Bonjour bonjour ! Me revoilà avec une nouvelle fic qui cette fois sera mise à jour à peu près en même temps sur FFnet et sur HPF - comme ça, pas de jaloux - et j'espère que cela me contraindra à être plus régulière dans la publication (les lecteurs de Cygne du Destin comprendront). Pour celle-ci : le résumé est court, je le reconnais (la fôôôôte à ce site ! Hpf vaincra ! - oui, c'est bon Elo, je crois qu'ils ont compris l'idée...) donc vous méritez bien que j'étoffe ça : l'idée générale est bien entendu un retour dans le temps qui concerne James Potter junior, Albus Severus Potter, Lily Potter junior, Rose Weasley et... Scorpius Malefoy, qui va en voir de toutes les couleurs. Précisons au passage qu'il n'y aura pas de romance entre Rose et Scorpius, naméoh, vous me prenez pour une férue de guimauve en puissance ou quoi ?
... ben vous avez raison... parce que de la guimauve, comme le titre l'indique sous un apparence espérée sibylline que je n'assume pas du tout, vous allez en avoir. Mais elle sera torturée à souhait, rassurez-vous...
Sinon que vous dire : cette fic sera longue, je n'ai pour le moment écrit qu'une quarantaine de milliers de mots, ce qui signifie deux mois et demi de publication si je tape dans du 3000 mots par semaine. Vu qu'accessoirement, je suis en première année de prépa scientifique, ça me laisse le temps que vous pouvez imaginer, et l'écriture risque fort d'en pâtir. Donc je ferai de mon mieux, mais il y a fort à parier que d'ici Noël cette fic souffre d'un brusque ralentissement de publication.
Bref, pourquoi je vous dis tout ça ? Voyez déjà si ce premier chapitre vous plaît... (comprendre : des reviews ! des reviews !)
Bonne lecture !
…~∞O∞~…
Argus Rusard se leva tôt, ce matin-là, réveillé par les miaulements de Miss Teigne 4, acquise tout récemment, Miss Teigne 3 ayant rendu l'âme dans le courant de l'été après vingt-deux ans de bons et loyaux services.
Rusard caressa son chat d'une main distraite en enfilant sa robe de la veille. Alors que sa tête émergeait du col, il renifla le tissu, fronça les sourcils et jeta un œil à son calendrier. Bizarre, ça ne faisait pourtant qu'une semaine qu'il la portait… tant pis, il l'enverrait à la lingerie le soir-même.
Miss Teigne 4 bondit sur la commode et de sa queue, envoya valser la dernière brochure de Vitmagic qui s'y trouvait. L'enveloppe atterrit directement dans la corbeille à papier. Tant mieux, songea Rusard. De toute façon, ça faisait bien longtemps qu'il avait renoncé devant l'absence évidente de résultats : les cours de Vitmagic n'étaient définitivement pas adaptés à son cas.
En songeant qu'il ne lui avait fallu que quelques minutes pour se rappeler, dès le réveil, sa nature de cracmol, Rusard fut prise d'une brusque envie de pleurer. Il tira brutalement sur sa veste pendue à la porte, fouilla dans les poches et en sortit un mouchoir vieux de deux jours dans lequel il se moucha bruyamment.
Puis, décidé à passer sa colère sur le premier élève qu'il rencontrerait, il sortit de sa chambre, Miss Teigne 4 sur ses talons.
Malheureusement, il ne rencontra pas le moindre petit morveux sur la route qui le conduisait à la Grande Salle. Le château semblait désert. Rusard se souvint alors que c'était le premier jour des vacances de Noël.
Noël… Noël, ça rimait avec sapin, décorations, donc travail supplémentaire. Noël, ça rimait aussi avec hiver, neige, batailles de boules de neige, donc carreaux cassés, donc encore travail supplémentaire, mais aussi… mais aussi punitions ! Ha ha ha ! Ils allaient voir, tous ses garnements égoïstes et imbus de leur condition de sorcier, ils allaient voir… ah, ce n'était pas à coup de baguette magique qu'ils allaient récurer les chaudrons des cachots, ah non ! Et d'ailleurs, il n'y avait pas que les cachots, mais aussi la volière… ce n'était pas faute de l'entretenir, pourtant Rusard y gagnait chaque semaine de violents maux de dos, en se penchant pour nettoyer les fientes de hiboux. Mais aujourd'hui, ha ha ha ! le prochain élève qu'il rencontrerait y aurait droit. Il n'était pas difficile de trouver quelque chose pour punir ces petits imbéciles il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas chez eux. Rusard avait l'œil, même si, à soixante-seize ans, sa vision n'était plus ce qu'elle était. Après tout, il s'entraînait depuis suffisamment longtemps. Les infractions au règlement, il les repérait de loin. Elles avaient chacune une odeur caractéristique, qui se diffusait à cinquante mètres à la ronde. Ça, oui.
