Chapitre 1- Le cour de la vie
Ginny s'étira pour la troisième fois en dix minutes. Après quoi, elle se repositionna sur son fauteuil et réfléchit. Sa plume d'oie attendait patiemment que la jeune rouquine lui dicte quoi écrire. Au lieu de lui donner satisfaction, Ginny soupira. Elle adorait son métier. Ca oui. Etre agent de la brigade magique la passionnait. Et elle était plutôt douée. En deux ans qu'elle exerçait cette profession, Ginny avait à chaque fois mené ses missions à bien et arrêté un bon nombre de criminels magiques. Elle ressentait une satisfaction à chaque affaire bouclée. Jusqu'au fameux moment. Celui où venait la rédaction du rapport. L'écriture n'était pas son fort. Elle préférait être sur le terrain que derrière son bureau à fixer un parchemin quasi vierge. Malheureusement cela faisait également partie de son métier.
Ginny soupira.
Son regard se posa sur le rapport du tribunal qui lui était parvenu ce matin à la première heure. Cela concernait sa précédente affaire sur un loup-garou qui avait tué plusieurs sorciers. En bas de la première page de papier jaunit, une nette et fine écriture à l'encre rouge dessinait les mots suivants : Hermione Granger, avocate à la cour. Une chose était sûr, Hermione était bien plus rapide qu'elle lorsqu'il s'agissait de rédaction. Le procès s'était achevé hier seulement. Ginny soupira de nouveau en pensant à la chance qu'avait eu son coéquipier - pour cette affaire - d'accompagner le loup-garou à la prison des sorciers. Ils avaient tiré à pile ou face et c'était Ronald Weasley l'heureux petit veinard, et elle, se retrouvait en charge du rapport
- Alors, c'est la panne Weasley, dit un homme qui passait à côté du bureau de Ginny.
- Sèche, confirma-t-elle à Dylan Jefferson, un de ses collègues policier.
- Allez courage, écrit encore quelques mots et le patron te mettras sur une autre affaire.
- J'ai hâte oui, soupira Ginny en fixant avec lassitude sa plume blanche qui sautillait à présent d'impatience, marquant son parchemin de petits points d'encre bleu.
Une personne frappa brièvement à la porte battante de l'open-space et entra sans attendre de réponse. Quelques personnes la saluèrent comme d'habitude.
- Hermione, s'écria Ginny. Tu es déjà là ? Je croyais qu'on devait se voir à treize heures.
La jeune femme brune lui adressa un sourire d'excuse.
- Je sais, mais ma plaidoirie a été avancé, alors je suis venue voir si tu étais disponible maintenant.
Ginny regarda son parchemin plus couvert de tâches que de mots, et sa plume impatiente. Sa réponse ne fut pas longue à arriver.
- Pas de problème !
Elle se leva, attrapa sa veste et après un « Je sors déjeuner » quitta le bureau avec Hermione. La plume, boudeuse, se coucha d'un geste sec sur le parchemin, le marquant d'un long trait d'encre bleu.
Après être sorti du ministère de la magie, les deux femmes marchèrent dans les rues de Londres jusqu'à la taverne des trois balais. En ce mois de mai, le temps était doux. Les oiseaux gazouillaient, la nature fleurissait, mais pourtant, le soleil était bien souvent caché par les nuages. Alors qu'elles venaient d'arriver sur le chemin de traverse, un violent choc percuta les jambes de Ginny la faisant perdre l'équilibre. Elle serait tombée si Hermione ne l'avait pas rattrapé à temps.
- Ca va ? Demanda la brune.
- Oui. Merci.
Ginny reprit appui sur ses pieds puis porta son attention sur ce qui l'avait presque fait tomber. Un petit être aux oreilles et au nez pointus se remettait debout. Il la dévisagea de ses minuscules yeux sombres avec hostilité. Le gobelin n'avait pas l'air content. Pas content du tout. Il grommela quelque chose dans sa langue natale tout en tournant la tête de gauche à droite, donnant l'impression de chercher quelque chose.
- Pardon, s'excusa Ginny bien qu'elle n'ait commis aucune faute.
Il se figea, encore plus en colère, et ramassa une sacoche en toiles de jute tombée dans sa chute aux pieds de Ginny. Sans un mot et un regard de plus, il disparut. Hermione et elle s'échangèrent un regard ahurit.
