Well well well... ce qui suit est un résumé bref de la vie de mon Branette. J'aime mon Branette ! (tellement que je l'ai torturé comme pas possible...) M'enfin ! Voici le comment du pourquoi que Muñeca est devenu ce qu'il est :
Tu ne m'as jamais aimé. Pourquoi tu ne m'as jamais aimé ? C'est toujours comme ça, les enfants ? Ça décide de quelle poupée est gentille, de quelle peluche est méchante ? Tu m'as toujours détesté parce que tu as décidé que je serais le méchant dans toutes les histoires. Tous les jeux tordus qu'une gamine de ton âge pouvait inventer, c'était moi qui les faisait. Je kidnappais les autres, je frappais les autres, je me moquais des autres. J'en ai tué un, une fois. Parce que tu as décidé que je serais le méchant. Et tu me punissais. Toujours. C'est ce que tes parents te disaient : « les méchants, on les puni, ils l'ont mérité ». J'étais méchant, je méritais.
Alors tout ce qui te passais par la tête pour me punir, je subissais. Comme la poupée que j'étais. Et puis est venu le temps où tu as grandi un peu, pas beaucoup, juste assez pour décider que c'était une bonne idée de me jeter par la fenêtre pour que j'attérisse en bas. Ça fait mal, depuis ta chambre, tu sais. Ça fait mal de tomber de la fenêtre la plus haute de la maison et de m'éclater en bas comme la poupée désarticulée que j'étais ! Et puis te venais me voir, tu te penchais sur moi avec ton regard amusé, avec tes autres poupées, celles à qui j'ai fait du mal. Et tu me disais que c'était de ma faute, parce que j'avais été méchant, parce que je ne t'écoutais pas quand tu disais qu'il fallait être gentil.
Et puis tu as continué de grandir. Encore un peu, juste assez pour recevoir ton premier pokémon. Ah, il était gentil, celui-là. Mais tu as décidé que tu étais grande. Tu m'as lancé par la fenêtre une dernière fois. Et tu n'es jamais venue me chercher.
Ah, Sonia, tu m'as lâchement abandonné comme la poupée sale, mauvaise, laide, souillée, méchante, affreuse que j'étais. Que je suis toujours. Je t'ai détesté pendant longtemps. Longtemps. Le temps que cette haine commence à m'animer, commence à faire mouvoir mon corps, jusqu'à ce que je me transforme en une chose vivante, à peu près. J'étais devenu un pokémon, c'est ce qu'on m'a expliqué. Mais le vent, mais les animaux, mais les poubelles m'avaient éloignées de toi. Et quand je déambulais en te cherchant, Sonia, pour te faire souffrir, comme moi j'ai souffert, tout le monde s'écartait. Ils voyaient à quel point j'étais méchant, et je me rappelais que je devais être puni pour l'être toujours autant.
Il faut punir les méchants, et j'ai toujours été méchant. Punissez-moi, punissez-moi, je le mérite, je ne suis plus rien si vous ne me punissez pas. Je dois recevoir ce que je mérite pour avoir fait autant de mal, c'est ce qui m'est dû, punissez-moi, punissez-moi.
Alors j'ai commencé à ne plus te haïr. En fait, je t'oubliais, parce que j'avais besoin d'être puni pour le mal que je causais. Lequel ? Aucune idée. C'était toujours la même pensée dans ma tête : « punissez-moi, je suis méchant, je cause du tord aux autres, punissez-moi, je suis un monstre. ». Mais personne ne venait me rendre le mal. Tout le monde me fuyait. Parce que j'étais méchant ? Aucune idée. Mais tout le monde me fuyait. Donc je me suis puni tout seul. Comme j'ai pu, avec tout ce que je trouvais. Tout ce qui pouvait me faire ressentir de la douleur était bon à prendre.
Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Mais au bout de ce temps-là, j'ai commencé à aimer les punitions que je m'infligeait pour expier le mal que je faisais. Et comme j'aimais, je me faisais plus mal encore, pour me punir d'aimer ça. Mais ça ne fonctionnait pas bien. J'ai dérivé longtemps, sans vraiment réfléchir correctement, j'étais perdu de toute façon, autant sur Terre que dans mon cerveau. Et je continuais de me punir, parce que je le méritais, que j'étais méchant.
Et puis un jour il y a eu cette douleur fulgurante. Je me suis dit que c'était la dernière punition, qu'après il n'y aurait plus rien, parce que je ne serais plus là. J'étais heureux, dans un sens, je n'allais plus faire de mal, on m'avait toujours dit que je ne devais pas faire de mal aux autres, toi, Sonia, tu me le répétais sans cesse, ne soit pas méchant, tu seras puni. Et cette douleur, c'était ma dernière punition, après je n'existerais plus, je ne serais plus rien, plus rien, et ce serait bien.
Il y a eu une voix dans la douleur. C'était flou, c'était lointain, je n'ai pas compris. Il y a eu le froid dans la douleur, le froid contre une peau qui apparaît, qui se tend sur des tiges blanches et dures puis sur de la matière rouge. Et puis la punition a été tellement lourde, que je suis tombé dans le noir, comme le mauvais spectre que je devais être.
Après ça, il y a eu un moment de battement. J'étais devenu humain, et j'étais perdu. Est-ce que c'était une punition ? Est-ce que c'était une action mal de plus ? Est-ce qu'il fallait que je sois puni pour ça ? J'étais perdu. Mais ce nouveau corps, qui ressemblait au tien, Sonia, il pouvait saigner, et ressentait les punitions différement. J'ai connu la vraie douleur, quand je me suis réveillé, que j'ai titubé dans cette maison que je ne connaissais pas – et que j'envahissait, ce qui était mal – et que j'ai trouvé un couteau dans le tiroir. Quand je me le suis planté dans le bras, j'ai eu si mal, et c'était si bon, que j'en suis tombé par terre, et j'ai culpabilisé d'aimer me punir.
Le froid est revenu et la voix rauque a encore retenti. Ce n'était pas un humain, c'était un pokémon. Un pokémon grand, blanc, froid, avec de grands yeux violets qui me scrutaient comme s'ils regardaient mon âme souillée et laide, impure et atroce. Avec ses gros bras, il m'a poussé, il a retiré le couteau de mon bras, et j'ai eu mal, et il a crié. Il a mit des glaçons sur mon bras. Ça aussi ça faisait mal.
Plus tard, j'ai apprit que ce Blizzaroi s'appelle Yukino. Qu'il a une Dresseuse, qui s'appelle Nero. Qu'ils passaient dans le coin quand mon corps à muté et que j'ai crié. Qu'ils ont décidé de s'occuper de moi. Il n'y avait pas que Yukino, il y en avait plein d'autres. Mais eux aussi ils me fuyaient, ils sentaient que j'étais sale, que j'étais méchant, que j'allais leur faire du mal. Et comme pour les rassurer, pour les convaincre que je ne leur ferais pas de mal, je me punissais. C'était logique. Regardez, je m'empêche de vous faire du mal, regardez, tout ce sang qui coule, c'est la preuve que je m'empêche de vous blesser. Mais Yukino, il est resté.
Il était toujours là quand je commençait à faire des bêtises – qui me donnaient envie de me punir encore. Je sais que c'était un cercle vicieux, parce que la douleur m'attirait, que j'aimais la douleur, et que petit à petit je ne faisais plus ça que pour me punir. Je sentais cette partie étrange de moi, entre mes jambes, qui durcissait quand je faisais courir une lame dans mon ventre. Et Yukino était toujours là pour me crier dessus, pour m'emmener voir les Leveinards qui me recousaient, patiemment, assidûment, habituellement. Et Yukino était toujours là pour me rassurer, avec ses gros bras blancs et froids, ses gros yeux violets qui me scrutaient comme s'ils voyaient autre chose qu'une âme souillée et laide, impure et atroce. Qui me grognait des choses que je ne comprenais plus mais qui me rassuraient. Même si je voulais recommencer, ouvrir les points de suture, revoir mon sang couler et sentir cette chose entre mes jambes durcir encore.
