Bonjour! Ça fait longtemps que je n'ai rien publié, veuillez m'en excuser, j'ai eu une horrible période sans inspiration, syndrome de la page blanche, école, stage et tout le reste. J'en aurais pleuré. Bref. Me revoilà, en chair, en os et en cartilage! C'est dégueu…

Je vous présente mon nouveau bébé, mon bijou, mon GrimmIchi médiéval! Ma première fic sur Bleach aussi! (j'ai profité de mon passage à vide pour regarder la série, et disons que Grimmjow le beau gosse m'a inspirée…) Tout ça pour dire que ce sera normalement un two-shot (parce qu'en one-shot, c'est trop long :p) N'hésitez pas à me donner votre avis tant qu'il est constructif, que je puisse bénéficier de vos conseils pour écrire mieux! Je publierai la suite dès que possible, elle n'est pas encore écrite et je suis bientôt en exam… désolée.

Bonne lecture!

Les trois victoires du Général

Il y a fort longtemps vivait un roi puissant et débonnaire qui régnait avec sagesse sur son royaume. Ce dernier étant tout de même étendu, il avait accordé la gouvernance de chaque région à des seigneurs désignés parmi les plus prestigieuses familles du pays.

La Maison Kurosaki n'était pas la plus puissante, mais elle se démarquait des autres grâce à une richesse conséquente, un chef strict mais juste et une loyauté à toute épreuve à l'égard de ceux qui la méritaient. Le Seigneur Isshin tirait sa fierté de sa famille adorée. Il y avait bien sûr sa femme, sa chère Masaki, mais aussi son fils unique et ses deux filles : Ichigo, Karin et Yuzu. À l'époque où commença notre histoire, Ichigo, l'aîné de la fratrie, était considéré comme l'un des meilleurs partis de la région. Il n'avait que dix ans, mais nombreuses étaient celles qui tentaient de l'amadouer. Si cela amusa longtemps son père, il mit néanmoins le holà en fiançant son cher fils à la fille d'un seigneur voisin, le chef de la Maison Kuchiki. Ce dernier était d'ailleurs sur le lit de mort et comptait déjà donner les rênes du pouvoir à son fils, le beau Byakuya. Mais ce détail est secondaire dans cette histoire, aussi ne nous y attardons pas.

La terre des Kurosaki se trouvait près de la frontière avec un pays voisin très important, et les tentatives d'invasion étaient monnaie courante bien que toujours déjouées par l'armée seigneuriale et ses quelques chevaliers. Mais malgré ces débordements occasionnels, le peuple vivait en paix sous l'égide de la famille d'Isshin.

Dans le village qui jouxtait le château vivait un garçon comme les autres, si ce n'était la fabuleuse teinte de sa chevelure, un beau bleu azur, un peu comme le ciel en plein été. Ses yeux arboraient la même couleur étonnante, lui donnant un regard perçant qui impressionnait même les adultes les plus aguerris. Ce garçon âgé de seulement treize ans s'appelait Grimmjow et travaillait avec son père dans la forge familiale. De par son futur métier, il avait souvent l'occasion de brandir des lames et en avait tiré une maîtrise de l'épée assez peu ordinaire pour un jeune de sa condition. L'adolescent ne caressait pas vraiment de rêve, il savait juste qu'il serait de son devoir de reprendre l'entreprise familiale à la mort de son paternel. Cela l'ennuyait, mais il ne savait rien faire d'autre.

Un jour, quelle ne fut pas sa surprise de voir débarquer son Seigneur en personne, accompagné de son fils unique! Les deux nobles, encadrés par leur escorte, entrèrent dans leur forge et détaillaient les lames en étalage comme des clients ordinaires. Le père de Grimmjow se précipita à leur rencontre et écouta avec passion Isshin lui raconter le but de sa venue : trouver une fine lame pour qu'Ichigo apprenne l'art de l'épée. Grimmjow, lui, n'avait d'yeux que pour le futur seigneur, qui lui adressa d'ailleurs un sourire timide. Le bleuté lui répondit et accourut auprès de son père lorsque celui-ci lui fit signe de s'approcher d'eux.

-Grimmjow, fils, va aider le jeune Lord à trouver une arme qui lui convienne, ordonna-t-il.

L'adolescent acquiesça avec empressement et emmena le plus petit et son escorte vers l'arrière-boutique. Là, il lui montra les meilleures créations de son père et en profita pour lui montrer les siennes également. Le rouquin, ses yeux chocolat débordants d'admiration, le regardait manier les fleurets et autres sabres en poussant de temps à autres de petites exclamations de surprises lors des figures plus compliquées.

-Avez-vous fait votre choix, mon seigneur? Demanda finalement Grimm.

L'orangé tourna la tête vers une lame plus fine et légère que les autres et la pointa du doigt.

-Heu, celle-là, c'est possible?

Grimmjow sentit son estomac bondir lorsqu'il comprit que son futur chef venait de choisir une de ses pièces les plus réussies. Le visage rouge de bonheur, il enveloppa l'arme blanche et la rapporta à l'avant du magasin, le rouquin sur ses talons. Le seigneur Isshin paya, salua tout le monde et s'en alla avec son fils qui adressa de grands signes de la main à Grimmjow, qui réalisa par la suite qu'il ne lui avait même pas dit son nom.

Le soir venu, alors que sa mère servait le repas, Grimmjow leva le menton et décréta qu'il voulait devenir soldat. Le lendemain, il rassembla ses affaires sous le regard ému de sa mère et le rictus énervé de son père et se dirigea vers le château avec toute sa détermination. Il put entrer dans la cour de l'édifice presque sans problème et se demanda à qui il devait s'adresser. Pas au Seigneur, tout de même…? La réponse se présenta d'elle-même lorsqu'un officier lui adressa la parole, lui demandant ce qu'un gamin comme lui venait faire ici. Les soldats attirés par la distraction bienvenue s'esclaffèrent en entendant Grimmjow émettre le souhait d'entrer dans leur armée. Ils rirent beaucoup moins lorsque ledit gamin démontra ses talents à l'épée. L'officier l'engagea sans faire plus de chichi, les batailles contre les envahisseurs étant plus dures à mener de jour en jour.

Ainsi fut la vie de Grimmjow pendant près de sept années.