- Toujours aussi aimable ces gobelins, fit remarquer la brune.
Ginny acquiesça silencieusement. Elle fit un pas, et butta sur un objet. Petit, rond et brillant. Hermione regarda la rouquine se baisser pour le ramasser.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Aucune idée, répondit Ginny en l'observant. On dirait un bouchon. En or massif.
Hermione eut un haussement de sourcils, dubitative. Ginny lui montra l'objet métallique.
- Tu as raison, c'est bien de l'or, approuva Hermione. Il y a un trou dessus. Ca pourrait facilement se clipper sur une fiole, ou, autre chose.
- Une fiole, elle aussi en or tu penses ?
- Qui sait. En tout cas ça appartient sans aucun doute à ce gobelin.
Ginny inspecta les alentours. Aucune trace du petit être grincheux.
- Tiens, dit Hermione en lui rendant le bout rond. Ne t'inquiète pas, si c'est vraiment à lui, il sera comment retrouver son bien. Les gobelins retrouvent toujours ce qui leur appartient.
Ginny rangea la chose dans une des poches de sa veste et suivit Hermione. Elles s'installèrent à la table de leur restaurant favoris « Chez Sorcino », où ils servaient de délicieux plats italiens. Un serveur vint prendre leur commande.
- Alors, Ron n'est pas encore revenu d'Azkaban ? Demanda Hermione.
- Comment sais-tu qu'il…
- Il m'a prévenu avant de partir du ministère.
Ginny aurait dû s'en douter. Ron ne partait jamais à l'extérieur pour le travail, sans en dire un mot à Hermione au préalable. Quel beau couple ils faisaient, depuis sept ans maintenant.
Le serveur leur apporta leur plat et elles commencèrent à manger.
- Tu as prévenue madame Guipure qu'on allait passer plus tôt ? Interrogea Hermione en tournant sa fourchette dans son plat de spaghetti bolognaise.
- Je lui ai envoyé un hibou. Elle n'a pas semblé ravit du changement, mais m'a dit qu'on pouvait passer quand même.
- J'espère qu'elle ne nous piquera pas avec ses aiguilles pour se venger, plaisanta Hermione.
Elles sourirent, puis, échangèrent un regard emplie de doute.
Comme elles avaient eu raison de douter.
- Aie, protesta Ginny en sentant une nouvelle douleur, à sa cuisse cette fois.
- Pardon jeune fille, s'excusa prestement madame Guipure en faisant le tour de Ginny perché sur un tabouret.
La modiste piqua une autre aiguille, dans le tissus cette fois. Ginny laissa échapper un soupir de soulagement. Elle adressa un regard à Hermione. Son amie était elle aussi perchée sur un tabouret, vêtu d'un long tissu de satin beige, trop large. Elle arborait une mine inquiète. Mme Guipure, faisant au plus vite, n'arrêtait pas de les piquer depuis le début de la séance d'essayage. Elle faisait l'allée retour entre Ginny et Hermione à une vitesse impressionnante. Ce fut au tour d'Hermione de recevoir une aiguille en pleine hanche. Elle grimaça de douleur.
- Où souhaitez-vous mettre les perles ? Demanda la modiste qui ajustait la taille.
- Sur… sur le corsage, hésita Hermione s'imaginant déjà recevoir des piqûres sur le devant de sa personne.
Ginny réprima son envie de rire en voyant la tête de son amie. Après tout, c'était pour elle que sa demoiselle d'honneur acceptait de se faire ainsi torturer.
Une heure plus tard, Ginny et Hermione se séparèrent au niveau deux du ministère de la magie. Le département de la justice magique. Ginny se dirigea vers le bureau de la brigade et y entra. Ron était de retour, assis derrière son bureau mangeant un sandwich.
- Ca c'est bien passé ? Demanda Ginny faisant sursauter son frère.
- Gin, souffla-t-il une main sur le cœur. Tu m'as fait peur.
Elle leva les yeux au ciel. Et ça se disait policier.
- Très bien, continua Ron. Tu es au courant de l'histoire du gobelin qui a volé de l'or à Gringotts.
Ce fut au tour de Ginny de sursauter. Encore un gobelin ! Et qui avait commis un vol.
