Disclaimer : Takasugi et Kamui ne m'appartiennent bien évidemment pas, mais sont la propriété de Sorachi-Gorilla-sensei

Cet OS a été écrit sur un pur coup de tête, une impulsion, il est alors inutile de chercher un sens à cela. Vous n'y trouverez pas non plus de scenario, seulement le fil discontinu des pensées de notre gros méchant numéro un, j'ai nommé Takasugi ! J'espère que vous apprécierez tout de même. Sur ce, Enjoy ~

Yeux bleus

Cela devait bien faire deux heures qu'il s'était couché, mais il ne pouvait pas dormir. Le sommeil le fuyait, ou plutôt quelque chose en lui chassait le sommeil. Cela faisait deux heures que son unique œil était grand ouvert, mais il n'y avait rien à faire, il ne pouvait pas le fermer.

La pièce était entièrement plongée dans l'obscurité. On ne pouvait rien discerner. Mais ce que l'œil de Takasugi voyait à ce moment-là était bien au-delà de l'obscurité. Un arrêt sur image qui durait depuis maintenant plus de deux heures.

Il ne pouvait pas dormir. Mais il s'en fichait, il n'y pensait même pas. Les seules choses dont il était conscient à présent, c'était les battements rapides et irréguliers de son cœur, les battements de son cœur si bruyants qu'ils lui vrillaient les tympans. C'était son sang qui semblait bouillir dans ses veines. C'était la bête, quelque part en lui qui hurlait à la mort, c'était la bête qui ne cessait de se débattre dans ses entrailles, avec une violence qu'il lui avait rarement connu. C'était le sourire dément qui le défigurait. C'était le ricanement nerveux et incontrôlable qui s'échappait d'entre ses lèvres. C'était son œil résolument ouvert et cette putain de vision qui demeurait, qui l'obsédait.

Sa lame était vive, précise, et surtout parfaitement aiguisée. Ce coup aurait dû être mortel. Et pourtant... Il l'avait paré à main nue.

Le tissu immaculé était taché par le sang. Un sang empli de poison. Le liquide vermeil avait souillé la peau si pâle. Pourtant, dans les yeux bleus, si bleus, il n'y avait pas une once de douleur, aucune crainte. Pourtant, la mort était proche, juste là, et il n'y avait nul doute que ces yeux bleus l'avaient vue, vêtue de sa cape de ténèbres et de sa faux infernale. Il avait soutenu son regard, celui de la Mort, le sien, son bourreau, si intensément, comme s'il avait regardé directement à l'intérieur de son âme, et son sourire s'était agrandi.

Combien d'hommes et d'amantos étaient morts par sa main au cours de sa vie ? Beaucoup trop pour pouvoir être comptés. Mais à chaque fois, sans exception, il les avait regardé dans les yeux, et avait souri. Détruire. Peu importe qui on est, d'où l'on vient, le regard de ceux qui voient la faux de la Mort s'abattre sur eux est toujours le même. Un regard où se mêlent peur, souffrance, douleur, regrets, et qui invoque la miséricorde. Et parfois, il se demande quel pouvait être son regard au moment où on lui avait coupé la tête, mais ça ne peut pas être ce regard-là, ça ne peut pas être le même regard que tous ces autres abrutis.

Le chef du Kiheitai avait entendu parler de lui. Le capitaine de la septième division, la plus dangereuse, était un jeune homme charismatique, incroyablement talentueux dans l'art du combat, et très intelligent. Si ce type était réellement tel qu'on lui avait décrit, il allait poser problème. L'amiral était un abruti fini qu'il était aisé de manipuler, mais si ce type mettait le nez dans ses affaires, cela pourrait nuire à ses plans. Il avait donc décidé de faire en sorte de s'en débarrasser avant que celui-ci ne le remarque. Il voulait la voir dans ses yeux, cette lueur si pitoyable qui survient au moment de la mort. Il voulait la voir dans les yeux de ce type soi-disant si incroyable.

Peur, souffrance, douleur, regrets, un regard qui invoque la miséricorde. Il ne vît rien de tout cela.

