Prologue

Le vent frappait violement ma figure, irritant mes lèvres, emmêlant mes cheveux, comme pour me donner un avant gout de ce qui allait se produire si je franchissais cet imposant portail de fer. Je levais le regard vers le manoir, sombre et imposant, les poils derrière ma nuque se dressèrent et ma peau frissonnât, la peur envahit petit à petit chaque parcelle de mon corps et de mon âme, tous mes sens étaient en alerte, guettant le moindre craquement sinistre dans le silence inquiétant qui régnait en maitre sur la nuit. N'importe quelle autre sorcière aurait fait demi-tour, mais pas moi. Non, moi je n'étais pas une trouillarde, j'étais une gryffondor, la fille d'Hermione Granger et de Ronald Weasley, et je me devais de passer au-delà de l'horreur qui tétanisait mes membres. Au fond de mon cœur, une petite voix me soufflait que j'étais sur la bonne piste, que je le trouverais ici. Il m'avait détruite, il avait tout ravagé dans mon cœur, tout emmené avec lui, ma joie et mon âme, et pourtant je ressentais cet étrange besoin d'être auprès de lui, je savais que je devais le sauver. Il avait peut être volé ma vie, mais ma conscience me hurlait que je ne devais pas ravir la sienne. Derrière ces murailles se trouvait la souffrance, la débauche et la mort, et pourtant à chaque pas que je faisais je me sentais plus forte, je me rapprochais de mon destin, et surtout : de lui

Chapitre I – Poudlard Express.

Le quai de la gare grouillait de sorciers, les mères étaient en pleurs et les pères distribuaient des étreintes émues à leurs progénitures. Rose Weasley fixait sa mère de ses grands yeux océans, elle était pour elle un véritable modèle, combien de fois lui avait-on compté ses prouesses à Poudlard ? Elle ne saurait le dire, tout ce qu'elle savait à ce moment précis c'était que son tour était enfin venu. La jeune fille observait la locomotive rouge cracher des panaches de fumée le regard rêveur. Autour d'elle de nombreux parents prenaient leurs enfants dans leurs bras, si bien que quand son regard s'arrêta sur une famille de trois personnes qui semblait attendre le Poudlard Express comme on patientait le bus, elle se tourna vers son père et demanda :

-Papa, qui sont les trois personnes en face de nous ?

Ronald Weasley jeta un coup d'œil rapide aux intéressés et se tourna vers sa femme, qui détourna le regard à son tour.

-Ce sont les Malefoy. Voici donc le petit Scorpius, murmura Ron. Arrange-toi pour être toujours meilleure que lui en classe, Rosie. Dieu merci, tu as hérité de l'intelligence de ta mère.

- Ron pour l'amour du ciel, dit Hermione, moitié sérieuse, moitié amusée, n'essaye pas de les dresser l'un contre l'autre avant même qu'ils aient commencé l'école !

- Tu as raison, admit Ron. Désolé.

Mais incapable de s'en empêcher, il ajouta:

- Ne sois quand même pas trop amie avec lui, Rosie. Grand-père Weasley ne te le pardonnerait jamais si tu épousais un Sang-Pur.

Rose rit doucement face à la réplique de son père qui lui lança un clin d'œil complice, avant qu'Hermione ne pousse un soupir résigné. Le sifflet annonçant le départ imminent du train retentit, strident, dans tout le hall. La belle brune aux boucles lourdes, et le grand roux dégingandé enlacèrent leur fille une dernière fois. Rose Weasley partait à Poudlard pour la toute première fois, tirant difficilement sa valise vers les portes automatiques, elle regarda une toute dernière fois ses parents et monta dans la locomotive, le sang pulsant fortement dans les veines. Au loin elle entendit sa mère crier :

-Je t'aime Rosie, sois prudente.

Ironiquement les portes claquèrent sur cette dernière réplique ne laissant pas le temps à la jeune sorcière de répondre. Elle peinait à tirer le lourd fardeau à travers les couloirs étroits, elle fût donc soulager de trouver enfin un compartiment qui n'était habité que d'une personne. Le petit blond qui était assis sur la banquette leva ses grands yeux bleus vers la nouvelle arrivante, se demandant pourquoi diable avait-elle choisis cet emplacement…

-Salut, souffla Rose. Tous les autres compartiments sont pleins, j'espère que ça ne te dérange pas si je m'installe ici. Ne t'inquiètes pas je ne te dérangerais pas…

-Je t'en prie.