- Tu es sûr ?
Ginny était plus que surprise par cette révélation. Les Gobelins aimaient tellement l'or qu'à son sens, aucuns d'eux ne prendraient le risque de perdre son emploi à Gringotts, l'endroit qui recelait le plus de richesse dans tout le monde sorcier.
- Certain. Ca s'est passé il y a quelques heures à peine. Le responsable de la banque vient de déposer une plainte, mais le coupable a déjà pris la fuite. Il a dérobé tout le contenu du coffre.
- Il a dit qui en est le propriétaire ?
- Pas pour l'instant. Il tient à ce que l'affaire ne s'ébruite pas.
- Weasley ! Cria Arold Norman dont uniquement la tête était visible dans l'entrebâillement de la porte de son bureau.
Les deux rouquins se tournèrent vers le patron.
- Ronald, précisa-t-il avant de retourner à l'intérieur.
- Super ! S'écria le rouquin en s'empressant de rejoindre Norman dans son bureau.
Malgré ses fréquents coups de gueule, Arold Norman était un chic type. Il avait autrefois été un excellent agent. Il leur manquerait lorsqu'il partirait à la retraite.
Tout en se demandant si il y avait un lien entre le gobelin qui l'avait bousculé et celui qui avait commis le vol, Ginny alla s'installer à son bureau. En entendant la chaise racler sur le sol, la plume d'oie se leva d'un bond, prête à écrire.
- Oh non, soupira la rouquine qui avait totalement oublié la corvée qui l'attendait.
Elle prit un nouveau parchemin, vierge de toutes traces d'encre. Et commença à dicter. Du moins, elle dicta les quelques premières phrases qu'elle avait déjà fait écrire tout à l'heure à sa plume. Une fois fait, se fut de nouveau la panne.
La porte du bureau d'Arold Norman s'ouvrit et Ron en sortit, la mine satisfaite.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Demanda Ginny.
- Il m'a mis sur l'affaire du gobelin voleur. Je vais à Gringotts, Bill doit me montrer le coffre.
- La chance, soupira Ginny que l'envie de partir en mission démangeait.
- Vous savez ce qu'il vous reste à faire si vous voulez partir en mission Weasley, dit Arold qui passait derrière eux.
Ginny fit la moue.
- A tout à l'heure, ricana Ron.
La jeune femme se laissa tomber avec fatalité sur sa chaise.
Ginny avait finalement réussit à dicter près de cinq pages à sa plume qui reposait à présent docilement dans son étui. C'est avec une certaine satisfaction qu'elle le remit à Norman. Ron ne réapparut pas du reste de la journée. A dix-sept heures, Ginny quitta le bureau. La nuit n'était pas encore tombée. Vive le mois de mai et les jours rallongés. Mais le soleil ne brillait pas pour autant. Il faisait même brumeux. Ginny décida de ne pas rentrer tout de suite chez elle. Elle avait besoin de prendre l'air après être restée enfermer tout l'après-midi et elle savait exactement où prendre cet air. Un club de Quidditch avait ouvert il y a deux ans, dans le Kent. Ginny adorait s'y rendre dès qu'elle avait un moment de libre. Voler était l'une des choses qu'elle appréciait le plus dans le monde sorcier. Et voler à toute vitesse derrière une petite balle dorée en sentant le vent décoiffer ses cheveux était follement revigorant. Ginny s'était inscrite dès l'ouverture du club. Elle y avait rencontré plusieurs personnes, dont Emma Bern, joueuse professionnelle, à présent officiellement appelée Madame George Weasley. Et Andrew Watson, son merveilleux fiancé, journaliste à la gazette du sorcier. Il avait été chargé de faire un article sur l'ouverture du club. Andrew avait eu le béguin pour Ginny dès le premier regard. Ce ne fut pas réciproque. La vie amoureuse de Ginny battait de l'aile depuis… il y a sept ans. Aucun autre garçon n'arrivait à sa hauteur. Celui qu'elle avait tant aimé et qui avait perdu la vie en vainquant Voldemort. Mais Andrew était persistant. En un an de refus de la part de Ginny il n'avait jamais baissé les bras. Si bien que le jeune femme avait finit par céder. Et elle avait eu raison. Andrew était formidable. Il avait su soigner les blessures de son cœur.
