Disclaimer : Leger spoil si vous n'avez pas encore récupéré l'éclat de l'aube !
Note de l'auteur : Je viens de commencer FF12, je sais je suis en retard ! Et voilà qu'après 16H de jeu, je ne peux m'empêcher de vouloir caser ce brave Basch avec quelqu'un. C'est mon personnage préféré depuis Nalbina ! L'histoire se passe juste après leur passage sur Shiva.
Acrystar.
Vivre ou Survivre ?
1
Le moral est plutôt bas ces derniers temps, Ashe reste seule dans la mémoire de temps révolus, Fran est distante, sa dernière furie l'ayant pas mal secouée sa personnalité n'est pas encore complètement revenue à son calme légendaire. Vaan est un courant d'air, la dernière fois qu'il a vu le gosse, il suivait des yeux la princesse, bien décidé à continuer de la suivre dans son périple. Penelo lui fait les yeux doux de temps en temps, depuis qu'il lui ait venu en aide contre leur dernière chasse la gamine l'idolâtre et il n'a rien fait pour empêcher ça ! Chassez le naturel et il revient au galop. Balthier possède un étiquette de pirate de l'air et de tombeur, mais justement, ce que l'on sait de lui est loin d'être la vérité. Il ne peut cependant pas avouer quel genre d'homme il est réellement. Seul Fran sait et pour lors, il n'a toujours confiance qu'en elle. Et pis… si ils savaient, Basch serait certainement le premier à le chasser !
Parlant du chevalier, il se demande où est passé l'homme. Depuis la mort de Vossler, le blond est introuvable. Pas que Balthier s'en fasse, non, en fait il s'en fait un peu pour l'homme, mais il préfère ne pas se l'avouer car ça rendrait tout ceci encore plus difficile.
Le pirate s'est fait manipuler, avoir en beauté, l'homme qu'il n'est pourtant pas se sent trahi, son butin… un eon ! Rien de valeur, rien qu'il ne pourra jamais revendre ou boire ! L'homme de valeurs qu'il est comprend ce qui se passe et a même déjà embrassé le rôle que le destin lui a donné, mais Balthier prend garde à l'image qu'il doit continuer de véhiculer ! Il ne veut pas d'embrouilles, mais il se doit d'aller au-devant de son passé, de tout ce qu'il fuit depuis des années et ça le mine. Après avoir fini son verre, il se lève puis s'en va s'isoler.
S'il décide de suivre Ashe, son identité tombera un jour, s'il décide de s'allier à elle, un jour il devra diriger son pistolet vers…
Il soupire, frottant la boucle d'oreille qu'il s'est fait poser lorsqu'il était encore un jeune adolescent, rien que pour faire enrager son père et son rang. C'est là qu'il avait commencé à courtiser sans vergogne, se rendant compte que ça jetterait à jamais l'opprobre sur le nom de son père, en tout cas pas aussi irrévérencieusement que son nouveau nom de pirate de l'air ! Lorsqu'il s'installe devant la courte cascade d'eau potable des quartiers de la basse ville, il est interpellé par la seule autre présence encore debout dans la nuit avancée. Il avait pensé ne trouver personne ici, ou un badaud quelconque, voir même un receleur, mais certainement pas un capitaine de chevalerie. Basch n'esquisse aucun mouvement de reconnaissance. Il est assis sur un baril dans un équilibre précaire puisque ses deux bottes sont posées sur le mur en face de lui.
- Hey… »
- Qui t'envoie ? Ashe ? »
- Personne, tu crois que je suis son chien à tout faire ? Je suis pas chevalier moi, cette petite peste m'a entubé… je rappelle à ta mémoire que je suis pirate de l'air, la charité n'est pas dans mes aptitudes premières. »
- Prends garde à ta langue, voleur. »
- Sinon quoi ? Un meurtrier va m'arracher la langue ? »
Le regard que lui lance Basch n'a rien d'amical. Dans la lumière triste des soubassements, Balthier a tout de même le temps d'apercevoir le rouge irriter ce regard bleu normalement brumeux. Le bleu n'est plus qu'une mer de flammes et dans un mouvement rapide, digne du chevalier qu'il est Basch est déjà debout et c'est lui qui est à terre à se tenir la joue, tant le coup porté à son visage a été violent.
