Fiscalement vôtre !
Résumé : Pourquoi fallait-il que l'inspecteur des impôts soit aussi sexy ? HPDM AU.
Note : Je me suis largement inspirée pour l'intrigue de la série Dix pour cent qui passe sur France 2 et qui est franchement un petit bijou.
Chapitre 1 : Nimbus, agence de pub
« Un contrôle fiscal ? s'écrie Dolores comme si elle n'y croyait pas.
Elle repose violemment sa tasse de thé sous l'émotion, renversant au passage une partie de son contenu sur la table de réunion. Elle n'esquisse pas le moindre geste pour réparer sa maladresse et se contente de fixer Zacharias du regard comme s'il allait d'un coup nous avouer que tout ceci n'est qu'une vaste blague.
- C'est exactement ce que je viens de dire, marmonne-t-il cependant avec une tête qui aurait tout aussi bien pu signifier que sa mère était morte le matin même.
- C'est pas possible, tout simplement pas possible… grommelle Tonks en fourrant rageusement une clope dans sa bouche.
Elle doit s'y reprendre à trois fois pour l'allumer tant elle est nerveuse. Elle passe ensuite une main rageuse dans ses cheveux récemment colorés en bleu.
- C'était vraiment la pire chose qui pouvait nous arriver ! renchérit Dolores.
Elle donne au passage un coup de pied à son chat préféré, renommé Gervita l'année dernière en l'honneur de la campagne publicitaire qui nous avait rapporté pas moins de trois millions d'euros.
Dean m'adresse un magnifique haussement de sourcils évocateur. Pourquoi est-ce qu'ils s'excitent comme ça tous les trois ? Ce n'est pas comme si on pouvait empêcher le contrôle fiscal d'avoir lieu de toute façon.
Zach, tentant de garder la tête froide, commence à énumérer les choses à faire avant que l'inspecteur ne pointe le bout de son nez :
- Rappeler la banque aux Caïmans, trouver une explication pour ma maison en Normandie…
- Putain, Zach ! s'exclame Tonks. T'es sérieux ? C'est carrément de l'abus de bien social. On est mort si l'inspecteur tombe dessus !
Zach la foudroie du regard et avant de répondre :
- C'est bon, je gère… En attendant, occupez-vous de votre montagne de notes de frais ! Et Drago… ajoute-t-il en se tournant vers moi. L'achat de cocaïne ne fait pas partie des justifications valables.
- Ah… Et comment j'explique les notes de frais à deux cent euros, du coup ? je demande, perplexe.
- Débrouille-toi. Trouve une bonne raison de dépenser des sommes pareilles… Je sais qu'on travaille dans un monde de dingue, mais je te rappelle que la coke est encore illégale en France.
Sérieusement ? Quelle drôle d'idée !
- D'ailleurs, pareil pour tes clopes, Tonks. T'es censée les acheter avec ton argent, pas celui de la boîte.
- Mais tu sais bien que si tu veux qu'on soit compétents… commence Tonks, outrée.
- Oui, oui, je sais, soupire Zach en se massant les tempes – geste qu'il adopte toujours lorsqu'il est agacé. Vous êtes les meilleurs, et c'est pour ça que je paye tes clopes et tes vingt-huit mille cafés par jour, les croquettes de Gervita pour Dolores, la coke de Drago et les gadgets hors de prix de Dean…
- Dis comme ça, on dirait un groupe de tarés… commente Dean.
- C'est un peu le cas, répond notre patron. Mais c'est pour ça que vous êtes the best of the best. D'ailleurs, la campagne pour les yaourts amincissants explose ! Félicitations les gars !
Excellente nouvelle ! Je vois déjà les vacances à Ibiza que je vais pouvoir me payer grâce à cette campagne… Pourvu que Zach se montre généreux sur la prime. Si, si, ça lui arrive parfois, entre deux crises de nerf.
Zacharias Smith est le patron de cette petite agence de pub. C'est un type brillant, fin gestionnaire et manager, qui a su s'imposer dans le milieu de la pub. Il y a cinq ans, Nimbus n'était qu'une petite start-up dans la galère. Aujourd'hui, c'est une boîte reconnue.
- C'est pour qui la gentille prime ? gazouille Tonks, qui a visiblement eu la même idée que moi.
- Pour Bibi, je vous rappelle que c'est moi qui ai eu l'idée de la nana en string, je fais.
- Quelle idée originale ! raille Dean.
- C'était un travail d'équipe, tranche Dolores. La prime, on la partage !
Je vois Dean et Tonks hocher la tête en signe d'approbation. Bande de traîtres. Ils finissent toujours par se rallier à l'avis de cette vieille chouette d'Ombrage. Je suis sûr que c'est parce qu'ils la craignent tous.
Au moins j'aurais essayé. La nouvelle Audi, ça sera sans doute pour l'année prochaine alors…
- Attendez déjà qu'on ait passé le contrôle fiscal… se renfrogne soudain Zach.