Ce n'était certainement pas lui qui s'occuperait de la volière cette semaine.
Quoique… il y avait également la cour de récréation, avec toute la neige qui était tombée, il fallait absolument la saler, sinon bonjour les jambes cassées. Pas que les morveux n'en méritent pas, non, juste que ça donnait du travail en plus : l'infirmerie à préparer, à nettoyer…
… et il y avait aussi le sous-sol à vider. Encore une lubie de ce Slugorn, nommé en août dernier au poste de directeur de Poudlard. Cette promotion l'avait en effet contraint, pour son plus grand malheur, à changer de bureau. Logique, non, pourtant ? Il devient dirlo, prend le bureau de MacGonagall, partie à la retraite, se retrouve à la tête de la plus prestigieuse école de sorcellerie du monde – beaucoup aurait payé pour se retrouver à sa place. Mais non, il trouvait encore le moyen de ne pas être content. Forcément : difficile, dans ce fameux bureau surveillé en permanence par les portraits des anciens directeurs d'organiser de petites fêtes, comme ce cher Slugorn en avait l'habitude. Du coup, il avait décidé d'investir les sous-sols et en particulier, l'immense salle qui servait de débarras pour, je vous le donne en mille, les elfes de maison. Résultat, qui c'est qui doit s'occuper de vider l'endroit ?... Bravo, vous avez deviné.
Bref la journée à venir était longue, mais s'il se débrouillait correctement, Rusard arriverait sans doute à déléguer la plupart des tâches. Il s'en frottait les mains d'avance en pénétrant dans la Grande Salle.
La fin de l'après-midi arriva. Rusard était furibond. Pas une seule entorse au règlement en une journée, pas une seule ! Il avait pourtant surveillé le parc, où les batailles de boules de neige avaient fait rage mais par un hasard malheureux, il n'y avait eu ni casse, ni blessure, ni débordement quelconque. Rusard en aurait pleuré de dépit. A présent, les élèves étaient tous rentrés à cause de l'obscurité à partir du moment où ils étaient entre les quatre murs du château, les chances de les punir s'amincissaient. Ne demeurait finalement plus que celle d'en trouver un debout après le couvre-feu du soir.
Bilan, Rusard avait du coup été obligé de nettoyer la volière, les cachots, la cour de récréation. Restait encore le plus pénible, à savoir les sous-sols. En soupirant, après avoir marmonné des insultes à l'adresse d'un couple qui s'embrassait derrière la statue de la sorcière borgne, il descendit dans le fameux débarras.
Deux heures plus tard, le concierge était encore assis là à trier. Nombre d'objets devaient tout simplement être jetés ces maudits elfes semblaient avoir absolument TOUT gardé depuis la construction de Poudlard par les Fondateurs. Mais certaines choses étaient encore en état d'être utilisées Rusard fut ravi de découvrir une impressionnante collection de chaussettes. Il allait pouvoir renouveler gratuitement son stock.
Dix-neuf heures sonnèrent, il jugea qu'il était temps de remonter dans le monde des vivants arrivé à son bureau, il renversa dans un coin le vieux sac moisi qui avait servi à transporter tout ce qui était récupérable – les chaussettes, entre autres – et ressortit pour le dîner.
Il n'avait pas remarqué le petit journal noir très abîmé qui s'était échoué par hasard au sommet du tas.
…~∞O∞~…
Au même moment, dans un couloir par bonheur fort éloigné du bureau du concierge, une bruit de cavalcade résonnait avec fracas.
