Chapitre 1 : Une soirée de routine

Ils revenaient... Je le savais, je n'avais pas besoin de les entendre. Ils arrivaient toujours aux mêmes heures. Dès que l'arrosoir automatique se mettait en route, ils affluaient dans mes champs pour piller mes récoltes. Je jetai un regard par la fenêtre de ma maison, donnant sur les champs, et vis que j'avais raison. On m'avait bien dit que bâtir une ferme à proximité de la Forêt de Jade était risqué, mais borné comme je l'étais, je leur avais ri au nez, leur disant que j'étais né dans une famille de fermiers et que nous pouvions faire pousser nos choux n'importe où. À ce moment là, je n'avais pas compris que le terrain n'était pas le problème mais bel et bien son emplacement. Ils étaient nombreux, de plus en plus d'ailleurs. Ces bestioles se reproduisaient à une vitesse ahurissante.

Je pouvais voir que le soleil resterait encore visible au moins une heure, ce qui me donnait une bonne visibilité. Après avoir poussé un soupir, je pris ma bandoulière beige habituelle avant de sortir dans le terrain. Les animaux arrêtèrent alors de festoyer pour diriger leur regard vers moi.

– Aspicot ! cria l'un d'eux.

Ils me connaissaient bien maintenant. Ils savaient que ce qu'ils mangeaient m'appartenait mais ils revenaient quand même de plus en plus nombreux. Je jetai un vaste regard sur mes champs. J'en étais dégoûté. Je n'étais même plus sûr que j'avais encore quelque chose de mangeable là-dedans mais, au moins pour ma fierté, je les combattrai à chaque fois qu'ils venaient. Certains détalèrent immédiatement quand ils me virent. Je pouvais être sûr que ceux-là avaient vu ce que j'avais fait à leurs congénères lors de leur visite précédente. Quelques-uns se remirent simplement à manger plus rapidement cette fois alors que d'autres me faisait face pour protéger les membres les plus faibles de leur clan. Ça, je l'avais compris. Mais je passai à l'attaque.

Comme arme, je n'avais pas grand chose. Une arme à feu comme celles utilisées pendant la Grande Guerre ne serait pas d'une grande utilité face à des Pokémon de cette taille et endommagerait de toute façon mes précieux légumes. Non, j'avais tout simplement renforcé mes semelles à l'aide de plaquettes en métal et les écrasais un par eux. C'était la technique la plus simple et la plus propre. Je fonçai sur un Aspicot au hasard et lui mis un coup de pied à tête pour l'étourdir avant de lui écraser la nuque. Bien viser sur ce genre de cible était difficile mais j'avais été obligé de m'y habituer. La petite corne sur leur tête, en plus d'être dangereusement empoisonnée, était si dure qu'elle pouvait percer ma protection de métal.

