A Christmas Carol

(Libre adaptation d'Un conte de Noël de Charles Dickens)

Musique à écouter durant la lecture : http :/ /playlist/Os+A+Christmas+Carol/64194415 (coller le http les slashs et le reste ^^)

« Mais puisque je vous assure que je suis le vrai père-noël ! »

Assise à son bureau, Kate leva les yeux en direction du fond de la pièce. Un homme, menotté, visiblement passablement éméché, était conduit en cellule de dégrisement par deux agents peinant à le maitriser.

Elle sourit amusée.

-C'est le 12ème « vrai » père noël de la journée ! Souligna Ryan un peu blasé en passant auprès d'elle, un dossier à la main.

-Celui-ci avait une barbe au moins, nota la jeune femme

-Et il n'a mordu personne ! Ajouta Esposito qui arrivait à la suite de son collègue, tenant son poignet encore endolori.

-Il semblerait que vous n'ayez pas été sage cette année agent Esposito, fit remarquer la jeune femme taquine.

-Ca t'apprendra à tripoter les fesses du père-noël bro', se moqua gentillement le jeune irlandais.

-Je lui passais les menottes, grogna Esposito en fronçant les sourcils.

Le tintement familier de la porte d'ascenceur leur fit lever les yeux à tous les trois. Une Jenny particulièrement bien apprêtée apparut dans l'encadrure de l'appareil.

-On dirait que ma partenaire de réveillon est arrivée ! Nota Ryan en adressant un petit signe de main à la jeune femme.

-Passez une bonne soirée tous les deux, fit Kate avec bienveillance. Quel est le programme ?

-Oh quelque chose de très simple, répondit le jeune agent, arborant un sourire niais de circonstance en direction de sa bien aimée : un restaurant, une ballade en calèche sur les berges enneigées, et un petit détour sur Rockfeller Center pour admirer le grand sapin...

-Hum, très simple en effet, fit Esposito moqueur. Ca me fait penser bro, l'Alliance des protecteurs de colombes m'a dit de te prévenir qu'ils lâcheront bien 200 volatiles comme prévu à minuit au dessus de chez toi.

-Très drôle, grogna le jeune Irlandais. Certains d'entre nous associent la notion de couple à autre chose qu'un programme nocturne de chaîne cryptée mon cher.

Esposito leva les yeux au ciel, visiblement peu convaincu par le romantisme excessif de son ami. Ryan lacha une petite tape amicale sur l'épaule de son collègue, les salua tous deux, et prit congé.

-Et du côté du clan Esposito ? S'enquit Beckett, quel est le programme ?

-Réveillon en famille chez ma grand-mère dans le New Jersey. Soirée classique, répondit l'agent en haussant mollement les épaules.

Il jeta un coup d'oeil à sa montre.

-D'ailleurs je devrais peut être prendre la route maintenant si je ne veux pas passer la soirée dans les bouchons ! J'ai encore les cadeaux de mes neveux à récupérer en passant.

Kate hocha la tête.

-File. J'enregistrerai le procès verbal de notre 12ème faux père noël et je fermerai boutique !

-Merci ça m'arrange, répondit le jeune homme reconnaissant, eh bien bon réveillon et joyeux Noël ! Quel est le programme d'ailleurs ?

-Oh rien que du très banal, répondit la jeune femme sans apporter d'avantage de précisions.

Le jeune homme hocha la tête, peu curieux de nature. Puis il attrapa son manteau sur le rebord de sa chaise, et disparut bien vite.

Kate se recula dans son siège et jeta un coup d'oeil circulaire à l'ensemble de la pièce. Le poste était vide à cette heure avancée. Un petit sapin de noël artificiel trônait près de l'entrée. Une guirlande lumineuse avait été installée en guise de contour de porte du bureau de Gates, mais celle-ci n'étant pas forcément du goût de l'intéressée demeurait éteinte depuis son installation.

« Vous m'avez prise pour un sapin de noël ? » avait rétorquée la Capitaine en arrivant devant son bureau ce matin là.

Interrogation qui avait été suivie d'une légère envie de rire collective de la part de ses subordonnés.

Ils avaient dû attendre patiemment que Gates s'enferme dans son bureau (non sans avoir jeté au passage quelques regards suspicieux à l'assemblée), pour enfin exprimer leur hilarité.

Kate rit doucement en repensant à cette anecdote. Puis elle se rapprocha de son bureau, tira un formulaire de procès-verbal de son tiroir et entreprit de rédiger ce dernier.

Elle posait à peine sa plume sur le papier lorsque le téléphone posé à ses côtés vibra doucement. Elle jeta un coup d'oeil au nom de l'interlocuteur. Elle sourit et pressa le bouton « Déccrocher ».