Au fil des ans, le petit garçon avait laissé la place à un jeune homme plein de fougue et aux muscles puissants, forgés au prix d'heures d'entrainement harassantes mais largement récompensées par des montées en grade fréquentes. Il avait permis à ses cheveux de pousser un peu, ce qui lui donnait un air de fauve prêt à sauter à la gorge du premier homme qui oserait s'en prendre à la Maison qu'il servait avec tant de hargne. Car il ne fallait pas se leurrer. Ce n'était pas pour les lauriers ou pour éteindre une quelconque soif de pouvoir et de sang qu'il était là, mais pour protéger et servir au péril de sa vie le petit garçon qu'il avait rencontré ce jour-là.

Petit garçon qui avait évolué en un jeune homme plein de vie et d'éclat. Ses mèches courtes étaient comme le feu sous le soleil et ses yeux étaient comme de l'ambre liquide sur sa peau couleur de miel. Il avait énormément grandi et embelli, attirant toutes les convoitises. N'empêchait qu'il était fiancé, et que sa promise lui bavait abondamment dessus à chacune de ses visites, faisant grincer Grimmjow des dents lorsque celui-ci était de garde lors des venues de la fratrie Kuchiki.

Oh, il ne se faisait pas d'illusion. Il savait que celui qu'il regardait de loin depuis sept ans était pris, qu'ils étaient de deux mondes différents, qu'ils étaient des hommes tous les deux, que ça ne se faisait pas… mais il se plaisait à imaginer, toutes les nuits, son seigneur descendre de sa tour d'ivoire, le rejoindre dans son dortoir sordide pour passer la nuit avec lui, lui raconter de petites histoires, des anecdotes, lui susurrer des mots d'amour… Il savait que ce n'était qu'illusion, mais il avait bon espoir d'un jour adresser la parole au beau rouquin.

Mais pour le moment, tout ce qu'ils faisaient était se sourire, car le jeune lord n'aurait pas pu oublier son incroyable touffe bleue même s'il l'avait voulu! Ça leur suffisait.

Pourtant, il devait être écrit que cela changerait.

Grimmjow était devenu général après une bataille où il avait particulièrement brillé. Il avait reçu son grade sous le regard admiratif de celui qu'il aimait en secret et avait chéri cet instant chaque fois qu'il se le passait en boucle dans son lit tous les soirs. Il avait été si heureux…

Ce soir-là, cependant, il eut une impression bizarre. Il était de retour de campagne et se reposait dans sa chambre particulière dans le château de ses maîtres, mais n'arrivait pas à s'endormir. Quelque chose allait se produire, mais il ignorait d'où lui venait cette impression. Il attrapa donc son baudrier, revêtit ses effets et sortit sur les remparts pour une promenade un peu rafraichissante.

-Rien à signaler?

On lui certifia que tout allait bien. Le ciel était noir d'encre et on ne voyait pas à cent mètres autour de la place forte, mais Grimmjow, pas très rassuré, scruta les ténèbres. Il lui semblait voir du mouvement… Un éclat métallique le poussa à sortir son épée de son fourreau et de faire sonner l'alarme. À cet instant des troupes ennemies sortirent des fourrés, perdant leur effet de surprise et s'élancèrent à l'assaut de la forteresse. Grâce à la présence d'esprit du général, les troupes réagirent assez rapidement et repoussèrent les assaillants avec difficulté, mais en ne décomptant que quelques blessés et un unique mort. L'attaque n'avait pas duré très longtemps, et les derniers ennemis ne tardèrent pas à prendre la fuite dans l'obscurité. Le bleuté jugea imprudent de les suivre et ordonna à ses hommes d'évacuer les blessés.

Dès qu'il apprit ce fait d'arme, Isshin fit convoquer Grimmjow alors que le matin se levait à peine. Le général s'inclina devant son maître et ne se redressa qu'après son ordre, les courtisans autour de lui chuchotant sur sa bravoure. Il nota avec un plaisir certain qu'Ichigo était là également et le fixait avec gratitude. Isshin lui donna une accolade devant tout le monde et le félicita longuement sur sa rapidité et sa sagesse. Il lui dit également un "mille mercis" qui résonnèrent longuement dans l'esprit du soldat fourbu.

-Général Jaggerjack, vous avez sauvé ce fief et ce pays par extension. Vous avez la reconnaissance éternelle de la Maison Kurosaki, et je crois ne pas trop m'avancer en vous accordant aussi celle du Roi !

-Mon Seigneur, c'est trop d'honneurs que vous me faites, marmonna le jeune général.

Tout ce qu'il voulait, lui, c'était aller finir sa nuit et de préférence jusqu'au matin suivant en rêvant d'Ichigo si possible. C'est alors qu'une phrase d'Isshin retint son attention malmenée.

-Pour vous remercier de votre dévouement, je vous accorde dans l'heure ce que vous souhaitez de plus cher!

Le général releva la tête.

-Tout ce que je veux? N'importe quoi?

-Restons tout de même dans les limites du raisonnable, sourit le seigneur, faisant pouffer la cour.

Grimmjow réfléchit. Ce pourrait-il que le destin lui sourie enfin? Pouvait-il demander ça? Son souhait le plus cher…?

-Il y a bien quelque chose que je voudrais… commença-t-il, hésitant.

-Oui? L'encouragea Isshin.

Grimmjow regarda Ichigo, qui ne l'avait toujours pas lâché de ses iris dorés.

-Je voudrais…votre fils, dit-il enfin après avoir saisi son courage à deux mains.

Il lui sembla alors que le monde s'effondrait autour de lui. La cour explosa en voix hystériques, en murmures empressés, énervés. Ichigo n'avait pas bougé, n'avait rien dit. Ses yeux étaient juste écarquillés de surprise. Le Seigneur Isshin, enfin, parut s'étouffer d'indignation.

-Que… Mais! J'ai dû mal comprendre, pouvez-vous répéter?

La voix menaçante de son maître fit comprendre à Grimmjow qu'on lui offrait une chance de répondre autre chose. Mais il savait ce qu'il voulait, et rien ni personne ne le ferait changer d'avis, foi de Jaggerjack!

-Je veux votre fils, Ichigo. Votre héritier. Appelez-le comme vous voulez. C'est lui que je veux.

