Chapitre 1 : Première approche

Portant mon regard vers l'extérieur, on pourrait croire que je regarde cet érable aux feuilles encore chatoyantes et vivantes hier, quelque peu maladives à présent et qui ne formeraient bientôt qu'un tombeau enflammé. Malgré que je me concentre sur ce point fixe extérieur et solitaire, je ne songe pas pour rien. Je n'admire pas non plus le paysage malgré que je ne cesse jamais de contempler la vue extérieure habituellement comme maintenant. Certaines personnes pensent qu'une vulgaire fenêtre me comblerait de bonheur, pour pouvoir admirer un étroit et pittoresque panorama. En réalité, je m'en fiche un peu de cette vue extérieure même si j'ai vendu mon âme dans le domaine artistique. La vérité est que dans ce genre de moment, je suis perdue dans un monde illusoire avec mon plus précieux des vœux d'adolescente. Mes proches disent fréquemment que c'était impossible de m'en détacher, que je restais une moule accroché à son précieux rocher. Et puis, de toute façon, rêver est une source d'idées pour un chef-d'œuvre

Ne faisant qu'un avec cette dimension, je m'en dissocie néanmoins privilégiant une attention sur une surface d'une teinte conifère. Des mots flous, ou peut-être de vagues chiffres sont inscrits. Ces hiéroglyphes entament d'un coup une danse passionnée. Les symboles s'accouplent entre eux pour donner naissance au rêve que je venais juste à peine de quitter. Attraper la main des chimères… trop tentant. Je me laisse donc guider. Le retour dans la dimension onirique me rendait plus apaisée, avec certainement, des traits reposés. La bruyante réalité devient à mes oreilles un calme idéal. Je me suis mis à me balancer sur une chaise, peut-être à bascule, je ne savais même pas si j'étais chez grand-mère ou dans un supermarché, de toute façon. Ainsi, j'ai pu mieux me dorloter dans ma méditation. Mes mains se crispent sur un matériau fin au toucher, une manière, sans doute, de s'accrocher dans le fantasme ? Une mèche tombe brutalement de ma grande chevelure de couleur zinzolin. Je décide de la tourner avec ma brindille en guise de doigt, histoire de me divertir dans un monde déjà divertissant. Dans mes grands yeux de couleur argileuse, je peux constater son reflet. Le sien. Mes secrètes pensées resteraient à jamais écrites au plus profond d'elle-même. Mes plus profondes entrailles incarnaient mon journal intime dont j'aurais tant voulu à dix ans pour mon Noël. Mais cette fois-ci, pour Noël, je veux cette chose qui se cache dans mon journal intime.

Soudain, un homme effroyable, ayant probablement hurlé dans un mégaphone pour augmenter la valeur de sa voix en décibels, fendit la beauté de mon utopie :

- Pour la quatrième fois, Mademoiselle Hyûga… Rendez-moi votre copie !

J'étais persécuté par ses regards torturants par leur étonnement, ceux de mes camarades. La confusion, la peur, la honte s'enchaînèrent rapidement. Les rougeurs firent vite place sur mon visage. Je pouvais même les sentir avec cette étonnante bouffée de chaleur me fouettant sauvagement à ma figure suante. Ayant repris mes esprits, je contemple la feuille « Interrogation » et sent mon sang s'écouler de mes artères. J'allais rendre une copie dépassant la blancheur du linge ! Blancheur qui arrivait même à diluer ma tête couleur concentré de tomate. Je dois certainement tremblé tel un petit animal chétif devenant une proie facile pour le serpent. De plus, une boule, ou plutôt même une balle de golf, non de tennis, passe au travers de ma gorge étant sans doute la cause de cette voix niaise, crétine et timide. Je lui présente ma feuille plus que froissée par le bonheur puis par le stress instantané.

- P-Pardon Orochimaru-senseï. J-je su.. suis… J'étais… Tenez. Excusez m...

- Vous étiez encore en train de rêvasser ? Comme d'habitude ! Apprenez qu'ici, c'est votre cervelle qu'il faut travailler et non pas votre imagination, jeune fille ! coupe sèchement mon professeur de sciences.

Il consulta l'interrogation, si on pouvait appeler cela de cette manière. Il n'en fallut pas plus de deux secondes pour que cet animal ouvre grand sa gueule à quatre crocs.

