Titre : Lost Highway
Le titre de l'histoire est aussi le titre d'une des chansons que l'on peut trouver sur le premier album de AaRON, tout comme le titre du chapitre.
Résumé : Blaine Anderson est une étoile étincelante dans le paysage musical américain. Enchaînant encore et encore les récompenses, il peut désormais se venter d'avoir à son actif une reconnaissance internationale, clôturant sa première tournée internationale par un énorme show à New York, ville de ses débuts. A 25 ans, il a tout pour être heureux. Mais tout son monde va brutalement s'écrouler lorsqu'il va croiser les pas de Kurt Hummel, jeune homme désabusé et blessé par la vie. Et alors que tout semblait les opposer, il suffit parfois d'un petit quelque chose pour tout changer. Une mélodie suffit parfois.
Disclamer : Comme toujours, Glee et ses personnages ne m'appartiennent nullement. J'imagine que tout serait différent si c'était le cas.
PS : j'ai été agréablement surprise (la pseudo-fan de Darren Criss resurgirait t-elle?) de voir Darren Criss sur France 2 dans l'épisode 20 saison 7 de Cold Case « Amour Libre », en militant anti-guerre du Vietnam à Woodstock. J'ai trouvé que le rôle lui allait comme un gant.
Bref, en tout cas, comme disent ceux qui parlent anglais, enjoy it !
Chapitre 1- Endless song
Au mois d'août, New York était une étuve. Les gens se bousculaient pour trouver un endroit d'ombre. Le soleil illuminait les rues à en brûler les yeux des passants, qui portaient tous des paires de lunettes de soleil. Dans le quartier où travaillait Kurt Hummel, les passants portaient tous des lunettes de marques, et des costumes encore et toujours noirs, malgré la chaleur écrasante. Il aurait voulu être ailleurs. A la mer, à ne pas en douter. Dans un endroit où il aurait pu profiter à son aise de la chaleur. Pourquoi pas la Californie ? Il y avait tout ce qu'il fallait, en Californie. Peut-être que là-bas, les choses iraient mieux pour lui...
« Hummel ! »
Le jeune homme redressa brusquement la tête. Son supérieur le fixait, les bras croisés et le regard noir.
« Je ne te paye pas pour que tu restes le regard fixé sur le tapis ! »
Kurt poussa son chariot et monta dans l'ascenseur réservé au personnel. Lui qui avait rêvé de pouvoir se payer de telles suites, se retrouvaient à les nettoyer. Il avait tant rêver, tant espéré un avenir sur la scène, que la désillusion n'en avait été que plus brutale. Le refus de sa candidature à NYADA ne l'avait pas empêcher d'aller à New York. Parce que New York l'appelait, comme jamais Lima ne pourrait l'appeler. Lima ne pouvait que le dégoûter et le faire fuir.
Les portes de l'ascenseur se rouvrirent, et il poussa lentement son chariot le long du couloir immense. Il poussa la porte de la suite n°413 et entra dans l'immense suite. Il arrêta son chariot au milieu de la pièce et récupéra l'aspirateur sur le chariot. Il entra dans la partie chambre à coucher, retira les draps, et les lança dans le bac du chariot, simulant un panier de basket. Le jeune homme en venait à s'imaginer des choses pour pouvoir continuer à avancer.
Kurt Hummel travaillait toujours en chantant. Tout ceux qui avait travaillé avec lui pouvait le dire. Il avait une belle voix originale et haut perchée, mais une belle voix. Généralement, les gens ne pouvaient se retenir de lui demander comment il avait atterri dans cet hôtel à faire le ménage. Et Kurt, mimant un rire enjoué, lançait toujours la même réplique, qui lui tordait le cœur.
« Il y a beaucoup de gens avec de belles voix. »
Depuis qu'il s'était fait littéralement jeté du bureau d'un producteur, le jeune homme vouait une haine viscérale à l'industrie musicale. Si il appréciait beaucoup les anciens groupes plus ou moins connu, il ne supportait plus tous ces Justin Bieber, One Direction, ou pire encore, Blaine Anderson. Ces artistes qui ont, à ne pas en douter, été bon un jour, mais qui ne vendent au final que des tubes mixés et remixés qui n'ont pour but que de leur rapporter le plus d'argent possible. Kurt haïssait les émissions télés où ses artistes jouaient en playback et avaient l'air de l'accepter complètement. Il aimait trop la scène, avec sa pureté et son implacable dureté, où les moindres erreurs, la moindre hésitation, le moindre tremblement dans la voix pouvait coûter au chanteur le rôle de sa vie.