La suite se déroula alors dans un genre de chaos indescriptible. Une partie de la cour était pour Grimmjow, et l'autre souhaitait soit l'enfermer dans les oubliettes, soit l'obliger à changer de vœu. Bizarrement, Ichigo, alias le principal intéressé, n'avait toujours rien émis.

-Je refuse, fit froidement Isshin. Trouvez autre chose ou repartez, mais laissez mon fils en dehors de ça. Il est fiancé à une dame, et il est hors de question que je mette en péril notre alliance avec le seigneur Kuchiki pour une simple amourette de paysan!

Grimmjow serrait les poings si fort que ses articulations blanchissaient. Il était prêt à sortir son arme de son fourreau et de passer toute la cour sous sa lame pour leur faire comprendre que ce n'était pas négociable. C'est alors qu'Ichigo intervint. Il chuchota rapidement quelque chose à l'oreille de son père, qui l'écouta attentivement avant de secouer la tête.

-La réponse est et restera non, fit-il tout haut.

-Très bien. La voix glaciale de Grimmjow jeta un froid sur l'assistance, qui commençait à se demander si Isshin n'avait pas commis une grosse boulette. Ça a été un plaisir de vous servir, vous et votre famille. Il arracha l'écusson des Kurosaki de sur sa cape et la jeta au sol, aux pieds de son Seigneur.

Puis il tourna les talons et sortit de la salle, une aura de rage écartant les gens de son chemin. Le jeune homme monta dans ses appartements et rassembla ses affaires qu'il empila dans un sac de toile. Un toussotement le fit se retourner, l'épée au poing dirigée vers la gorge de l'intrus. C'était Ichigo, aussi s'empressa-t-il d'arrêter de le menacer.

-Grimmjow, ne partez pas, dit le rouquin d'un air suppliant. J'ignore ce que vous me voulez, mais mon père refuse d'entendre raison. Restez, et nous pourrons peut-être en parler! Vous êtes un grand général, ne commettez pas cette erreur! Qu'allez-vous faire ensuite? Devenir mercenaire? Trouver un nouveau maître? Ne soyez pas ridicule…!

Le bleuté hésita, puis se rasséréna.

-Je dois partir. Je ne resterai pas une minute de plus ici, avec tout le respect que je vous dois. Je suis sûr que vous trouverez vite un nouveau général.

Il contourna l'orangé et sortit de l'édifice pour accrocher son sac sur son cheval. Ichigo l'avait suivi.

-Grimmjow… S'il vous plait! Vous agissez sous le coup de la colère! Attendez un peu, allez dormir et réfléchissez!

Grimmjow se força à l'ignorer et monta en selle.

-Je suis désolé, mon seigneur. J'ai beau avoir beaucoup de respect pour votre famille, votre père m'a ôté toute envie de la servir. Ce fut un honneur de faire votre connaissance, mais il me faut partir.

Il fit un signe aux gardes pour qu'ils ouvrent les portes, puis il se retourna une dernière fois vers le rouquin.

-Mais où irez-vous?

-Loin d'ici.

Il se pencha vers le rouquin pour effleurer sa joue du bout des doigts.

-Prenez soin de vous. Ce n'est pas la dernière fois que nous nous voyons, soyez-en sûr.

Puis il lança son cheval au galop et disparut bien vite dans un nuage de poussière, sans un regard en arrière.

Il chevaucha durant un mois, le temps de parcourir la moitié du pays avant d'arriver à la capitale. Toutes les nuits, il couchait à la belle étoile, protégé des bêtes sauvages par un feu de bois. Et toutes les nuits, chaque pli de sa couverture lui évoquait Ichigo. Il avait conscience d'être un peu fou, mais il aimait imaginer le rouquin allongé à ses côtés, sous sa protection exclusive. Si seulement Isshin lui avait accordé son vœu, Ichigo serait déjà entre ses bras, abandonné, tentateur.

À lui.

Mais s'il suivait le plan qui avait germé dans son esprit dès son départ du château, Isshin regretterait son refus. Amèrement. Il en faisait le serment.

Ichigo était à lui.

~3 ans et 8 mois plus tard~

Ichigo avait une drôle d'impression.

Comme si ce soir, tout allait changer pour lui. Ce soir, il fêtait son vingt et unième anniversaire et son père lui avait fait préparer une fête monumentale. Et dans très exactement trois semaines il allait épouser Lady Rukia. Mais il n'avait pas trop envie d'y penser. Pour le moment, il devait juste sourire et identifier son pressentiment.

Les trois dernières années avaient été plutôt calmes. Il avait ressassé le départ de Grimmjow pendant des jours, reprochant à son père d'avoir été trop sévère. Dieu savait à quel point Grimmjow était un homme courageux, déterminé et doué pour l'art de la guerre. Il n'était pas bon de l'avoir pour ennemi, et le bleuté avait assuré qu'il reviendrait.

Ichigo l'avait cru sur parole.

À part ça, Isshin avait promu un nouveau général, bien moins aguerri que le bleuté, même s'il se débrouillait assez bien. Ichigo ne l'aimait pas beaucoup.

Alors que cette pensée l'effleurait, la porte de la salle du trône, où se déroulait la fête explosa sous la poussée d'une petite armée. Ichigo se leva automatiquement et commença à tirer son épée en même temps que son père, mais les soldats étaient clairement préparés car ils prirent aussitôt les courtisans en otage. Le rouquin poussa un son désapprobateur et laissa retomber sa lame dans son fourreau.

Il profita alors du temps qu'il avait pour détailler les hommes, histoire de savoir par qui ils étaient envoyés. Ils étaient vêtus d'armures de fortune noires, et leurs armes n'avaient rien de conventionnel. Certaines ressemblaient à ces sabres recourbés qu'on ne trouvait que de l'autre côté de la mer, au sud. Un homme chauve avait même un genre de lance en bois munie d'une lame aiguisée noire au tranchant brillant. Ils ne portaient aucun blason.

Des pillards? Non, jamais ils n'oseraient attaquer un château fort.

Des mercenaires alors? Plus crédible.