-Bonsoir Castle ! Vous n'êtes pas sensé être en pleine croisade culinaire ?

-Hey ! Fit la voix de l'écrivain au bout du fil. Si si ! Je viens d'ailleurs de finir de recoudre l'intimité de ma dinde, et je mitonne ma sauce secrète au moment ou je vous parle. Mais j'appelais simplement pour savoir si vous avez survécu à cette journée sans votre « partenaire exemplaire » !

La jeune femme leva les yeux au ciel et se recula contre le dossier de chaise, tournicotant une mèche de cheveux entre ses doigts.

-La journée a été calme, répondit-elle. Essentiellement ponctuée par l'arrestation d'illuminés se prenant pour le père-noël, comme chaque année en somme.

-Si ça se trouve vous avez arrêté le vrai ! Vous imaginez ? Tous ces enfants que vous allez priver de cadeaux...

-Enfants ? Vous n'avez rien commandé cette année Castle ? Se moqua la jeune femme.

- Si bien sur ! Mais mon cadeau à moi est peut être un peu trop complexe, même quand on s'appelle Saint Nicolas.

-Vous m'intriguez, fit la jeune femme. De quoi s'agit-il ?

-Tututut ! Je ne vous révélerais pas de quoi il s'agit, rétorqua l'écrivain, c'est comme les vœux, si on les confie ils ne se réalisent pas. C'est bien connu.

-Mince...Murmura alors la jeune femme.

-Quoi donc ? S'enquit l'écrivain.

-L'autre jour vous aviez oublié votre lettre au père noël sur votre bureau, du coup je me suis permise d'y jeter un coup d'oeil...

-Haha, très drôle, bougonna l'écrivain au bout du fil.

Bougonnage presque immédiatement suivi d'un « slurp » intriguant.

-Mmmm, cette sauce est parfaite, fit-il remarquer. Un chef d'oeuvre !

-Et vous ne dîtes pas du tout ça parce que vous en êtes l'artisan n'est-ce pas ? Le taquina la jeune femme.

-Bien sur que non ! Pour qui me prenez-vous ! Se révolta faussement Castle.

Un court silence éloquent suivi cette interrogation. Puis l'écrivain se racla la gorge avant de poursuivre.

-Hum, sinon vous êtes certaine d'avoir bien réfléchi à ma proposition ? Vous ne voulez vraiment pas venir passer le réveillon à nos côtés ? Mère joue ce soir au théâtre, mais ça ferait plaisir à Alexis !

Sur ce dernier point Kate n'était sure de rien. Ses relations avec la jeune fille avaient pris une drôle de tournure depuis quelques temps...

-Et puis pour ne rien vous cacher, j'ai fait bien plus de cette sauce délicieuse qu'il n'en faut ! Poursuivit l'écrivain, avançant là son dernier argument.

La jeune femme secoua la tête, oubliant un instant qu'il ne pouvait la voir.

-Encore une fois c'est très gentil à vous d'avoir pensé à m'inviter Castle, mais Noël est une fête familiale. Je préfère vous laisser partager cette soirée avec les votres.

-Justement, c'est une fête familiale et votre père est à l'autre bout du pays, Lanie à son séminaire de médecins légistes...Drôle d'idée à noël par ailleurs...Vous n'allez pas passer la soirée seule !

-Ne vous en faites pas pour moi Castle, répondit la jeune femme, j'ai prévu de me faire livrer un copieux plateau repas, j'ouvrirais une bonne bouteille de vin. Et puis ils repassent A Christmas Carol sur le cable...

-Oh j'adore ce film ! S'exclama l'écrivain.

- Vous voyez, mon programme est alléchant malgré tout, fit la jeune femme en souriant légèrement.

-Moins que cette superbe sauce que vous n'aurez pas l'occasion de goûter cependant, nota le cuistot de noël, un soupçon de déception dans la voix. Mais très bien, je n'insiste pas. J'espère que vous passerez une belle soirée en tout cas Beckett.

-Vous également Castle, répondit la jeune femme en souriant. Passez un bon réveillon, et un joyeux noël par avance.

-Joyeux Noël Kate..

Elle raccrocha et reposa le téléphone à ses côtés. Songeuse. Elle n'était pas certaine de pouvoir réellement justifier la raison de son refus face à cette invitation. Lorsque l'écrivain le lui avait proposé pour la première fois quelques jours plus tôt elle avait marqué un temps d'hésitation avant de finalement décliner poliment. Elle avait lu de la déception dans son regard, et dans le fond elle aurait aimé changer d'avis et accepter, au risque de passer pour une girouette. Mais une petite voix décidément bien encombrante dans son esprit, l'avait retenue au dernier moment... Elle et la fête de noël n'étaient pas franchement les meilleures amies du monde de toute façon...

