Prologue
Assise là, dans ce canapé, discutant avec ma tante Rosalie, absolument comblée, menant une vie paisible, pour rien au monde je n'aurais changé cela. Pourtant, dans quelques heures, ma vie serait totalement bouleversée, à jamais. Des personnes que je considérais comme mes proches allaient disparaître, détruits les uns après les autres par ma famille. Ils allaient me trahir, et pourtant, je ne cesserais jamais de les aimer du plus profond de mon être. Je me retrouverai totalement seule, pour enfin trouver l'amour de ma vie, celui qui apaisera mes douleurs et qui me prendrai tendrement dans ses bras. Et cela du à quelques mots.
Chapitre 1
-Non Rose, je n'irai pas, c'est hors de question.
La magnifique blonde qui se tenait face à moi, fit la moue et soupira, mais n'eut pas le loisir de répliquer car Emmett déboula dans la pièce, me souleva avec une facilité déconcertante et me fis tournoyer dans les airs. La vitesse était telle que mes boucles couleur caramel virent me fouetter le visage. Je riais aux éclats quand il finit par me déposer à terre, les joues délicatement rosies, héritage de mes origines semi humaines. Il se dirigea ensuite à une vitesse impressionnante vers sa femme et l'embrassa passionnément. Je voulus l'interroger sur les raisons de sa joie soudaine, mais Carlisle entra dans la pièce, l'air soucieux. Je fronçais les sourcils et le questionna silencieusement mais il secoua la tête et nous interpella :
-Je dois vous parler. A tous.
Ces paroles à peine prononcées que mes parents, Jasper et Alice et enfin Esmée faisaient leur entrée, aussi interloqués que nous. Mon grand-père se passé une main sur le visage avec une infinie lassitude.
-Écoutez-moi tous. Ce que j'ai à vous annoncer est…difficile.
Il balaya la pièce de son beau regard mordoré, le plantant dans les yeux de chacun, puis il reprit :
-Il se trouve que des humains ont disparus récemment. Malheureusement, les preuves ne manquent pas et ne trompent pas. La meute de loups-garous, ou du moins une grande partie est largement impliquée…
Ses paroles eurent l'effet d'une bombe. Emmett, Rosalie et Jasper bondirent en feulant. Le visage d'Edward exprimait une douleur infinie, déformant ses beaux traits, qui faisait peine à voir. Puis après quelques secondes,son chagrin se transforma peu à peu en colère. Il avait accordé tant bien que mal sa confiance aux loups et ces derniers l'avait trahi. Esmée restait pensive, tandis qu'Alice avait le regard vague. Elle essayait, je le savais, de voir quelque chose, mais c'était peine perdue, elle était incapable de visionner le futur pour tout ce qui avait rapport de près ou de loin aux loups. Bella était restée interdite, mais si elles avaient pu, des larmes couleraient sur ses joues. Les miennes dévalaient depuis longtemps déjà mon visage. Tout à coup Emmett explosa :
-Comment peuvent-ils ! Avec notre pacte ! Je savais qu'on ne pourrait leur faire confiance ! JE LE SAVAIS !
Il arpentait la pièce de long en large, et à ces derniers mots, il avait frappé de son poing sur la table en verre qui explosa, lui laissant des éclats de verre de la peau, mais personne n'y prêta attention.
-Calme toi Emmett, articula calmement Carlisle. N'agit pas impulsivement s'il te plaît. Nous devons réfléchir sérieusement et ne pas prendre de décisions hâtives. Cependant, on ne saurait laisser ce crime impuni. Aussi bien pour les fautifs que pour les autres, qui les ont laissés agir, sans les en empêcher. Je crains qu'il nous faudra les…détruire.
Il avait prononcé ces dernières paroles implacablement, froidement. Je les reçues comme un poignard. Je poussai un long cri silencieux de désespoir. Ils allaient les détruire. Tous. Même mon Jacob ! Carlisle me lança un long regard désolé que j'ignorai. Sous le choc, je finis tout de même par dire :
-Non, vous…vous ne pouvez pas !
Mon père me scruta longuement.
-Renesmée, nous n'avons pas le choix.
Je sentis dans ses paroles presque de la supplication. Je secouai la tête, lui lançant un regard dégoûté. Et me levai. Ma mère, jusque là silencieuse, se leva à son tour et posa une main sur mon épaule.
