? Epargner la victime ? D'ailleurs, pourquoi cet homme était-ilvisé par l'Organisation XIII ? Aurait-il découvert des choses sur eux en tant que secrétaire d'une société qui s'occupait des meurtriers ? Si tel était le cas… Roxas, voyant le Chevalier Dragon partir, le retint par le bras.

« Tu veux vraiment l'éliminer ? questionna-t-il. Tu t'en sens capable ?

- … De toute façon nous n'avons pas le choix. » répondit le plus âgé en se défaisant de l'emprise de l'adolescent.

Roxas baissa la tête. Si cela continuait, il allait perdre toute sa famille. Il ne pouvait même plus voir la personne lui restant aussi souvent qu'il le voulait. Il ferait un jour payer le prix fort à Xemnas pour tout ce qu'il faisait. Marluxia posa une main sur la petite épaule du blond, qui s'étonna de ce geste. Il le regarda, avant de soupireret de s'en aller, retournant dans son appartement, sans attendre Seifer.

En réalité, cet immeuble n'avaitpour locataires que des membres de l'Organisation XIII, allant jusqu'à même les femmes de ménage et le réceptionniste.

Roxas avait enfoui sa tête dans son oreiller. Ce soir, il allait devoir tuer une autre personne. Revêtir ce manteau noir. Cacher son visage. Attaquer. Puis s'enfuir. Et cela recommencerait le lendemain. Mais cette fois-ci, il devait faire équipe avec deux autres personnes, et cela lui déplaisait. Dans ce groupe d'individus, l'esprit d'équipe s'avérait être un point très peu maîtrisé, d'autant plus que la situation pouvait rapidement dégénérer et que de cette façon, ils se jetteraient les uns sur les autres sans hésitation. Seulement, il n'avait pas le choix et devait accepter cette collaboration.

Soudain, la porte de chambre s'ouvrit, et Seifer entra sans même en avoir demandé l'autorisation ou avoir frappé. Il se dirigea vers le lit de Roxas et s'assit brusquement dessus, et croisa les bras. Le blond n'avait pas envie de relever la tête, aussi l'adulte se contenta-t-il de cela.

« Bon, tu vas pas nous faire une espèce de crise d'adolescence ? se moqua-t-il. Allez, ton contrat est bientôt terminé, encore une dizaine de personnes ou peut-être vingt, je sais pas, mais jusqu'à ta majorité en tout cas.

- … Une dizaine ou une vingtaine ? Tu rigoles ! s'emporta Roxas en regardant Seifer en face. A ma majorité ? Il y a encore trois ans avant ça. Trois ! Et tu veux me faire croire que je ne tuerai tout au plus qu'une vingtaine de personnes ? Déjà qu'en une année, j'en tue au moins cent… Tss, c'est fou le nombre de journalistes et de policiers qui… qui sont… cons ! »

Roxas passa une main dans ses cheveux, se remémorant du nombre de journalistes qu'il avait tués. Cela devait bien monter dans les trois cents… Seifer haussa les épaules, affirmantqu'il faisait plutôt référence à des personnes importantes comme des ministres ou des directeurs de grosses entreprises. Mais cela revenait au même, puisqu'une bonne partie de ces personnes-là avait été décimée. Le blond les avait insultés car malgré le nombre de morts, ils continuaient à vouloir connaître l'auteur de cette série de meurtres, et l'information cruciale avait circulé : une organisation serait derrière tout ça. Alors, les recherches avaient commencé, et les morts avaient augmenté. Le châtain se leva en soupirant et s'avança vers l'encadrement de la porte. Avant de sortir, il lança une dernière chose à son fils.

« Tu es leur meilleur tueur. Ils trouveront cela dommage de te tuer si tu n'obtempères pas. Haha, la bonne blague, le tueur se fait tuer ! »

Et Seifer disparut dans le couloir. Roxas avait toujours trouvé que celui-ci était extrêmement étrange, pour ne pas dire carrément fou. Il avait interrogé les autres membres de l'organisation pour connaître les circonstances de leur présence ici, mais certains disaient qu'ils étaient endettés, d'autres parce qu'ils avaient une vengeance à accomplir, ou encore parce que Xemnas faisait partie de leur famille. Mille et une raisons. L'Ange des Ténèbres décida d'aller faire un tour dehors afin de se calmer avant la tombée de la nuit. Il enfila ses chaussures, sa veste ainsi qu'une écharpe, et se mit à marcher dans les rues de la Cité du Crépuscule. A lavoir comme ça, on ne pouvait pas croire que cette ville était en réalité une vraie boucherie, provoquée par une vingtaine d'individus à eux seuls. Pour un mois de novembre, l'air était encore assez chaud, mais le vent soufflait fort.

Roxas observa les rues du quartier : il ne savait pas exactement où Golbez travaillait ou habitait, alors il valait mieux qu'il prenne des repères avant sa mission, pour pouvoir ainsi s'enfuir convenablement. Malheureusement, seules les boutiques pouvaient être utiles ; les maisons et les immeubles se ressemblaient tellement avec leurs briques rouges qu'il s'avérait difficile de faire la différence entre celle-ci et celle-là.