Et puis il y a eu Kuro. Le Nostenfer de Nero. Il me tournait toujours autour, il me mordait aussi parfois, il buvait mon sang, et on aimait ça. Ça faisait mal, et lui aimait boire. Un jour, Kuro est devenu humain, lui aussi. Il est arrivé devant moi, tout nu, il m'a fait un grand sourire effrayant, il m'a jeté par terre, m'a déshabillé et a mit sa chose, son « sexe » en moi sans rien de plus, comme ça. Ça m'a fait tellement mal que j'ai pleuré, j'ai gémit, j'ai durci, j'ai joui, je l'ai supplié qu'il recommence. Et c'est comme ça que s'est installée notre routine. Il me baisait, il me torturait, et moi j'aimais ça, je me laissais faire, parce que c'était bon, parce que j'aimais la douleur, parce que ça me faisait oublier ma culpabilité. Comme si je ne la ressentais plus. J'aimais la douleur pour ce qu'elle était et pas parce que c'était une punition.
D'autres pokémons sont devenus des humains, ensuite. Yukino aussi est devenu humain. Il est devenu vraiment beau. Ses grognements sont devenus des mots gentils, dits d'une voix grave, ses gros yeux sont devenus de jolies orbes violettes avec des cils très longs, comme une fille. Sa peau est devenue moins froide, et ses bras plus aptes à m'encercler doucement. J'étais bien dans les bras de Yukino, c'était simple, mais j'avais peur de le souiller. Parce que Yukino, il est pur, et que moi je ne le suis pas. Alors j'ai tû ce désir que j'avais pour lui, qui me consummait comme le faisait ma culpabilité avant. Je voulais Yukino, pas dans mon cœur, je voulais son corps, parce que je ne connaissais que ça, parce que les sentiments, je ne pouvais pas en éprouver, je suis méchant, et les méchants n'éprouvent pas de sentiments. Yukino n'a jamais sû avec quelle ardeur j'ai voulu qu'il me prenne, avec quelle ardeur j'ai voulu le sentir en moi, avec quelle ardeur j'ai voulu qu'il continue de me dire des mots doux pendant qu'on baisait. Jamais. Parce qu'il ne faut pas souiller un être aussi pur, aussi bon.
Je ne l'ai jamais dit à Kuro non plus. Je ne l'ai dit à personne, en fait. C'était comme commencer à noircir cette personne si bonne, et qui m'aidait tellement. Même s'il ne semblait pas d'accord avec ce que je faisais de mon corps. Yukino n'aime pas Kuro. Personne n'aime Kuro. Moi non plus je ne l'aime pas. Mais notre relation a duré longtemps, elle a duré des années durant lesquelles il m'a contenté, il m'a fait souffrir, il a laissé cours à son sadisme pendant que moi je prenais mon pied sous toute cette douleur jouissive, avec toutes ces cicatrices qu'il m'infligeait, et que je suis fier d'exhiber.
Ils m'ont accepté, les autres, maintenant. Tout le monde sait ce que je fais avec Kuro, parce qu'on ne s'en cache pas, parce qu'il n'y a rien à cacher, mais ils s'en fichent. Ils me disent que je ne suis pas méchant, qu'en fait ils me trouvent vraiment gentil, et amusant. Je ne les comprends pas. On m'a toujours dit que j'étais méchant, et j'ai toujours fait souffrir les autres. Alors je ne comprends pas ce qu'ils me disent. Mais tant que j'ai Kuro pour me faire mal, et tant que j'ai Yukino pour tout le reste, alors je m'en fiche, qu'ils pensent ce qu'ils veulent.