En un tour de main, ces hommes avaient pris le contrôle de toute la salle sans faire le moindre blessé. En levant la tête, Ichigo constata l'absence des gardes qui étaient censés patrouiller autour de la salle en cas de bagarre. Le jeune homme voulut mettre sa mère et ses sœurs à l'abri dans une arrière-salle, mais il tomba nez à nez avec des guerriers sortant d'un passage secret dissimulé derrière une tapisserie. Ce qui était théoriquement impossible, vu que seule la famille et les plus hauts gradés de leur armée étaient au courant de l'existence d'un tel couloir.

Les mercenaires lui sourirent et le repoussèrent dans la salle maintenant tout à fait silencieuse.

C'est alors qu'une silhouette connue des personnes présentes émergea à travers la grande porte, un sourire carnassier aux lèvres et un sabre long et fin à la main. Il parcourut la salle des yeux et son rictus s'agrandit lorsqu'il tomba sur la famille seigneuriale. L'homme passa une main dans ses cheveux bleu électrique et s'avança tranquillement vers eux, envoyant rouler d'un coup de pied un hanap qui gisait sur le sol.

-Toi! Comment as-tu osé…?! Vociféra Isshin.

-On se calme, ordonna sèchement Grimmjow. C'est moi qui parle cette fois. Asseyez-vous, tous.

À part les quelques otages, tout le monde retourna à sa place.

Grimmjow les dévisagea tous avant d'éclater de rire.

-C'est si facile d'entrer dans ce château, vous ne trouvez pas? Un vrai jeu d'enfant, ajouta-t-il sur le ton de la conversation.

-Traître, assena Isshin.

-Moi, un traître? Je ne vois qu'un traître ici, et il est devant moi, répliqua Grimmjow. Vous avez trahi votre parole, Lord Kurosaki. Je ne voulais qu'une chose et vous me l'avez refusée. Je suis venu la prendre moi-même.

Ichigo sentit la nausée creuser son ventre.

-Ne t'avise pas de t'approcher de ma famille, vile crapule! Tonna le Seigneur Isshin.

-Je suis venu vous proposer un accord, continua le bleuté en l'ignorant superbement. Vous me donnez ce que je suis venu chercher et je quitte cet endroit en laissant tout le monde en vie, ou vous refusez et demain matin ce château sera baigné de sang. Le vôtre.

Ichigo déglutit et vit du coin de l'œil son père attraper une dague pour la lancer sur l'ex général.

Le couteau ne quitta même pas sa main.

-Gardez votre calme s'il vous plait, dit le jeune homme très pâle qui venait de récupérer l'arme.

-Ulquiorra, lança Grimmjow comme un signal.

Le petit brun posa alors la dague sur la gorge de Masaki, qui étreignait ses deux filles de toutes ses forces.

-Alors, Sire, avons-nous un deal ? Ricana Grimmjow.

Isshin était si enragé que ses bras et son dos tremblaient. Ichigo eut alors pitié de son père. Il posa une main sur l'épaule de son géniteur et prit enfin la parole.

-Ça ira, je vais le faire. Je ne laisserai personne mourir pour moi. Tu m'excuseras auprès de Lady Rukia et de Messire Byakuya, d'accord?

-Mais…!

-Nous n'avons pas le choix! Je refuse de sacrifier tous ces gens pour mon intérêt personnel!

Isshin serra plus fort le bras de son fils unique, puis le lâcha.

-Fils…

-Ca ira, répéta Ichigo en souriant.

Il quitta l'estrade d'un pas chancelant et se dirigea vers Grimmjow, qui eut le culot de lui tendre la main avec ce petit sourire diabolique dont il avait le secret. Ichigo se garda bien de la toucher et sortit de la salle, suivi de près par son ravisseur et ses hommes.

-Oh, et au cas où vous auriez envie de nous suivre, dit le bleuté juste avant de partir, je crois que ce sera impossible, vos gardes sont en assez mauvais état…

Isshin blêmit et lança son verre dans sa direction. Il explosa au sol, aspergeant tout le monde de débris coupants. Grimmjow soupira d'un air dramatique et saisit le bras d'Ichigo pour l'emmener à l'extérieur.

Dans la cour se trouvaient les chevaux des envahisseurs, prêts à repartir. L'un des hommes de Grimmjow apparut alors, suivi de la monture d'Ichigo, un cheval blanc comme neige à l'exception du bout de ses pattes, noir comme la nuit. Le jeune homme examina les alentours, espérant apercevoir un régiment de soldats encore intact. Mais ils étaient tous couchés sur les pavés.

Il se précipita vers le corps le plus proche et tâta sa gorge. Il ouvrit de grands yeux en sentant un pouls régulier et comprit aussitôt l'astuce en remarquant une touffe de plumes noires qui émergeaient de la nuque du gardien.

-Un narcotique assez puissant pour les faire dormir jusqu'à demain, l'informa Grimmjow.

Ichigo se tourna vers lui, estomaqué.

-T-Tu as endormi tout le château?! Il n'y a aucun blessé?

Pour toute réponse le bleuté lui sourit.

-Pourquoi tiens-tu tant à ce que je sois un monstre?

Ichigo se garda bien de répondre et se mit en selle, le reste des guerriers faisant de même. Quand Grimmjow donna le signal du départ, le jeune homme se tourna une dernière fois vers sa maison et mit son cheval au galop, suivant la troupe qui l'encadra progressivement afin de prévenir toute tentative de fuite.

Son pressentiment s'était révélé exact.

Malheureusement.

La troupe chevaucha pendant un peu moins d'une heure dans le noir, puis déboucha sur une petite colline où les attendaient une trentaine de tentes grisâtres et trois grands feux de camp. Une vingtaine d'hommes se levèrent en les voyant arriver et accueillirent leurs compagnons avec des rires joyeux.

-Et si tu descendais, ton altesse? Fit un grand type avec des dents de piano.

Ichigo se rendit compte qu'il n'avait toujours pas bougé, étonné de voir l'organisation du campement. Il mit pied à terre et s'éloigna à son grand regret de Shiro, son cheval. Aussitôt, un des cavaliers emmena la monture avec les autres et Grimmjow entraîna son propriétaire vers une tente plus grande que les autres.

-Bienvenue dans ton nouveau chez-toi, dit le bleuté. C'est pas du grand luxe, mais c'est confortable.