Elle était toute à sa réflexion sur le « pourquoi du comment », lorsque soudain les lumières principales de la pièce s'éteignirent, plongeant l'endroit dans le noir.

-Vous êtes sympas les gars, murmura-t'elle, mais tout le monde n'a pas terminé de travailler...

Elle attendit un court instant, le temps que son regard s'habitue un peu à l'obscurité, puis se leva, et tatonna à l'aide de la lampe de poche de son téléphone portable pour trouver l'interrupteur. Elle supposait que les agents de sécurité avaient éteint les lumières du batiment au compteur général avant de partir, pensant probablement ce dernier vide, mais lorsqu'elle pressa le bouton pour rétablir la lumière, rien ne se produisit.

Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle et au détour d'une fenêtre, remarqua que l'ensemble de l'éclairage du quartier semblait faire défaut. Elle soupira. Ce n'était pas la première fois, par temps de neige, qu'un cable ou une antenne cédaient sous le poids de la poudreuse, privant une partie de la ville d'éléctricité. Généralement le courant revenait cependant bien rapidement. L'avantage de vivre dans une grande ville gouvernée par l'éléctronique.

Elle retourna vers son bureau, toujours à tatons, et se résolut à rédiger son procès-verbal à la lueur de sa lampe de poche. L'horloge de son téléphone indiquait 21h.

« Tu termines ça au plus vite et tu te dépêches de retrouver ton chez toi éclairé et chauffé» se murmura-t'elle à elle même en notant la fraicheur soudaine de la pièce.

Elle tenta de grifonner quelques notes mais la lampe de son téléphone ne cessait étrangement de clignoter, ce qui rendait l'opération peu aisée. Elle soupira et se recula à nouveau contre le dossier de sa chaise.

Le silence qui habitait le poste en cette veillée de noël avait quelque chose de rassurant, de paisible. Elle avait passé quelques réveillons sur place par le passé, lorsque le District 12 était d'astreinte. Elle se portait généralement bien vite volontaire pour assurer les gardes. Mais l'ambiance ce soir là était très différente, l'endroit vidé de toute vie et de toute lumière prenait une toute autre consistance.

Elle songea à ces familles qui devaient à cet instant précis passer à table. Ces parents qui échangeaient des regards complices et volontairement mystérieux en songeant aux belles surprises qui attendraient leurs petits anges en culottes courtes au matin.

Si elle y réfléchissait bien, elle n'avait plus vraiment fêté Noël depuis la disparition prématurée de sa mère. Celle-ci, étant survenue en janvier, la date anniversaire était un peu trop rapprochée de l'évênement en question à son goût. Et ces prémices d'hiver avaient le don de lui mettre le cafard.

Depuis une douzaine d'années, elle et son père s'étaient ainsi la plupart du temps contentés d'un repas sommaire au soir du 24 décembre. Et elle était généralement chez elle bien avant 22h.

Elle ferma les yeux en songeant à ces réveillons d'enfance qui n'avaient rien à envier à ceux des films que le cable s'acharnait à diffusait en boucle chaque année. Lorsque la famille Beckett était encore heureuse et unie et que Noël était une fête. Une vraie.

Les paupières toujours closes, elle distingua soudain comme les volutes d'une lumière clignotante. Elle rouvrit les yeux, surprise. Le courant était-il déjà de retour ? Ou son téléphone se la jouait simplement en mode solitaire ?

Ce n'était rien de tout ça. Et elle haussa un sourcil intriguée lorsqu'elle découvrit que le sapin près de l'entrée et la guirlande ornant le bureau du capitaine clignotaient tous les deux.

Pourtant l'éléctricité ne semblait pas avoir fait son come-back...Cela n'était pas franchement « logique», songea-t'elle.

Elle quitta son siège et, toujours armée de son téléphone, fit quelques pas dans la pièce désormais légèrement éclairée. Elle s'approcha du sapin pour constater que la guirlande qui le recouvrait était bien reliée à une prise et qu'elle n'était pas équipée d'une sorte de « batterie de secours ». Cette dernière fonctionnait donc bien sur courant alternatif...

Elle pressa l'interrupteur sur le mur face à elle. Mais la lumière n'avait pas fait sa réapparition. Un nouveau coup d'oeil par la fenêtre lui confirma que la panne était toujours plus que jamais d'actualité.