Trois adolescents, une fille et deux garçons, apparurent soudain à l'angle. La fille semblait exténuée, comme si elle venait d'échapper de justesse à une meute d'acromentules déchaînées. Sans s'arrêter, elle coinça derrière son oreille une mèche rousse que la sueur avait collée à son front. Le garçon qui courrait en tête, un grand maigre aux cheveux noirs, paraissait quant à lui en pleine forme et avait le regard brillant d'excitation celui qui fermait la marche, également roux, était manifestement à bout de souffle, ce qui ne l'empêchait pas de rire aux éclats. Il était clair que tous trois n'auraient pas dû se trouver là en cet instant.
- Hey ! Hey ! Pas si vite ! implora Rose Weasley.
- Et toi, pas si fort, répliqua James Potter sans modifier son allure.
Ils arrivèrent devant une porte dont la peinture s'écaillait et autour de laquelle flottait une odeur particulièrement nauséabonde. James pila, sortit un parchemin de la poche de sa robe, murmura quelques mots indistincts en le tapotant avec sa baguette magique, parut très concentré, puis répéta l'opération et le rangea, avec sur le visage une expression de satisfaction profonde à laquelle semblait se mêler un brin d'arrogance.
Rose demeura perplexe.
- Tu m'expliques… commença-t-elle, la respiration haletante.
Mais James ne l'écoutait pas, et il poussa la porte avec résolution. Rose eut alors un petit hoquet de surprise.
- Mais… ce sont…
- Je sais ! coupa James en haussant les épaules.
Avec une vivacité qui trahissait son impatience, il se tourna vers sa cousine et son jeune frère.
- Eh bien ! Vous venez, oui ou non ?
Albus Severus Potter afficha un sourire moqueur à la vue de l'air scandalisé de Rose et il entra à la suite de James. Rose poussa un soupir sonore, marmonna quelque chose comme un « si jamais quelqu'un vous voit… » et passa à son tour la porte.
Beurk. L'odeur était vraiment infecte. Et l'obscurité quasi-totale. Rose hésitait à placer un pied devant l'autre, de crainte de marcher sur… beurk.
- Ma chère cousine, nous croirais-tu si imprudents ? plaisanta la voix d'Albus dans le noir. Nous pouvons t'assurer que nul ne peut nous surprendre, l'aile est vide…
- Je peux lui assurer, corrigea James d'un ton distrait.
- Ahem… fit Albus. Au fait, quelqu'un sait pourquoi, à Poudlard, il n'y a aucun chandelier dans les toilettes pour filles ? Les fondateurs étaient mysogynes ? Lumos !
La baguette brandie d'Albus éclaira des toilettes qui avaient manifestement été les victimes récentes d'une véritable inondation, et dont le dernier nettoyage ne datait sûrement pas de la veille, à voir l'aspect du sol. Avisant à la lumière du faisceau un chandelier encastré dans une niche du mur, près des lavabos, Rose fit apparaître une petite bougie et Albus put reposer son bras.
- Peut-être parce que celles-ci sont limite hors d'usage, rétorqua-t-elle sur un ton acide. Personne ne les utilise, je vous signale. Et les autres sont parfaitement propres et éclairées. Mais qu'est-ce qui vous fait croire ça ?
- Nous fait croire quoi ? interrogea Albus.
- Qu'il n'y a personne au deuxième !
- Pas tout l'étage, n'exagère pas, j'ai dit l'aile. Juste depuis l'escalier central jusqu'au couloir des Poufsouffle. Neville et Dean sont dans la bibliothèque. Pourquoi ces toilettes sont-elles hors d'usage ?
- Ce n'est pas vraiment un gage de sécurité, fit remarquer Rose. Même de là-bas, ils peuvent nous entendre, et ce n'est pas parce que nous entretenons des rapports privilégiés avec eux que le professeur de botanique et le professeur de Quidditch doivent se montrer plus indulgents avec nous qu'avec n'importe quel autre élève… Mais tu n'as pas répondu à ma question, comment sais-tu tout ça ?
- La Carte du Maraudeur, annonça fièrement Albus.
- La… je te demande pardon ?
- James, montre-lui ! fit Albus en riant. James ?
- Venez voir, cette fois je crois bien que nous y sommes, fit James à quelques mètres d'eux, penché sous un lavabo.
- Que nous sommes où ? demanda Rose d'une voix où l'irritation commençait à poindre. Si vous ne m'expliquez pas immédiatement…
- Ce que tu peux être impatiente, interrompit James. Arrive !