- N'oublie pas qui t'as sorti de prison. Si tu es la moitié de ce que tu prétends être, tu m'es redevable. »
- Je ne dois rien à un voleur de bas étage… »
- J'aurais dû laisser le gosse te massacrer. »
- Tu aurais dû… oui. »
Basch a déjà fait demi-tour, il ne lui a fallu que quelques secondes avant qu'il ne disparaisse dans l'obscurité totale et que Balthier ne ressente plus sa présence, pas même le son de ses pas !
- Un problème ? »
- C'est pas le moment Fran, c'est pas le moment. »
- Que faisons-nous ? »
- On pourrait se barrer, on a plus rien à faire avec eux. »
- Hm… pourrait. Cela dit… je pense que tu en as assez de fuir. Balthier ? Quel est le plus important ? Être ce que l'on désire vraiment être, ou se sacrifier pour une cause qui n'est pas la nôtre ? »
- De quoi tu parles ? »
- J'ai quitté les miens en connaissance de cause. J'ai perdu famille et amis, mais c'était mon souhait. Je voulais parcourir le monde, voir des choses que jamais je n'aurais pu imaginer. J'ai toujours voulu accomplir quelque chose de grand dans ma vie, et non pas rester auprès des miens. Balthier… tu te perds à te faire détester… »
- Je suis très bien comme ça. »
Ses oreilles se tournent soudainement en sa direction, son regard le transperce, comme voulant dire, je vois à travers toi, cesse de me sortir ce genre de conneries. Cependant, elle se tait, détourne le regard après avoir rendu le blond mal à l'aise. Elle saute souplement de son perchoir, puis quitte la chambre miteuse qu'ils se sont trouvés.
Lorsqu'il pousse la porte d'un vieux coupe gorge mal famé, Balthier soupire, il se serait bien rendu à la Mer de Sable, mais il est recherché et n'as pas envie de croiser les chasseurs de primes qui lui collent au cul, surtout qu'il sait ce qui l'attend si il se fait chopper. Sa démarche à la fois noble et franchement exagérée attire les regards, mais il ne s'en soucie guère, à la place il se cale devant le tavernier et commande un breuvage alcoolisé. La vieille timbale cabossée qui lui tombe entre les doigts le fait réfléchir aux règles sanitaires de l'endroit mais l'alcool étant fort, il s'en désintéresse aussi tôt, déposant quelques gils sur le comptoir avant de se trouver un tabouret inconfortable et poisseux.
Il n'aura pas fallu plus de dix minutes pour que les embrouilles le trouvent puisque deux personnes l'un hume, l'autre seeq se pressent vers lui.
- Jolies bagues ! »
- Tu vas les donner gentiment. La boucle aussi ! Et je prendrais bien aussi le joli mousquet à ta ceinture. »
- Mes amis, je pense que vous essayez de détrousser la mauvaise personne. »
Le pirate ne scille pas devant la grosse hache qui se présente devant lui, pire même, il sourit enorgueilli par la bêtise du seeq qui réitère sa demande.
Lorsqu'un poignard est dirigé vers lui, le pirate se laisse tomber en arrière souplement, évitant la lame il profite de son agilité pour exécuter une roulade arrière et balancer sa tasse en fer dans la tête de l'hume qui lui cherche des poux. Le combat qui s'en suit l'amuse, tout du moins jusqu'à ce qu'un autre seeq se joigne à son agresseur, l'hume étant parti sucrer les fraise grâce à quelques coups de bottes savamment assénées !
Les carottes sont cuites, il a pu éviter l'un de ses agresseurs et utiliser la force violente de la bête contre elle pour la mettre KO, mais l'autre, armé d'une immense masse, va lui refaire le portrait dans quelque secondes. Il s'apprête à fermer les yeux sous le prochain choc, mais le métal luisant d'une lame esquisse une parade parfaite, empêchant la gigantesque arme de lui broyer le visage. La main puissante tenant le pommeau de l'épée ne scille pas lorsque le seeq fait montre de toute sa force, Balthier en profite pour se relever et s'écarter, offrant la possibilité à l'homme emmitouflé d'une vieille cape de mettre à terre son ennemi sans aucune difficulté.