- Une copie blanche ! Votre cas s'aggrave mademoiselle ! Etant donné les circonstances, le zéro ne suffira pas… Vous irez en colle ! me sermonne-t-il d'un ton furieux et quelque peu sadique, car oui, il l'était.

Je me contente simplement de sortir, tout en envoyant milles excuses pour finalement détaler à la manière d'un lapin. C'est lâche, mais tant pis. Je me retiens… mais je n'arrive pas… Pourquoi encore une nouvelle fois ? Non ! Trop tard… les gouttes de la fine pluie ont déjà coulées sur les gouttières de mes yeux. Il faut que je les cesse avant qu'on ne me voit. D'un revers, je calme l'averse, mais la calme juste. Cette manche n'était pas un fidèle parapluie enfin de compte. Les larmes sont restées assez longtemps. Assez longtemps pour qu'il me remarque.

- Tu ne changeras jamais Hinata…

- Mais… que… ?

Latéralement se tenait mon meilleur ami. Il s'appelait Sasuke Uchiha. Notre âge, seize ans, était similaire. La taille différenciait par contre, avec un Sasuke d'un mètre soixante-dix approximativement et moi, la petite Hinata, à qui on soustrayait environ un bon décimètre. Son teint représentait la blancheur d'une arme. La crinière noire de jais rappelait les canons de guerre : L'avant s'encadrait de deux mèches pour son visage fin et délicat mais c'est surtout l'arrière, le synonyme d'une explosion. Ses iris onyx étaient plus un métal froid et hautain mais très élégant. Pour les orner, des lunettes étaient déposés, de temps à autre, sur son nez étroit. Ses sourcils s'arquaient de manière harmonieuse, tel un duel d'épéistes mais cependant délicats et séparés. Le corps de Sasuke était digne d'une armure svelte même si les bras pourraient être considérer comme deux lames très affûtées mais de bonne manière. Ils en valaient de même pour ses jambes. Pour moi, Sasuke dégageait des effluves très charmants. Attention ! Cela ne veut pas dire que j'aimerais passer le palier de l'amitié. Il a juste de quoi plaire. Et puis, après tout, je n'étais pas folle au point de tomber amoureuse et d'en faire une maladroite obsession pour autant… En réalité, si mais pas avec lui en tout cas.

- Ne te cherches pas d'excuses, tu planais encore. C'est tellement pathétique de t'agripper à tes rêves alors que ceux ne sont que des hantises, me rétorqua t-il d'un ton las mais à la fois sévère.

Sasuke, en effet, demeurait le seul à avoir plongé sa main dans mon corps. Je ne pense pas qu'il était du genre à le répéter, sauf si ça aurait été en échange de quelque chose en contre partie. Je ne lui ai pas dévoilé. En fait, il avait examiné mon corps, l'avait analysé, lui avait fait des tests, avait perçu les symptômes, les avait réunis pour enfin découvrir ma maladie qui lui paraissait sans doute incurable…

J'étais tombé amoureuse.

C'était un amour détestable à ses yeux. Il m'a déjà demandé comment j'ai pu en tomber amoureuse car lui l'ignorait. En même temps, ne jamais répondre à une question dans un examen, c'est comme s'il avait perdu toute conscience. J'imagine que la vraie vie est pour lui, un test noté et que justement, ne pas comprendre quelque chose ou une question, c'est être inconscient. Mais, avec cet amour qui me dévore, d'après lui, c'est moi qui suis inconsciente.

- Hinata…,reprit-il plus doucement,Ne te fais pas de mal… Allons manger.

Même si ce personnage arrogant, taciturne, froid ne semblait offrir aucun sentiment, son cœur battait encore et pouvait rarement éprouver une touche de compassion. Enfin, « rarement » se transforme en « fréquemment» dans mon cas. Son attitude hautaine déchue me rassure et cette fois, m'a permis d'estomper la marée très salée ayant dépassé le barrage de mes cils.

- D-D'accord. Merci… Sasu-ke.

Avant d'aller prendre notre déjeuner, nous nous rendons vers les longs et interminables couloirs des casiers. Ce n'est pas vers le mien, ni celui de Sasuke que nous allons vers notre objectif, c'est trouver Suigetsu.