De mauvaise grâce, Rose s'approcha.
- Quoi, alors ?
James pointait du doigt la tuyauterie. Rose se pencha à son tour, et aperçut le minuscule serpent gravé dans le métal.
- Magnifique. Superbe. J'aurais peut-être préféré un aigle, ironisa-t-elle, profondément agacée par le plaisir évident qu'éprouvaient ses cousins à la faire mariner, elle qui ordinairement avait toujours une encyclopédie d'avance sur eux. Le tracé est très fin, poursuivit-elle, et les yeux, vraiment très réalistes… Seulement, pardonnez l'injure, ça ne vaut pas un centimètre carré de la toile du Chevalier du Catogan…
- OK, tu as gagné, soupira James, excédé. Chère cousine, te voici face à l'entrée de la Chambre des Secrets…
- La… la Chambre des Secrets ? répéta Rose, interloquée.
Son cousin se moquait souvent d'elle, d'accord, mais là…
- Ecoute bien, reprit James d'un ton très sérieux.
Il lui résuma alors le jour où il avait découvert au fond d'une vieille malle un parchemin tout froissé. Quelques manipulations magiques et un discret coup de pouce de l'oncle Georges lui avaient appris à se servir de ce qui s'appelait la Carte du Maraudeur, soit rien d'autre qu'un plan de l'école avec indicateur de population intégré et mise à jour en temps réel. L'objet lui avait permis de découvrir nombre de salles cachées dans l'école entre autres, il avait alors eu l'idée de chercher l'emplacement sur la Carte de la fameuse Chambre des Secrets, où il savait que son père était descendu afin d'en libérer sa mère ; malheureusement, elle n'apparaissait nulle part. En revanche, le fantôme d'une certaine Mimi Geignarde, avec qui il avait fait connaissance dans la salle de bain des préfets (Rose tiqua mais ne releva pas), lui avait fourni toutes les informations nécessaires… l'entrée de la Chambre se trouvait sous un lavabo, dans les toilettes du deuxième étage. Comique, au vu de la renommée de l'endroit.
- Et comment lui as-tu extorqué ces infos ? demanda Rose, très intéressée (à sa connaissance, il était relativement difficile de faire parler le fantôme de la jeune fille).
- Oh, je crois qu'elle est un tout petit petit peu tombée sous mon charme, répondit James avec une nuance non négligeable de fausse modestie dans la voix.
- Je vois… dis-moi, j'espère pour toi qu'elle n'est pas ici…
- Comment ça ?
- Quoi, comment ça ? Tu ne sais pas…
Rose éclata d'un rire franc.
- Mimi ? appela-t-elle.
Un grand bruit d'éclaboussure et quelques trombes d'eau plus tard, le fantôme furieux d'une jeune fille déversait des cascades d'insultes sur les deux frères trempés et proprement hébétés. Rose, qui s'était cachée juste à temps derrière la porte d'une cabine, était pliée en deux de rire (et parfaitement sèche).
- Alb', fit-elle, tu demandais pourquoi ces toilettes étaient hors d'usage, je crois ?...
- Veracrasse farci à la bouse de dragon ! Comment as-tu OSÉ te jouer de moi ! Je croyais, je croyais… hurla Mimi Geignarde avant de fondre en larmes.
- Elle est souvent comme ça ? demanda James à voix basse en se penchant vers Rose, qui acquiesça, toujours hilare.
- Tu croyais quoi ? reprit-il, exaspéré, à l'attention de sa muse. Je ne vais quand même pas sortir avec un fantôme ! Ce ne serait vraiment pas commode pour…
- Ooooooh… gémit Mimie. Tu as autant de tact que ton oncle…
- Ron ? s'étonnèrent d'une même voix James et Albus.
- Papa ? s'exclama Rose, son rire se figeant sur le coup.
Mimie cessa aussitôt de pleurer, et une expression de profond dégoût se peignit sur son visage translucide.
- Evidemment ! Ce Ronald, quelle plaie ! Lorsqu'ils venaient tous les trois, avec Hermione et… ooooh, Harryyyyyyyyy…
- Hum, Mimie ?
- Ton père et toi chassez sur le même terrain, on dirait, souffla Rose à l'oreille de James.
- OK, Mimie, on a compris ! dit-il d'une voix forte pour couvrir les gloussements du fantôme. Qu'est-ce qu'ils faisaient ici ?
