Chapitre 1 :
La fin d'une vie…
Une jeune fille aux longs cheveux noirs, ballotés au gré de ses pas, sortit de son cours de Lettres Modernes. Elle soupira de soulagement en regardant le cadran de sa montre. Sa semaine était enfin finie. Elle avait beau eu choisir la fac de Lettres en tout connaissance de cause, elle restait toujours étonnée de la part de travail qu'elle devait fournir. Elle avait facilement obtenu, quelques mois auparavant, son baccalauréat littéraire, mention assez bien sans s'être couché à une heure avancée de la matinée, et pourtant, maintenant, elle devait jongler entre ses cours et son boulot de caissière dans le Mcdo du coin. Alors qu'elle se laissait tomber sur le banc de l'arrêt du bus qui la ramènerait chez elle, Lilith Jahensky songea à l'étrange coup de fil qu'elle avait reçu de son parrain, policier de son état. Il avait certifié qu'il devait absolument lui parler au plus tôt. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait pouvoir se reposer. Son parrain, Hughes Morandini était quelqu'un de jovial et d'exubérant qui pouvait rarement garder un secret et le fait qu'il soit soudainement si mystérieux n'était pas pour rassurer la jeune fille. Ses yeux verts reflétaient son anxiété car elle se doutait de ce qu'allait lui apprendre son parrain. Ils avaient du le retrouver. Il n'y avait aucune autre explication. Cela faisait sept ans que les policiers d'Orléans étaient sur l'affaire. Sept ans qu'ils étaient dans une impasse quant à la soudaine et mystérieuse disparition de Matthews Jahensky, le frère de Lilith. Le fait qu'Hughes tienne à tout prix à la voir signifiait qu'ils avaient retrouvé son corps. Le bus arriva enfin et la jeune fille monta à l'intérieur. Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua que plusieurs personnes avaient tiqué lorsqu'elle était entrée dans leur champ de vision. Les deux hommes et la femme se lancèrent un coup d'œil et ne quittèrent pas Lilith des yeux. La jeune fille se laissa choir sur le premier siège libre qu'elle trouva et se massa les tempes, tentant de ne plus songer à son frère. Il aurait du avoir 22 ans cette année et alors qu'elle avait espéré qu'il avait fugué, sa raison lui soufflait qu'il était sûrement mort depuis sept ans. Elle se demanda alors ce qu'elle devrait dire à ses parents si on avait effectivement retrouvé le corps de Matthews. L'arrêt du poste de police se rapprocha et la jeune fille se leva et appuya sur l'interrupteur, signifiant au conducteur qu'elle voulait descendre au prochain arrêt. Les deux hommes et la femme qui gardaient un œil sur la jeune fille se figèrent et se préparèrent à descendre. Le bus s'arrêta dans un crissement de pneus, juste devant la porte du poste de police et la jeune fille y entra sans hésiter. Elle salua l'hôtesse d'accueil qui lui fit signe que son parrain l'attendait dans son bureau. Lilith frappa à la porte de verre et entra sans qu'on ne l'y autorise.
Ah ! Lili ! s'exclama son parrain, un homme grand et chauve, vêtu de son uniforme de sergent. Son parrain tritura sa moustache grisonnante, comme à chaque fois qu'il était perturbé par quelque chose. Il se leva et enlaça sa filleule. Il tapota trois fois le haut de son dos, comme pour la réconforter. Assieds-toi Lili.
La jeune fille s'assit sur une chaise bancale et leva deux yeux verts inquisiteurs vers son parrain.
Tu l'as retrouvé, c'est ça ? fit-elle.
On ne peut rien te cacher. Soupira Hughes. Je suis désolé, Lili. Matthews est bien mort.
Lilith accusa la coup. Elle s'était juré de ne pas pleurer. Le silence s'installa et Hughes se mit à transpirer d'inquiétude. Il ne savait vraiment pas s'y prendre avec les enfants, même si à dix-neuf ans, Lilith avait cessé d'en être une depuis longtemps.
Je peux le voir ? s'enquit Lilith en se forçant à regarder son parrain dans les yeux.
Ce n'est pas très raisonnable, Lili. Répliqua Hughes en prenant la petite main de la jeune fille entre les siennes.
