Disclaimer : Tous les personnages appartiennent aux studios Square Enix et Disney. Quant à l'idée originale dont est lui-même inspiré le film d'animation, elle appartient à Mark Twain pour son roman "le Prince et le Pauvre" sur lequel je n'ai (bien évidement) aucun droit.
Note : Hey, comment ça va ? J'espère que vous avez fait une bonne rentrée, voici le premier chapitre d'un Défi proposé par Laemia sur le thème "Réécriture de films Disney" ! Ca fait un moment que j'avais envie d'écrire quelque chose sur la ressemblance entre Ventus et Roxas, donc voilà. Y'a même Xion et Aqua en bonus. C'est parti pour cinq chapitres adaptés du Disney Le Prince et le Pauvre, dont trois sont déjà écrits (Amen !) Je devrais poster un peu tout dans les semaines qui viennent.
Pardon si vous attendiez The 13th Dawn, je promets que ça arrive bientôt. Pleins de bisous à vous et surtout bonne lecture. Ya.
Les règles du Défi :
- S'inspirer d'un Disney (suite ou classique)
- Placer au moins une fois le mot kumquat
Quelques munnies pour mon Royaume
Un oeil perdu au-delà de sa grande fenêtre, Ventus Luma, prince héritier du Royaume de Radiant, regardait tourbillonner les premiers flocons de neige. C'était doux, scintillant et léger, et leur chute suspendue donnait l'impression fluide qu'ils avaient choisi, chacun à leur tour, de choir loin du ciel pour planer sur la terre. Etait-ce une danse, une parade ? Ils paraissaient moins lourds que les gros cristaux qu'il voyait s'écraser sur les tuiles des maisons de la ville vers le milieu de l'hiver, leurs toits se découpant dans un horizon de fumée ronflante, à la fois si proche et si loin du palais.
A l'intérieur, il faisait bon. On avait allumé le poêle et, les jambes croisées sous son bureau, Ventus soupira. Devant lui s'étalaient des lignes qu'il ne parvenait même plus à lire, sûrement quelque chose à propos de transactions fluviales, de réseaux routiers et d'économie. La voix de sa préceptrice résonnait dans le vide et les mots, qu'il n'écoutait que d'une oreille distraite, gesticulaient dans sa cervelle sans qu'il ne puisse leur trouver un quelconque intérêt.
"— La gestion des impôts… bénéfices... primordiale pour une économie stable. Depuis la mort de feu votre père… Confier la régence à Xehanort, le chef de la garde royale… Votre majorité.
Ventus fronça le nez. Il avait toujours trouvé Xehanort antipathique avec ses yeux d'aigle, sa barbiche rigide et son front dégarni. Petit, l'homme avait été l'objet de nombre de ses cauchemars et, encore aujourd'hui, il évitait de le croiser lorsque ses pas, rendus grinçants par le poids de son armure métallique, retentissaient dans les couloirs.
— … L'Histoire de votre pays, continua la jeune femme. Votre rôle de prince…
Prince, il n'avait jamais demandé à l'être. Ventus reporta son attention sur les maisons en contrebas, les rues, les silhouettes de millier de gens qui grouillaient dans les allées, plus petits encore que des fourmis. Derrière les grilles d'argent s'étendait un monde qu'il n'aspirait qu'à connaître, un peuple qu'il n'aspirait qu'à rencontrer. Au Diable la théorie ! Il se demandait comment ce serait d'aller dehors, de marcher d'un seul pas avec la foule, de sentir l'odeur de la fumée et du pain noir, de goûter à la sensation de la pluie fraîche tombée tout droit sur son visage. Il tremperait ses lèvres dans le gruau d'une échoppe miteuse, sauterait dans les flaques sans avoir à s'inquiéter de ses vêtements ou de l'étiquette.
Ventus sourit rêveusement à cette pensée.
Pour la première fois de sa vie, il serait libre.
— Ventus ? Vous ne m'écoutez pas."
Le prince sursauta. Sa professeure, les mains sur les hanches, venait de se planter juste devant lui, et il se confondit aussitôt en excuses. Aqua n'était pas du genre à lui faire des reproches, mais la jeune femme aux cheveux bleus semblait sincèrement agacée par son attitude.
"— Je…
Ventus soupira, et elle posa une main affectueuse sur son épaule.