Suigetsu était bon vivant et assez taquin. La vie se résumait en un verbe pour lui Profitez !, même si son passé n'a pas toujours était clément, comme il aurait pu le raconter à ses amis. Selon moi et aussi Sasuke, il était l'animateur. Il ne faisait que s'exprimer, parler, bavarder… en clair, « jacasser », comme disait Sasuke. Enfin, Suigetsu n'était pas non plus une pipelette, c'est juste que nous, on vivait en tant que tombes. Peu bavards : Le brun, froid comme des neiges éternelles. Moi, pareil à un hérisson éclairé par des feux de route.

Pour en revenir au garçon aux cheveux écumes, écumes qui faisait ressortir deux bulles d'un indigo digne d'un banc de corail, on le rencontre enfin, toujours avec sa bonne humeur qui me donne le sourire. Le sien, son sourire, avait l'air quelque peu tranchant. En effet, ses dents étaient la très bonne allégorie d'un requin. Son allure était celle d'un nageur avec une carrure et une taille un peu plus impressionnantes que mon autre ami masculin. Sa peau était parfumée d'un très léger bronzage de vacances.

- Sasu' ! Hina' ! Déjà devant mon casier ? comme si ça l'étonne alors que nonAu fait, ça se passe comment avec ton « n'amoureux », Hina-chan ?

Blême, c'était pour mon visage, évidemment. Sasuke avait du lui dire… Mais ce n'est que mon ami, Suigetsu. Il ne le répétera à personne. La seule méfiance que je peux avoir de ce garçon, c'est qu'il me bassine tout le temps avec… lui et me taquine.

- M-Mais… De quoi parles-tu, Suigetsu ? je fais, très embarrassée.

- Ca l'sent à plein nez, même bouché pas la peine de le cacher ! s'amuse-t-il en pinçant son dit nez.

Ca ne sert à rien de lui mentir. Il n'est pas aussi stupide et pouvoir lire en moi comme dans un livre, non pas ouvert mais quasiment.

- …Allons manger ! me précipite d'envoyer pour éviter le sujet très sensible.

Je parti seule en les oubliant par la gêne, prouvée par la remarquable rougeur coloriée au crayon pastel sur mes joues vierges. Mon exil, en lui-même, m'avait trahi. Quelle idiote ! Je ne sais absolument pas mentir et ne sais pas non plus tenir. En tout cas, une chose est sûre, je ne pourrai pas devenir une mythomane. Par derrière, j'entends aussi mon ami plutôt immature qui exaspère l'autre en lui criant dessus des « Mais laisse la pas partir ! » et autres. Malgré que je me sente honteuse, je ris. Suigetsu est une bombe nucléaire de bonheur. J'aimerai tellement qu'il soit dans ma classe. Ces pitreries sont bien sûr peu discrètes, enfin, pas du tout mais au moins, elles sont désopilantes. Sasuke, lui, est beaucoup moins plaisantin mais il reste mon ami le plus fidèle malgré son manque de gaieté.

Dans ma course vers la cantine, j'ai oublié de déposer mes affaires, toujours dans les bras. C'est justement l'effet d'épuisement des bras qui me le fait remarquer. Je devais être tellement gênée et dans mes pensées, que cela m'est sorti de l'esprit… Puis, l'oubli découvert, il me semble que j'ai encore omis quelque chose… Mon sac de cours ! Mais quelle idiote ! La timidité et moi la tête de linotte, on forme une belle paire. Des fois, je me flagellerai pour être aussi stupide. Même si Orochimaru-senseï m'a perturbé, j'aurais au moins du penser à prendre mon sac. Enfin, ce n'est pas trop grave, après le déjeuner, nous avons encore une heure de sciences. Encore dans mon rétablissement de conscience, je remarque que je ne pourrai aller à mon casier puisque les clés sont dans le sac à lanière. Décidément… J'enchaîne les gaffes. Ma spécialité.

Je dépose mes cahiers dans un endroit introuvable et essaye de bien me rappeler pour après les reprendre. De toute façon, ce n'est pas comme si les élèves aller me voler cette Bible de la science, étonnant dans une branche littéraire d'ailleurs, ou encore un petit livret doté d'un riche vocabulaire d'anglais. J'entre dans cette grotesque cantine, me prend un plateau mauve et sale, et demande, avec le doigt, leurs nouilles gluantes accompagnées d'une viande en décomposition. Enfin, la couleur blanchâtre me fait penser à du tofu, c'est à déduire. Je n'ai pas le choix après tout, si ce n'est refuser. Il faut tout de même que j'ingère, mais pas ces concombres. Par pitié, je ne veux pas d'allergie ou je serai encore plus honteuse qu'habituellement. Je ne sais pas si ce miasme émane de mon plat ou tout simplement de la cantine, mais c'est insupportable.