S'il te plaît. J'ai besoin de voir son corps de mes yeux. Je n'y croirais pas sans cela. J'aurais toujours un espoir, tu comprends ?
Je…Je ne sais pas…
Je t'en prie, Hughes…
Très bien… Viens suis-moi ! soupira son parrain en enfilant sa veste de service. On va prendre ma voiture.
La jeune fille lui offrit un sourire reconnaissant et le suivit jusqu'au parking, grimpa sur le siège passager de la voiture de fonction de son parrain et attacha sa ceinture. Elle avait l'impression d'avoir une enclume au fond du ventre, lui faisant courber l'échine plus que de raison. Il était mort. Matthews était mort. Parti.
A-t-il souffert ? s'enquit-elle tandis que Hughes Morandini démarrait son véhicule.
Il est mort sur le coup.
Comment ?
Lili…
S'il te plaît…
Très bien. Abdiqua Hughes. On lui a tiré trois balles dessus.
Quand ?
Il y a sept ans…mais le corps a été conservé au froid et le processus de décomposition a été stoppé… Le corps est en bon état… ajouta-t-il, comme pour préciser que la vision d'un homme mort depuis sept ans ne serait pas si repoussante.
La jeune fille acquiesça, ne sachant quoi faire d'autre puisque les mots semblaient bloqués au fond de sa gorge.
Tu as prévenu maman ? Et Lisa ?
Lisa était la sœur aînée de Lilith. Elle était âgée de 26 ans et Lilith ne connaissait personne d'aussi horripilant qui avait la fâcheuse tendance d'avoir mal à la tête à chaque fois qu'elle avait tort.
Je n'ai pas eu le cran d'appeler ta mère. Répondit Hughes. La mère de Lilith s'était murée dans le silence depuis la disparition de Matthews et s'était enfermée dans son travail de directrice d'une agence de pub.
Hughes Morandini arrêta sa voiture devant la morgue et soupira bruyamment pour se donner du courage. Lentement, ils entrèrent dans la morgue, ne remarquant toujours pas les deux hommes et la femme qui les suivaient. Lilith fut conduite jusqu'à la chambre froide où étaient entreposés les corps. Face à elle, sur une table de métal froid, reposait un corps recouvert d'un drap blanc. Elle cessa de respirer et se figea. C'était dur. Trop dur. Plus dur que ce qu'elle avait imaginé. Son frère reposait à quelques mètres d'elle, pâle, froid, mort. Jamais plus la vie ne coulerait dans ses veines. Jamais plus le rire de Matthews ne résonnerait à ses oreilles. Le sergent Morandini s'approcha du corps et ôta le drap qui recouvrait la tête du cadavre. C'était bien Matthews. Il était le même que dans les souvenirs de la jeune fille. Ses cheveux noirs figés sur ses yeux, toujours aussi ébouriffés qu'à leur habitude, les mêmes fins sourcils soulignant ses traits avantageux mais sa peau était blanche et faisait plutôt songer à un vampire qu'à un être humain.
C'est lui. Murmura la jeune fille, au bord des larmes.
Elle baissa la tête pour tâcher de cacher ses larmes. Morandini les devina et prit la jeune fille dans ses bras pour la bercer doucement. Lentement, ils sortirent de la morgue et rentrèrent dans le véhicule de fonction du sergent. Il ne tenta pas de briser le silence dans lequel s'était plongé la jeune fille, la connaissant trop bien pour son mutisme. La radio brailla un message haché et le policier trifouilla les boutons de réglages pour tacher d'obtenir un meilleur son.
Appel à toutes les unités, on nous signale un ivrogne fou au volant d'une Cadillac rouge volée immatriculée dans le 78.