- Merci mon brave. »
- Ma dette est remboursée… pirate. »
- Bas… ? »
- Tais-toi ! »
- J'oubliais… »
- Sortons d'ici. Tu as assez attiré l'attention. »
Pour une fois, il est d'accord avec le chevalier et le suit donc hors de la taverne, jusque dans la rue sombre qui lui sert de repaire. Basch descend la capuche qui le protégeait des regards indiscrets puis se tourne vers le pirate.
- Quitte Rabanastre, plus rien ne te retient ici ! Ni serment, ni promesse. »
- Un serment, certainement pas une promesse ? Je ne crois pas que la parole d'un pirate vaille quelque chose à tes yeux… traître. »
Le sourire ambigu de Balthier est remercié par un coup de poing, pas du même gabarit que celui de la veille, mais la musculature de Basch n'est pas en toc, loin de là, même après des années de sévices et de privations. Balthier baisse le visage en ricanant, il passe ensuite la main dans sa chevelure, retournant son regard à la fois glacé et insolent sur le chevalier qui le toise avec dédains.
- Tu peux mieux faire, alors… je me demande c'est quoi le problème ? Moi… ou Vossler ? »
Le second coup le projette contre le mur le plus proche, l'espace d'un instant, ses poumons ratent une inspiration, il perd certes son sourire suffisant, mais il a la réponse à sa question et rien que pour ça, son regard se fait tranchant comme un couperet.
- Tu ne sais rien de moi. »
- Comme il est vrai que vous ne savez rien de moi ! »
- Je sais ce qu'il y a savoir sur un voleur de ton espèce. »
- Tout comme je sais quel traitre tu es. Cela ne fait pas de toi, l'homme que tout le monde décrit, ai-je tort ? »
Un nouveau sourire suffisant déforme son visage lorsque le chevalier prend le temps de réfléchir à ses mots. Balthier fait un mouvement de tête, de son charme latent et presque légendaire, puis il redresse son dos, époussette ses vêtements luxueux avant de s'incliner devant le chevalier et de disparaitre dans un clin d'œil tout sauf amusé.
Chassez le naturel et il revient au galop, seulement, que les dieux d'Ivalice lui viennent en aide, ce naturel-là, il l'avait enfermé depuis longtemps ! Depuis qu'il avait compris que ce genre de comportement l'aurait certainement plus mené à la mort qu'à une réelle délivrance ou rébellion.
Lorsqu'il retrouve Fran, il est terrassé par sa bêtise et tout le poids de son passé, il fait ses bagages demandant à la viéra de faire de même.
- On s'en va ! »
- Non, tu fuis. »
Balthier n'a jamais eu envie de frapper Fran, jamais ! L'idée de frapper une femme le dégoute au plus haut point, mais sa main s'est déjà levée dans les airs. Malgré son air surpris et son hésitation, le talon de la femme l'a repoussé de quelques centimètres. La viéra le toise durement, du mépris , il n'en a jamais vu dans le regard toujours accueillant de Fran et ça lui fait soudainement mal.
- Si tu quittes cet endroit, ça sera sans moi ! »
- Fran… »
- Il est temps d'être un homme et non son fils ! »
- Arrête. »
- Continue comme ça Balthier, et il te ramènera à la maison mais peut-être est-ce là ton seul souhait ! Tu veux peut-être porter le poids de tes futures victimes sur le visage. Si c'est ça, va, je mourrais de ta lame ! »
Cette réplique est pire qu'une baffe. Souvent les gens se méprennent réellement sur ce qu'est véritablement Fran pour lui. Son étiquette de playboy fait souvent de Fran, sa femme, sa petite-amie, voir même une amante régulière qu'il n'hésite pas à tromper dans le premier repaire de chasseurs venu. Mais les gens sont loin de la vérité, comme ils sont loin de se douter de son identité. Une larme, seule et unique, roule sur sa joue avant qu'il ne quitte la pièce pour prendre la direction de l'embarcadère.
C'est bien vers son vaisseau qu'il se dirigeait, mais ses pas l'ont mené vers le centre de la résistance ; il profite que le garde soit occupé avec un vengaa pour faire irruption dans la salle vide. Seul Basch est installé autour de la table, regardant l'espace vide à côté de lui.