Ichigo attendit que l'ex-général sorte, mais il n'en fit rien. Au contraire, il se dirigea vers le lit de camp, dépassant Ichigo qui commençait sérieusement à se poser des questions.

-Heu, qu'est-ce que tu fais?

-Tu ne croyais quand-même pas que j'allais te laisser tout seul? S'étonna son ravisseur. Je n'ai pas envie que tu tentes une sortie! Oh, d'ailleurs, tant que j'y suis, il est inutile d'essayer de t'échapper, cet endroit est bourré de gardes bien plus doués que ceux de ton palace.

Le rouquin ne put s'empêcher de s'énerver.

-Comme si j'allais m'enfuir! Tu t'en prendrais à ma famille pour te venger!

-Bien entendu, répondit calmement Grimmjow. Mais avant ça, je te retrouverai et te ramènerai par la peau du dos s'il le faut. Puisque tu as compris, on va pouvoir aller dormir.

Ichigo se dirigea vers le lit de camp, mais la voix goguenarde de son kidnappeur le retint.

-Déshabille-moi, ordonna-t-il.

Le rouquin se retourna et lui jeta une œillade dégoûtée. Mais il après avoir recalculé sa situation, il estima qu'il était préférable d'obéir pour l'instant. Il esquissa un mouvement hésitant vers son ravisseur et s'employa à défaire les sangles de son plastron. Après quelques essais infructueux, il réussit enfin à les délacer et la lourde pièce métallique tomba par terre. Puis il s'attaqua aux gants renforcés d'acier noirci et les déposa sur une malle qui traînait là. Puis les jambières subirent le même sort, et enfin la légère cote de mailles. L'artisan qui l'avait forgée avait un sacré talent, remarqua-t-il. La chemise de Grimmjow ne tarda pas à disparaître également et le rouquin se retrouva en face à face avec huit tablettes de chocolat bronzées et couvertes d'un léger film de sueur.

Ichigo baissa les yeux vers le pantalon de Grimmjow et se sentit mal.

Assez étonnamment, le bleuté l'empêcha de poursuivre et l'attrapa par les épaules pour le tourner dos à lui. Le jeune homme sentit qu'on tirait sur ses vêtements et pria tous les dieux qu'il connaissait pour ne pas passer à la casserole, bien que cela lui semblait plutôt mal parti. Sa tunique richement brodée le quitta, puis Grimmjow baissa les manches de sa chemise blanche d'un geste lent, presque tendre. Ichigo ne comprenait plus rien à présent. Et il ignorait toujours ce que lui voulait le guerrier. Le vendre? L'utiliser comme moyen de pression sur sa famille? Faire de lui son esclave personnel?

Un long frisson parcourut son dos lorsque la main tiède de Grimmjow se posa sur sa peau. Il le saisit par le coude et l'emmena jusqu'à la couche.

Bon sang, jamais Ichigo n'avait eu aussi peur d'un lit!

À son grand étonnement, l'ex général se contenta de l'étendre et se glissa derrière lui, passant ses bras autour de son torse pour l'attirer contre lui avant de rabattre la couverture sur eux. Grimmjow s'endormit en quelques minutes, fatigué par les événements tandis qu'Ichigo, coincé dans son étreinte de fer cherchait un sommeil pourtant réparateur qui lui échappa une majeure partie de la nuit.

Le lendemain matin, Grimmjow ouvrit les yeux et se plongea avec félicité dans l'observation de son nouvel invité. Il joua un instant avec les mèches enflammées, retraça avec légèreté les fins muscles du jeune homme jusqu'au bord du pantalon. Alors qu'il écartait celui-ci de la peau, son propriétaire se réveilla et fit la grimace en croisant son regard bleu.

-Bien dormi? Demanda Grimm.

-C'est une blague? Rétorqua Ichigo d'une voix pâteuse. J'ai pas fermé l'œil…

En effet, des cernes commençaient à faire leur apparition sur son visage. Grimmjow s'amusa alors à lui embrasser le nez, le front, la joue…avant de se lever et de s'habiller, invitant son prisonnier à faire de même. Ils sortirent de la tente dix minutes plus tard et déjeunèrent avec les hommes du bleuté. Là, Ichigo ne retint plus ses questions.

-Que s'est-il passé depuis ton départ, il y a trois ans?

Le bleuté sourit et envisagea de ne pas lui répondre, juste pour l'embêter. Mais il se décida à rester sérieux.

-Je me suis rendu à la capitale et j'ai demandé audience au Roi. Ce type est sympathique, mais un peu dingue sur les bords je dois dire. Et il a un drôle de chapeau…Bref, je lui ai expliqué ma situation en résumé et je lui ai demandé de m'aider à retrouver mon honneur. Il a eu l'air amusé et il a complètement ignoré ses conseillers qui lui disaient de refuser ma requête. Je lui ai demandé une armée, mais comme il ne pouvait me donner des hommes, il a fait ouvrir une prison et m'a laissé faire mon choix.

-Q-Quoi? Tu veux dire que ces hommes sont des repris de justice?! Mais tu es complètement malade!

-Je n'avais pas d'autre choix, et j'ai choisi très méticuleusement. Et je peux te dire qu'après ces trois dernières années à entraîner ces hommes, je confierais ma vie à chacun d'eux sans hésiter.

-Mais ce sont des criminels! Objecta Ichigo en mordant dans une tranche de pain.

-Les soldats aussi sont des criminels en temps de guerre, je ne vois pas la différence. Je disais donc qu'après les avoir entraîné, je suis retourné voir le Roi et il m'a fait promettre de ne pas faire couler le sang dans ton château. C'est pourquoi Szayel nous a préparé ce somnifère pour endormir les gardes. Une partie de mes hommes sont entrés par les passages secrets pour couper votre retraite et nous nous sommes emparés de la place assez facilement. Votre nouveau général ne vaut rien.

Ichigo fit la moue.

-Et donc, ta proposition, c'était du bluff! Tu ne comptais absolument pas tuer les otages! Et si mon père avait refusé?

-Je comptais sur ta présence. Tu as toujours été trop gentil, trop… héroïque. Tu es incapable de laisser des innocents mourir pour toi.

-Tu es le pire salaud que j'ai jamais rencontré.