Morandini grogna. C'était la part la plus inintéressante de son travail. Arrêter ces pauvres bougres qui n'étaient pas fichus de respecter la loi. Il sortit du parking avec l'intention de ramener Lilith jusqu'à chez elle, dans le petit studio qu'elle louait depuis la rentrée universitaire. Il ne remarqua pas qu'une ambulance les suivait de près, ni que les personnes à l'intérieur du véhicule étaient ceux qui ne les quittaient pas depuis leur départ du poste de police. Il alluma la radio et se brancha sur une station qui émettait de vieilles chansons. Il aurait voulu détendre l'atmosphère mais ne savait pas comme s'y prendre, si bien qu'il restât muet. Des pneus crissèrent à l'autre bout de la rue mais Morandini ne les entendit pas. L'ambulance ralentit et augmenta la distance qui séparait les deux véhicules. Ce ne fut qu'au dernier moment, alors que le feu était vert, que Morandini freina brusquement, il se crut un moment tiré d'affaires, mais cria lorsqu'il comprit qu'il ne parviendrait pas à éviter la collision avec une Cadillac rouge. Lilith n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait car déjà, sa tête heurtait violemment la boîte à gant. Elle sombra dans l'inconscient en entendant, au loin, les sirènes d'autres voitures de police. Tandis que de la fumée se dégageait des deux voitures accidentées, l'ambulance qui suivait la voiture de police recracha ses trois occupants. Les deux hommes et les femmes se précipitèrent du côté passager et extrayèrent la jeune fille de la voiture pour la déposer religieusement sur un brancard. La femme, une grande blonde aux yeux turquoise, âgée de 47 ans posa deux doigts contre la carotide de la jeune fille.
Il faut la choquer ! ordonna-t-elle à ses deux subordonnés. Les hommes acquiescèrent et remontèrent dans l'ambulance. Ils préparèrent le défibrillateur et tandis que leur cheffe démarrait, ils choquèrent la jeune fille jusqu'à ce que son cœur reparte.
C'est bon, Fàilte, le cœur est reparti ! cria un des hommes alors que l'ambulance dévalait une côte.
Attachez-là au brancard ! ordonna alors la dénommée Fàilte. Et préparez un somnifère au cas où elle se réveillerait.
A vos ordres.
Lilith cilla, commençant à reprendre conscience. Sa tête la martelait et elle se sentait nauséeuse.
Injecte-le lui maintenant ! s'exclama l'un des hommes.
Le liquide s'infiltra sournoisement dans les veines de la jeune fille et la replongea dans le néant. S'ensuivit alors un rêve étrange. Elle se sentait flotter, avançant sans avoir de contrôle sur ses jambes, dans une intense lumière. Lilith sentait une chaleur irradier son corps tout entier, l'englobant dans un halo rassurant. La lumière l'aveuglait, ne lui permettant pas de voir à plus de cinquante centimètres. Puis la vue se dégagea, permettant à la jeune fille de voir un chemin ponctué de pierres. Celles de droite étaient blanches, celles de gauches, noires. Le chemin menait à un autel doré, auréolé de lumière, surmonté d'un tissu blanc et d'un tissu noir. Sur l'autel, se tenaient deux boites. L'une était faite d'or et brillait comme un joyau au soleil. On avait gravé de magnifiques dessins et des pierres précieuses avaient été incrustés. La deuxième boite était faite d'ébène et gravée de motifs complexes et représentants des personnes vouant un culte à une quelconque divinité. La jeune fille sentit qu'elle avait recouvré le contrôle de son corps et s'avança jusqu'au pied de l'autel. Elle regarda les deux boîtes, se demandant ce qu'il fallait faire. Devait-elle choisir l'une de ces boîtes ? Elle approcha sa main de la boîte dorée, ne pouvant dégager son regard de la lumière qu'elle émettait. Pourtant, elle s'arrêta au dernier moment et regarda la boîte d'ébène. Lilith effleura la boîte en bois, se souvenant d'une phrase de son grand-père : « Parfois le plus simple mène plus rapidement au bonheur ». Quelque chose d'incroyable se passa alors. La boîte s'ouvrit d'elle-même et une espèce de masse informe argentée s'éleva, prenant de plus en plus d'ampleur au fil des minutes. La forme se précisa et Lilith eut la surprise de voir son propre reflet prendre corps dans la matière argentée. La forme leva ce qui sembla être son bras et alors que Lilith voulut reculer, effrayée, elle se retrouva de nouveau privée de toute capacité à se mouvoir. La main de la chose effleura le front de Lilith et alors qu'une lumière vive éblouissait la jeune fille, son rêve s'estompa peu à peu, la ramenant doucement à la réalité. Lorsqu'elle fut tout à fait réveillée, Lilith se leva d'un bond, se rapellant ce qu'il s'était passé. Elle avait eu un accident de voiture. Mais où était-elle ? Pas dans un hôpital en tout cas, car elle n'avait jamais vu d'hôpital aux murs de glaises, dénué de fenêtres. La chambre était spartiate. Le lit sur lequel elle était allongée semblait être fait de fer forgé et le matelas avait sûrement vécu plus que de raison. A sa droite, un bureau de fer trônait, libre de tout papier superflu, une chaise du même matériau attendait patiemment qu'on daigne s'y asseoir. Lilith se leva et cria, appelant quelqu'un. Où diable pouvait-elle être ? Quel était cet endroit ? Elle s'approcha de la porte et actionna la poignée. Fermée. Elle était enfermée à clef dans cette chambre, démunie de toute fenêtre.