- Oh, reprit Mimie, soudain rêveuse, je ne sais pas, ils préparaient des trucs bizarres… du Polynectar, je crois. Pendant près d'un mois ils sont venus régulièrement… et puis plus du tout, jusqu'à ce qu'ils ouvrent la Chambre des Secrets, quelques temps plus tard… Ronald Weasley était à chaque fois d'une méchanceté incroyable avec moi !
Sa voix sembla se briser. Flairant la catastrophe, Rose prit les devants.
- Il a grandi, assura-t-elle. Selon Maman, ce n'est pas encore tout à fait un adulte, mais ça viendra. Promis.
Mimie eut un reniflement de dédain.
- Je ne veux plus entendre parler ! Et toi, toi… ajouta-t-elle à l'attention de James. Toi… je… je ne veux plus te voir !
Et sur cette dernière tirade, elle plongea dans la cuvette de la cabine la plus proche et disparut. L'instant de choc passé, James poussa un long soupir de soulagement qui en disait long sur la frayeur qu'il avait eue.
- Tu t'es fait une ex singulière, commenta Albus, moqueur.
- Va te presser un jus de citrouille, répliqua James, sombre. J'espère qu'elle ne va pas trop en parler autour d'elle… remarque, elle ne parle jamais à personne. Mais enfin, je ne voudrais pas que toute l'école…
- Que toute l'école apprenne que le grand James Potter, fils de Harry Potter et capitaine de l'équipe de Gryffondor a trouvé consolation auprès de Mimie Geignarde à qui il raconte tous ses déboires avec Malefoy ?... proposa Albus, visiblement très enthousiaste.
- Petit frère, Malefoy ne me cause absolument aucun problème… C'est toi qui réagis au quart de tour et d'une manière très stupide à chaque fois qu'il te provoque.
- Dites, quand vous aurez fini de vous disputer, intervint Rose, vous pourrez peut-être exercer votre merveilleux sens critique sur ce que nous venons d'apprendre !
- Eh ?
- Harry, Papa et Maman ne nous ont jamais raconté tout ce qu'ils avaient fait d'illicite à Poudlard. Maman et Ginny empêchent toujours nos pères respectifs d'aborder le sujet, de crainte que nous ne suivions leurs traces…
- C'est loupé, remarqua Albus. Parce que si l'on en croit l'oncle Georges, c'est de famille…
- Quoi qu'il en soit, il y a anguille sous roche… polynectar ? Que pouvaient-ils bien vouloir faire avec cette potion ?
- Aucune idée, prendre l'apparence de quelqu'un d'autre ? proposa James.
Rose poussa un long soupir d'exaspération et se composa un petit sourire qui se voulait compatissant.
- C'est bien, tu apprends tes cours. Une autre idée un peu plus utile ?
James se rembrunit sous le reproche.
- Tout le monde ne peut pas avoir l'intelligence de ta maison, dit-t-il avec défi. Mais puisque tu me le demandes, j'avais précisément dans l'idée de descendre faire un tour dans la Chambre, figure-toi.
Rose eut un léger pincement au cœur qu'elle chassa vite. En six ans, elle avait fini par accepter la situation, bien que son orgueil s'y opposât toujours farouchement.
- J'aurais dû m'attendre à ce genre de plan foireux typiquement gryffondorien… riposta-t-elle. Accessoirement, je peux savoir comment tu comptes t'y prendre ?
- Attends, tu vas voir…
James émit alors un long sifflement.
Evidemment.
Rose grimaça. Elle avait l'habitude de les entendre, Albus et lui, communiquer en Fourchelangue quand ils ne voulaient pas être compris – ruse qui malheureusement ne fonctionnait pas avec leur père, dont ils avaient hérité ce langage – et ça lui causait toujours une certaine frustration. Elle aurait donné cher pour entrer dans cette complicité qui unissait alors les deux frères. Heureusement, Lily, lorsqu'elle était présente, était toujours de son côté et lui faisait la traduction. Mais à cette heure, Lily Potter étudiait dans sa salle commune de Gryffondor, les BUSE approchant pour elle ainsi que pour Hugo Weasley… et leur interdisant toute expédition nocturne. On ne plaisante pas avec les études ! (Du moins, en apparence)
Rose n'eut cependant pas besoin d'aide pour comprendre que James venait de déclencher un mécanisme par une seule parole. Elle aurait d'ailleurs pu facilement s'en douter : Salazar Serpentard n'était-il pas réputé pour ses affinités avec les serpents ?...