- Parfois on voudrait pouvoir faire comme si le passé n'existait pas. »
- Vossler était un bon soldat. Un ami. »
- Plus que ça, hein ? »
Basch se redresse semblant être outragé par l'insinuation, mais il roule des yeux, préférant redonner son attention au verre qu'il a oublié entre-temps. Il ne veut pas perdre son temps à parler à un voleur de bas étage, il ne comprendrait certainement rien à l'honneur et tout ce qui lui est cher !
- Malheureusement, ce n'est pas ce qui assure un réel partage d'idéaux. Plusieurs chemins peuvent amener au même résultat, mais on ne doit pas perdre le but final. »
- Qu'en sais-tu ?! »
- Comme je te l'ai dit, tu ne me connais pas. Sache que l'homme que tu as en face de toi, n'est pas qu'un simple pirate de l'air, chevalier. Car si c'était le cas, j'aurais déjà asséné représailles sur Ashe, toute princesse qu'elle est. J'aurais détroussé chacun de vous de tout objet de valeur, puis je me serais fait la malle avec Fran, histoire de dilapider mon butin quelque part. Et surtout… surtout, je n'aurais pas pris le risque de kidnapper une putain de princesse, pas même pour tout l'or d'Ivalice ! J'aime l'argent facile, j'aime les joyaux, mais pas au prix de ma tranquillité. »
- Ainsi donc, tu n'es pas qu'un pirate de bas étage… »
- Ainsi donc, tu n'es pas qu'un balais dans le cul protocolaire. »
C'est la première fois qu'il entend Basch rire, même si ce n'est qu'un bruit sourd comprimé dans ses cordes vocales et que le visage de l'homme est resté aussi figé qu'à l'accoutumée.
- Que fais-tu ici ? Je te pensais déjà parti. »
- Peut-être que je viens de me trouver une raison de rester ? »
- Laquelle ? »
- Ashe est une princesse… si son plan surréaliste marche… »
- Même pas en rêve, pirate. Elle ne te regardera jamais autrement que comme un hors-la-loi. »
- Hum ? »
Il faut un moment à Balthier pour comprendre ce que veut lui exprimer le chevalier avant qu'il ne rassemble le puzzle et ne parte dans un éclat de rire qu'il ne peut décemment contenir. Voilà encore que sa fausse renommée lui tombait dessus.
- En voilà une idée bien… typique des gens qui ne me connaissent pas. Veux-tu savoir un secret que seul Fran connait ? »
- Dit toujours… »
- Si je devais faire la cour à une seule personne de ce groupe, ça ne serait pas une princesse, encore moins une gamine qui confond amitié et amour. Et certainement pas Fran. Je tiens à garder mes attributs où ils sont ! »
- Que dois-je comprendre ? »
- Ce que tu as envie de comprendre, chevalier ! En attendant, moi, j'ai des mogs à surveiller, je ne voudrais pas qu'ils salopent mon vaisseau ! »
Disant cela, il se redresse sous le regard scrutateur du chevalier, il attrape avec agilité et dextérité le verre de son vis-à-vis dans le quel ses lèvres plongent pour un aperçu du breuvage. Puis d'un mouvement félin, il se détourne, n'oubliant pas d'envoyer un clin d'œil amusé au blond qui n'a toujours rien compris.
- Tout est fin prêt et réparé, Kupo ! »
- Bien, parfait. Soit toujours prêt à décoller, quand on partira, il y a fort à parier que ce sera dans la minute. »
- Très bien, Kupo ! »
Balthier s'étire dans la lumière du soleil, il ressent la présence de Fran bien avant que la viéra ne lui dise quoi que ce soit, à la place elle croise les bras et hausse un sourcil circonspect.
- Nous ? »
- Nous… »
- Je pensais avoir été clair… »
- Tu l'as été Fran, et… excuse-moi. »
Ses oreilles blanches viennent de s'ouvrir en grand, surprises par les mots de son compagnon d'arme, certainement parce que c'est la première fois qu'il les prononce.
