Disclaimer: Les personnages de cette fiction appartiennent à Masashi Kishimoto, bien entendu !


Naruto

La musique tambourinait dans la ruelle sombre. Ma vue se troublait, mais je parvenais quand même à remarquer que sur les murs perlaient de grosses gouttes poisseuses, sûrement dues à l'humidité. Je ne sais pas encore pourquoi je suis venu au cul de cette boite de nuit pseudo branchée. Je ne sais pas non plus pourquoi j'étais vêtu de cette façon, pourquoi mes fringues sont trouées voire arrachées. Je ne sais ce que j'ai consommé. Dans ma tête mes idées s'emmêlent et s'entrechoquent comme des feuilles fouettées par les vents d'automne. Je n'ai plus de passé, je ne me rends pas compte du présent, et je n'arrive plus à penser au futur.

Après tout l'avenir, c'est l'inconnu. L'inconnu, je n'ai jamais pu me pointer en face de lui, et il me manipule même quand je ne le regarde pas dans les yeux, il m'emprisonne.

Il m'emprisonne, alors je m'empoisonne.

« Heyyyy.. ! Aaccdd. »

J'avais l'impression d'être aveugle, ou plutôt que mes sens viraient dans le flou. Je me sentais incapable de contrôler quoique ce soit.

Mes paupières se fondaient sous la chaleur à vrai dire inexistante, comment je le sais ? J'inspirais, puis j'expirais avec férocité en lâchant de la fumée blanche. Et c'est ainsi que je marchais en claquant mon corps sur les deux murs opposés. L'un après l'autre, pour qu'il n'y ai aucune jalousie.

"In constant sorrooooow through his day!

I am a maaaan in constant sorrooow"

Dans l'état comateux dans lequel j'étais en train de lamentablement sombrer, je me rendais compte que je j'étais défoncé au point de pas avoir vu cette masse noire dans ce décors nettement éclairé par le lampadaire. La masse noire s'avérait être un vieux sans abris d'une dégaine alcoolisée. Il tenait fermement l'instrument qui accompagne harmonieusement sa voix rocailleuse d'un pauvre gars écorché par la vie.

Puis, c'est comme si mon sourire n'était plus aussi mécanique qu'habituellement. En effet, ce vieux bonhomme m'attirait, il m'attirait dans son monde confortable quand bien même bercé par l'alcool, quand bien même usé et dépourvu de perte. Je me mettais à danser au rythme de la musique, alors qu'à l'apparence ce mec à l'air de n'avoir aucun talent. Il maniait la guitare comme un pommeau de douche ou une brosse à dent, autrement dit comme s'il avait fait ça toute sa vie.

Il m'avait vu, depuis un bon moment, malgré le champ de vu restreint que nous offrent les verres de bières. Les mots n'étaient pas nécessaires, on se souriait comme si on se connaissait depuis des années, comme si on reproduisait cette même scène quasiment tous les soirs.

Je crois que j'étais heureux, qu'il m'ait sauvé du bad trip dans lequel j'étais en train de foncer les yeux fermés avec un faux sourire sur le visage. Ouais, j'étais heureux. Même si j'ai commencé à avoir l'habitude de toutes les séquelles que les drogues m'infligeaient. Néanmoins, je voulais que temps arrête son cheminement habituel, je ne demandais qu'un moment de répit.

Je redoutais le lever du soleil même si je n'ai aucune idée de l'heure. La musique qui implosait du cul de la boite de nuit est devenue un bruit de fond agréable qui se mélangeait bien avec les musiques que le clochard joue, elle devenait comme une basse qui suit merveilleusement bien l'acoustique. J'étais en train de me découvrir une passion pour la guitare et le blues des années 60 et 70. Chaque note représentait une pièce du puzzle de l'espoir. Je ne savais pas si j'étais encore sous acide, si j'imaginais encore des choses ou si c'était la réalité, mais en tout cas, cette réalité-là, je voulais la vivre plus souvent.

Je pense qu'en rentrant demain matin je ferais un bisou à ma mère quand elle se lèvera, elle va sûrement me demander ce qu'il m'arrive pour ce geste attendrissant, et je ne sais pas encore ce que je vais lui dire, mais il y aura le mot « bonheur » dans ma réponse.