Deux heures plus tard, Ginny se décida enfin à descendre de son balai. Elle prit une rapide douche dans les vestiaires, salua les connaissances qu'elle avait vu ce soir-là, et prit le chemin du retour. Son instinct de policière, qu'elle avait développé au fil des années, lui indiqua tout de suite que quelqu'un la suivait. Elle décida de le coincer et pour cela, fit mine de s'arrêter. La personne fit de même. Ginny repéra une allée sombre et s'y engouffra, attendant patiemment que son poursuivant arrive. Il ne la fit pas attendre longtemps. Elle le stoppa par le sort du saucisson. L'individu poussa une plainte dans un dialecte autre que l'anglais.
- Lumos, dit-elle en éclairant du côté des protestations. Bas, très bas. Vous ! S'écria-t-elle.
- Vous avez un objet qui m'appartient, grogna férocement le gobelin.
Elle sortit la petite boule dorée de sa poche. Lorsqu'il la vit, le gobelin gigota dans tous les sens pour essayer de se dégager et attraper son bien.
- Rendez-le-moi !
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ce ne sont pas vos affaires !
- Je dirai que ce le sont, puisque vous me suivez, dit-elle en s'approchant.
Elle fit volontairement rebondir l'objet dans sa main, ce qui agaça profondément le petit être.
- J'accepte de vous le rendre à une condition.
- Le gobelin fut toute ouïe.
- Vous devez répondre à mes questions.
- Combien ? Demanda-t-il d'un air douteux.
- Autant que je le voudrai.
- Ce n'est pas un marché équitable. Vos questions peuvent durer toute la nuit, voir toute la vie.
- Je vous assure que je n'ai pas envie de rester toute la nuit dans cette ruelle.
- Je refuse !
- Très bien. Je suis sûr que les personnes du ministère seront trouver une place de choix à ce petit objet. Peut-être même à l'autre partie que vous détenez.
Le gobelin tressaillit.
- Car il y a bien une autre partie n'est-ce pas ? Inutile de grogner, c'est vous qui l'avez cherché. Bien sûr, puisque je vous soupçonne d'avoir un rapport avec le vol de Gringotts, je vais devoir vous arrêter et vous amener vous aussi au ministère.
- Je n'ai rien volé ! Bardok Grimbo n'a fait que rendre son bien à son propriétaire.
- Le propriétaire du coffre vous voulez dire ?
Il hocha affirmativement la tête.
- C'est lui qui vous a demandé de voler son propre coffre ?
- Récupérer son contenu, oui.
- Pourquoi n'est-il pas tout simplement venu chercher son or ?
- Parce qu'il ne peut pas. Quelle question !
Il était clair, vu le regard qu'il lui lançait, qu'à ses yeux, Ginny desservait le prix de la plus grande idiote du monde sorcier.
- Qui est-ce ?
- Bardok Grimbo a donné sa parole de ne pas dévoiler l'identité de cette personne.
- Et est-ce que vous avez envie de finir votre vie à Azkaban, Bardok Grimbo ?
Il déglutit péniblement et sembla réfléchir.
- Si je vous dis où il est, vous me laisserez partir ? Avec mon dû, cria-t-il. J'ai accompli ma tâche, je mérite…
- Oui, oui, oui, coupa Ginny. Si il s'avère qu'effectivement vous n'avez fait que rendre le contenu du coffre à son propriétaire, alors… il n'y a pas réellement eu de vol. Mais vous n'ignorez pas que le responsable de Gringotts a déposé une plainte contre vous ?
- Ca ne m'étonne pas de ce vieux gripsou.
- Même si il ne la retire pas, vous pourrez être innocenté. Si la personne accepte de témoigner en votre faveur.
- J'ignore si il le fera si je le dénonce, fit-il judicieusement remarquer.
- Il n'en n'aura pas l'occasion si vous vous taisez, répliqua Ginny.
- Très bien, très bien. Il habite à Godric's Hollow. Rendez-moi mon bouchon maintenant.
- A Godric's Hollow ? Vous êtes sûr ?
- Certain ! Rendez-le-moi et détachez-moi !
Ginny le libéra, l'esprit songeur. Godric's Hollow était un village Moldu bien connut des sorciers. Des sorciers très célèbres y avaient vécu. Quelque chose tapa contre sa jambe.