Elle se gratta machinalement la nuque. Quelque chose lui échappait. Elle se pencha en avant pour débrancher la guirlande multicolore. Mais même sans aucune connexion, les lumières continuaient à clignoter.

Elle fit le tour de l'arbre, se penchant pour essayer de comprendre. Rien de tout ça n'avait d'explication cohérente. Et si Castle avait été là, il se serait empressé de lui fournir une demi-douzaine de théories, plus loufoques les unes que les autres.

Elle passa cinq bonnes minutes à disséquer les branches du sapin, les ampoules de la guirlande, sans parvenir à trouver la source de cet éclairage. Quand soudain...

-Je reconnais bien là ton esprit procédural...

La voix était sortie de nulle part. Elle sursauta et fit tomber son téléphone sur le sol au passage.

Le murmure féminin, presque chuchoté et étrangement familier qui venait de troubler le silence semblait provenir du fond de la pièce, à hauteur de son propre bureau. D'où elle était située elle ne distinguait cependant rien du tout.

Par pur réflèxe, elle porta la main à sa ceinture ou son arme de service se tenait prête, en fidèle alliée. Mais en réalité, au moment même où cette voix avait brisé le silence elle avait eu l'intuition que son arme était le dernier objet dont elle aurait besoin.

Elle posa sa main libre sur le bureau de Ryan à côté d'elle, légèrement tremblante, et lança d'une voix moyennement assurée.

-Qui est là ?

Silence complet.

-Je suis armée !

-Je ne pense pas que tu auras besoin de ton arme Katie...reprit calmement la voix.

Il émanait d'elle une bienveillance troublante.

La jeune femme manqua de glisser et de se liquéfier sur place. Cette voix...Comment avait-elle pu ne pas la reconnaître instantanément ? Elle ferma les yeux et secoua la tête de gauche à droite.

« Reprend tes esprits Kate ! Tu es fatiguée, Castle a du glisser un quelquonque mélange dans le paquet de café pour te faire une blague ! C'est bien son genre ! Rien de tout ceci n'est réel ! »

Elle rouvrit les yeux, persuadée que cette hallucination auditive ferait désormais place au silence éloquent des minutes précédentes. Mais visiblement « l'hallucination » en question en avait décidé autrement.

- Eh bien non, je ne me suis pas évaporée d'un clignement de paupière, fit amusée la voix douce qui provenait du fond de la pièce.

La jeune femme demeura interdite, comme paralysée. Elle qui vivait une existence gouvernée par la rationnalité ne pouvait concevoir une telle présence. Sa main serra le bureau de son collègue, elle en avait les jointures blanches.

- Ces guirlandes fonctionnent sans le moindre courant, murmura la voix, pourtant à cette idée tu ne fermes pas les yeux en priant n'être qu'au beau milieu d'un rêve drolement réaliste.

Elle semblait « lire dans ses pensées », songea la jeune femme.

- C'est donc bien ça ? Je suis en train de rêver ? Lacha Kate, luttant contre la paralysie qui atrophiait sa machoire.

-Est-ce que tu te poses cette question lorsque tu es endormie ? Eluda pour toute réponse son interlocutrice.

-Ce n'est...pas une réponse, rétorqua Kate perdue, la voix faiblissant légèrement dans les aigus.

-C'est la seule que je peux t'apporter...

La jeune femme secoua la tête à nouveau...Ne sachant comment gérer ce qui était en train de se produire... Elle prit une longue inspiration, ferma les yeux à nouveau, pour trouver du courage cette fois, puis entreprit de faire quelques pas en direction de son bureau.

En approchant elle distingua une fine silhouette, assise sur le vieux bois du meuble, face au tableau blanc, dans une position qu'elle avait elle aussi bien souvent adoptée.

Elle n'avait pas besoin de s'approcher d'avantage pour reconnaître ce visage de profil, ces traits qui n'avaient jamais vieilli...Tout ceci était complètement insensé.

Lorsqu'elle fut à moins d'un mètre, la femme qui lui faisait face leva la tête et sourit.

-Bonsoir Katie.

La jeune femme vacilla et sentit sa gorge se nouer...

-J'ai déjà fait ce rêve. Il n'y a pas de raison que cette fois ci ce soit différent. Je vais me réveiller et tu auras disparu, comme à chaque fois...

Elle secoua la tête comme pour s'en convaincre.

-Oui, tu vas me laisser à nouveau...

Johanna ne se départit pas de son sourire mais il était soudain devenu plus grave.

Elle tapota l'emplacement libre sur le bureau, pour inviter sa fille à la rejoindre. Il émanait d'elle une lumière naturelle. Pas une clartée ou une auréole comme on peut en observer dans certains téléfilms ridicules, simplement une aura réconfortante qui semblait éclairer l'endroit.