Le rouquin se leva de table et alla près de son cheval, qui le salua d'un hennissement. Le jeune homme emprunta une brosse à un des hommes de Grimmjow et s'occupa de l'animal jusqu'à ce que le campement soit démonté pour continuer le voyage.

-On y va! Lança Grimmjow en s'assurant qu'Ichigo suivait le mouvement.

Voilà à quoi ressembla leur quotidien pour les jours qui suivirent. Ils se levaient, chevauchaient jusqu'au soir et s'arrêtaient pour la nuit. Grimmjow ne manquait jamais le rituel auquel il se livrait avec son "invité", mais se garda bien d'aller plus loin. Il préférait laisser faire le temps. D'après lui, le rouquin lui tomberait dans les bras tout seul après quelques semaines en sa compagnie.

Ichigo se pliait assez bien aux exigences de son ravisseur, conscient que la moindre erreur de sa part changerait sa condition de vie. Car il était très bien traité malgré les airs rustres de la petite armée et de son origine controversée. Grimmjow avait bien entendu donné des ordres dans ce sens. Celui qui touchait sa propriété était un homme mort, voilà tout. Où qu'il aille (jamais loin du campement), il était suivi par ses hommes les plus fiables.

Un soir, alors que le ciel était encore clair, Ichigo refusait toujours d'adresser la parole au reste du groupe et soignait Shiro. C'était devenu une habitude chez lui. Ses repas étaient réduits à quelques miettes, son temps de sommeil variait de quelques heures à rien du tout et la détresse qu'il ressentait était à son paroxysme. Pour ne rien arranger, ce connard d'Ulquiorra était constamment sur son dos! Grimmjow et d'autres guerriers jouaient aux cartes bruyamment non loin de là (inutile de dire que le bleuté préférait rester à côté de son déshabilleur professionnel en cas de problème). La discussion s'orienta peu à peu vers le nouveau venu.

-En tout cas même s'il est mignon, ton p'tit prince, il est vachement asocial! Se plaignait Nnoitra. On dirait que seul son canasson compte dans sa vie!

-En même temps, il s'est fait kidnapper, rétorqua Shuuhei. Tu t'attendais à ce qu'il nous fasse la risette?

-Et puis il a un appétit d'oiseau, ce gamin! S'exclama Ikkaku. À chaque fois, c'est moi qui vide son assiette! Pas question de gaspiller!

-Ce serait quand-même mieux pour lui d'essayer de s'intégrer, soupira Stark en luttant pour garder les yeux ouverts. Je suis sûr qu'il ne connait même pas nos noms.

-Pourquoi il s'ennuierait à les apprendre? S'esclaffa Renji. Il est juste là pour que Grimm se vide les…

-C'est bon, t'as fini? Le coupa sèchement Grimmjow.

Le silence s'installa.

-Quoi, tu l'as pas encore touché? S'étonna Nnoitra. Si t'en veux pas, laisse-le-moi !

Le regard que lui renvoya Grimmjow avait de quoi congeler quinze cuisses de lapin d'un coup.

Le bleuté se ressaisit rapidement et jeta un œil du côté de son prisonnier. C'était devenu un tic chez lui. Ikkaku attira de nouveau son attention en gagnant la partie.

-Merde, t'es vraiment un enfoiré tu sais ça? S'énerva-t-il contre le chauve ricanant.

Soudain, un cri les fit taire.

-Kurosaki-sama!

Toutes les têtes se tournèrent vers Ulquiorra, qui venait de se précipiter sur Ichigo pour le rattraper avant qu'il ne tombe entre les pattes de Shiro. Ledit Shiro qui poussait des hennissements nerveux en voyant son maître dans un état d'extrême faiblesse.

Le petit brun souleva le rouquin et courut vers la tente de Grimmjow pour l'allonger sur son lit, le bleuté et les autres sur ses talons.

-Que s'est-il passé? S'emporta Grimmjow dans un état second.

-Je l'ignore, il bouchonnait sa monture et puis il est tombé d'un coup, comme ça! Expliqua le jeune homme.

-Allez chercher Szayel! Ordonna le commandant du groupe.

Il s'installa au chevet de l'orangé et toucha son front. Au moins, il n'avait pas de fièvre et respirait régulièrement. Le scientifique de la bande, un grand type aux cheveux roses arriva peu après. Il se pencha sur le malade, prit son pouls, avisa ses cernes et ses côtes apparentes.

-C'est simple, ce petit est exténué.

-Comment ça? Il est fatigué à cause du voyage? S'inquiéta Grimmjow.

-En partie. J'ai l'impression que sa dernière nuit décente remonte à longtemps, tout comme ses repas. Si on y ajoute le stress et la peur…

-Et alors? Que fait-on?

-Laissez-le dormir tranquillement. Quand il se réveillera, forcez-le à manger mais par petites quantités, pour éviter qu'il ne les rejette. Il a besoin de reprendre des forces, ne le dérangez surtout pas.

Sur ces mots un peu blasés, Szayel se retira, suivi de tous les autres sur un geste de Grimmjow. Ce dernier resta avec son rouquin et attendit son réveil avec impatience et une certaine part d'anxiété.

Le lendemain matin, Ichigo fut réveillé par la lumière du soleil qui transperçait la toile de la tente. Il cligna des yeux pour chasser les dernières brumes du sommeil, puis il remarqua une chevelure bleue qui reposait sur son bras gauche. Le rouquin se redressa et contempla son ravisseur endormi en se disant qu'il avait l'air beaucoup plus sympathique dans cette position… presque innocent. Il envisagea un instant de s'enfuir, mais l'ombre d'un garde faisant sa ronde l'en dissuada. Et puis, Grimmjow commençait à papillonner.

Ichigo attendit patiemment que le bleuté fasse la mise au point et se souvienne de sa présence, ce qu'il fit un peu trop lentement.

-Gn, j'ai mal partout…!

-Ça t'apprendra à dormir dans ce genre de position, se moqua l'orangé.

Grimmjow le dévisagea.

-Ça va mieux toi?

-Heu, ouais. Je ne me souviens pas de grand-chose en fait. À dernière nouvelle, je brossais Shiro et j'ai senti comme une bouffée de chaleur. Et après, je me suis retrouvé dans ce pieu avec toi en train de me baver dessus. J'ai connu mieux mais ça pourrait être pire.