Kurt quitta la chambre une demi-heure après, exécutant son travail sans joie ni peine. Il faisait ce qu'on lui disait, quand on le lui demandait, point. Il n'en faisait ni plus ni moins.
Les quelques connaissances qui lui restaient avaient raisons sur un point. Sa vie d'aujourd'hui ne lui correspondait pas. Il aurait pu, ou plutôt voulu avoir tellement plus. Il aurait voulu que ses tourmenteurs au lycée reviennent lui cirer les pompes en geignant comme des enfants. Il aurait voulu pouvoir retourner à Lima, un immense sourire vainqueur plaqué sur le visage, pour les voir le fixer avec admiration et peur. Mais tout ce qu'il pouvait espérer aujourd'hui, c'est qu'ils l'aient suffisamment oublié et qu'ils aient trouvé un autre idiot à tourmenter.
Depuis cette époque, Kurt avait grandit. Il avait changé. Il n'était plus aussi exubérant. Il n'était plus aussi prompt à aller aider son entourage. Il n'était même pas sûre qu'il donnerait du sucre à ses voisins. En même temps, ce n'était pas du sucre que lui demanderait ses voisins...
Son biper le sortit de ses sombres mais maintenant habituelles ruminations. Il était attendu au sous-sol. Poussant son chariot en soupirant, il redescendit au niveau réservé au personnel et déposa son chariot à sa place, avant de rejoindre la « salle de réunion », à savoir une grande pièce de béton pouvant contenir tous les idiots comme lui qui avait complètement ratés leur vie. Pour certains par choix, pour d'autres parce que c'était la seule solution. Kurt faisait parti de cela. Le ménage de l'hôtel le jour, et le ménage de bureaux la nuit. Tout ça pour payer un loyer minable dans l'un des quartiers les moins fréquentables de la ville. Avec l'habitude, Kurt avait appris à ignorer cette partie de sa vie. Il avait durci sa voix pour la faire paraître plus grave, avait abandonné l'idée de vouloir s'habiller avec style, coupait ses cheveux très courts pour faire ressortir ses yeux durs et son visage anguleux, et avait pris des cours de boxe, pour être sûr de pouvoir survivre dans un quartier où les enfants apprenaient à se battre et à voler avant même de savoir compter. Et il ne parlait même pas du fait qu'ils n'apprenaient jamais à lire.
Il s'appuya contre un mur et attendit en silence que les autres employés arrivent. Personne ne lui parla, s'efforçant d'ignorer le beau jeune homme aux bras croisés les fixant de son regard gris acier. Tout ceux qui avait tenté de lui parler l'ignorait aujourd'hui. Kurt n'avait jamais donné facilement sa confiance, et cela ne s'était sûrement pas arranger avec le temps. Complètement renfermé sur lui-même, il avait progressivement coupé les ponts avec sa famille, et n'avait pour combler sa vie sociale qu'une seule amie, qu'il ne voyait que très rarement, leurs emplois du temps respectifs ne coïncidant que rarement. Quand lui rentrait de Manhattan à 2 heures du matin, elle avait quitter son taudis pour rejoindre l'une des boîtes de nuit de la ville où elle était barmaid. Quand lui partait pour l'hôtel, elle rentrait pour repartir presque aussitôt pour le même hôtel, où comme lui elle avait un emploi de femme de ménage. Au fond, la seule raison pour laquelle Kurt la gardait dans son entourage, était qu'elle était la seule qui pouvait comprendre ce qu'il ressentait. Colère, peine, haine... Humiliation, désespoir et espoir successif de trouver un moyen de quitter cette galère, dont il ne voyait pas comment s'échapper.
Kurt ne manqua pas de remarquer que seuls les employés chargés du service en salle et de la restauration étaient présents, ce qui le fit douter de la raison de sa présence ici. Peut-être avaient-ils mélangés les numéros de biper.
Le directeur de l'hôtel apparut, provoquant le silence immédiat et interrompant ses pensées. Il était rare que le directeur du Ritz-Carlton de New York apparaisse dans les bas-fond de son hôtel. C'était un homme qui n'aimait pas se mêler à la plèbe. C'était un homme qui aimait interagir avec les personnes de sa qualité et de son rang. En somme, sûrement pas avec les employés de bas-étage. Il était accompagné d'un homme et d'une femme, tout deux en costume noir visiblement griffé.