Sasuke

Il n'y avait plus une seule poussière dans cette grande demeure dont les couleurs dominantes étaient blanches et noires. Au bout de quelques années ma mère avait enfin trouvé la femme de ménage parfaite qui ne laissait même pas un cheveu derrière elle, ou pire, même pas un mot.

Ça faisait 17 ans que je m'accoutumais aux grands espaces, je veux parler de ces grandes maisons aux grandes pièces qui ont de hauts plafonds. Je m'accoutumais aussi à tout ce blanc d'hôpital que mes parents ne cessent d'adorer et de trouver ça «noble». Ce blanc me crevait les yeux, alors dans ma maison j'avais goût à m'y aventurer seulement quand la nuit tombait.

Je mourais d'envie de briser les fenêtres et sortir de cette prison si close.

Je mourais d'envie d'aller marcher dans la boue voire dans des excréments de chiens pour ainsi salir cette maison où tout est si parfait. Brûler tous ces vêtements qu'on paye pour leur stupide marque.

Depuis 17 ans j'étais une machine qui faisait tout de manière excellente, sans aucune défaillance. On me forçait à être le meilleur dans tous les domaines. J'avais l'impression d'être un objet qu'on exploitait, afin d'en tirer des médailles, du respect, de l'argent, des faux amis.

Je me suis mis à m'enfuir dès que j'en ai eu l'occasion.. Mais seulement par la pensée. Je composais des morceaux de guitare, je tentais aussi d'extérioriser ma rage en faisant de la musculation jusqu'à brûlure, pour me sentir vivant. Ce sont des disciplines qui me permettent de me contrôler à la perfection, je me sens capable de tout contrer, je me sens capable de ne verser aucune larmes et ce jusqu'à ma propre fin.

Mais ce soir je n'avais pas goût au sport, ni même à la musique. Je voulais de l'exotisme, je voulais sortir de cette baraque dans laquelle on m'enfermait continuellement, comme si j'étais un fou séquestré dans une camisole. Sortir de chez moi c'est comme partir pour de courtes vacances. Et ce soir je me décidais d'aller me promener en ville, écouter le bruit des voitures, le hurlement des ivrognes, les rires de filles pompettes qui peinent à marcher dans leur talons, je voulais entendre des bruits que je n'entendais pas chez moi, ou dans mon quartier de bourgeois inintéressants.

Quand on a toujours été au-dessus, on ne peut pas s'empêcher de se demander ce qu'il y a en dessous. J'optais pour des vêtements normaux afin de ne pas trop attirer l'attention. Jeans légèrement usé, un t-shirt sans motif, des vieilles Adidas. Cette fois ci je ne laisserai personne me coiffer, même pas ma propre personne, et je refusais de me regarder dans un miroir. J'étais enfin libre de quitter ma chambre par la fenêtre sans que quelqu'un m'ouvre la porte en me disant « à plus tard monsieur Uchiwa ».

A jamais, je l'espérais.

Malgré moi, mon cœur tambourinait dans ma poitrine et j'ai l'impression que celle-ci va céder. Je me mettais à regarder toutes les fenêtres comme si à cette heure-là le voisinage n'avait que ça à faire, m'espionner. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de sourire bêtement. Je me rendais difficilement compte que ce soir je pouvais faire tout ce que je voulais. Je ne comptais pas rejoindre des amis, ou aller faire la fête. A vrai dire, ça ne m'intéressait pas plus que ça, les amis selon moi n'est qu'un échange d'intérêts en société, il ne s'avérait donc pas utile d'en avoir à moins d'être profiteur. Et je n'ai pas pour habitude de l'être, même si en réalité j'ai la possibilité de me noyer dans une piscine pleine de billets de 500. Je cherchais la tranquillité mais surtout la réalité de la nuit. Je voulais voir de mes propres yeux ce qu'il s'y passe sans avoir à regarder les médias avec les commentaires risibles de mes parents qui leur donne raison sans arrêt.