-T'as retrouvé ton cynisme dans l'aventure, t'as remarqué? Ironisa le bleuté.

-Et toi tu as la trace de ta chemise sur le menton.

Grimmjow soupira et sortit de la tente pour revenir presque aussitôt avec un plat débordant de victuailles.

-Mange, ordonna-t-il à Ichigo.

-J'ai pas très…

"BROULOUBR" grogna son estomac.

-…faim…

-Comme tu veux, mais je ne te laisserai pas sortir d'ici tant que tu n'auras pas mangé quelque chose. C'est à cause de ça que tu as fait un malaise, j'ai pas envie que ça recommence.

Ichigo lui jeta un regard noir et s'empara d'une tranche de pain à contrecœur. Il mordit dedans et se mit presque aussitôt à tousser.

-Hé, doucement, fit Grimmjow, apaisant, en lui caressant le dos.

Ichigo se gela.

-Et donne m'en un bout, je meurs de faim, ajouta l'ex général.

Ils se partagèrent le plateau en silence, Ichigo toujours dans les bras de son geôlier. Après un long moment de mâchonnements, le jeune seigneur cessa de manger, s'attirant un coup d'œil désapprobateur de la part de Grimmjow.

-Plus faim…

Le bleuté hésita, puis le laissa tranquille. Après tout, Szayel avait dit de ne pas le faire manger de trop grosses quantités.

-Je t'interdis de recommencer un coup comme ça, compris?

-J'arrivais pas à manger, j'y peux rien!

-Je vois que tu y arrives bien maintenant.

"Groumpf"

C'est à peu près l'onomatopée que sortit Ichigo.

-…Rci.

-Quoi? J'ai rien compris.

-Merci, articula difficilement le jeune homme.

Grimmjow avait les yeux grands comme des soucoupes, c'était désopilant.

-…Quoi?

-De t'occuper de moi. Si j'étais juste un otage, ou un esclave, tu ne me traiterais pas comme ça. Tu…tu as passé la nuit accoudé sur mon lit, le cul par terre! J'arrive pas à comprendre ce que tu me veux, mais merci de l'avoir fait.

Cet aveu coûtait beaucoup à Ichigo, cela se voyait, mais il aurait regretté de ne pas le lui dire. Il se serait traité de lâche pendant toute la journée au moins, et puis ça le soulageait. Et la tête de Grimmjow le rendait prêt à recommencer sur-le-champ tant elle était épique.

-De rien, finit par grommeler le guerrier. Juste que t'es ni un esclave, ni un otage, mais bon…

-Pourquoi m'as-tu enlevé alors? Pour le plaisir?

-Je te le dirai…un jour. Peut-être.

-C'est dégueulasse… rouspéta le prisonnier.

Grimmjow ricana et le poussa dehors, au milieu des cavaliers qui avaient écouté toute leur conversation mine de rien. Le bleuté les engueula et tous partirent en riant seller les chevaux pour repartir.

Dès ce jour, Ichigo décida d'essayer de lier connaissance avec les hommes de Grimm. Après tout, s'il devait passer le restant de ses jours à leurs côtés, autant qu'ils apprennent à se connaître! Il chevaucha avec Ulquiorra, qu'il ne manqua pas de remercier vu que Grimmjow lui avait expliqué qu'il lui devait de ne pas s'être fracturé le nez en tombant. Le petit brun, bien que peu démonstratif était très cultivé et aucun de ses mots n'étaient inutiles. Le repris de justice apprécia la tentative d'approche à sa juste valeur et discuta avec "Kurosaki-sama" pendant une grande partie du trajet.

Ichigo rencontra également Renji (un peu trop bavard et grossier mais il était bonne pâte), Ikkaku (un gros bagarreur ami avec un certain Kenpachi) et Stark, qu'il apprécia dès les premiers mots.

Grimmjow s'étonna d'ailleurs du nombre d'amis que s'était fait son protégé en à peine trois jours!

Lors d'une pause pendant la journée, Ichigo s'était rapproché du général et ils avaient commencé à parler de tout et de rien, du temps où ils étaient encore au château tous les deux…

C'est alors qu'Ichi prononça la phrase suivante :

-Punaise, c'est bien parti pour devenir la nouvelle version de la Guerre de Troie, cette histoire!

Ce à quoi Grimm avait répondu :

-La Guerre de quoi?

Le rouquin le regarda comme s'il était fou.

-Ben, la Guerre de Troie! Tu sais, Achille, Pâris, Hélène, tout ça quoi!

-C'est des amis à toi?

Là, Ichi avait hésité entre le rire et les larmes. Un des hommes de Grimm, un beau mec avec une coupe au carré s'était approché d'eux.

-Excusez-moi, j'ai entendu votre conversation…

-Tu sais c'est quoi la Guerre de Truc, Yumichika? Demanda Grimmjow.

-Bien sûr! Répondit le BG avec un grand sourire. Ma mère travaillait à la Cour et m'a appris à lire. L'Iliade est l'un des premiers livres que j'ai lus tout seul…

-Ah, parce qu'ils ont sorti un bouquin en plus, vos potes?

-Ce ne sont pas nos potes, rigola Ichigo, ce sont les personnages principaux de l'histoire.

-Vous permettez que je lui raconte, Messire? Demanda poliment Yumichika.

-Allez-y.

-Bien. C'est l'histoire d'un homme appelé Pâris. La déesse Aphrodite lui avait promis l'amour de la plus belle femme du monde, la belle Hélène. Sauf que la fille en question était mariée au Roi de Sparte, Ménélas.

-Ah, con ça, commenta Grimmjow.

-Carrément. Pâris était prince de Troie, et son frère aîné s'appelait Hector. Un jour, les deux frères sont partis en voyage à Sparte pour rencontrer le Roi et Pâris est tombé amoureux fou d'Hélène, et réciproquement.

-Je sens venir le traquenard…

-Le jour de leur départ pour rentrer à Troie, Pâris a persuadé Hélène de venir avec eux. Il l'a donc ramenée à Troie malgré les réticences de son frère. Le problème, c'est que Ménélas s'en est rendu compte, évidemment, et qu'il a demandé l'aide de son frère, le puissant Roi Agamemnon, pour déclarer la guerre à Troie. Et c'est comme ça qu'une simple amourette a dégénéré en une des guerres les plus meurtrières de l'Histoire.