Kate fit timidement quelques pas. Toujours persuadée d'être en plein rêve. Pragmatique.

Elle était à présent à quelques centimètres à peine. Bien incapable de s'asseoir à ses côtés cependant. Comme frappée à l'estomac par la réalité bluffante de cette vision qui la clouait sur place.

Johanna plongea son regard dans celui de sa fille. Elle comprenait.

Puis elle la détailla de bas en haut avec émotion.

- Tu étais déjà une enfant magnifique, tu es devenue une femme sublime Kate.

Kate s'accouda contre le rebord du tableau blanc et ferma les yeux à nouveau en secouant doucement la tête.

Bien entendu lorsqu'elle les ouvrit quelques instants plus tard, sa mère lui faisait toujours face.

Et cette boule dans sa gorge prenait de plus en plus de place...

-Pourquoi ? Questionna-t'elle simplement.

Perdue.

-Pourquoi ?

Johanna sourit.

-J'ai me suis laissé dire que ma fille ne fêtait plus vraiment Noël ces dernières années. J'ai du mal à le croire lorsque je me rappelle de la passion que tu nourrissais pour cette fête étant enfant.

-Je pense qu'on peut m'accorder des circonstances atténuantes, répondit Kate. Noël c'était notre fête à toutes les deux. Sans toi c'était...Ca n'avait plus aucun intérêt.

Sa mère secoua doucement la tête, avec bienveillance mais désapprobation.

-Tu ne peux pas t'enfermer dans le passé indéfiniment Kate. Permets moi de te dire que tu t'apprêtes à manquer un certain nombre de belles choses si tu persistes à regarder derrière toi...

-Je ne suis pas certaine de bien comprendre.

Johanna hocha la tête l'air entendu.

-C'est naturel. Et je suis ici pour te montrer.

-Me montrer ?

Kate s'était légèrement décollée du tableau blanc et le détailla soudain, curieuse, comme si ce dernier allait lui révéler toutes les réponses à ses questions. Mais il était entièrement vide.

Johanna acquiesca.

-Ce qui était. Ce qui est. Ce qui sera...En quelque sorte.

La jeune femme reporta son regard en direction de sa mère haussa un sourcil.

-Je ne suis pas sure de comprendre d'avantage formulé comme ça...

-Tu vas comprendre, fit Johanna en souriant.

Sur ces mots elle tendit doucement la main en direction de sa fille.

Kate regarda sa mère, puis la main tendue, puis sa mère à nouveau. Pas certaine de bien comprendre ce qu'elle attendait d'elle.

-Prends ma main Kate, murmura-t'elle.

La jeune detective déglutit. Accepter de concevoir qu'elle parlait à un « fantôme » était une chose. Tendre la main dans le vide pour toucher cette apparition en était une autre.

-Tout sera bien plus clair dans un moment, promit Johanna, sans quitter son sourire bienveillant.

Kate secoua la tête de droite à gauche. Dans de telles circonstances Castle serait aux anges, se mordrait la main d'excitation, et lui lancerait un bon « Je vous l'avais dit ! » bien cinglant au sujet de l'existance des fantômes (et tant qu'à faire des petits hommes verts et autres Teletubbies). Mais ce n'était pas dans la personnalité cartésienne de la jeune femme d'accepter de « croire » à ce genre de choses.

-Tu réfléchis trop, murmura Johanna. Tend simplement ta main vers moi Katie.

Un frisson parcourut l'échine de la jeune femme. Cette façon de prononcer son prénom, cette intonation si particulière...Voilà plus de dix ans que ces mots n'avaient plus résonnés à son oreille de cette façon...C'était insensé...Mais après tout n'était-ce pas une chance ? Même si tout ceci s'avérait au final n'être qu'un rêve. Cela ne valait il pas la peine de prendre la main tendue ? De saisir cette occasion d'un contact maternel après tout ce temps ?

Elle finit par se résoudre à doucement lever le bras, puis approcher la main de celle de sa mère. L'air lui sembla soudain chaud, suffoquant. Et à mesure qu'elle évoluait en direction de la paume ouverte, elle se sentit envahie d'une sensation indescriptible. Comme si des micros décharges éléctriques lui remontaient de la pointe de ses pieds jusqu'à la racine des cheveux.

Au moment même ou les deux mains se joignaient enfin, ce qui l'entourait se dissipa dans une sorte d'explosion silencieuse et lumineuse. Des millions de points jaunes et blancs, semblables à tes étoiles l'entourèrent soudain et la vision de sa mère se fit floue, puis inexistante.

Elle perdit connaissance.