Je me demande pourquoi je pense à ça présentement, je me fiche complètement de mes parents, et de leur avis.

En ville il y a pleins de lumière, comme si elle était encore réveillée à 1 :00. On entend le brouhaha des musiques de toutes les boites de nuits qui se mélangent.

Je me suis mis à rire, sans trop savoir pourquoi, j'avais l'impression d'avoir un gros poids en moins.

« Je suis putain d'heureux bordel ! »

Ouais, j'étais heureux jusqu'à ce que je me retourne à cause du bruit familier qui venait dans mon dos, c'était le ronronnement de la porche de mon père. Et merde.. J'ai oublié l'alarme. Je me suis mis à courir comme un fugitif.

Naruto

Le fait que ce bonheur soit imperturbable et pas aussi éphémère que tous ceux que j'avais ressenti me rendait tellement bien que j'avais la net impression que les effets de tout ce que j'avais ingurgité s'étaient estompés. Mon cœur ne battait plus par nécessité, non, il battait pour cet homme bourré, il battait pour la musique, il battait pour que je vive, encore. C'était l'extase, ma conscience devenait euphorique, c'est meilleur que tous ces voyages vers lesquels m'emmenaient mes pilules du pseudo-bonheur. Mais le fait d'exagérer autant la situation qui pour quelqu'un de normal, serait aussi normale que lui, et bien ça me donnait l'impression que je n'étais pas aussi clean qui je pouvais le croire.

J'avais aussi l'impression que c'était moi qui rendait le bonheur court parce que, rien que le fait de penser à mes drogues suffisait à estomper un peu mon sourire..

« Garçon, ta lumière, ne la laisse pas s'éteindre !

- Non, plus jamais !

- Vais tchercher à voire ?

- A voire ?

- BBBBoire !

- Euh… b'ouais j'veux bien m'sieur ! »

C'est comme si j'en avais besoin, comme si j'avais réellement besoin d'être sur la même longueur d'onde que ce vieux qui allait bientôt rendre l'âme. Mais il voulait vivre, ça se voyait dans son regard qu'il voulait quelqu'un à ces côtés pour lui redonner de l'espoir, comme il le faisait pour moi.

Il peinait à courir, et je voyais peu à peu son corps revenir puis reprendre de sa couleur quand les lumières du bar l'illuminait. Je m'affalais contre le mur le plus proche, et tentais de respirer. Je m'étais épuisé à danser, mais j'avais l'impression que ma sueur était une sorte de grâce, un cadeau qui m'était offert par une simple dépense physique. Pour une fois que ce n'est pas dû à un de ces mauvais voyage.

Et dans cette étude physiologique dans laquelle je m'étais merveilleusement lancé, les échos de pas précipités se faisaient entendre, ainsi qu'une respiration aussi forte que la mienne. J'pensais que c'était le vieux qui me cherchait en s'affolant.

Jusqu'à ce que je vois un mec particulièrement jeune avec des cheveux épais et noir courir jusqu'à moi.

Je fermais les yeux puis les ré-ouvrais comme pour m'assurer que je ne délirais pas, que tout est réel et que je voyais bien Sasuke Uchiwa courir comme un dératé vers moi.

Sasuke

J'avais la nette impression que ma cage thoracique était sur le point d'exploser, mais mes jambes ne s'arrêtaient pas de courir. C'est comme si j'avais ouvert des portes d'énergies que je n'avais jamais connu avant, l'hémoglobine affluait dans mes veines et l'adrénaline me gagnait à une vitesse incroyable. Le pire c'est que je ne savais pas où j'allais, car la seule chose que je cherchais c'était une ruelle où aucun véhicule était capable d'y rouler. Le paysage tâché de noir défilait sous mes yeux, et l'air frais qui me fouettait le corps brûlant me réconfortait un peu.

Sans m'en rendre compte, je m'enfonçais dans les abysses de Konoha, dans ce quartier dit « toxique » blindé de personnes « toxiques ». Ce quartier où on m'avait formellement interdit d'y mettre mes pieds, ce quartier qui m'obsédait chaque soir où je passais devant, car les âmes qui y habitaient hurlaient.