A l'aide ! cria-t-elle en tambourinant à la porte. Laissez-moi sortir ! Au secours ! Est-ce que quelqu'un m'entend ?
Elle resta des heures ainsi, à crier, à supplier qu'on la laisse sortir, puis elle cessa d'appeler et se laissa choir, désespérée sur le lit. Elle entendit soudain des pas et se figea. Quelqu'un approchait. Elle cessa de respirer et attendis. On introduisit alors une clef dans la serrure et ouvrit le verrou. La porte bascula, laissant apparaître une femme blonde. Celle-là même qui avait sauvé Lilith. Mais cela, la jeune fille l'ignorait. Lilith leva lentement les yeux vers la femme et la détailla du regard. Vêtue d'un jean bleu et d'un sweat blanc moulant, Fàilte regardait la jeune Lilith d'un air neutre, tâchant de deviner comment allait se comporter la jeune fille. Fàilte pencha la tête sur un côté, examinant Lilith, tandis que ses cheveux dorés effleurèrent ses épaules.
Je suis Fàilte. Je t'ai apporté des vêtements.
Elle tendit le paquet de vêtement vert qu'elle tenait dans ses bras à Lilith mais cette dernière se contenta de fixer les habits, muette. Fàilte soupira, mais ne sembla pas étonnée du manque de réaction de la jeune fille. La femme posa les vêtements sur le bureau et dit :
Il ne faut pas penser à s'enfuir. Cela ne servira à rien. Ajouta Fàilte.
Lilith cessa de fixer le sol et dévisagea la femme, comme pour être certaine que ce n'était pas une blague.
Vous voulez une rançon, je suppose. Fit-elle d'ne voix glaciale.
Non.
La jeune fille était carrément sciée. Dans ce cas, pourquoi était-elle là ?
Qu'est-ce que vous me voulez dans ce cas ?
Nous avons besoin de toi.
Besoin de moi ? répéta Lilith. Cessez de vous moquer de moi…Je ne vous connais pas !
Exact, mais tu es celle qui va nous aider à vaincre les Démons.
Vous êtes complètement folle. Décréta Lilith.
Tu n'as pas idée du nombre de fois où l'on m'a dit ça ! soupira Fàilte. Je t'en prie, tout sera beaucoup, beaucoup plus facile si tu fais ce que nous attendons de toi. Lorsque tout sera fini, tu pourras retrouver les tiens.
Je ne suis pas votre chien ! cracha Lilith. Pour qui vous prenez-vous ? Laissez-moi sortir d'ici !
Lilith tenta de dépasser Fàilte pour rejoindre la sortie mais cette dernière la bloqua et la balança sur le lit pour la regarder sévèrement.
Tu n'as pas le choix.
Je sortirais d'ici ! affirma la jeune fille.
N'y compte pas trop. Conseilla sa geôlière. Changes-toi, tu vas être présentée aux Archanges.