- Mon bouchon, réclama le gobelin en pressant sa main contre Ginny.
- Tenez, dit-elle en lui rendant l'objet. Il s'agit bien d'un bouchon alors ?
- Evidemment. Pauvres sorciers, vous ne connaissez décidément rien de rien aux objets précieux. Il s'agit du bouchon de la fameuse pomme d'or. La pomme crée par Merlin en personne. Elle est capable de renfermer n'importe quel sentiment. Rage, peine, amour. Mais sans le bouchon à quoi peut-elle bien me servir. Même si sa beauté est stupéfiante.
- Je peux la voir ?
Bardok hésita, mais ne décelant que de la curiosité de la part de Ginny, il consentit à sortir l'autre partie de l'objet. Le corps d'une pomme taillé dans un cristal éclatant dont le haut n'attendait plus que d'être coiffé par le bouchon d'or.
- Elle est magnifique. Où l'avez-vous eu ?
- Avez-vous, ne serait-ce qu'écouté un mot de ce que j'ai dit. C'est la personne qui me l'a donné en échange du contenu de son coffre !
- Que faisait cette personne avec un tel objet ?
- Ca je l'ignore. Mais ça arrange bien mes affaires. Bon, maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai une pomme à tester.
Sans en dire d'avantage, Bardok Grimbo disparut.
Ginny transplana dans le village de Gordric's Hollow. Elle était arrivée en plein milieu de la place centrale. Avec pour seul bâtiment, un bureau de poste, un pub et une église. Bien sûr à cette heure tout était fermée et les rues étaient désertes. Derrière l'église, Ginny aperçut un cimetière. Elle frissonna. C'est ici, à Godric's Hollow, qu'il avait presque perdu la vie la première fois. Que ses parents avaient perdu la leur. Ginny chassa cette pensée sombre et se focalisa sur l'étrange possesseur du coffre. Il y avait peu d'habitations, une quinzaine tout au plus. Bardok Grimbo avait dit que la maison se situait un peu plus loin, sur la route qui conduisait hors du village. Ginny découvrit une maison à moitié détruite. Elle n'eut aucun mal à la reconnaître. Un nouveau frisson s'empara d'elle. Elle ne put s'empêcher de s'arrêter devant le portail. Ses doigts frôlèrent le métal. Une plaque commémorative apparut soudain, indiquant ce que Ginny savait déjà. Qu'il s'agissait là, autrefois, de la maison des Potter.
Après un instant, dont elle ne sut déterminer elle-même la longueur, elle recula. C'était le passé. Voldemort n'existait plus. Tout comme Harry. Elle passa devant plusieurs autres maisons. Bardok avait dit qu'il s'agissait de celle qui était le plus éloignée. Il y avait bien une maison, caché par des arbres et des buissons touffus. Mais elle était dans un état sinistre, complètement délabrée, elle était digne d'une maison hantée. Ginny sortit sa baguette. La personne qui vivait à l'intérieur ne devait pas avoir toute sa raison. Elle dépassa le portail dont il manquait l'une des portes, et traversa le jardin couvert de mauvaises herbes. Les goules devaient se plaire dans cet endroit. Elle monta les trois marches qui menaient au perron cassé. Ginny serra fort sa baguette et cogna le heurtoir. Dans le silence de la nuit, les coups qu'elle donna lui semblèrent étonnamment forts. Où bien était-ce l'angoisse qui montait doucement en elle ? Elle avait pourtant l'habitude de ce genre de situation en mission, mais, ce village. Il avait soulevé de douloureux souvenirs. Cela la rendait plus vulnérable. Ginny attendit nerveusement, le poing serré sur le bout de bois magique. Dans un grincement, la porte s'ouvrit sur un jeune homme distingué. Ses cheveux noirs ébènes, bien qu'ébouriffés étaient loin de ternir l'image qu'il renvoyait. Au contraire, ça lui donnait un côté fougueux qui se mariait à merveille avec le vert émeraude de ses yeux. Ginny arrêta de respirer. Son cœur s'arrêta tout court. Son poing desserra son emprise sur le bâton qui tomba sur le perron. Les bras ballant, ne retrouvant que brièvement son souffle, Ginny murmura :
- Harry.
