Prologue

Katniss

Je regardais Peeta parler. Le sourire qu'il affichait me paraissait si naturel. Comme s'il n'avait jamais changé, comme s'il n'était pas différent. Mais nous n'étions plus dans le même camp. Même en prenant compte le fait que Peeta avait été enlevé, je ne pouvais pas éluder ce qu'il avait osé dire. Chaque mot restait gravé dans ma tête, frappant chaque fois que j'y pensais mon cœur. Peeta était mon ennemi, et je devais désormais l'admettre. Il contre-attaquait sans relâche les spots publicitaires que nous lancions contre le Capitole. Je sentais que quelque chose n'allait pas dans son comportement, et son ton était chaque fois chargée de plus de haines. De haine envers moi. M'aimait-il encore ? J'en doutais désormais. Je me souvenais des mots de sa dernière interview donnée à Caesar la veille au soir. Il semblait en pleine forme, les yeux luisants, le sourire d'habitude si doux, narquois et déplaisant.

"Katniss et moi, ça n'a toujours été que du vent." Avait-il annoncé, insistant sur chaque syllabe. Des cris de protestation avaient raisonné dans la foule présente. Il venait de dire que les amants maudits n'avaient jamais existais. Et je l'avais cru durant une seule seconde, trahissant notre amour, prenant le chemin facile. Je priais pour que cette information soit erronée.

J'abhorrais le nouveau Peeta. Je tentais à chaque émission de me convaincre que ce ne pouvait pas être lui, mais la réalité revenait sans cesse. Nous avions lancé une attaque avec un spot publicitaire de moi pleurant à chaudes larmes, le corps convulsé de souffrance et soufflant à travers mes larmes.

"Ça n'a jamais été le cas pour moi. Je t'aime Peeta, quoi qu'il arrive."

Haymitch voulait que j'inspire la pitié. Je n'avais pas eu besoin de jouer pour cette vidéo-là. Il avait fallu trois bonnes heures pour me calmer, et trois autres pour me faire sortir de ma chaise. Le capitole avait aussitôt répliqué avec une vidéo inédite de moi au cours des jeux, qui attaquait Peeta. Deux mots étaient sortis de ma bouche, que les réalisateurs du district 13 s'étaient empressés de filmer, joyeux.

"Je ne savais pas que tu m'aimais à l'époque, je ne savais pas que je t'aimais, ou peut-être que je n'admettais simplement pas mes sentiments. Je suis désolé que tu ai pensé ça. Je... Tu te souviens du pain, Peeta ? Moi, je me souviens de tout : de ton regard bleuté, de ton sourire, de l'odeur de pain chaud même si ce n'était que le pain que les clients n'avaient pas acheté la veille. Pour moi, c'était un Trésor. Tu m'a redonné espoir. Tu m'as permis de survivre."

Curieusement, le Capitole avait abandonné la partie, présentant simplement Peeta dans un déni constant de son amour pour moi, et en défenseur du Capitole. Mais nous ne doutions pas de ce qu'il nous réservait de plus atroce encore. Snow incarnait le mal, et était le véritable ennemi. Parviendrais-je à sauver Peeta ? Je n'en n'avais aucune idée.

Peeta

La pluie tambourinée à fenêtre. Je tachais de finir mon pain quand je vis qu'une partie brûlait. Ma mère allait définitivement me tuer. Je m'empressais de m'emparer d'une spatule pour jeter le pain dans le panier prévu à cet effet. Je pris le panier, mais avant que je n'aie pu franchir la porte pour sortir, ma mère agrippa mon tablier manquant de m'étrangler.

- Montre-moi ce panier tout de suite.

Je lui tendis, tremblant de peur. La raclée ne tarda pas à venir et je m'écroulais sous les coups. Je parvins à n'émettre aucun son de douleur et attendis qu'elle ait fini. Quelques minutes plus tard, essoufflée, elle me relâcha et me jeta le panier.

- Va donner ça aux cochons.

Je vis que la porte était ouverte sans que je ne m'en sois rendu compte. J'espérais que personne n'ai vu ce qui c'était passé. Je franchis l'ouverture et la pluie me rafraîchit, calmant la douleur de mes blessures. Je fis quelques pas et vit bientôt la silhouette d'une fillette sous l'arbre en face de chez moi. Ses yeux intenses étaient fixés sur moi, et je reconnus la chaleur du regard de la fillette qui avait chanté dans ma classe quelques années plus tôt. Katniss Everdeen, ou la fille que j'aimais.

Elle semblait épuisée. Je jetai quelques morceaux de pain rassi aux cochons. Je vis qu'elle les observait tomber dans la boue. Profitant du fait qu'elle ne me regardait pas, je l'examinais. Elle était très maigre, pâle. Inconsciemment, je me rapprochais d'elle, et je ne m'en rendis compte que lorsque son regard se tourna vers moi. Je ris les morceaux de pain du panier - le contenu entier - et le lui jeta. Je regrettais aussitôt mon geste lorsqu'ils tombèrent sur la terre sale et s'imbibèrent de pluie. Mais elle ne sembla pas s'en soucier et les prit sans hésitation, croquant même une minuscule portion dans l'un deux. Elle me jeta un dernier regard, comme pour me remercier et disparut comme un fantôme dans le brouillard léger qu'offrait la pluie.

Je me réveillais en sursaut. Était-ce encore un rêve ou un cauchemar ? Je ne pouvais plus le savoir, comme je ne pouvais pas encore concevoir que Katniss soit une mutation génétique. Ma haine pour Snow s'amenuisait dangereusement hélas. Je ne disposais d'aucuns échappatoire. Mes moments de lucidité - rares - me faisaient regretter d'avoir laisser Katniss nous séparer aux derniers jeux. Mais était-ce vraiment elle, et pas le district 13 ? Soudain, le grésillement quotidien annonçant un nouveau visionnage retentit. Ne sois pas lâche, Peeta, me dis-je. Combats. C'est que Katniss t'ordonnerait. Fais-le pour elle. Mais combien de temps, encore, tiendrais-je.

Ils m'injectèrent brutalement le venin. Je faillis hurler. Non, non, non. Déjà, mes pensées s'embrouillaient et mes yeux se fixaient sur l'immense écran en face de moi. Katniss m'apparut. Une haine colossale s'emparait de moi, et seules les attaches de fer à mes poignées m'empêchèrent de sauter sur l'écran. Et si ça avait été, elle devant moi, l'aurais-je tué ?


Chapitre entièrement révisé. J'espère qu'il vous plaira. Je garde bien sûr l'enchaînement des événements, mais j'y apporte juste une écriture plus fluide et claire, et je rallonge ou raccourci certains passages. Merci d'avoir lu.

Rose D.