Aux Archanges ? pensa Lilith, interdite. Se pourrait-il qu'elle ait été enlevée par une secte ? Fàilte ressortit de la chambre et referma la porte à clef derrière elle. Lilith se mit à trembler de frayeur. Où était-elle ? Que faisait-elle ici ? Pourquoi diable cette Fàilte lui avait-elle débité des âneries pareilles ? La jeune fille examina les habits qu'on lui avait apporté. Une toge verte munie d'une capuche. Cette femme pouvait toujours rêver. Jamais elle ne porterait une horreur pareille. Pendant encore plusieurs heures elle attendit, se creusant la tête pour trouver un moyen de sortir. Lorsqu'elle entendit le verrou de la porte s'ouvrir, elle se figea et vit un homme brun, vêtu d'un toge verte entrer. Il poussait un chariot de fer, comme ceux que l'on voit dans les hôpitaux. Sur le premier plateau, il y avait une assiette fumante de spaghettis et une carafe d'eau. En dessous, une bassine d'eau avait été déposée, avec tout le nécessaire pour se laver. L'homme ressortit non s'en s'être incliné devant Lilith. La jeune fille refusa de toucher à la nourriture mais vida la moitié de la bouteille. Elle se débarbouilla la figure avant de soupeser la bassine. Elle était assez lourde pour assommer quelqu'un. Elle déversa l'eau dans un coin de la pièce et se posta derrière la porte, attendant la venue d'une quelconque personne. Lilith attendit des heures durant, entendant parfois des pas de l'autre côté de la porte, mais jamais on ne vint ouvrir. La jeune fille commençait à perdre patience lorsqu'on s'arrêta derrière la porte. Elle enfila la toge verte par-dessus des habits, elle serait moins voyante ainsi.
Que se passe-t-il, Endrick ?
Je vais m'assurer que Loar est toujours là ! répondit une voix d'homme.
Je croyais qu'il était résigné ? fit-on en introduisant la clef dans le verrou.
Lilith se prépara et leva la vasque au dessus de sa tête. Elle entendit des pas qui s'éloignaient et la porte s'ouvrit. Elle ne prit pas le temps de voir qui elle visa, mais lâcha le vasque de fer sur son geôlier. L'homme tomba à la renverse et Lilith ne prit pas le temps de vérifier s'il était assommé et se mit à courir à l'aveuglette, courant dans un long couloir aux murs de glaise. Elle courrait le plus vite possible, ne faisant pas attention à son environnement. Elle dû pourtant stopper net sa course lorsque le couloir se sépara en deux conduits. Elle n'eut pas le temps de tergiverser plus longtemps car ce qui ressemblait à une alarme s'éleva dans les couloirs. Apeurée, la jeune fille regarda tout autour d'elle, cherchant un échappatoire. Elle en trouva un, une grille menant à un conduit d'aération. Lilith s'y précipita, arracha presque la grille, s'engouffra dans le conduit et replaça la grille. Plusieurs personnes arrivèrent en courant, cherchant la jeune fille avec inquiétude. Fàilte apparut, hors d'elle.
Espèce d'imbécile ! hurla-t-elle à l'adresse d'un homme en toge verte. Je t'avais dis de faire attention !
Mais je ne pensais pas qu'elle allait s'enfuir dès le premier soir ! répliqua l'homme en s'inclinant bien bas.
Imbécile ! répéta Fàilte. Unité quatre, Unité vingt-deux, cherchez-là à cet étage. Unité Une, Unité neuf, cherchez-là aux étages supérieurs. Il se peut que les souvenirs d'Eternity lui aient déjà été communiqués. Elle a peut-être les plans en tête. Unité dix et douze, cherchez-là aux étages inférieurs. Mahäpe, essaye de convaincre Loar, lui seul peut la localiser avec exactitude.
Le dénommé Mahäpe était visiblement un Indien d'Amérique car sa peau mate et ses longs cheveux de jais rappelaient ceux des Indiens Sioux ou Apaches. Il était plutôt grand, près d'un mètre quatre-vingt et il affichait un air sévère sur son visage. Il avait revêtu un pantalon noir d'une autre époque, rapellant ses yeux et un pull marron saillant. Il prit le même chemin que Lilith mais en sens inverse. La jeune fille eut l'étrange impression qu'il n'était pas satisfait de sa mission. Lilith ordonna à chacun de ses membres de ne pas bouger, ayant peur de révéler sa présence. Quelques minutes plus tard, Mahäpe revint, suivit par trois personnes. Trois homme dont deux d'âge mur qui encerclaient le troisième, de peur que ce jeune homme blond ne leur fausse compagnie. Le blond était vêtu d'un jean bleu délavé au genoux et d'un pull couleur encre. Il devait environ faire la taille de Lilith et ses yeux bleus regardaient Fàilte avec méfiance. Il avait croisé ses bras sur sa poitrine et levait le menton dans un signe de défi.
