TITRE : Fil Rouge

RÉSUMÉ : Il était en train d'imaginer les différentes façons dont il allait torturer John Le Rouge lorsqu'il le retrouverait. Et il le retrouverait, elle n'en doutait pas. La question était quand ? Dans combien de temps, et surtout dans combien de victimes ?

NOTE DE L'AUTEUR : C'est ma première tentative de fic The Mentalist, un peu d'indulgence svp, et les commentaires sont les bienvenus ! :)

ATTENTION : Spoilers jusqu'aux 2 derniers épisodes de la saison 2

Prologue

Il se figea. Son corps et son cerveau cessèrent de fonctionner pendant un bref instant, comme si un fil était déconnecté quelque part. Trois minutes. Quatre au grand maximum. Quatre minutes d'absence et son monde basculait une fois de plus. Il reprit rapidement le contrôle, au moins en apparence. Sirotant avec un calme froid une gorgée du café qu'il était allé chercher, il sortit son portable de sa poche de la main gauche et appuya sur une touche d'appel rapide. Malgré l'heure matinale, son interlocutrice répondit dès la deuxième sonnerie. Sans lui laisser le temps de poser de questions, il prononça d'une voix dangereusement maîtrisée :

_Lisbon. Vous devriez venir au bureau plus tôt que prévu ce matin.

Il raccrocha sans un mot de plus et se concentra sur les battements de son cœur pour contenir la terreur.

Sur le mur au-dessus du canapé sur lequel il passait tant de nuits, un visage rouge l'observait avec un sourire macabre.

Les bureaux du CBI n'avait pas connu une telle agitation depuis le meurtre de plusieurs agents quelques mois plus tôt. Au milieu de la tourmente, des téléphones hurlants, des bruits de faxes, du crépitement des flashs et des interjections, une personne, une seule, restait impassible. Tentant de focaliser son attention sur le gardien de nuit qui répondait à ses questions, l'agent Teresa Lisbon ne pouvait s'empêcher de lui jeter des coups d'œil inquiets de loin. Elle n'était peut-être pas aussi douée que lui, mais elle savait à quoi il pensait en cet instant précis. La ligne dure de la mâchoire, les rides plus visibles que d'ordinaire au coin des yeux et autour de la bouche, la tension qu'il ne parvenait pas à masquer dans les épaules, le regard plus froid que jamais ne laissaient planer aucun doute. Il était en train d'imaginer les différentes façons dont il allait torturer John Le Rouge lorsqu'il le retrouverait. Et il le retrouverait, elle n'en doutait pas. La question était quand ? Dans combien de temps, et surtout dans combien de victimes ?

Par-dessus le vacarme environnant, elle perçut les voix de deux de ses collaborateurs et elle leva une main pour signaler au gardien de nuit de se taire un instant.

_On est sûrs que c'est bien John Le Rouge ? Pas de cadavre, c'est inhabituel.

_C'est vrai, il va falloir…

_C'est bien lui.

Rigsby et Cho interrompirent aussitôt leur conversation pour se tourner vers l'homme qui avait parlé. Voyant leurs moues sceptiques, Patrick Jane haussa les épaules et répéta :

_C'est bien lui.

L'agent Van Pelt, restée muette jusque là, fit un pas vers lui, sembla vouloir s'approcher plus mais renonça, incertaine de la façon dont elle pouvait se comporter aujourd'hui avec le consultant. Le premier réflexe avec n'importe qui aurait été d'offrir un soutien, mais avec lui… Avec lui, rien n'était aussi simple, surtout quand il s'agissait du tueur en série qui avait assassiné sa femme et sa fille. Alors elle resta à bonne distance pour poser la question qui perturbait presque toutes les personnes présentes dans la pièce :

_Dans ce cas, à qui appartient le sang ?

Jane échangea un regard lourd de sens avec Lisbon qui avait fini par les rejoindre, et ce fut elle qui répondit à sa place, sachant à quel point la situation était difficile pour lui :

_Kristina Frye.

Les trois autres s'observèrent sans un mot, et pendant un instant, l'agitation autour de l'équipe sembla disparaître, le temps se suspendant pendant qu'ils essayaient d'intégrer ce que cela signifiait. Ils avaient tous espéré, sans trop y croire, que la médium avait pris la fuite et avait pu échapper aux griffes du meurtrier. Ce fut Lisbon qui finit par briser le silence :

_On devra faire des analyses pour en être sûrs, mais je parierais ma vie là-dessus. Je suis désolée, Jane.

Elle avait prononcé cette dernière phrase d'une voix douce, empreinte de douleur pour ce qu'il devait ressentir, espérant trouver une faille dans la carapace, atteindre ces émotions qu'il dissimulait mieux que personne. Mais au lieu de l'explosion qu'elle aurait été en droit d'attendre s'il s'était agi de quelqu'un d'autre, il répliqua d'un ton aussi doux qu'elle :

_Voilà quelque chose que vous ne devriez jamais parier.

Sans attendre de réponse, il profita du fait que les techniciens du labo venaient de retirer les protections sensées empêcher quelqu'un d'approcher de la scène et se laissa tomber sur son canapé, un bras drapé sur le visage, dissimulant son regard, s'assurant que plus personne n'essaierait d'engager la conversation avec lui.

A suivre