Ta tête se renverse, et tes membres tremblent. Tu fixes l'écran. T'as l'impression que tu pourrais le toucher, si t'avançais un peu le bras. Le toucher, et l'attraper. Puis le serrer fort.

À lui en briser les os, et lui couper le souffle.

Mais tu ne peux pas. Tu ne peux n'y le toucher, ni lui parler. Que tu le croise, au détour d'un couloir, dans une radio. Sur le tapis rouge, lors d'une remise de prix.

Ça ne change rien. Cet écran ne change rien.

Il te permet juste de te souvenir. Te souvenir d'une époque, où le simple fait de lui tenir la main était naturel. Une époque où entendre les entendre rire ne t'agaçais pas.

Une époque, où les voir si populaire, ne te démangeais pas.

-Si on s'essouffle peu à peu, comment on fait ?

-On le fait en silence.

-Si on a peur, au point de ne plus pouvoir respirer, comment on fait ?

-On se serre les mains fort, très fort.

-Si on pleure, tremble. Si on ne comprend plus, si on ne sourit plus. Si ils nous tournent le dos, on fait comment ?

-On encaisse.

-Si ils pleurent, on fait comment ?

-On se tait.

-Et si on ne parvient plus à les regarder en face, et à les soutenir, on fait comment ?

-Je ne sais pas … Je ne sais pas.

Là, tu saurais quoi répondre. Il faut viser, et sourire. Rire. De leur médiocrité. Parce-que toi t'es là. Face caméra. Parce-que toi, tu peux te le permettre.

Parce-que toi, t'as gagné.

Leur faire regretter. Autant que toi, tu le regrette. Les faire souffrir, autant que tu as souffert.

Et leur prouver, que maintenant, c'est toi le gagnant. Que t'es plus mis de côté. Que maintenant, c'est toi qui mène.

Leur montrer que t'as plus besoin d'eux.

Il faut que tu les haïsses, autant que tu peux te le permettre. Frustration, rage, dépression. Tout y passe.

Fais-le pour lui.

Ou du moins, fais semblant.

-Tu regardes quoi ?

-L'autre.

Il a bien appris. Il crache un rire méprisant. Ou dégoûté.

Dégoûté de qui, tu ne sais pas.

-Une déclaration de guerre.

-D'une guerre perdue d'avance.

Il sourit. Un sourire tordu. Les notes défilent, glissent. Chutent. Coulent. Comme lui. Toi. D'une certaine façon. Elles tombent dans le silence, et l'incompréhension. Dans cet endroit qui t'es devenu si coutumier, au fil des années passées.

Cet endroit où rien ne peut t'atteindre, à part ces notes lourdes et douloureuses. Ces notes qui te lacèrent la gorge, et te coupent la respiration. Ces notes qui te broient la raison.

-On y va ?

Rivaux, et pourtant indissociables. Encore maintenant, des fans scandent ce nom.

Encore maintenant, ce nom vous colle à la peau. Ces quatre mots, si pesants.

Ce putain de nom.

-Ouais, on y va.

Dong Bang Shin Ki.