« Bonjour à tous. Dans un mois, nous recevons de nombreuses personnalités du monde artistique. Une exposition d'œuvres d'art aura lieu dans la salle d'exposition, et un concert sera donné dans l'une des grandes salles de réception. Nous allons vous transmettre à chacun vos ordres d'affectation. »
Ordre d'affectation. Il n'aurait pas pu trouver un mot encore plus hypocrites pour désigner le rôle qui allait leur être attribué ? Larbin, plongeur, ou esclave, voilà les affectations possibles. A savoir laquelle était la meilleure...
L'homme commença à appeler les employés par ordre alphabétique. Kurt garda sa position jusqu'à ce que l'on arrive aux noms commençant par la lettre L. Puis l'alphabet continua à se dérouler, le laissant sur le carreau. A la lettre P, il se détacha du mur, et à la lettre V, il commença à avancer vers le directeur prêt à en découdre. Kurt avait besoin de travailler, il avait besoin de cette place, il avait besoin de cet argent. Il était déjà limite pour le mois, et si ça continuait, il n'allait plus avoir assez d'argent pour manger. L'homme à la droite du directeur roula sa liste, tandis que la femme rousse tourna son regard sur le jeune homme. Elle tendit la main, alors que le directeur s'en allait prestement, sans doute la hâte de remonter dans les étages rendant plus hommage à sa condition. Les étages plus lumineux où tout n'était que dorures et tapisseries de maîtres, où l'on oubliait presque l'existence de ceux qui trimait trois étages plus bas. Parce que le sol, les murs, et les meubles coûtaient une fortune. Parce que Kurt ne comprenait pas comment des gens censés pouvaient dormir dans des pièces dont transpirait l'opulence, la richesse et parfois même la luxure, donnant au jeune homme l'envie de tout foutre en l'air et de partir en voiture. Où, il ne savait pas comment. Avec quel argent,il ne savait pas non plus. Mais si sa vie ne changeait pas radicalement, il allait finir par exploser. Encore fallait il qu'il ait une voiture...
« Monsieur Hummel, je suis Rebeca Stanley, directrice adjointe de l'établissement, en charge du personnel. »
Kurt serra rapidement la main de la responsable, se demandant encore et encore les raisons de sa présence ici. La femme se chargea de lui expliquer succinctement la situation, en remettant d'un geste élégant sa longue chevelure rousse derrière ses épaules. Sa veste semblait faite pour elle ce qui, après réflexion, devait sûrement être le cas, et sa jupe noir lui faisait une paire de jambes admirables, et même Kurt, qui était gay, ne manqua pas de le souligner mentalement. Un tailleur sur-mesure, à ne pas en douter.
« Voyez-vous, vous travaillez ici depuis maintenant 6 ans, et vous n'avez jamais été absent une seule fois. Vous n'avez jamais rendu mécontent un client, et personne ne nous a rapporté que vous n'aviez pas fait votre travail. Aussi nous avons décidé de vous donner une promotion et de vous mettre désormais à l'accueil principalement, et parfois au service »
Kurt haussa les sourcils. Il avait fait du service, mais pas depuis quelques temps. Pas depuis qu'il n'éprouvait plus qu'une vive antipathie pour ces riches qui se croyaient tout permis avec leurs Iphones flambants neufs, leurs costumes coûtant plus qu'une année de salaire de Kurt et leur regard méprisant qui en disait tellement plus qu'une simple phrase.
« Au service ? »
« Le salaire sera bien supérieur, et vous pourrez arrêtez de cumuler plusieurs emplois en même temps. »
Kurt retint une remarque cinglante de son cru, et hocha la tête.
« J'ai lu sur votre CV que vous parliez couramment le français et l'italien. C'est exact ? »
« Oui, madame. »
« Très bien, suivez-moi » ordonna brutalement Stanley.
Kurt s'efforça de la suivre. Ils montèrent dans l'ascenseur de service, et ressortir dans l'étage réservé aux bureaux. Rien que de voir le couloir lui suffit à comprendre qu'il avait changé de monde. On était bien loin du béton pour seule décoration. Rien que les lustres devaient coûter une sacré fortune, à l'achat comme à l'entretien. En parlant d'entretien...
« Excusez-moi mais qui va faire mon ménage » demanda Kurt à voix basse, craignant de déranger ces hommes et ces femmes en costumes, travaillant devant des Mac de dernière génération.