— C'est la troisième fois cette semaine. Écoutez, il est important que vous sachiez tout ce qu'i savoir sur votre pays. Xehanort ne peut tenir éternellement la place de votre père et ce sera à vous, un jour, de prendre les décisions en connaissance de cause. Le peuple a besoin de vous, Ventus.
— Je sais, dit-il en repoussant sa paume. Mais parfois j'aimerais… Je ne me sens pas à ma place, ici. Et si je n'y arrivais pas ? Si je n'étais pas assez fort, si je devenais un tyran ?
Aqua lui sourit gentiment, et Ventus lu dans ses yeux clairs toute la tendresse qu'elle lui portait.
— Vous serez un bon monarque, Ventus. Interrogez-vous sur ce qui est nécessaire et sur ce qui est juste. Vous vous remettez en question, c'est normal. Mais quel bon Roi ne doute jamais de ses décisions ?"
Le jeune prince baissa les yeux vers ses mains. Il savait qu'elle avait raison, mais il n'arrivait pas à se délester de ce poids dans sa poitrine. Il était jeune et ces décisions à prendre, ces ordres à donner, c'était toute sa vie, son passé, son futur. Il était né pour ça. Mais ne pouvait-il pas rêver d'un autre chemin ? Avait-il seulement le choix ? Aqua venait d'une famille d'artisans, avait grimpé les échelons un à un pour se hisser au statut de préceptrice de la Cour. Elle avait connu les jeux à l'extérieur, la joie simple de courir dans les champs qui s'épanouissaient à perte de vue dans les campagnes, le travail tangible qui vous confère l'impression d'avoir réellement accompli quelque chose à la fin de la journée.
Ils avaient beau être amis, il savait qu'elle ne pourrait pas comprendre ce qu'il ressentait.
"— En attendant, sachez que vous n'êtes pas seul et que j'ai confiance en vous.
Elle frotta chaleureusement ses cheveux blonds et Ventus lui offrit un sourire gêné, accompagné d'un petit rire d'excuse. Elle était sincère, il le sentait. Malgré tout, il n'était pas convaincu.
— Merci, Aqua. Je ferais de mon mieux.
Sa préceptrice hocha la tête, satisfaite de la tournure des événements, jetant un petit coup d'oeil à l'extérieur. La neige, épaisse poudreuse blanche, tombait à gros flocons. Comprenant qu'elle n'obtiendrait rien de plus de la part de son protégé, elle s'en retourna à son bureau et ajouta simplement :
— Nous reprendrons la leçon demain matin. Vous pouvez y aller."
En rangeant ses affaires, Ventus ne put s'empêcher de repenser à la sensation de liberté qui l'envahissait lorsqu'il se mettait à imaginer la vie que menaient tous ces gens, là, dehors. Une porte à franchir, des grilles à passer, une expérience inédite juste à portée de main. Échapper un instant, peut-être quelques heures, à l'oppressante vie de prince, à toutes ses responsabilités qui lui pesaient un peu plus sur le coeur au fur et à mesure que s'égrenaient les leçons et les jours. L'idée traçait lentement son chemin dans son esprit et, alors qu'il regagnait ses appartements pour le bain de la nuit, il prit sa décision.
Ce soir, lorsque tout le monde dormirait à poings fermés, il quitterait le château.
.
"— Une soupe.
— Y'a plus.
— Une pinte, alors.
Roxas ôta sa capuche couverte de neige en saluant le tavernier peu aimable, pivotant sur son siège pour sonder la salle des yeux. Les vitres cassées, le brouhaha des clients, le froid qui s'infiltre sous les pierres et vous gèle les mains, les bougies qui fondent dans leurs coupes et les tables qui collent. Dans l'air flottait une odeur persistante de crasse et de sueur avinée et il s'autorisa un sourire en reconnaissant Xion parmi la masse, installée dans un coin de la pièce, une cuillère dans la bouche et ses bottes sur la table. C'était sale, mal fréquenté et tout le monde passait inaperçu.
Il était totalement dans son élément.
Après avoir déposé quelques pièces sur le comptoir, Roxas récupéra sa choppe de cuivre puis se fraya un chemin jusqu'à son associée. Orphelins, Xion et lui se connaissaient depuis l'enfance. Ils avaient appris ensemble à se serrer les coudes face à la cruauté de l'existence, vivant de magouilles et de vols en tout genre. Depuis la mort du Roi les temps étaient plus durs, les impôts s'accumulant pour un invisible service de protection de la population, soi-disant garanti par la garde royale. Impôts sur le sel, les céréales, l'eau et la fabrication d'armes dont personne ne voyait jamais la couleur : le peuple étouffait, étranglé par les taxes, criblé de dettes accablantes, et, pour ne rien arranger, l'hiver qui approchait présageait déjà de lourdes pertes au niveau des récoltes.