- Tu as raison. Je fuis. Je fuis depuis bien trop longtemps. Tu sais pourquoi ? Parce que je n'ai pas la force de faire face à mon passé. Je n'ai pas la carrure de faire un truc comme ça. J'ai besoin d'aide, comme ils ont besoin de la mienne… j'ai besoin de… »
- Tu n'es pas obligé de le dire. Crois-moi je l'ai vu bien avant que tu ne t'en aperçoives. Balthier, il y a des choses dont tu ne pourras jamais me cacher l'existence. Prends ton temps, l'important n'est pas que tu me le dises, l'important c'est que tu te l'avoues à toi-même. »
- Tu comprends qu'ils ne doivent rien savoir de moi ? »
- Pas pour le moment, nous sommes d'accord. »
- Bien, que vais-je demander comme gage à la princesse… »
- Qu'avez-vous en commun ? »
- A part notre grande beauté ?! »
- Tu es incorrigible. »
- Oh… je ne vais quand même pas la détrousser de son alliance. »
- L'autre, celle de sa mère. »
- D'accord, je vais encore paraitre détestable, mais ça me va ! »
- Tant que ce n'est qu'aux yeux de Ashe… »
Il se gratte nerveusement la nuque lorsque Fran se détourne de lui, déployant ses oreilles vers une autre source de bruit, lui montrant par là qu'elle ne veut pas l'entendre rétorquer quelque chose. Il sourit nerveusement, retournant vers la cellule de la résistance.
Il est surpris de voir Ashe parler tout bas au chevalier, il ne peut s'empêcher de plisser les paupières lorsqu'elle vient se caler dans les bras de Basch qui reste aussi stoïque qu'un bloc de pierre. Un gout âpre s'empare de son palais, il s'apprête à quitter les lieux lorsque le chevalier le héle.
- Tu tombes bien. J'ai demandé à Penelo et à Vaan de nous rejoindre. Fran est dans le coin ? »
- J'en sais rien, je ne suis pas sa nounou ! »
Son ton revêche ne semble pas qu'étonner sa propre personne, mais d'un autre côté il s'en fiche, il n'a besoin de personne pour s'occuper de lui. Une claque derrière son crâne le fait grogner sourdement, le regard de Fran semble lui dire d'arrêter de penser à des conneries, aussi, il inspire profondément pour ne pas dire quelque chose d'inapproprié. Il roule simplement des yeux allant s'assoir magistralement sur le premier tabouret. Parfois Basch semble l'épier curieusement et Balthier se demande bien pourquoi. Il observe son corps et se redresse tout à coup, comprenant ce que perçoit le chevalier. Ashe ne lui accorde aucun crédit, aussi, elle ne voit pas, ce que le chevalier d'un certain rang, vu son vocabulaire et sa prestance, peut déceler dans sa nonchalance habituelle. Bien qu'il soit bien plus laxiste qu'avant, son ancienne condition l'a marqué indéniablement et ce n'est certes pas dans les traits d'un voleur ou d'un pirate que d'avoir autant de manières !
Il écoute ce qu'a à dire Ashe, bien qu'il ait déjà pris sa décision, il garde son rôle et demande à Ashe son anneau comme gage de paiement. Une fois la bague obtenue et mise à son auriculaire, Balthier sourit, menant tout le monde vers son vaisseau.
- Si tu as l'envie de te jouer d'elle, je te retrouverais et… »
- Tu me feras comme à Vossler ? »
- Mais toi, je n'aurais aucun scrupule à t'abattre. »
- Quelle chance, je serais donc spécial ! »
Son indexe bien malgré lui longe la pommette de Basch qui perd contenance lors du contact, puis le bout de son doigt dévale la joue puis le cou du chevalier dont la peau tressaille lorsque le blond comprend les paroles bien énigmatiques qu'il a laissé au concerné. Un nouveau sourire charmeur accueille le teint pâle de Basch dont les yeux exorbités l'observent soudainement abasourdis.
- En route ! »
Le temps des pluies sur Giza est un enfer. Il est trempé jusqu'aux os à peine trois combats plus tard, les deux gosses sont excités par les nouveau monstres, mais pas lui, encore moins Fran qui toise l'horizon. Balthier s'est déjà perdu là, et n'a aucune envie de tomber sur l'orbe d'électricité qui a bien failli lui couter la vie la première fois !