« Oh, ne vous inquiétez pas, ils trouveront bien quelqu'un pour vous remplacer » lança froidement la responsable, faisant un geste de la main pour lui indiquer d'entrer dans ce qu'il imaginait être son bureau à elle.
Kurt préféra garder le silence. Voilà une des attitudes qui le dérangeait le plus chez ses gens. Le mépris le plus total pour ceux qui comme eux n'avaient pas eux la chance de naître une cuillère en or dans la bouche. Ce genre de phrase qui te rappelle encore et encore que tu n'es et ne sera jamais rien. Que tu resteras un citoyen de bas-étage toute ta vie, sans perspectives d'avenir.
Stanley s'installa dans un grand fauteuil en cuir noir, dans lequel elle se cala confortablement avant de continuer, lançant un regard désapprobateur à Kurt qui ne pouvait s'empêcher de regard autour de lui.
« Vous avez attirer l'attention sur vous de bien des manières, Monsieur Hummel. Votre CV est à la fois impressionnant et pauvre. »
Kurt retint un « merci » glacial et ironique pour plonger son regard dans les yeux bruns qui le fixaient comme si il était une sourie prise dans une tapette.
« Vous parlez le français et l'italien couramment, vous avez eux de nombreux postes dans cet hôtel, et surtout vous avez une âme d'artiste. »
Il tenta de transformer un ricanement plutôt déplacé en une toux. Elle ne fut pas dupe mais continua.
« Et surtout vous arrivez à la fin de votre contrat cette semaine. Alors j'aimerais vous proposer de signer un nouveau contrat, qui j'en suis certaine nous satisfera tous. »
Elle tendit une liasse de document au jeune homme qui les survola rapidement. La seule chose qui l'intéressait, pour être honnête, était le montant de son salaire. Qui le fit s'étouffer. C'était pratiquement le triple de son salaire précédent, et c'était plus que la somme de ses deux salaires réunis.
« Pourquoi un salaire aussi élevé ? »
« Vous travaillerez à temps plein ici. »
Et, comme si cela suffisait, elle croisa les bras et garda le silence. Plongé dans sa lecture, Kurt vit apparaître un stylo au nom de l'hôtel dans son champ de vision. Il pesa rapidement le pour et le contre, et parvint rapidement à la conclusion qu'il serait fou de ne pas accepter cette offre.
« Parfait, un costume vous attendra dans la salle réservée au personnel de salle. Vous devrez toujours être présentable. Vous prendrez vos ordres de Madame Jenkins, qui sera désormais votre supérieur. Vous commencez dès la semaine prochaine, à 9 heures. »
Puis elle se détourna complètement de lui, lui signifiant clairement qu'il pouvait quitter son bureau sur le champ. Kurt quitta donc l'hôtel, perdu. C'était la première fois qu'il se trouvait en ville à 11 heures 30. Il avait presque oublié la frénésie qui prenait New York sur les heures où tout le monde quittait son bureau quasiment en même temps. Il leva les yeux pour tenter de voir le ciel, haut dessus de ses hauts immeubles dissimulant aux pauvres mortels comme lui la beauté de ce qui se trouvait au dessus d'eux.
Il marcha tranquillement, quittant cette partie accueillante de la ville, qui faisait rêver, pour une partie plus sombre, dont on taisait l'existence à tous les idiots comme lui qui rêvait de grandeur. Comme dans les films, l'ambiance parue immédiatement plus glaciale, dans ses quartiers pauvres, et Kurt resta focalisé sur son objectif pour tenter d'ignorer les regards qui le suivait, pour ignorer les cris de détresse provenant de certains gourbis alentour, les pleurs d'enfants qui ne récoltaient pour consolation que des coups de la part d'un père perdu dans l'alcool. Ou dans la drogue. Ou les deux à la fois.
Il parvint enfin à son appartement, ou ce qui avait la dénomination d'appartement. Il poussa la porte et la referma à clé immédiatement. On était jamais trop prudent, ici. Il se laissa tomber sur le canapé et ferma les yeux.
Kurt Hummel n'était qu'un jeune homme comme les autres, tentant de continuer à rêver, alors que son horizon lui semblait bien inaccessible. Tentant de continuer à vivre, tentant difficilement d'ignorer qu'il avait laissé tout ce qu'il avait le plus cher dans la vie derrière lui.
Assez déprimant, je sais, mais j'écris en fonction de mes humeurs. Mais ne vous inquiétez pas, tout va s'améliorer pour notre Kurt ! Enfin, j'espère.
