Lundi: 7h30.

Cela faisait plusieurs mois que je prenais toujours le même bus, la même ligne à la même heure. J'attendais quotidiennement au même arrêt. Le ciel était ombrageux et menaçant. Le froid frappa sans ménagement mon visage. La pluie commençait à se disperser dans le paysage mi-endormi. J'étais assise sur un banc en écoutant de la musique a fond les écouteurs, quelque chose de dynamique pour me tenir éveiller de mon endormissement. Cela me permettait aussi de m'extraire un court instant de l'environnement bruyant et stressant du concerto de la rue.

Les gens semblaient pressées par leurs occupations et leurs pensées qu'ils ne firent pas attention aux autres. Se dirigeant comme des petits soldats à leur destination, que ce soit le travail ou l'école. Je retenais un bâillement alors que je vis des usagers de plus en plus nombreux s'attrouper près de l'arrêt. Un bus arriva mais ce n'était malheureusement pas le mien. J'observais l'heure me demandant si j'étais en avance ou en retard. Mais j'étais dans les temps.

Sentant l'engourdissement de mes membres, je me levais de ma place et j'examinais les horaires du passage du transport en commun. Puis mon attention se porta en face de moi, plus particulièrement sur une vieille publicité qui se déchirait avec le temps. C'était pour une célèbre marque de parfum Hime.

Je vis les gens se lever et se regrouper en avant. Je savais qu'un bus se rapprochait, il était à quelque mètre, attentant que le feu tricolore lui donne l'autorisation d'avancer. J'attendais impatiemment sur le côté, ne voulant pas me mêler à cette foule compacte et impatiente. Je cherchais dans mes poches mon ticket, et je fus la dernière à entrer. Je vis une personne âgée en face de moi qui se dirigeait difficilement avec sa cane. Voyant que toutes les places étaient prises. Je me dirigeais vers un homme d'affaire qui était au téléphone. Il portait un costume sombre et une cravate de la même teinte que son habit.

"Vous pourriez laisser la place s'il vous plaît ?" Demandais-je en souriant poliment alors que je n'étais pas d'humeur aux civilités surtout aussitôt le matin.

"J'étais arrivé avant vous." Pesta t-il alors que je serrais fortement des poings.

"J'insiste. Vous êtes en bonne santé pour rester debout contrairement à d'autres." Grognais-je férocement en le fusillant du regard. Il se mit à grimacer et se leva de son siège. Je vis la dame âgée rester debout près d'une rambarde, et je lui faisais signe de me rejoindre et je lui laissais la place alors qu'elle me remerciait reconnaissante de mon attention. Je me dirigeais finalement au fond du véhicule qui était en mouvement, m'accolant contre les portes et j'observais la rue qui commençait petit à petit à prendre vie.

20 heures.

Je me dirigeais vers le centre ville par le même moyen de locomotion de ce matin. Le trafic était plus chargé. J'avais l'impression que les piétions marchaient plus vite que nous roulions. J'arriverai tard chez moi comme d'habitude. J'étais assise au fond sur le coté droit, ma place favorite. Je contemplais comme d'habitude l'extérieur, quand j'entendis quelqu'un m'interpeller de ma contemplation. Surprise, j'enlevais mon casque de mes oreilles, et je vis une fille d'une grande beauté à la chevelure caramel et aux yeux sangs. Elle portait un tailleur noir, sa veste était entrouverte révélant son chemisier blanc qui était déboutonné. Magnifiant sa poitrine. Elle avait des escarpins assortis à la couleur de son vêtement. Et ses cheveux étaient en chignon attachés par un vulgaire crayon de papier. Mais ça lui faisait un certain charme.

"Ara, est-ce que je pourrais m'asseoir ici ?" S'enquit-elle alors que j'acquiesçais timidement de la tête, je retirais mon sac à dos qui était à mes côtés et je le mis à même le sol. Puis je me remis à examiner minutieusement le paysage urbain. Observant de nouveau les personnes et les magasins environnants. Je vis une boutique qui attira toute mon attention. La boutique de sous-vêtements Julia, je vis dans la vitrine des produits de la nouvelle collection printemps, qui attirèrent toute mon attention. J'irai probablement faire une petite visite le samedi et faire des emplettes.

"Excusez-moi." Je retournais mon attention vers la personne qui m'interpellait. C'était ma voisine de siège. Elle avait un sourire radieux aux lèvres. Je ne savais pas comment elle faisait pour être de si bonne humeur avec ces embouteillages monstres. Et surtout à une heure pareille avec toutes ces personnes qui parlent et font du bruit. On suffoquait même. Quant à moi, je suis crevée et de mauvaise humeur après ces heures difficiles de travail. Les clients sont si exigeants. J'ai dû courir dans tout les sens pour complaire à leurs exigences des plus lassants. Alors maintenant il m'était impossible de me forcer à sourire, c'était même devenu le cadet de mes soucis.

"Oui ?"

"Vous allez me prendre une folle...mais..."

"Oui ?" Elle se mit à inspirer profondément et ferma les yeux alors que je fronçais des sourcils. Qu'est-ce qu'elle va me demander ? De l'argent ? Une cigarette ? Mon sang ? Mes organes ? Me vendre quelque chose ? Que je fasse partie de sa secte ? Faut vraiment que je rentre au plus vite chez moi et que je dorme, je divague totalement...en plus mon organisme manque cruellement de mayonnaise. Ça n'arrange pas les choses.

"Non rien...désolée...oubliez...faite comme si je n'avais rien dit." Elle avait raison sur une chose, je la prends déjà pour une folle.

"D'ac...cord..." Soufflais-je sceptique alors qu'elle se mit à soupirer. Elle s'arrêta à un arrêt et je vis qu'elle me fixait avec ses cramoisis, tout comme je le faisais avec elle et je rougissais puis je me cachais derrière ma chevelure azure. J'essayais de penser à autre chose que cette étrange rencontre qui n'allait sûrement pas être la dernière.