« Mais c'est pas Roxas ? » déclara soudainement une voix masculine enjouée.

Le concerné frissonna en entendant quelqu'un l'appeler, et reconnut immédiatement la voix : il s'agissait d'Axel. Pourquoi fallait-il qu'il tombe sur ce type ? Ne voulant pas se frotter au délégué, le blond fit mine de ne pas l'avoir entendu et tourna au coin d'une rue, avant de commencer à courir à toute vitesse, ignorant les cris stupéfaits de son poursuivant. Mais en plus d'être collant, il était barbant ! Roxas poussa un juron en se sentant tiré en arrière par de longs bras, sachant déjà à qui ils appartenaient.

« Hey, pourquoi tu me fuis ? demanda Axel avec un sourire.

- La réponse est simple, non ? fit Roxas en fronçant les sourcils. Je n'ai pas envie de te voir. »

Le rouquin lâcha son « otage » et pouffa de rire, même si l'expression de celui-ci laissait présager qu'il n'était pas d'humeur à rigoler. Décidément, c'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un qui répondait de manière aussi directe avec calme. Par réflexe, Axel ébouriffa les cheveux du blond, qui grommela face à ce geste et repoussa violemment la main de sa tête.

« Ca va pas de faire ça ? fulmina-t-il. Tu me prends pour un gosse ou quoi ? »

Roxas était furibond : il détestait qu'on lui ébouriffe les cheveux, car il considérait ce geste comme un acte destiné uniquement aux enfants. Il avait quinze ans, enfin ! Axel fit mine de réfléchir aux paroles de l'adolescent, et déclara, tout sourire :

« Hum… Moui, en quelque sorte… ? »

Le délégué des secondes A regretta de ne pas avoir d'appareil photo à ce moment-là : Roxas venait de virer au rouge tomate, et serrait les dents. Le blond s'apprêtait à réagir face à la réplique de son interlocuteur, mais il vit derrière ce dernier une personne de taille moyenne comme lui, qui n'était pas censée se trouver là. Il se calma immédiatement, et Axel se demanda bien ce qui avait pu produire un changement aussi soudain.

« Bon, je ne vais pas m'éterniser avec toi, conclut Roxas. A demain. »

Axel haussa un sourcil et voulut connaître la raison de son départ, mais il s'abstint et acquiesça puis le salua à son tour. Roxas se précipita vers la personne qu'il avait vue, vêtue d'un long manteau noir, lui agrippa le bras et la força à se retourner. Ses soupçons se révélèrent exacts. A la vue du visage qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau et de la chevelure blonde en bataille, l'Ange des Ténèbres sourit et relâcha sa prise.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? interrogea-t-il. Tu ne devrais pas être dehors.

- Je sais, mais ça m'énervait de toujours rester dans ma chambre, à attendre les instructions, se plaignit l'autre garçon. En plus, c'est pas comme si c'était plaisant pour nous deux… »

Roxas soupira et ne put s'empêcher de prendre son jumeau dans ses bras et le serrer très fort contre lui. Celui-ci ne broncha pas, heureux lui aussi de retrouver son frère après ne pas l'avoir vu pendant plusieurs mois. Tous deux se sentaient comme sereins dans cette position, profitant chacun du contact de l'autre. Ils auraient payé cher pour pouvoir rester ainsi, cependant le jumeau du Numéro XIII n'était pas rassuré, et déclara :

« Je crois qu'on devrait rentrer. Xemnas sera furieux s'il apprend que je suis sorti…, s'inquiéta-t-il.

- Je sais, Ven…, murmura Roxas. Mais… Non, tu as raison. De plus, je dois aller dîner et ensuite aller à ma mis- »

Il s'interrompit dans sa phrase et relâcha Ventus, puis baissa la tête. Il ne pouvait décemment pas déclarer d'une telle manière le travail qu'il devait accomplir… Son jumeau, par contre, fronça des sourcils.

« Ne me dis pas que tu… vas encore faire ça ? demanda-t-il d'une voix blanche.

- Je suis bien obligé, soupira Roxas. Mais ça va s'arrêter un jour, quand on sera maj-

- A la majorité, je sais ! coupa Ven. Mais il reste encore trois ans !

- Et pourtant, il se doit d'accomplir son devoir. » annonça la voix grave d'un homme.

Roxas se mordit la lèvre inférieure en voyant le nouvel arrivant : une cicatrice en forme de croix entre des yeux dorés, ainsi qu'une chevelure bleue : Saïx, le bras droit de Xemnas. Celui-ci ne se fit pas prier pour empoigner violemment les deux jumeaux et les entraîner avec lui.

« Les ordres ont changé, déclara-t-il soudainement. Le Chevalier Dragon et l'Assassin Sublime doivent éliminer une autre personne dans l'urgence. Tu devras donc te charger de Golbez seul, Ange des Ténèbres. »


(1) Je parle d'Axel. 8D