Il y a un court silence. Ils ont tous l'air vraiment tendus avec ce contrôle fiscal en fin de semaine. Je dois avouer que moi aussi ça ne me plait pas trop. J'adore ce taff, ça m'embêterait de me retrouver à la rue du jour au lendemain. D'ailleurs, en parlant de taff, ça me rappelle que j'ai légèrement un slogan publicitaire à trouver pour dans une heure… Arghh ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir inventer sur des tondeuses électriques ?
- Bon, c'est pas tout ça, je fais. Mais on a du boulot, là !
Sans attendre leur réponse, je me lève.
- Dis surtout que c'est l'heure de ton rail ! se moque Dean.
Je fais un immense doigt d'honneur à mon collègue avant de retourner dans mon bureau.
Je me présente : Drago Malefoy, vingt-sept ans, publicitaire chez Nimbus. Les deux adjectifs qui me définissent le mieux sont : canon et timbré. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est mon entourage.
Il faut bien être un peu fou pour travailler dans le milieu de la pub. Regardez Ombrage, par exemple : vingt ans de métier. Elle est totalement tarée. Son obsession pour les chats n'est que la partie émergée de l'iceberg. Tonks, Dean et moi étant plus jeunes, nous n'avons pas encore totalement perdu la boule. Mais ça ne saurait tarder. Je passe déjà mes nuits à rêver de slogans publicitaires.
Il parait que je suis plutôt bon dans ce que je fais. J'ai toujours trois mille idées à la seconde qui me viennent dès qu'on me propose un nouveau projet, et j'ai tendance à être survolté en permanence. J'adore ce que je fais, vraiment. La pub, pour moi, c'est un peu une forme d'art. Une forme d'art incomprise.
Mis à part mon métier, mes deux plus grandes passions dans la vie sont la baise et les belles voitures. Je sais, je suis superficiel. J'assume totalement. Je n'y peux rien, dès que je croise un beau mec (oui, mec ! et mec exclusivement, désolé mesdames !) ou une jolie bagnole, je ne peux m'empêcher de sentir les battements de mon cœur s'accélérer. Je suis un esthète, que voulez-vous.
Cette histoire, c'est celle de ma rencontre avec Harry Potter. Et je vous préviens tout de suite : elle n'a rien d'une histoire d'amour.
Jeudi matin, l'ambiance est fébrile dans les locaux de Nimbus. Tout le monde sait que l'inspecteur des impôts va arriver d'une minute à l'autre. Pour nous rassurer, Zach nous dit que tout est en ordre, qu'il a fait tous les arrangements nécessaires. Pourtant, même si nous faisons confiance à ses qualités de fraudeur du fisc hors-pairs, nous avons tous peur que le contrôleur trouve tout de même quelque chose de louche. Ce n'est pas comme si la gestion de Zach avait toujours été conforme avec la légalité.
J'en suis à mon troisième rail quand ce satané inspecteur des impôts décide de se pointer. J'ai tellement de coke dans mon organisme que ma paupière droite tremble depuis au moins dix bonnes minutes. Zach nous a tous réunis dans la salle de réunion avec les types du service comptable. L'un d'eux, Michael Corner, m'adresse un regard noir. Il me fait la gueule depuis la semaine dernière parce que j'ai refusé son invitation au resto. En même temps, qu'est-ce qu'il espérait ? Que je sorte avec lui ?
Drago Malefoy ne sort avec personne. Ce n'est pas un quickie dans la salle de réunion qui va y changer quoi que ce soit. Il a cru que c'était le grand amour ou quoi ?
Il commence à faire une chaleur étouffante dans la salle de réunion. Tonks pu tellement le tabac qu'on dirait qu'il sort par les pores de sa peau. Dolores a mis Gervita sur la table de réunion et Dean tripote son smartphone dernière génération. Bref, tout le monde est tendu.
Lorsque Zach entre dans la pièce suivit par le contrôleur fiscal, je sens mon souffle se couper dans ma gorge. Ce n'est pas possible… Des lèvres pleines qui ne demandent qu'à être embrassées, des yeux verts perçants et des cheveux noirs de jais ébouriffés comme s'il venait de sortir du lit après une séance de baise sauvage… Ajoutez-y des bras parfaitement sculptés et un torse puissant…
Ce type est juste monstrueusement sexy.
Et en plus mon gaydar me hurle que ce mec est l'un des nôtres !
Ohmygodohmygodohmygodohmygodohmygod !
« Bonjour à tous, nous salue-t-il de sa voix grave et sensuelle. Je m'appelle Harry Potter. Je suis ici pour effectuer un contrôle fiscal de votre société. Je vous demanderai donc de bien vouloir me remettre tout document ou information…
Harry Potter… J'adore ce nom. Ca donne envie de le murmurer de façon sulfureuse.