Deux Aspicot écrasés plus loin et ils commencèrent leur seconde forme d'offensive. Des traits blancs foncèrent vers moi et je les esquivai de justesse. Je ne m'y attendais pas, ils n'utilisaient cette attaque uniquement pour se replier d'habitude et, là, ils avaient bien l'intention de rester. Sans cesser d'écraser les 'faibles' qui dévoraient mes choux sans le moindre scrupule, je courrais entre les sécrétions de mes ennemis pour les arrêter à leur source. Ils étaient beaucoup plus nombreux que cet après-midi. Un premier fil parvint à coller mon bras gauche à mon tronc. Je plaçai rapidement ma main droite à l'intérieur de ma bandoulière tandis que d'autres fils me saucissonnèrent comme un vulgaire steak de Tauros. Ils avaient laissé mon visage libre afin de me faire voir ce qu'ils avaient l'intention de m'infliger. Un premier Aspicot s'approcha de mon pied pour me monter dessus mais je l'écrasai rapidement à l'aide du peu de liberté de mouvement qu'il me restait. Je n'avais pas eu le temps de viser son corps et son dard traversa ma semelle de métal sans forcer pour se planter dans ma peau. Je criai de douleur et injuriai tout les insectes présents tout en tâtant le fond de ma bandoulière à la recherche de mon briquet. J'avais pris beaucoup d'Antidotes contre le poison des ces sales bêtes mais elles ne me servaient à rien si je ne pouvais pas les appliquer. Comme pour répondre à mon cri, les Aspicot se jetèrent sur moi en bondissant, le dard vers l'avant. Je sentis ma peau se faire transpercer de part en part, le poison pénétrer mon corps, mais je souriais. Il était dans ma main, je l'avais trouvé. Je sortis avec peine mon briquet du petit sac et l'enclencha. Ce qui était pratique avec les sécrétions de ces Pokémon, c'était qu'elles étaient incroyablement inflammables. La totalité de mon corps prit feu, carbonisant immédiatement les insectes qui me chevauchaient. Droit devant moi, une nouvelle vague arrivait. Je prenais toujours feu et hurlai de douleur, mais je préférai ça au fait de les laisser gagner. Ce qui me fit changer d'avis fut de voir quel type de Pokémon arrivait pour venger leurs enfants. Je n'en avais encore jamais vu d'aussi près. Des Dardargnan. Je n'avais plus à réfléchir. Je courus vers mon étable en espérant que ma vitesse atténuerait les flammes. J'ouvris la porte à l'aide d'un outil et la refermai de la même manière avant de me jeter dans le grand bac d'eau. Il avait sûrement été fait pour qu'on puisse faire de l'élevage mais j'avais toujours préféré la culture des légumes. Je n'avais aucune confiance dans les Pokémon d'élevage. Ces bêtes-là étaient intelligentes, pourquoi se laisseraient-elles nourrir en sachant qu'elles mourront de toute façon ? J'étais sûr qu'elles essayeraient de me tuer avant ça. Enfin, j'utilisai cette eau uniquement pour mes attaques kamikazes comme celle que je venais d'effectuer. L'étable était un lieu sûr. Les Aspicot savaient que je n'en sortirais pas de la nuit et se contenteraient de dévorer mes plantations pendant mon auto-séquestration. Je sortis du bac et hurlai à nouveau de douleur. Je tombai à genou et crachai une gerbe de sang. Le poison... Je posai le râteau qui m'avait servi à rentrer sans mettre le feu à l'étable et cherchai vite des Antidotes. Je dus utiliser huit sprays pour que la douleur s'en aille enfin. Il faudrait que je retourne en ville pour me refaire un stock.

Je m'assis contre l'un des murs de l'étable et soupirai en voyons le peu qu'il restait de mes habits. Il fallait vraiment que j'arrête de me mettre le feu mais c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour échapper à leur emprise gluante. Enfin, j'allais encore passer une nuit dans l'étable... Normalement, ils quittaient le champs quand les arrosoirs automatiques s'arrêtaient mais je ne voulais pas risquer qu'ils m'attaquent sans que je ne les vois... Je ne savais pas pourquoi ils ne venaient qu'à ces moments-là. Peut-être appréciaient-ils juste l'eau... Enfin, j'avais l'habitude maintenant, j'avais passer des après-midis à aménager cette étable qui en était devenue plus confortable que ma vraie maison. Pas une botte de foin quelque part, l'entrée était totalement vide exceptés ces bacs d'eaux que j'avais mis face à l'entrée pour un plongeon plus rapide. Plus loin par contre, j'avais tout arrangé pour passer des nuits plus agréables. Je me dirigeai vers mon armoire afin de changer mes vêtements. Ma peau piquait toujours un peu à cause des brûlures... Les récentes comme celles de l'après-midi et de la matinée. Même celles de la veille restaient douloureuses. L'eau froide du bac atténuait un peu la douleur mais j'évitais d'y prendre goût. La dernière fois que j'y étais resté toute la nuit, ce fut ma petite-fille qui me trouva presque noyé dans mon sommeil. Face à mon lit secondaire, j'avais installé un miroir. Je regardai toujours dans quel état j'étais après un combat. Et c'était toujours lamentable. Mes rares cheveux blancs étaient noircis par le feu et mes sombres traits me donnaient un air encore plus vieux que je ne l'étais en réalité. Pourtant, ce spectacle me fit sourire. Je pensais que les jeunes diraient 'Quelle forme pour son âge.' même si en réalité, ils disaient 'Il veut vraiment crever ce vieux schnock'... J'enlevai enfin mes chaussures en retirant délicatement la gauche dans laquelle le métal forcé m'avait transpercer le pied en même temps que le dard de l'Aspicot responsable de son état. Sans essayer de traiter cette nouvelle blessure, je me laissai tomber sur le lit en regardant le plafond poussiéreux de cette ancienne étable. Je m'appelais Alphonse, cultivateur de choux, et demain, je devais fêter mon soixante-douzième anniversaire.


Cette fiction prend sa source dans une phrase de Noxae qui m'a dit : 'Allez, une nouvelle fic sur les aventures d'un fermier qui se bat contre une invasion d'Aspicot dans ses choux !'.

Voici donc Alphonse, le vieux fermier ! J'espère que vous apprécierez !