Seulement cet air de défi dans les yeux. Des yeux aussi bleus qu'un ciel d'été ensoleillé, aussi bleus que le paradis, et qui défient la Mort elle-même, des yeux qui promettent l'enfer. Mais pas seulement ça. Il était comme une bête féroce à qui l'on aurait offert une proie particulièrement succulente. S'il ne bougeait pas rapidement, il allait se faire déchiqueter les entrailles. Mais il était obnubilé par ces yeux, ce sourire, cette peau pâle recouverte de sang. Il était superbe.

Ce qui avait suivi ne pouvait être appelé « un combat ». C'était juste un carnage. De la force à l'état brut, un monstre qui brisait les os de ses pieds, qui égorgeait à mains nues, qui arrachaient des organes du bout des doigts... les soldats de l'amiral Aho ne devaient leur salut qu'aux armes à longues distances et au poison présent dans les veines du monstre.

Lorsqu'il s'était de nouveau approché de lui, le katana bien ancré dans la main, le gamin monstrueux avait l'air d'un hérisson avec les flèches plantées un peu partout sur son corps, répandant encore plus de sang.

Les jambes du gamin tremblaient, elles avaient du mal à porter son corps. Il allait s'effondrer d'un moment à l'autre. Tandis que son esprit glissait lentement vers l'inconscience, son sourire n'avait pas quitté son visage. Il était encore plus large qu'au début, un grand sourire figé. Et ses yeux, ses grand yeux bleus n'avaient plus rien d'humain, il n'y avait plus trace de défi, juste un appel au carnage, au meurtre, au sang. Et ce visage le fascinait autant qu'il le terrifiait. Ce n'était pas le visage d'un gosse, c'était celui d'un putain de monstre. C'était celui de la bête noire qui vivait en lui et qui ne cessait de hurler.

Takasugi s'élançait, et son katana transperça de part en part le corps mutilé. Ce n'est qu'à ce moment-là que le sourire se brisa, et que les paupières se fermèrent. Il s'effondra sur le sol d'un bruit sourd. C'était terminé. Les amantos se détendirent, et soufflèrent un bon coup, comme s'ils avaient retenus leur respiration pendant tout ce temps.

Son visage était de nouveau celui d'un gamin, un gamin troué de partout, et dont le sang se déversait sur le sol, formant une flaque tout autour de lui. Takasugi aurait aimé voir encore les yeux bleus, mais les paupières closes l'en empêchaient. Finalement, le corps fut emmené loin de lui, et il pensa qu'il ne le reverrait jamais.

Plus tard, on lui avait révélé qu'il était encore vivant, qu'il était enfermé dans le plus bas niveau des cachots, en attendant son exécution. C'est depuis cet instant que son corps entier s'était tendu, que les battements de son cœur résonnaient dans tout son corps, que la bête s'était mise à se débattre avec encore plus de vigueur.

Il ferma finalement son œil valide. Il imagina Edo, ravagée par les flammes. Et au milieu des flammes, ce gamin qui se tenait debout, les mains couvertes de sang et ce sourire sans joie qui lui monte aux oreilles.

Au diable l'amiral Aho, au diable les Harusame. Tout ce dont il avait besoin, c'était de ce gamin. Il voulait revoir l'expression monstrueuse sur son visage enfantin. Il voulait voir le monstre se déchainer dans Edo, ravager la ville et apporter la mort sur ses habitants, tel un messager du chaos. Tout doit être détruit.

Il avait pris sa décision.

Quoi qu'il lui en coûte, il l'emmènerait avec lui à Edo. Il serait alors sûr que son désir le plus cher se réaliserait, ce désir si puissant qui le ronge depuis trop longtemps.

Car ce garçon était l'incarnation de son désir de destruction

Il était l'incarnation vivante de cette bête qui de débattait dans ses entrailles.

Lentement, Takasugi se laissa alors aller dans les bras de Morphée, profitant pour la première fois depuis sa mort d'un sommeil aussi doux que profond.