Il ne veut pas. Fit seulement Mahäpe en le désignant d'un signe de tête.
Loar…
C'est Andrew ! coupa le jeune homme.
Nous avons besoin de ton don pour retrouver Eternity.
Je n'ai aucun don, espèce de folle.
En voilà au moins un avec qui Lilith était d'accord.
Cette jeune fille est très importante pour nous, comme je te l'ai déjà expliqué.
Sauf que moi, je n'ai rien à voir avec le « nous ». rétorqua le dénommé Andrew. Et puis, si cette jeune fille fait parti de votre secte, j'aimerais bien comprendre pourquoi elle s'est enfuie !
Elle n'a pas encore saisi combien elle était importante. Tu dois la retrouver.
Je ne vous aiderais pas. Même si je le pouvais.
Loar, tu es son protecteur, tu es capable de repérer ses signes de vie.
C'est Andrew !
Fàilte soupira et grommela quelque chose qui ne parvint pas aux oreilles de Lilith.
Eh ! La fille qu'ils cherchent ! appela Andrew. Dépêches-toi de t'enfuir et préviens les flics.
Loar ! s'exclama Fàilte. Tu sais où elle est ?
Non. Mentit-il. Il avait repéré la jeune fille dans le conduit d'aération depuis le début. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi, mais son regard avait été irrémédiablement attiré par le conduit d'aération. Le jeune homme était pratiquement certain que la fille que ses ravisseurs cherchaient était là.
Loar…grogna Fàilte en s'approchant dangereusement de lui. Le jeune homme tenta de ne pas paraître intimidé par la femme mais se mit à trembler légèrement. La main de Fàilte s'abattit sur sa joue et enflamma sa peau. Je ne supporte pas les mensonges. Dis-moi où elle est !
Va te faire foutre, vieille folle ! Je m'appelle Andrew, il faut le répéter combien de fois pour que tu comprennes ? jeta Andrew d'une voix glaciale.
Dis-moi où elle est ! cria Fàilte en s'apprêtant à le frapper.
Arrêtez ça ! s'exclama Lilith en sortant de sa cachette. Elle ne supportait pas de savoir que quelqu'un était maltraité à cause d'elle.
Eternity…soufflèrent plusieurs hommes en s'inclinant.
Lilith recula contre le mur, terrifiée tandis que le dénommé Andrew la regardait comme si elle était folle de s'être dénoncée. Fàilte s'approcha d'elle et la gifla férocement.
Tu es trop importante pour qu'on perde notre temps à te courir après.
Lilith porta sa main à sa joue et regarda Fàilte avec inquiétude. Qu'allaient-ils lui faire ? Allaient-ils la punir pour avoir essayé de s'enfuir ?
Nous ne te ferons pas de mal, Eternity.
Vous êtes très convaincante en disant ça juste après l'avoir frappée. Crossa Andrew.
La ferme Loar ! jeta Fàilte tandis que Lilith ne put retenir un sourire moqueur. Eternity, nous avons besoin de toi pour…
Je m'appelle Lilith ! coupa la jeune fille. Ce fut au tour d'Andrew de sourire narquoisement.
Fàilte soupira et lança :
Conduisez-les tous les deux dans la salle du Conseil. Les Archanges ne vont pas tarder.
Les hommes de Fàilte escortèrent les deux jeunes dans de longs couloirs où l'on gardait un silence religieux en examinant les deux kidnappés.
Ils sont tous fous…grommela Andrew.
Tout à fait d'accord. Chuchota Lilith.
Andrew lui jeta un coup d'œil et dévoila ses dents dans un sourire sincère. Lilith ne put que lui rendre son sourire tandis que leurs assaillants s'arrêtèrent devant une porte dorée, gravée de la même façon que la boite des souvenirs de Lilith.
Veuillez attendre ici que les Archanges daignent vous voir… fit Fàilte en entrant dans la pièce cachée par la porte dorée.
Archanges…pfff…firent les deux jeunes en chœur. Ils se sourirent, mais sans toutefois parvenir à se rassurer.
Comment ils t'ont eu, toi ? s'enquit Andrew.