Mes deux grands yeux me permettent d'avoir la vision d'un aigle. On m'a soupçonné de pouvoir voir à trois cents soixante degrés. Enfin, je ne sais pas comment c'et possible à part avoir une sœur siamoise derrière mon dos. En détriment de ma vision excellente, je ne perçois pas mes amis. Je vais donc me nicher vers une table reculée du monde, en déduisant qu'ils ne sont pas encore arrivés. C'est sans doute le cas car, eux, n'ont pas oublié leur cartable, leurs clés et de déposer leurs livres. Je les attends donc patiemment. Les voilà… Non pas Sasuke et Suigetsu… Les voilà, elles.

Elles, le trio qui tient à me mener la vie dure, sont Ino, Karin et Sakura, la « leader » du groupe. On ne peut pas dire que je les admire, loin de là. Leur arrogance et leur mépris sont cependant moins ravissantes que celle de Sasuke. Lui n'est pas du genre snob non plus. Je leur envie néanmoins quelques points : Elles sont belles, populaires et intelligentes. Moi, repoussante, timide et un peu stupide, parfois. Ce qu'elles ont juste à m'envier, c'est mon ami. Elles viennent certainement pour ça ou pour me lacérer de leurs somptueuses griffes… ou les deux.

- Alors « Hina-chan », on est seule, dans son petit coin ? me lance la fille aux yeux d'un bleu roi vilainement majestueux.

- N-Non… Ino, j'att…

Encore ce timbre qui bégaye… Je ne suis vraiment qu'une misérable. Elles ne vont jamais me prendre au sérieux et ces magnifiques harpies vont me torturer à coup d'insultes, me crier dessus… j'en passe et des meilleurs.

- Tu attends quelqu'un ? Ah mais oui… Sasuke. Je ne comprends pas pourquoi il reste avec une gamine dans ton genre, commente l'autre aux cheveux auburn d'une agressivité flamboyante.

- N-non enfin… si, mais…

- Parles normalement pour une fois, sale pleurnicharde ! On veut juste savoir où se trouve Sasuke-kun donc… Aboule ta réponse et sans bredouiller pour l'amour du ciel ! me tranche la dirigeante de ce groupe de trois.

- Sa… Sakura, j'...

- On obtiendra rien d'elle Sakura… soupira la fille aux cheveux flammes, Abandonnons…

- La ferme, Karin, répliqua l'adolescente au crin abominablement parfait par sa couleur peu commune, cerise, elle va nous le dire et…

- Eh ! Qu'est ce que vous voulez à Hinata ? fulmine mon sauveur qui n'était d'autre que Suigetsu.

- On t'a rien demand…, lâchent les trois ensemble, Oh, Sasuke-kun ! Comment vas-tu ? le remarquant, en citant ces deux phrases, comme si elles ont appris par cœur leur poésie, de manière synchrone.

Sasuke ne répond pas et s'évapore dans le dédain le plus total. L'autre finit par les renvoyés à leur place.

- …Et que je ne vous revois plus faire chier Hinata, bande de s…

- M-merci Suigetsu, dit-je soudainement pour lui éviter tout problème.

- Y a pas de quoi Hina' ! rit-il en se frottant l'arrière de son crâne, alors, tu leur as pas foutu une rouste ? En plus, tu a fais du karaté, que tu m'as d'jà dit ! De quoi t'as peur Hina' ? Faut pas hésiter, fracasse…

- Laisses la tranquille, Suigetsu, lance Sasuke que je remercie d'un piètre geste discret, discret quand Suigetsu me tourne le dos.

- Ooooh ! Sasuuu' protège sa chère Hinaaaa', si c'est pas mignon ça. T'en as de la chance Hinata, crois-moi ! déclare-t-il non sincèrement en présentant sa lignée de stalagmites pointues en plus d'un pouce brandi fièrement.

- Suigetsu ! Arrêtes… s-s'il te… plaît… Ce n'est pas drôle.

Sasuke se contente d'ignorer les insupportables blagues de ce garçon, même s'il lui est déjà arrivé de rire au-delà des éclats. C'était sans doute pour ça qu'ils étaient amis… Suigetsu était l'une des rares personnes à l'avoir fait rire. Même moi, enfin cela ne m'étonne guère, je ne suis pas parvenu à lui soutirer un sourire.