Dans un grand fracas et beaucoup de poussière, le lavabo… s'enfonça dans le sol. Et disparut, laissant place à une ouverture béante et noire.
- Euh… tu es sûr que c'est une bonne idée ? demanda Rose, soudain pas très convaincue. On ne sait jamais… il y a peut-être encore quelque chose, là-dedans…
- Rhô là là, cesse d'être si nerveuse ! s'exclama Albus, surexcité. C'est formidable, nous sommes sans doute les premiers depuis Papa à ouvrir…
- Justement, on ne sait pas ce qui s'est passé, quand Harry est descendu, objecta Rose, la voix un peu aiguë. Tout ce qu'il a bien voulu nous dire, et accidentellement encore, c'est que c'était pour ramener Ginny à la surface du globe et que c'est probablement là qu'il est tombée amoureux d'elle, même s'il n'en avait pas conscience à l'époque… à part les flèches de Cupidon, on ne sait pas ce qui a pu se tramer là-dessous... On ne connaît pas davantage la raison pour laquelle Ginny s'y trouvait, quand on le lui demande, elle se contente de rougir et de prétendre que nous sommes trop jeunes pour en savoir plus. Si ça se trouve, le monstre de Serpentard y est toujours caché, à attendre son heure !
- Eh bien c'est l'occasion de vérifier ! rétorqua Albus, toujours très enthousiaste.
- La Voix de la Sagesse a parlé, fit James un brin cynique. Blague à part, si Papa a pu descendre alors qu'il était élève ici, qui plus est pour sauver Maman, je suis certain qu'il en a profité pour faire le ménage derrière lui – ou du moins, expliqué à Dumbledore comment ouvrir la chambre pour que ce soit lui qui s'en occupe… ni l'un ni l'autre n'aurait jamais laissé un monstre si dangereux dans l'école, ce serait un peu trop en contradiction avec leur statut de sauveurs du monde sorcier. Alors Rose, si le cœur t'en dit, tu nous suis. C'est les vacances, il n'y a personne au château…
Rose se mit à paniquer. S'ils se faisaient prendre… mais l'envie d'en savoir plus était malgré tout bien tentante…
De son combat contre Voldemort, l'oncle Harry avait préféré en dire le moins possible, et Ginny ainsi que les parents de Rose avaient vigoureusement approuvé ce choix. « Vous n'êtes pas assez mûrs » constituait leur refrain préféré. A l'objection « Mais vous aviez notre âge à l'époque ! » ils se contentaient généralement de répliquer que « justement, ils étaient trop jeunes alors pour tant de responsabilités et de souffrance » et que « ça n'avait vraiment pas été une partie de plaisir ». Classique. Ou pas. Finalement, tous s'étaient mis d'accord : le voile complet serait levé lorsque les enfants les plus jeunes des deux couples, à savoir Lily Potter et Hugo Weasley, auraient atteint leur majorité. Mais l'idée d'un nouveau bébé flottait dangereusement dans l'air que respiraient les Potter et à cette pensée, Rose se sentit un peu désabusée.
- Bon, c'est d'accord, lâcha-t-elle. De toute façon, vous risquez plus gros que moi. En ce qui me concerne, j'ai parfaitement le droit de me trouver dans les toilettes pour filles, si sales soient-elles.
- Bien raisonné, fit James, narquois mais un brin vexé. J'imagine qu'il est inutile de demander aux dames de passer devant ?
Rose répliqua par un sourire très, très crispé, et après avoir hoché la tête d'un air entendu, il sauta dans le trou béant. Environ deux secondes plus tard, un bruit mat se fit entendre.
- Ça va ? cria Rose, anxieuse, penchée au-dessus de la grille.
- C'est bon ! fit la voix de James qui semblait très lointaine du fait d'un écho particulièrement impressionnant. La chute est amortie !
- Par quoi ? hurla de nouveau Rose.
- Un mélange de vase et d'os ! répondit la voix de James.
- Charmant, chuchota Albus. Tu y vas ?
Rose prit une profonde inspiration, et bien malgré elle, sauta.
