Titre : la porte de l'âme
Auteur : Zif'

Couple : L / Raito Yagami
Fandom : Death note
Rating : G
Thème : #01 regarde-moi
Disclaimer : les persos appartiennent à Takeshi Obata ç.ç (s'arrache le cœur)

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La porte de l'âme

Yagami Raito était fort mal à l'aise. Il était assis en face de Ryuuzaki (alias L), celui-ci lui ayant suggéré de prendre une tasse de thé.

Voilà quelques jours qu'il avait rejoint l'enquête sur Kira, et dans cette chambre d'hôtel où ils travaillaient avec les quelques membres de la police restants sur cette affaire, ils s'attelaient à la tache difficile de retrouver le deuxième Kira.

Cela faisait un quart d'heure que Ryuuzaki avait manifesté l'envie de prendre du thé et des gâteaux, tranquillement. Un quart d'heure qu'il avait sa tasse dans une main, son assiette sur laquelle trônait une part de tarte aux fraises dans l'autre. Un quart d'heure qu'il fixait Raito.

Le châtain gigota sur son fauteuil. Il détestait ce regard vide et sans reflet. Les yeux de Ryuuzaki ne trahissaient aucune émotion, aucune réflexion, rien, à part le néant. Parfois il se demandait si le brun ne se mettait pas simplement en veille, comme un automate grandeur nature angoissant.

Raito se focalisa encore plus sur les yeux. Il ne voyait plus que ces deux taches noires, éclipsant le reste du corps situé en face de lui. Comme hypnotisé.

Il essaya de savoir ce que pensait Ryuuzaki. Pensait-il seulement, dans l'instant présent ? Il n'aurait su le dire. Le brun semblait alors dépourvu de toute humanité, de toute vie, comme figé dans l'immobilité latente d'une réflexion trop forte qui l'aurait projeté dans une dimension méconnue de quiconque –sauf de lui. L'âme pouvait-elle quitter le corps dans des moments où les pensées suscitaient l'oubli total du corps, l'impression de dématérialisation où les sensations n'étaient plus ?

Raito prit peur : à ces réflexions, il voyait maintenant le corps de Ryuuzaki comme une poupée sans âme, cette dernière s'étant évaporée dans un ailleurs lointain.

Non pas qu'il ressentait une affection ou une sympathie particulières à l'égard du jeune homme, au contraire, mais s'il avait voulu le voir disparaître ç'aurait été d'une façon un peu moins effrayante –quoique les choses surnaturelles commençaient à être familières pour lui.

N'empêche qu'il commençait sérieusement à s'ankyloser. Il se demanda si le brun le suivrait des yeux s'il bougeait. Il s'amusa intérieurement, ses réflexions tournaient brutalement de la physique inter dimensionnelle à l'enfantillage. Il se leva pour aller chercher des feuilles, se resservit une tasse, regarda Ryuuzaki… et constata avec horreur que le regard du brun était toujours figé sur l'endroit qu'il avait laissé vide.

Il était mort ou quoi ?

Sérieusement ?

"-Ry… Ryuuzaki… youhouuuuu… tu me vois ? tu m'entends ? tu es encore parmi nous ? tu es ailleurs peut-être ? tu es coincé dans la quatrième dimension ?"

Pas de réponse. Raito serra le poing. Qu'est-ce qu'il était agaçant avec ses bizarreries ! Il allait le frapper et…

Non, il ne pouvait pas le frapper ! Peut-être que c'était un test de Ryuuzaki pour voir s'il allait sortir de ses gonds à cette provocation ? Peut-être que le brun attendait que Raito le frappe, ce qui confirmerait ses doutes comme quoi il était Kira –la violence, les envies de meurtres, tout ça…

Raito savait que L le soupçonnait d'être Kira, puisqu'il lui avait dit.

S'il frappait Ryuuzaki, ce dernier penserait donc que Raito aurait nerveusement craqué face à la provocation, et donc que L le stressait, parce qu'il était Kira.

Mais s'il ne le frappait pas, L penserait que Raito aurait tout compris et s'empêcherait de le frapper juste pour montrer qu'il n'était pas Kira craquant nerveusement et réagissant à la provocation, parce qu'il était justement Kira tentant de le cacher.

S'il le frappait donc, il passerait pour Kira en train de se dire que s'il ne le frappait pas, c'est qu'il se retiendrait de le frapper pour ne pas montrer qu'il était Kira.

Mais s'il ne le frappait pas, il passerait pour Kira en train de se dire que s'il le frappait…

Yagami-san assista à l'étrange scène impliquant Ryuuzaki fixant d'un air effroyablement absent, tel que son esprit devait être en train de vagabonder dans les hautes sphères du fin fond du cosmos intersidéral des temps Anciens, et Raito, le menton dans la main, debout à côté de Ryuuzaki, l'air perdu dans une de ses réflexions dans lesquelles il finissait par se sortir soit en ricanant, soit en ronchonnant –il ne comprenait pas pourquoi par ailleurs.

D'un coup, il sursauta, voyant son fils entrer en mouvement.

Raito avait trouvé. L lui avait bien dit qu'il était le seul ami qu'il avait jamais eu ? D'accord, il allait jouer le rôle de l'ami inquiet.

Il se planta en face de Ryuuzaki, lui attrapa les épaules et le secoua comme un prunier en beuglant.

"-RYUUZAKI ! TU VAS BIEN ! Ryuuzaki, regarde-moi, regarde-moi ! Regarde-moi vraiment au lieu de fixer le vide à travers moi !"

Le brun eut un léger tremblement et regarda Raito d'un air bovin.

"-Raito-kun… t'étais pas assis sur le fauteuil y a une seconde ?"

FIN