-Et au final, qui a gagné? Demanda Grimmjow.

-Les Grecs ont envahi Troie et l'ont mise à feu et à sang, répondit Ichigo.

Le lendemain soir, la troupe arriva dans un petit village et mit pied à terre.

-Voilà, c'est ici qu'on vit, expliqua Grimmjow en voyant l'air ahuri d'Ichigo quand une petite rousse à la forte poitrine sauta dans les bras d'Ulquiorra.

Autour d'eux, les guerriers se dirigeaient vers les différentes habitations et retrouvaient femme et enfants dans de grands rires et beaucoup d'embrassades. Enfin, pour la plupart. (Stark, par exemple, n'avait pas mis un pied dans sa maison que sa fille, une petite blonde, lui avait enfoncé le genou dans le ventre pour le punir de rentrer si tard. C'est si charmant à cet âge-là...)

Grimmjow se saisit du harnais de Shiro et de Pantera pour les conduire avec les autres montures, un peu à l'écart du centre du village. Ichigo, un peu perdu, le suivit par la suite jusqu'à une habitation un peu plus grande que les autres.

-Voilà, c'est ton nouveau chez-toi, lui annonça le bleuté. Il nous reste encore une demi-heure avant le repas du soir, il y a quelque chose que tu veux faire?

-Ben, pour commencer, j'aimerais savoir où nous sommes.

Grimmjow l'invita à s'asseoir, signe que l'explication allait être soit traumatisante, soit très longue. Yeepee…

-Tu sais que le Roi m'a confié ces hommes qui sortaient de prison. Je leur ai promis ce qu'ils voulaient en échange de leurs services et ils m'ont demandé un endroit où leur famille pourrait vivre tranquillement. Le Roi nous a donc permis de nous installer dans ce village. Les anciens habitants ont été décimés par une attaque barbare, il y a déjà plusieurs années.

-Hé ben, il vous gâte ce Roi… Qu'est-ce que tu as fait pour qu'il soit aussi gentil avec toi?

-Je te le dirai, mais pas maintenant.

-Tout comme tu ne veux pas me dire pourquoi tu m'as enlevé. J'en ai marre, ça fait déjà deux semaines que ça dure! Je crois que je suis prêt à entendre tes raisons!

Grimmjow le dévisagea en silence et lui fit signe de le suivre. Le jeune homme n'hésita pas longtemps et faillit s'étrangler de rage en voyant que son ravisseur se contentait de lui faire faire le tour de la maison. Le rouquin ravala sa colère et s'étonna de voir la commode pleine de vêtements que le bleuté lui avait préparée. Il jeta le propriétaire en dehors de la pièce et soupira d'aise en enfilant une nouvelle tenue. Il avait passé les deux dernières semaines à emprunter des fringues à son kidnapper, alors si ce dernier avait dévalisé une boutique rien que pour lui… il n'allait pas se priver!

La détention, ça a du bon! (parfois)

Grimmjow l'attendait à la porte en tapant du pied. Ichigo ne put s'empêcher de lui décocher un sourire goguenard, puis accepta de bonne grâce de se faire escorter jusqu'à un genre de salle des fêtes où tout le village se trouvait pour célébrer le retour des hommes. Tout le monde se goinfra et but comme un trou jusqu'à pas d'heure, les femmes et les enfants fous de joie de retrouver leur mari/père parti depuis trop longtemps. Ichigo s'amusa à chambrer Ulquiorra à propos de sa fiancée, une certaine Inoue avec une énorme poitrine. Le brun plongea le nez d'embarras dans sa choppe de bière et n'en sortit pas de toute la soirée. L'élue de son cœur dut le porter à moitié pour le ramener à la maison.

Tout ça pour dire que cette soirée fut des plus arrosée, bien loin des fêtes de la Cour ou de la Maison Kurosaki auxquelles Ichigo était habitué. Lui-même se débrouilla pour ne pas finir sous la table et put encore marcher droit quand Grimmjow lui rota dans la figure pour lui signifier qu'il était l'heure d'aller dormir. Le rouquin pensa s'enfuir.

Sérieusement.

Ils étaient tous dans un état pitoyable, il n'aurait eu aucun mal à jouer les filles de l'air en volant tout l'or du village du même coup. Mais il ne le fit pas.

Pourquoi? Il n'en avait aucune idée.

Laisser Grimmjow et ses courageux guerriers dans cet état, s'en aller comme un voleur, c'était au dessus de ses forces. Il avait beau se traiter d'abruti, il ne pouvait tout simplement pas faire ça.

Au lieu de ça, il ceintura le bleuté pour le ramener chez lui. Enfin, chez eux. Arrivé à la maison, il chercha la chambre de Grimmjow, mais le seul lit disponible était le sien, un beau meuble en bois massif qui devait sûrement résister à la fin du monde. Le jeune homme soupira bruyamment et largua son fardeau sur ledit pieu. Le lendemain allait être beau…

L'orangé prit son courage à deux mains et entreprit de déshabiller son hôte. Ça passait encore, il commençait à avoir l'habitude. Seulement, ce à quoi il ne s'attendait pas, c'est le bras qui le faucha et l'écrasa contre le torse musclé et souple de son ravisseur, lui coupant le souffle. Le pire, c'est que Grimmjow n'était même plus conscient.

-Pu… Grimm, t'es lourd! Ronchonna Ichigo encore tout habillé et coincé contre le corps dense du bleuté.

(Arrêtez TOUT DE SUITE ces saignements de nez!)

Ichigo commença alors à distribuer des coups de poing, mais la seule réaction de Grimmjow face à ce traitement fut de rouler sur le côté, ce qui eut pour effet de bloquer Ichigo sous lui avec son nez dans ses cheveux et son souffle alcoolisé dans l'oreille.

-Grimm! Réveille-toi!

-…Chigo… grommela le guerrier.

L'intéressé se figea sous le choc. Mais à quoi rêvait l'ex général?

-Ichi…go…

L'orangé tenta une dernière fois d'échapper à l'étreinte de fer, mais il laissa tomber en entendant la suite des marmonnements.

-Ichigo…sois mon Hélène…

À suivre…

Un p'tit review siouplait?