Mon corps dégoulinait de sueur, sueur de liberté, sueur d'effrois, aussi. Je n'osais pas penser à un quelconque retour chez moi, au sein de cette famille infecte. Je n'osais pas penser à mon père qui m'attraperait et m'enfermerait comme un animal en cage. Je n'osais pas penser aux coups qu'il pourrait me porter, aux insultes qu'il pourrait me cracher au visage. Je n'osais pas penser aux regards accusateur et dédaigneux de cette prétendue famille. Je courrais, même si cette course dure encore des heures entières.

Du peu que je voyais les abysses de Konoha étaient éclairés par des lampadaires et la vieille musique animait chaleureusement les ruelles. Je freinais un peu dans ma course en coupant vite à ma droite par un passage à l'espace restreint, je m'arrêtais pour respirer un peu, je ne pouvais pas nier le fait que j'étais humain. J'entendais des brides de conversation mâchées et un morceau de guitare hasardeux, tout autant que les voix qui l'accompagnaient. J'écoutais silencieusement, non sans mal, pour ainsi savourer ce moment de quiétude, comme si je redoutais à nouveau un cauchemar imminent. Je me laissais glisser le long de la paroi, un peu haletant, levant la tête vers le ciel..

Jusqu'à ce que des crissements de pneus ainsi que le bruit d'une portière qui claque se faisaient entendre.

Je crois que je n'ai jamais repris une course aussi rapidement, tellement que je manquais de me casser la gueule en détalant comme un lapin.

Ce n'était qu'en sortant de la ruelle que je croisais deux yeux d'un océan qui brillaient sous les rayons du soleil, ainsi qu'une masse de cheveux blond éclatant incomparable à toute lumière. Mais c'est surtout les griffures aux visages, qui me rappelaient étrangement quelque chose.

Naruto

Dans mon lycée, si on vous parlait de Sasuke Uchiwa, c'est toujours de manière positive. En effet, c'est le genre de mec plein aux as, qui attire filles et garçon, doté d'une beauté inégalable, cachant un QI exceptionnel. Le genre de mec qui me foutait la gerbe. Le genre de mec qui par un simple regard, te fait pleins de papillons dans le ventre. A vrai dire, c'était le mec le plus respecté, le plus admiré, et sans doute l'objet de tous les fantasmes. Mais moi je ne rentrais pas dans le jeu des petits bourgeois qui n'ont qu'à claquer des doigts pour avoir ce qu'ils désirent sur un plateau d'argent incrusté de dimant. Je haïssais les types dans son genre qui ont ce regard hautain, mauvais, aussi noir que l'Enfer. Il Ignore, il brise les cœurs comme s'il brisait des feuilles sèches entre ses mains, comme si il aimait ça, sentir les cœurs craqués lentement sous ses doigts fin.

Et moi, j'étais le genre de mec qui le regardait de loin en l'insultant non pas par jalousie, mais par haine pure. Il m'inspirait le dégout pour la simple est bonne raison que tous les chemins qu'il empruntait n'étaient aucunement semés d'embûches.

Mais je ne pouvais pas m'empêcher de le contempler, de sombrer dans la folie et la gêne dès qu'il me regardait, même si c'est bref. Je ne pouvais pas non plus m'empêcher de jalouser les gens qui l'approchaient d'un peu trop près, ni de laisser fleurir cette sorte joie quand il les rejetait comme s'ils étaient de vulgaires déchets, ni de rougir sous le regard presque ahurit auquel j'ai droit présentement.

Comme s'il me reconnaissait.

Comme s'il m'avait déjà vu.

Cette pensée me fait lâcher un petit rictus. Petit sourire mesquin qui s'évanouit aussi rapidement que lui qui repartait dans sa course.

Il est vrai que j'aurais pu me poser la question plus tôt, pourquoi se retrouvait il ici, dans les abysses ? Pourquoi courait-il ? Je me le demande, mais sans doute n'aurais jamais la réponse.

Je sentais mon portable vibrer dans ma poche

« Message de Gaara : Espèce de bouffon, il est 1H30, t'es grammé, rentre. »

Il était pire que ma mère, celui-là.