J'ai eu un accident de voiture…fit Lilith en fronçant les sourcils pour tâcher de se rappeler plus de détails. Et toi ?
J'ai fais une mauvaise chute en deltaplane…
Sérieux ?
Sérieux. J'adore le deltaplane.
J'aimerais bien essayer. Réfléchit la jeune fille à haute voix.
Si on sort d'ici, je te ferais essayer. lui promit-il.
Dis-moi…je me demandais…murmura Lilith, incertaine de devoir réellement poser cette question. Il allait certainement la prendre pour une folle. Tu as fais ce rêve avec les boîtes ?
Il garda le silence et Lilith se mordilla les lèvres. Ca y est, il devait la prendre pour une folle.
Je pensais que j'étais dingue. Chuchota-t-il. Tu as pris quelle boîte ?
La noire…et toi ?
Moi aussi. Il y a une chose qui est sortie et…
Oui, moi aussi. Coupa-t-elle tandis que Fàilte ouvrit la porte et leur ordonna d'entrer. Andrew et Lilith se lancèrent le même regard inquiet. Fàilte leva les yeux au ciel, agacée et les poussa pour les faire rentrer. Puis, elle referma la porte avant de claquer dans ses mains. La pièce s'illumina soudain de bougies. Face aux deux jeunes, se trouvaient sept piédestaux, formant un arc de cercle. Ils se regardèrent, se demandant ce qu'ils attendaient. Soudain, une lumière éclaira intensément la pièce, aveuglant momentanément ses occupants. Lorsque Lilith et Andrew rouvrirent les yeux, ils avaient face à eux, sept personnes vêtues de toges blanches, les mains croisées sur leur abdomen. A l'extrême gauche, se tenait une femme blonde aux yeux marrons qui détaillaient les deux jeunes avec scepticisme. Elle paraissait jeune, mais ses yeux indiquaient qu'elle avait vu beaucoup trop de choses pour être encore surprise.
Je suis l'Archange Anaëlle. Déclara-t-elle d'une voix impassible.
Je suis l'Archange Saraquiel. Fit son voisin. Un homme brun aux yeux verts, surmontés d'épais sourcils. Il souriait et son regard aimable tâchait de rendre Lilith et Andrew plus confiants. Il dépassait ses voisins d'une bonne quinzaine de centimètres mais personne ne semblaient s'en formaliser. A la gauche de cet homme se tenait une femme à la peau noire et aux cheveux bruns. Ses yeux et son sourire chaleureux ne promettait aucun mal aux deux jeunes gens qui se tenaient face à elle.
Je suis l'Archange Gabrielle. Dit-elle d'une voix douce. A côté d'elle, se tenait un homme imposant, pourvu d'une aura plus impressionnante que celle des autres. Lilith en déduisit qu'il s'agissait du chef. En dépit de ses cheveux d'argent, il paraissait jeune et extrêmement bienveillant. Ses yeux bleus foncés détaillaient ses invités avec toute la bonne foi du monde.
Je suis l'Archange Michaël… murmura-t-il d'une voix claire. La femme qui était à ses côtés, possédait de longs et soyeux cheveux noirs qui s'accordaient à merveille avec ses yeux bleus foncés. Elle était certainement celle qui avait le visage le moins accueillant, on aurait même juré qu'elle rêvait de n'avoir jamais rencontré Lilith.
Je suis l'Archange Raphaëlle ! dit-elle d'une voix froide en fixant la jeune fille qui frissonna. A ses côtés se tenait un homme blond d'une extrême beauté, jaugeant de ses yeux émeraudes, les deux jeunes personnes. Il lança un sourire charmeur et lança d'une voix fluide :
Je suis l'Archange Anazël…
Enfin, sur le dernier trépied circulaire, une belle rousse se tenait, aussi droite qu'un I. Son regard passa sur Lilith, puis sur Loar avant qu'elle ne daigne jeter un coup d'œil à Fàilte.
Je suis l'Archange Khamaëlle…
Le silence s'installa et Lilith et Andrew se jetèrent un regard inquiet. Qu'étaient-ils censés faire, à présent.
Bien. Ajouta celui qui avait pour nom Michaël. Je crois que nous vous devons des explications…