- Elle arrive ! »
Fran dont les oreilles viennent de s'abattre range sa lance puis attire la princesse dans une sorte de gorge afin de la mettre à l'abri, Balthier se redresse soudainement, il ordonne à Vaan de prendre la fuite avec Penelo et de suivre Fran sans jamais la perdre des yeux, il tire Basch dont le regard aguerri vient de voir l'ennemi.
- Bouge plus ! »
Il a serré le chevalier contre un vieille arbre mort, Balthier retient son souffle devant la beauté de la créature. Cette chose n'est pas à proprement parler agressive, mais il ne fallait cependant pas attirer son attention. Il sent les membres de Basch se tendre mais il caresse son bras comme pour calmer un chocobo un peu trop fougueux.
- N'y pense pas, elle nous tuerait en moins de deux. »
- Il faut que… »
- L'honneur, chevalier c'est aussi savoir battre en retraite. »
- Que connais-tu de l'honneur ? »
- Peut-être que messire chevalier s'est rendu compte que votre humble serviteur ici présent, en sait certainement plus qu'il ne voudrait le faire croire, cela dit, bien que j'eus l'envie de flirter avec la mort et ce, plus d'une fois, les différentes potions et onguents qui ont pavé mon chemin de pirate de l'air, m'ont appris à plus de prudence. »
- Qui es-tu réellement ? »
Il s'amuse du regard interrogateur qui le toise, mais Balthier ne répondra pas à la question, pas encore, car il ne veut pas perdre le peu de considération qu'il a réussi à acquérir. Bien qu'il n'ait aucune envie de se l'avouer, s'il ne devait plus avoir que du dédain de la part de l'homme, il préfèrerait encore partir seul, même si Fran ne le suivrait pas pour une toute première fois. Préférant repousser cette idée, il esquisse un faux baiser dans le vide avant de tirer le chevalier derrière lui, loin de la sphère d'électricité.
- Personne n'est blessé ? »
- Ça va aller. Elle est partie au sud. »
- Et bien est ou ouest ?! »
Il se fiche du chemin tant que c'est loin, très loin de cette chose.
Ils décident de bivouaquer dans la plaine d'Ozmone, au moins c'est sec ! Balthier profite d'un moment de relative solitude puisque les femmes sont parties se laver dans une source que Fran a découverte. Vaan est parti ramasser du bois et… Basch… et bien le chevalier n'est visible nulle part ! Peut-être a-t-il décidé de suivre les filles… Il n'imagine pas le gars avoir envie de se rincer l'œil, auquel cas Fran ne lui fera aucun cadeau ! Balthier sait que Fran est capable de se défendre seule et Ashe est plus en sécurité avec elle qu'avec lui ou Vaan ! Il a décidé de quitter ses habits humides et les poser sur une branche ensoleillée afin de les sécher un tant soit peu. Il s'étire ensuite dans la lumière du jour frottant sa chevelure qui lui tombe de tous les côtés. Il n'a pas l'habitude d'être si négligé, mais c'est un des rares moments de paix qu'il peut gouter et ne s'en privera pas. Durant dix minutes, il s'octroie l'indulgence d'être l'homme qu'il est réellement et non l'avatar qui gangrène son esprit. Sentant quelque chose le prendre à revers, il tire son revolver et le pointe séance-tenante sur la présence qui lève les bras aussitôt.
- Je pensais être seul. »
- Je pensais que tu avais suivi Vaan ou... les filles. »
- L'endroit est calme, tant qu'il ne va pas vers l'est, il n'y a que des lapins et quelques chevaux sauvages. Quant aux filles, je pensais avoir été assez clair sur ce… débat-là. »
- Étonnant pour celui que l'on surnomme le briseur de cœur. »
- Peut-être alors devrais-tu faire attention au tien. »
- Nulle femme n'en a la capacité. »
- Je n'en suis pas une. »
- Encore moins un homme. »
Il remet son arme contre ses affaires, avant de s'allonger dans l'herbe, comme si les mots de Basch ne l'avaient pas atteint. Il soupire, observant le ciel bleu avec envie.