Je riais la plupart du temps à ses vannes et taquineries mais pas celles m'impliquant puisque ma timidité me rongeait… Moi… je me rongeais les ongles de ma timidité.

- On ne peut jamais plaisanter avec vous, boude-t-il, Eh ! Au fait, qu'est ce qu'on mange ?

Des regards interrogateurs lui demandèrent qu'est-ce qu'il voulait dire ?

- Ben oui ! J'ai faim moi…

_ Tu as un plateau devant toi… C'est déjà de la nourriture, crétin… souffle d'un vent glacé la voix de Sasuke.

_ Oui mais… Vous cuisinez beaucoup mieux que moi. Surtout toi, Hinata ! Te vexes pas Sasu'.

Ce dernier reste de marbre tandis que je rougis pareillement à ce qu'on m'aurait mis sur un feu de gazinière à la place d'une casserole. Puis notre rire se présente enfin, même si celui le mien et celui de Sasuke se faisaient plus discrets qu'un débit d'eau partant du robinet. Néanmoins, il a réussi à panser la légère humiliation que m'ont fait subir Sakura et sa clique… Enfin, l'effacer de ma mémoire est un bien grand mot et effort.

- Désolé Suigetsu… J-J'ai ou… blié mon repas dans m-m-mon ca-sier…

- Ah oui ! C'est bien ton genre ça, ricane-t-il, bon, je ferais avec… le plat de Sasuke !

Un filet de bave, qu'il te tente de déglutir, sans succès, et une once d'euphorie se dégagent à présent de sa large bouche. Sasuke devient papa pour son repas et le dorlote dans ses bras quand ce kidnappeur de Suigetsu tente d'attraper à l'aide des baguettes en bois, un œuf dans le garde-manger de mon ami brun ? Cette vision me fait glousser. Le fait de délaisser mes clés de casier et donc ainsi, mon repas était peut-être un avantage… ou pas, quand on regarde le porc qu'on m'a donné. Non, ce n'est pas du tofu à ce propos mais, ça à peu d'importance.

Le déjeuner de midi et demi se basait, une nouvelle fois sur les vanneries de Suigetsu, les non-réponses de Sasuke, les tentatives de vols du blagueur. Quand à moi, je suis plutôt entre la réalité et l'idéal, c'est-à-dire, que je me concentre pour rester éveiller avec eux alors que cette représentation imaginaire est tout simplement sublime.

Les cours devaient reprendre vers treize heures trente de l'après-midi. Nous avions encore une demi-heure tout de même brève. Pourtant, Suigetsu veut se séparer. Pourquoi ? Il doit signaler son absence apparemment, même si c'est à faire en arrivant la matinée, mais bon… C'est Suigetsu. Il doit aussi passer un coup de fil à son frère pour lui dire à l'heure qu'il rentre. De plus, il doit aller remettre des papiers au secrétariat. Première fois que je le vois aussi occupé, cela m'effare. Il nous dévoile ensuite que :

- Ah et, ce soir, je suis en colle… Encore ce vieux Orochimaru qui ma empêcher de sortir… Je le hais ! maudissait Suigetsu, donc je passe à son bureau pour fixer l'heure.

- M-Moi… aussi, j'avoue tristement.

- Tout le monde le hait et puis, juste parce que j'ai pas signalé m…

- Non… Non mais, il, il m'a mi-mise… en colle…

- Ahahahah ! T'es vraiment drôle Hinata ! s'esclaffe l'autre collé, mais voyant mon air plutôt sérieux, …Attends, toi, Hinata Hyûga, tu as été collé ?! C'est impossible, toi, la fille sage…

- Elle a rendu une copie blanche… explique très brièvement Sasuke qui semblait s'être effacé après le repas.

- Quoi ?! Hinata… Tu deviens vilaine ! glousse-t-il en tirant la langue.

- C-c-ce n'est pas de ma… faute.

- Tu veux me faire croire que Sasuke t'as envoyé des boulettes de papier en cours pour que tu les lises ? Ca serait le truc le plus farfelu que j'ai entendu. Ne, Sasuke ?

- Je n'av-avais pas… J-je n'allais pas bien, en espérant le duper.

- Ou tu rêvassais… fait Sasuke dans la manière de casser mon mensonge.

- M-m-mais… Pas du tout !