-Vous avez vos raisons en effet, mais comment, comment pouvez-vous envisager de tuer les innocents, c'est…tout simplement horrible ! lâcha-t-elle, avec incompréhension.
Sur ce, sans attendre aucune réponse, elle gravit les escaliers. Je la suivis. Nous nous dirigeâmes d'un même pas vers l'ancienne chambre de mon père. Je me jetai sur un fauteuil et laissai enfin ma colère s'exprimer.
-Non, mais ils ne sont pas bien ? Ils vont les tuer, le tuer ! Ils ne se rendent donc pas compte de leurs actes ? Ils vont détruire Jacob…
Je ne pus finir, car ma voix s'étrangla. Ma sublime mère vint me serrer dans ses bras de marbre. Nous restâmes assise là assez longtemps. Lorsque je me repris enfin,j'observai Bella contemplant pensivement le mur avec une lassitude que je ne lui connaissais pas. Elle finit par détourner les yeux et me fixa.
-Ils sont partis? lui demandai-je finalement, tout en ayant peur de la réponse.
Elle acquiesça. Je hurlai de désespoir. Ils allaient le faire. Je devais les en empêcher. C'était inacceptable.
Sans m'en rendre compte, j'avais dévalé les escalier et lancé mes escarpins qui me gênaient plus qu'autre chose dans un coin. Sans prendre la peine de réfléchir, je me mis à courir, martelant le sol de toutes mes forces. Je savais d'instinct où ils étaient. Ma vue s'était voilée d'un fin rideau rouge sombre. Rouge sang. J'étais comme enragée, totalement folle à lier. Je sentais le vent tirer mes cheveux en arrière, tout en voletant devant mes yeux. Je les chassai d'un geste impatient, sans pour autant ralentir mon rythme. Soudain, un feulement déchira la nuit, un de ces cris qui vous font froid dans le dos et je ne pus m'empêcher de frissonner. Je m'arrêtai soudain, pour reprendre mon souffle. Je m'aperçut enfin qu'il faisait nuit et que j'avais dévié de ma route, sous l'emprise de la colère. Je ne savais absolument pas où j'étais et il faisait un froid glacial. Ma propre bêtise m'agaça. Tout à coup, un second cri brisa le silence serein de la forêt, qui me fit sursauter.
Bon sang, comment est-ce que je peux avoir peur!
Je ris nerveusement. Mais le feulement venait bien de ma droite. Tout à coup, je repris espoir. Il n'était peut-être pas trop tard, j'avais bien entendu un hurlement de loup que j'avais identifié comme celui de Seth. Je me remis à courir avec frénésie. J'inhalai profondément et leurs odeurs mêlées m'assaillirent. J'étais sur la bonne piste. Soudain je les vis. Debouts dans une clairière, plusieurs combats étaient engagés. Je remarquai avec horreur qu'un loup gisait sur le côté, la fourrure salie par le sang. Je me pinçai le nez. Non pas que ça me donnait envie, mais c'était la source d'une puanteur horrible. J'observai les autres. J'en restai coite. Ils étaient tels des sauvages. Même Carlisle qui semblait d'ordinaire si calme se déchaînait. Puis je le reconnus. Le grand loup qui dominait les autres en taille. Il se battait contre mon père. Ou plutôt mon père assaillait sans relâche Jacob. Le vampire hurlait frénétiquement des "Tu nous as trahis", puis chargeait. Je me jetai littéralement sur lui, à peine consciente du danger. Edward se figea un instant, le sang coulant sur son menton. Il s'était tellement impliqué dans ce combat qu'il ne m'avait pas sentie arriver. Tout à coup, il me repoussa en me hurlant de m'enfuir. Mais je ne l'écoutais pas. Je voulus le tirer de nouveau en arrière lorsque deux bras puissants m'encerclèrent et m'amenèrent en retrait, jusqu'à la lisière des bois. Mon kidnappeur s'avéra être Esmée, le visage fermé. Je me débattis en hurlant comme une enragée, puis ma vue se brouilla. Je vis tour à tour mon père, Jacob, Seth contre Alice et Léa contre Rosalie, puis je sombrai.