- Quand j'étais enfant… j'observais le ciel en priant pouvoir voler… »
- Pour ? »
- Fuir. Je pensais que c'était pour découvrir le monde, mais c'était pour fuir. »
- Pourquoi ? »
- Parce qu'on voulait faire de moi ce que je ne suis pas. »
- N'est-ce pas ce qui t'es arrivé ? »
- Balthier n'est qu'un enfant de cœur par rapport à ce que je serais, si je n'avais pas fui. »
- Ainsi donc, tu es comme Lamont… »
- Nous avons en effet beaucoup en commun. »
- Je préfère ne pas comprendre ce que tu sembles vouloir me dire. »
- J'ai besoin de savoir… de savoir ce que tu penses de moi. »
- Est-ce si important ? »
- Pour moi ça l'est. »
Le pirate se frotte le visage de ses mains, il soupire ensuite, quittant le bleu céruléen pour s'assoir et porter son attention sur le chevalier qui, toujours debout, l'observe sans savoir quoi penser de l'attitude de son vis-à-vis.
- Ce que tu as été et ce que tu sembles être… ça n'est pas important. Ce qui l'est ce sont les actions du présent. Ce que tu fais aujourd'hui, pour quoi tu te bats aujourd'hui et le camp que tu as choisi. »
- Hm… »
Le silence emmitoufle les deux hommes qui vaquent à leurs occupations respectives, Balthier contemple l'herbe qui défile entre ses doigts, deux mètre plus loin, le chevalier s'est défait de son armure, il est torse nu dans le soleil et bois une outre d'eau, le regard perdu sur l'horizon.
- Mon père… me poussait vers la même réussite que lui, je pense n'être plus rien à ses yeux aujourd'hui, mais malgré cela, j'ai peur un jour de devoir lui faire face. Comment tu gères… pour ton frère ? »
- Il a choisi sa voie et moi la mienne. Il n'aura aucun scrupule à me tuer lorsqu'il le pourra, parce qu'il est comme moi, il est fidèle à ses idéaux et mourra pour eux. »
- Ne meurs pas, chevalier… »
Ces paroles lui ont échappé, le regard étonné de Basch le toise consciencieusement, tandis qu'il se redresse nerveusement.
- Enfin, je veux dire, ça serait dommage t'es un beau morceau et agréable à regarder en plus ! »
Il rigole, mais ressent rapidement que la blague ne fonctionne pas. Cependant après un bonne minute gênante, Basch détourne les yeux, observant son poitrail maculé de cicatrices.
- Je ne pense pas que ça soit agréable à… regarder comme tu dis, mais je suppose devoir te remercier du compliment. »
- Tu en fais bien ce que tu en veux ! Sache simplement que comme tout ce qui émane de moi, ce look de jeune premier aimant simplement la beauté, n'est au final qu'une image de plus. Après tout, il y a du beau en tout. Ce ciel par exemple, pourquoi seule la lumière bleue s'y disperse ? Je l'ignore, mais ça nous permet de voir quelque chose de somptueux alors que ce n'est qu'un amas grisâtre et sinistre. Et toi, tu n'es peut-être qu'un corps recouvert de cicatrices, mais tu as une belle âme. J'ai foi en toi chevalier, il est temps que tu relèves la tête. »
Ce qui se passe lorsque leurs deux regards se croisent, il n'arrive pas à l'analyser ou même poser un nom sur l'émotion floue qui l'accompagne. Il est bien content d'ailleurs, d'entendre Vaan se plaindre qu'un oiseau lui aurait son bois pour faire son nid. Un voleur, volé, le comble ! Basch se désintéresse de lui, il va aider le petit orphelin, puis demande à Balthier de se rhabiller.
- Quoi ? »
- Les filles sont de retour. »
- Fran m'a déjà vu plus… nu que ça ! »
- Ashe est une princesse ne l'oublie pas ! »
- Vrai…. Vrai… il ne faudrait pas choquer ses yeux, n'est-ce pas ? »
- Peut-être est-ce une autre raison qui me fait te le demander. »
Lorsque c'est lui qui lance des tirades ambigües, Balthier a la fâcheuse tendance de l'apprécier, quoi qu'il en soit, lorsqu'on lui vole la vedette, il n'en éprouve pas tant de plaisir que ça, et il en maugrée de de dépit !
