Aussi cruel peut-il agir envers moi, jamais je ne vais lâcher prise. Qu'il court, qu'il hurle que je le laisse en paix, jamais je n'abandonnerai...


De fines gouttelettes s'écrasent contre mon visage, le gris perle des nuages me déprime profondément. Comment peut-on trouver un paysage de la sorte magnifique? Vraiment, ces couleurs monotones du printemps me donne le vertige. Aucune teinte de rouge, d'orangé, de jaune, aucun caractère propice, rien ne vaincra la beauté mystique de l'automne, la seule saison à se démarquer. Soupirant , j'esquisse un faible sourire. À quoi bon rester planté là, observant la cité de Londres et ses rues infestées de la gente humaine. Leurs activités ne représentent rien de bien passionnant, pour peu que des écrivains sans histoire mettent sur papier des œuvres déchirantes telles « Roméo & Juliette» ou encore « Macbeth ». Hmm..Tien, relatant ces tragédies impitoyables me donne soif. Soif d'amour brûlant, de trahisons imprudentes, bref quelque chose digne de ma personne! Haha! D'ailleurs, n'est-ce pas cet amour de majordome que mes pauvres prunelles aperçoivent?

Un homme infiniment grand sillonne le long trottoir parsemé de nobles, de pauvres, de marchands. Son veston noir me donne des frissons! Mais le plus beau, le plus extraordinaire de son être, demeurera toujours son regard de braise. Oh, rien qu'à y penser, mes bras réclament d'entourer sa forte stature, de me retrouvée face contre un mur, prise au piège dans son étreinte.! Hmm...Pourquoi ne pas tenter ma chance aujourd'hui?

D'un bon, me voilant adossée aux briques ternes d'une boulangerie. Sebastian pose les yeux sur l'écriteau au-dessus de ma tête avant de daigner s'apercevoir de ma présence.

- Sebas-chan, mon adorable chatton, je t'ai maquée?

- Grell Sutcliff, dois-je être surpris de tomber « par hasard» sur un être de ton espèce à une heure si matinale?

Oh, visiblement, rien ne changera ce démon et son implacable courtoisie.

- La mort ne dort jamais. Une chose qu'un démon de ton genre se devrait d'être informé. Alors, l'on fait les courses pour cet abominable enfant gâté?

Il me toise un moment, probablement s'imaginant m'incinérer sur place. Raté, darling!

- Si tu n'as rien de bien constructif à me dire, je dois de ce pas me rendre au manoir. L'heure du réveil de mon maître approche. Si tu veux bien m'excuser...

Il me file encore entre les doigts. Encore et toujours le même refrain! Ne peut-il être fichu de simplement me regarder en face pour une fois?

- De manières plutôt glaciales pour un majordome aussi qualifié.

Aucun mot, aucun regard. Sebastian poursuit son chemin, calme et froid, comme à son habitude. Sauf si je change ses plans...

- Sebastian!

Appeler le diable de son prénom semble porter fruit. L'élégance en personne se retourne, une lueur agacée visible dans ses prunelles.

- Oh parce que maintenant tu laisses tomber les petits surnoms? Voilà qui est surprenant.

Un rire teinté d'ironie me persécute les oreilles. S'il veut jouer à ce petit jeu...

- Tu préférerais « mon petit chaton en sucre» alors? Je dois admettre, il met en valeur ton obsession pour ces félins! Je pourrais aussi m'habiller comme un chat, peut-être m'aimerais-tu mieux? Hmm?

Une main m'entraîne avec force dans la ruelle la plus proche. Un bras bloque ma vision, ainsi qu'un visage à quelques centimètres du mien. Une autre main se glisse sous mon menton, forçant ma vison d'être envahie par l'image d'un diable enragé.

- Que cela soit bien clair entre nous, Sutcliff, je ne suis pas ton « chaton ». La seule personne au monde auprès de qui je dois me dévouer corps et âme restera mon maître. Entendu..?

Son souffle polaire effleure mes joues. Pour une fois, il me regarde. Il me voit. Ma main entoure alors sa taille, mon visage écourte la distance entre nous, je souris de mon air le plus féroce, le plus diabolique. Je me suis toujours imaginé mille et un scénarios dans lesquelles j'étais la victime. Seulement, aujourd'hui, les rôle sont inversés. Nous allons voir qui est le petit chaton sans défense...