C'est ainsi que Rose pour la première fois de sa vie, n'écouta pas une des recommandations de ses parents, après tout il était temps de grandir et d'assumer ses propres choix. Elle mit sa male sur le filet et pris place en face du garçon. Malefoy trouva que cette jeune fille avait un petit air espiègle, elle avait de longs cheveux bruns acajou aux reflets roux et des yeux bleus pétillants, qui plus est qu'elle le fixait depuis cinq bonne minutes.

-Très bien, vu que tu ne sembles pas décidé à me parler, heureuse de faire ta connaissance Scorpius.

-Comment sais-tu comment je m'appel.

-Je suis Rose Weasley, et je crois que nos parents se détestent, ajouta la fillette avec un petit sourire.

Scorpius ne put s'empêcher de le lui rendre, la bonne humeur de la petite Weasley était contagieuse. Elle sortit d'une des poches de son sac à dos, un paquet de dragées surprises de Bertie Crochu et lui lança un petit regard de défis.

-Le premier qui tire un parfum poubelle ou crotte de nez, doit recevoir un gage.

-J'accepte. Prépare-toi à perdre !

Les deux enfants entamèrent donc leur petite compétition, enfournant dans leur bouche l'un après l'autre un nombre conséquent de friandises. Au bout de ce qui parut des heures, Scorpius cracha dans un mouchoir, une horrible pate verdâtre à moitié mâchée.

-Beurk… Murmura-t-il. Poubelle !

Rose jubilait, elle n'était même pas encore arrivée, qu'elle avait déjà un point d'avance sur ses camarades. Son nouvel ami la regardait, quelque peu dépité, attendant son dû. Comme elle ne connaissait personne à Poudlard, hormis ses cousins James et Albus, elle décida que Scorpius devait être dans la même maison qu'elle, et comme il lui semblait improbable de ne pas être à Gryffondor…

-Ton gage consiste à entrer à Gryffondor.

-Mais… Aucun membre de ma famille n'a jamais quitté Serpentard, je suis né pour être un vert et argent, c'est ce que père a toujours dit !

-Père ? Scorpius, tu tiens vraiment à écouter ce que t'ordonne ton « père » ? Tu es libre d'être qui tu veux à Poudlard, et si comme je le pense, tu as un tant soit peu l'esprit de compétition, tu n'iras pas à serpentard. Penses-tu vraiment qu'il soit nécessaire d'écouter une personne qui ne te donne même pas le droit de l'appeler « papa » ?

Malefoy fixa la rouquine une fraction de seconde, bouche bée. Elle venait de lui donner une leçon de moral alors qu'elle le connaissait depuis moins d'une journée. En temps normal Scorpius n'aurait rien dit, depuis toujours il s'appliquait à faire profil bas pour ne pas que les gens pensent qu'il était le reflet de son père. Mais aujourd'hui, devant cette rousse pleine de cran, le blond prit son courage à deux mains et répliqua :

-J'irais où je veux, et je n'obéis à personne. Son interlocutrice eut un petit sourire satisfait.

-C'est bien ce que je disais, tu as une âme de Rebel, donc de Gryffi' !

Scorpius se renfrogna, et attrapa sa robe de sorcier, qu'il passa par-dessus ses vêtements, le jour avait décliné et son père lui avait assuré que le train ne tardait jamais d'arriver quand la nuit était tombée, Rose, qui à l'évidence ignorait cela, revêtit la sienne un peu après Malefoy. Le poudlard Express stoppa sa course et un brouhaha monstrueux envahit les couloirs, les deux premières années saisirent leurs valises et sortirent dans la fraicheur de la nuit. Autour d'eux quelques petites maisonnettes et ruelles se pointaient le bout de leur nez, les autres élèves se pressaient pour monter dans des calèches, qui semblaient reliées à des animaux invisibles. Rose aperçu son cousin James au loin, accompagné d'une bande de garçons qui semblaient tous aussi cancres les uns que les autres, elle souffla longuement. Scorpius tira sa manche doucement, lui intimant de regarder : devant elle se tenait Hagrid. Sa barbe et ses cheveux étaient plus hirsutes que jamais et il scandait :

-Les premières années par ici s'il vous plait !

Les deux amis se rangèrent devant le géant et furent bientôt rejoints par les autres nouveaux sorciers. Ils entamaient enfin, la dernière ligne droite qui les séparait de leur rêve d'enfant : Poudlard.