Arrivé devant la brune, Roxas afficha une mimique victorieuse, envoyant tinter une petite bourse de cuir sur la table.
— Pile à l'heure. Y'a combien ?
— Cinquante munnies. J'connais un soldat qui pourra pas aller au bordel, ce soir. Et toi ?
— Quinze. J'm'étais bien crottée pourtant, mais 'faut croire que les bougres ont tous les poches crevées. Des gardes ratissaient mon coin, la peur ça aide pas non plus."
Xion haussa les épaules en recrachant sa cuillère dans l'écuelle en face d'elle, invitant son collègue à prendre place. Celui-ci s'affala sur sa chaise sans se faire prier. Ils avaient tous les deux l'air fatigué et leurs mains souffriraient bientôt la brûlure des engelures, mais le butin d'aujourd'hui était relativement conséquent. Avec un peu de chance, ils pourraient se prendre une chambre à l'auberge pour cette nuit.
"— À ton avis y'vit comment l'riche, là-haut ? demanda Roxas en coulant un regard vers la fenêtre à côté de leur table, d'où l'on pouvait apercevoir les tours effilées de l'immense bâtisse qui surplombait la ville, pittoresque dans l'écrin de la nuit.
— Le prince ? répondit Xion en haussant les sourcils.
Elle fit la moue en partageant les biens entre eux, réfléchissant à la question tandis que Roxas sifflait sa bière, de la mousse plein la bouche, ses grands yeux marines perdus dans l'horizon. Oui, à quoi pouvait bien ressembler la vie princière sans la misère, la faim, à profiter de la nourriture, de la musique, de l'opulence, de l'insolent plaisir de ne rien faire ? Ils n'en savaient rien, et ils étaient conscients de ne sûrement jamais pouvoir aspirer à être quoi que ce soit d'autre que ce qu'ils étaient déjà. Des pauvres, des voleurs. Des vagabonds tout en bas de l'échelle.
Remarquant le voile de tristesse qui menaçait d'assombrir la figure de son ami, Xion se ramassa soudain outrageusement sur sa chaise, passant ses bras derrière sa nuque avant de prendre une drôle de voix aigrelette, les lèvres pincées à la manière d'une vieille mégère :
— J'l'imagine bien comme ça : "je suis le Prince, regardez comme mon fauteuil est moelleux, comme je suis beau et comme je mange bien ! À midi j'ai baffré tellement de viande salée et de fromage que j'ai dû vomir pour avaler le dessert ! Comment ça, le peuple meurt de faim ? Tu oses contester mon autorité ? Xehanort, viens me masser les orteils, je suis resté beaucoup trop assis aujourd'hui. Qu'on jette ce bâtard par les tours ! Xehanort, va chercher les impôts, et n'oublie pas de violer des femmes, de brûler des maisons et de tuer les enfants ! Serviteurs, serviteurs ! L'hiver arrive, apportez vite le repas de ce soir !"
Roxas contint difficilement son amusement à l'imitation, regardant Xion se balancer en désignant un personnel invisible de la main, caressant des accoudoirs imaginaires avec une moue dédaigneuse, s'extasiant devant son bol de soupe vide. Il se retint activement d'hurler de rire au moment où elle bascula en arrière quand un inconnu, qui venait de passer la porte de l'auberge miteuse, attira immédiatement son attention.
— Xion, l'interpella t-il à voix basse. Arrête ton char une minute, et regarde c'qui vient d'entrer."
La brunette se redressa en vitesse, retrouvant son sérieux en détaillant la silhouette encapuchonnée que son acolyte lui désignait. Le manteau, brodé et de bonne facture, accrochait tout de suite l'oeil au milieu du bourbi et wow, est-ce que c'était bien des munnies d'or, rares et éclatantes, qu'elle venait de voir tomber sur le comptoir ?
"— Y'doit pisser des pierres précieuses, ce gars-là.
Roxas acquiesça en silence devant l'observation et ils échangèrent rapidement un grand sourire complice, malicieux, un sourire clair comme de l'eau de roche.
Il ne leur fallut pas moins d'un regard pour se mettre d'accord.
— On va lui faire les poches."