- C'est pas grave, Hina-chan, tout le monde a fait déjà fait une colle au moins une fois dans sa vie ! …A part lui, achève-t-il en me le chuchotant dans l'oreille, puis il reprit normalement, En tout cas, tu ne seras pas déçu du voyage que ce vieux crotale t'as offert !

De manière synchrone, Sasuke et moi, on se retourna l'un vers l'autre, on se fixa du regard pour savoir si l'autre comprenait la réaction de Suigetsu qui était mort de rire. Le haussement de nos quatre épaules le rendit hilare.

- D-de de quoi tu pa-pa… parles ?

- Tu verras bien par toi-même, Hina' ! C'est une surprise ! Bon, c'est pas tout ça mais… « Notre chemin doit se diviser - tel est notre destinée -ma douce beauté » récite-t-il en se moquant d'un des poèmes « purement ratés » de Sasuke qui descend d'un cran de son piédestal, en se peignant d'une rougeur, peint de sa honte.

Il tape l'épaule de son ami, me fit un clin d'œil et nous fit signe en empruntant un autre chemin vers son après-midi qui s'annonçait ennuyante. Une fois éloigné, j'observe Sasuke d'un air curieux :

-Tu n-ne sais… vraiment… p-pas ce qu'il, qu'il… voulait dire ?

- …

Ce silence plus lourd que deux tonnes de nickel me désorientait toujours. Sasuke me rendait souvent de plus en plus perplexe. Je ne cherche donc pas à en savoir plus. Ca ne sert à rien de rendre des électrons en protons. On n'y parvient pas.

Sasuke et moi, on ne parle pas. Ce qu'on a juste fait, c'est récupérer mes affaires secrètement cachées. Celle de Sasuke aussi d'ailleurs, enfin, lui dans son casier. D'ailleurs, je ne sais pas ce qu'i l'intérieur mais, ce casier est sans doute une caverne d'Ali baba mais top secrète. Dès qu'on s'y approche de trop près, Sasuke grogne. Enfin bon, il prend toujours ses affaires et fait une sorte de rituel devant ce casier. Par rituel, j'entends bien qu'il marmonne des mots en fermant les yeux et joint ses deux petites mains aux longs doigts effilés pour enfin les dissocier. Finalement, il envoie un baiser que toutes les filles veulent attraper mais n'est destiné qu'au casier. Après cela, on profite de prendre un en-cas. Sasuke prend un juste de l'eau plate. Moi, comme le plat était mauvais, un sandwich au thon.

Toujours du silence. Silence de toujours, enfin de compte. Même si on s'y habitue, c'est pesant. Je me demande si Karin n'avait pas raison. Pourquoi Sasuke reste avec moi ? Sans doute, pour ça. Il se sent certainement redevable. Mais, après tout… Ce que j'ai fait est normal. Autant lui demander :

- …Sasuke ?

- Hn ?

- Dis… Ce, ce n'est p-pas pour ça que tu restes avec moi.

- …Non. Cela à amplifier notre relation et je dois être à tes côtés. Mais… je… je…

- J-je sais que tu tu m'appré…cies. C'était juste un d-doute.

Certes, il est peu bavard, mais il constate toujours quand j'ai besoin d'aide. M'aider, c'est comme boire pour lui. Enfin, je parle de manière hyperbolique mais bon…

Le gong sonne et me percute les tympans. Cela ne m'étonnerait pas que du sang coule de mes fragiles organes auditifs. Cela me rappelle Suigetsu qui nous dirait :

Eh ! Faudrait songer à investir dans une nouvelle sonnerie, l'dirlo ! T'abîmes mes oreilles ! Oh mes pauvres chéries… Papa Suigetsu va vous soigner.

Cette phrase me fait toujours rire mais je ne l'entends malheureusement pas aujourd'hui. Je repars donc avec Sasuke dans notre classe avec une pointe de déception et de déprime.

A l'entrée, Orochimaru-senseï m'attrapa le bras pour fixer l'horaire exact de ma retenue avec, comme à son habitude, une sévérité irremplaçable et son humeur pour le moins déconcertante. Cet homme d'une grandeur magistrale pouvait me, et à tout le monde d'ailleurs, glacer le sang au sens figuré comme au sens propre. Des rumeurs racontaient même qu'il avait rejoint la criminalité par la pédophilie. Mince ! Pourquoi cette idée me venait, là maintenant ? Je me précipite de m'échapper de cette poignée de serpent au plus vite pour s'assoir aux côtés de mon voisin, Haku.