On pourrait faire plus amplement connaissance, toi et moi, tu ne crois pas ? On pourrait faire des choses carrément pas catholiques qui feraient rougir toute l'assistance si je les disais à voix haute. Je me vois déjà te léchant sensuellement la clavicule avant de descendre lentement plus bas, toujours plus bas…
- Monsieur Potter aurait besoin de quelqu'un pour l'assister et lui fournir les documents dont il a besoin, et comme Daphné est malade en ce moment j'aurais besoin que l'un de vous s'en charge. Qui est volontaire ? fait Zach.
- Moi ! je m'écrie sans réfléchir.
J'ai dû manifester mon enthousiasme d'une manière un peu trop évidente. Dean et Tonks m'adressent des regards goguenards. En même temps, qui laisserait passer un canon pareil ?
Maintenant j'ai trouvé le moyen de pouvoir faire plus ample connaissance avec lui !
« Vous pouvez aller me chercher les fiches de paie de tous les salariés depuis 2010, s'il-vous-plait ? me demande Potter sans quitter des yeux le document qu'il est en train d'éplucher.
Il a l'air hypnotisé par ses fichus dossiers ! C'est quoi son problème ? Il adore les chiffres et la comptabilité ?
Trois heures. Ça fait trois heures que je joue le clébard pour lui, à aller lui chercher tous les papiers dont il a besoin et il ne m'a pas regardé une seule fois ! Ses livres de comptes doivent être plus intéressants que moi. Il est collé dessus et rien ne semble pouvoir l'en détacher.
Pourtant, ce ne sont que des chiffres et des calculs sans intérêt. Il a une passion pour ce genre de choses ou quoi ? Ce type doit être assez ennuyeux dans la vie de tous les jours si la comptabilité le passionne autant…
En attendant, je n'oublie pas mon objectif de coucher avec lui. Et pour l'instant, je n'ai pas l'impression d'avoir ne serait-ce que légèrement attiré son attention. Pourtant, j'ai essayé toutes les techniques que j'ai en stock.
Par exemple, j'ai fait tomber par inadvertance le dossier que je devais apporter à Potter. J'ai donc dû me baisser pour le ramasser, alors que Potter était assis juste à côté. Ce genre de vue ne laisse pas un mec normalement constitué (et gay !) indifférent. Mais je crois qu'il n'a même pas levé la tête de ses dossiers.
J'ai aussi tenté le coup de « il fait trop chaud ici, vous ne trouvez pas ? ». Il s'est contenté d'ouvrir la fenêtre et n'a même pas jeté un œil à mon mini-strip-tease… Bon ok, je n'ai pu retirer que la veste. On est au travail, quand même !
Mais je n'abandonnerai pas aussi facilement. Prends garde Harry Potter, car je n'ai pas dit mon dernier mot !
Je consulte ma montre : il est midi. Parfait, je vais pouvoir mettre mon plan en action et l'inviter à déjeuner avec moi. Rien de tel qu'un bon repas pour se rapprocher et faire plus ample connaissance.
- Il est midi, est-ce que ça vous dirait… je commence.
- Déjà ? s'exclame-t-il. Il faut vraiment que je finisse ce dossier… Heureusement que j'ai emmené mon repas avec moi… Vous pouvez disposer si vous voulez.
Raté.
Je regarde la serveuse virevolter entre les tables. D'un geste preste, elle dépose deux cafés fumants sur la table où Tonks et moi nous sommes installés.
« Je ne sais pas quoi faire… je soupire.
- A propos de Potter ? demande Tonks en versant son sachet de sucre dans sa tasse.
- Exactement. J'ai beau faire tous les efforts possibles et imaginables depuis trois jours, il n'a pas réagi une seule fois.
- Peut-être qu'il n'est tout simplement pas gay ?
- Impossible. Mon gaydar ne s'est jamais trompé Tonks !
- Alors peut-être tout simplement que tu ne l'intéresses pas ?
- Tonks franchement ! On cherche une explication plausible là !
- Ecoute Drago… Ne le prends pas mal mais… commence-t-elle en se mordant la lèvre.
- Quoi ? je crache, soudain inquiet de ce qu'elle va me dire.
- Tu es peut être super canon, je ne dirais certainement pas le contraire… Mais tu as aussi une personnalité… particulière. Et peut-être que ça ne plaît pas à Potter.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Peut-être que tu devrais te montrer moins entreprenant. Certaines personnes préfèrent quand elles ne sont pas trop poussées…
- Etre moins entreprenant ? Tonks, est-ce que tu as déjà dragué un mec sérieusement ?
- Figure-toi que oui. Contrairement à ce que les gens croient souvent, je suis hétérosexuelle.
Oups, je crois que j'ai gaffé là. En attendant, c'est quoi ce conseil d'arrêter le rentre-dedans ? D'habitude ça marche tout le temps ! Même avec les comptables coincés, la preuve avec Michael Corner. Quoique que je ne suis pas persuadé que coincé convienne pour définir Corner…
- Bref, qu'est-ce que je devrais faire alors ?
- Laisse-le venir, tout simplement.
Le laisser venir ? Sérieusement ? C'est CA ton conseil ?
