A/N : Les morceaux en italique ont été traduits ou adaptés par moi à partir de la chanson The Weight of the World, du groupe anglais Editors.
L'encre glacée du ciel est soudainement zébrée d'un éclair aveuglant et le silence chaleureux de la nuit anéanti par un violent coup de tonnerre. Dans l'une des chambres de la petite maison qui se découpe sur l'horizon endormi, un jeune homme se réveille en sursaut. Mais ce n'est pas l'orage qui l'a réveillé, et la jolie femme à ses côtés le sait mieux que quiconque.
L'homme s'assoit dans le lit, et à la lueur d'un nouvel éclair, sa compagne remarque les larmes qui perlent au coin de ses yeux. Alors à son tour, elle se relève un peu et pose sa main sur son épaule tremblante.
— Draco, murmure-t-elle. Draco…
Draco ne répond pas, et la jeune femme soupire. Cela fait des semaines que toutes les nuits, il se réveille en pleurant, hanté par les souvenirs de la guerre qu'ils viennent de vivre. Cela fait des semaines qu'elle veut faire quelques chose, mais qu'elle n'ose pas, qu'elle prétend qu'elle ne voit pas. Mais ce soir, au cœur de l'un de ces orages qu'elle aime tant parce qu'ils lavent toujours toutes les plaies éparpillées sur le sol, elle se force enfin.
— Draco, parle moi… Ne me laisse pas dans le noir.
Il secoue la tête, et la voix rauque, il répond :
— Pour quoi faire, Asteria ? Pour quoi faire ?
— Parce que… parce que je t'aime, et que je sais que tu m'aimes aussi, parce que nous allons vivre ensemble et que je serai là quand tu mourras, et que toute ma vie, s'il le faut, je la consacrerai à alléger ta peine.
Un sanglot se coince dans la gorge de Draco, et Asteria se contente de doucement faire courir ses doigts sur sa peau nue, dans un geste d'une infinie douceur.
— Tu n'as pas à avoir peur, tu n'as pas à pleurer, chuchote-t-elle. Tu as fait ce que tu as fait parce que tu n'en avais pas le choix et…
— J'ai été un monstre, Asteria, un monstre.
Le dégout dans la voix de Draco est si violent que sa compagne ressent un violent coup au cœur. Il n'ose même pas la regarder quand il ajoute :
— Je… Alors même que ma famille n'avait rien à craindre, j'ai été odieux, j'ai été raciste, j'ai souhaité la mort d'une gamine de mon âge et ri de celle de quelqu'un qui n'avait jamais rien demandé à personne et j'ai failli tuer des gens innocents Asteria. J'ai…
— Ca ne sert à rien de ressasser ces souvenirs, Dracp. Nos vies, elle sont comme des puzzles où chaque pièce s'imbrique obligatoirement avec les autres. Chaque pièce de ta vie est importante, Draco, même les plus noires et les plus honteuses, parce que sans ces épreuves et ces erreurs, tu ne serais jamais devenu cet homme que j'aime de toute mon âme parce qu'il sait qu'il a côtoyé l'enfer de trop près et que le remords qu'il éprouve le rend beau.
Draco tourne enfin son regard vers le visage aimant d'Asteria, et la voix compressée par la douleur, il supplie :
— Répare-moi. Ressoude mes os brisés et enlève le poids du monde de mes épaules, je t'en prie.
Et Asteria s'autorise enfin à vraiment prendre Draco dans ses bras, et elle le serre contre elle. Le tonnerre gronde encore dehors, mais Asteria n'entend plus rien. Elle ne sent plus rien, ne perçoit plus rien d'autre que Draco contre elle et l'amour qu'elle éprouve pour lui, malgré ses faux pas… avec ses faux pas.
Elle caresse son visage et leurs yeux s'emplissent encore de larmes. Mais celles-ci sont différentes, moins douloureuses, emplies d'espoir, parce que tandis qu'au dehors les éléments se déchainent encore, l'amour remplace la peur et Draco commence à comprendre ce que veut lui dire Asteria. Et même si cela prendra du temps, la tempête en lui finira par s'apaiser.