Oubliant ces idées totalement effroyables et sordides, je tente de regagner ce monde parallèle, là où je l'avais laissé. De toute façon, à quoi servait la science quand on s'était investie dans une voie à dominante littéraire ? Mieux valait travailler son imagination et son bonheur que justement « sa cervelle ». Le senseï avait tout faux. En dépit de cela, je ne parvenais plus à m'engouffrer dans les oubliettes des délicieuses illusions. Tout ça, c'était la faute de Suigetsu : Je cherchais le nord, or je marchais vers l'est. Suigetsu m'a indiqué une direction vers le sud… Enfin, en tout cas, grâce à lui, je suis à l'ouest... Et puis, qu'est qui pouvait à ce point me rendre heureuse à part mes amis ou encore ce, justement, sublime et féerique cauchemar ? Mais tout de même, je suis… déboussolé et ma curiosité me pique. Cette curiosité, c'est une piqûre de moustique : Dès que vous vous grattez, ça ne fait qu'empirer. De plus, la démangeaison ne fait que s'accentuer encore, toujours et encore plus on insiste. Ca ne disparaît pas même si on le voudrait et en se grattant comme une forcenée. La seule échéance sera le temps. Si je n'avais pas de la conscience, je serai parti en courant de ce minable cours pour entrer dans celui d'économie de Suigetsu et lui demandé ce que c'est. Or, je ne suis pas aussi bestiale, folle non plus et mon libre arbitre n'est assez puissant pour une telle chose.

Le cours était juste un vent parmi un concert de rock au son strident. Je crispe mes traits de concentration pour y gagner un quelconque indice sur cette surprise, d'ailleurs, peut-être néfaste pour mon intérêt personnel au final.

Dix-sept heures tapantes, Je m'extirpe hâtivement de la salle de Kakashi-senseï pour humer l'air et éviter de couler dans les méandres du sommeil. Ce professeur d'histoire était charmant et avenant mais sa matière, tellement soporifique. Sans doute, on projetait un gaz empli aux somnifères pour désirer un oreiller. Mais, je m'éveille vite en paniquant, en oubliant de saluer Sasuke : Je devais allait en colle ! De plus, je n'aurais plus à attendre après la réponse, une réponse qui se faisait attendre. Je trottine vers la salle de permanence pour cette heure de colle tellement espérée, mais me fit sermonner par la C.P.E, Shizune, qui m'ordonna de ne pas trottiner dans les couloirs. Je me fondis en excuses, toujours en articulant de manière médiocre, devant l'agent de la circulation de peur de me coltiner une amende. Je roule donc à vitesse plus modérée mais toujours hâtive vers ma destination.

Enfin arrivé à la salle, je suis une exception : J'ai le droit de m'assoir ou je veux. C'est quoi ce nouveau droit ? Il semblerait qu'il soit destiné au premier arrivant… Pourquoi pas ? Je m'assis à une place assez reculée pour que personne ne m'observe, moi, honteuse d'avoir était collé. Fixant ma montre avec une curiosité extrême, je constate que Suigetsu n'arrivait pas en avance en colle généralement. Qu'est ce qu'il pouvait bien pouvoir faire ? Il avait peur ? Oh non, n'allait-il tout de même pas me déclarer sa flamme ! Non, c'est insensé. D'où je sors des choses aussi futiles que stupides ?

Tout d'un coup, après une bonne minute, quelqu'un s'approche de moi, pour me demander :

- Ca ne te déranges pas que je m'asseye à côté de toi ?

Je ne regarde pas la personne comme par intimidation. Enfin, ça doit être Suigetsu sans doute.

- T-Tu es bête…Suigetsu…Bien sûr que...non.

- Cool, merci ! Enfin de toute façon, on m'a assigné cette place, t'aurais pas pu refuser, ria-t-il. Mais, je ne m'appelle pas Suigetsu, tu dois confondre ! Moi…

Stupéfaite, je relève la tête perdue dans le décompte du temps. Cette voix, ce n'était pas mon ami. Cette voix, je l'avais déjà ouïe par son timbre mélodieux, comment avais-je pu la confondre ? Cette voix, c'était aussi celle dont Sasuke jalousait d'avoir autant d'intérêt. Cette voix, je la connaissais dans mes rêves. Cette voix, elle n'appartenait qu'à celui que je désire tant. Cette voix, c'est…

- C'est Naruto Uzumaki, enchanté !